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Commission Episcopale pour la Doctrine de la Foi: La Déclaration des Archevêques et Evêques de Côte d’Ivoire sur le projet de loi relatif à la santé sexuelle et de la reproduction

 

Concerne :la Déclaration des Archevêques et Evêques de Côte d’Ivoire sur le projet de loi relatif à la santé sexuelle et de la reproduction.

Mesdames et Messieurs de la presse,

Chers amis,

Introduction

Le Gouvernement ivoirien s’apprête à proposer au Parlement, l’adoption d’un projet de loi relatif à la « santé sexuelle et de la reproduction ». Les lois, nous en convenons, ne visent pas seulement à régir notre conduite ; elles visent également à assurer la mise en œuvre des politiques sociales.

 

S’il est vrai que nous nous réjouissons de cette initiative prise par l’Etat, nous sentons l’impérieux devoir qui nous incombe comme pasteurs, de réaffirmer la position constante de l’Eglise catholique et prévenir toutes dispositions de lois qui pourraient s’apparenter à la culture de mort contre celle de la vie, au regard de la loi naturelle et de la foi chrétienne.

Nos préoccupations sont d’autant plus justifiées qu’aujourd’hui, le progrès humain et social est marqué par le développement des recherches dans le domaine de la génétique, de la médecine et des biotechnologies appliquées à l’homme. Ce sont des secteurs de grande importance pour l’avenir de l’humanité, mais au sein desquels se vérifient aussi d’évidents abus inacceptables[1]. A cela, il faut ajouter les tentatives « de donateurs puissants et fortunés, d’obliger les pays en développement à accepter des pratiques sécularisées en matière de sexualité humaine, de vie, de famille et même d’anthropologie fondamentale, comme condition de la réception de l’aide au développement »[2].

BUT DE NOTRE POSITION

Le Magistère de l’Eglise n’intervient pas dans le domaine des sciences expérimentales au nom d’une compétence particulière; mais, après avoir pris connaissance des données de la recherche et de la technique, il entend proposer la doctrine morale qui correspond à la dignité de la personne et à sa vocation intégrale, en particulier pour tout ce qui concerne la vie humaine et ses commencements[3].

DESTINATAIRES 

Aussi, nous, Archevêques et Evêques, vos guides spirituels de l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire, fidèles à notre mission de promotion et de protection du dépôt de la foi catholique et des mœurs, voulons-nous adresser ce message aux gouvernants, aux élus du peuple de Côte d’Ivoire, au personnel médical, aux guides religieux, aux fidèles du Christ ainsi qu’à toutes les personnes de bonne volonté ;  car, vu l’importance de la question de la procréation et de la régulation des naissances, elle doit être gardée de toute forme de banalisation et de manipulation du langage.

ARGUMENTAIRE

Après une lecture minutieuse et attentive du draft du Projet de Loi relatif à la santé sexuelle et de la reproduction, nous, vos Archevêques et Evêques, vos guides spirituels de l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire, voudrions à travers ce message, faire des observations au regard de la foi catholique et de la morale, et donner notre position.

  1. 1.       Nous faisons remarquer que dans leurs applications, la biologie et la médecine concourent au bien intégral de la vie humaine lorsqu’elles viennent en aide à la personne, atteinte de maladie et d’infirmité, dans le respect de sa dignité de créature de Dieu. Nul biologiste ou médecin ne peut raisonnablement prétendre décider de l’origine et du destin des hommes au nom de sa compétence scientifique. Cette norme doit s’appliquer d’une façon particulière dans le domaine de la sexualité et de la procréation, où l’homme et la femme mettent en œuvre les valeurs fondamentales de l’amour et de la vie.

 

  1. 2.       Dès le moment de sa conception, la vie de tout être humain doit être absolument respectée, car l’homme est sur terre l’unique créature que Dieu a « voulue pour lui-même »[4] et l’âme spirituelle de tout homme est « immédiatement créée » par Dieu[5]; La vie humaine est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte « l’action créatrice de Dieu » [6] et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son unique fin. Personne, en aucune circonstance, ne peut revendiquer pour soi le droit de détruire directement un être humain innocent[7].

 

  1. 3.       Concernantl’accès aux méthodes contraceptives à toute personne en âge de procréer et aux mineurs âgés de seize ans révolus. Le risque est grand dans ces conditions de sombrer dans une diffusion des contraceptifs contribuant par le fait même, au libertinage sexuel et à la fuite des responsabilités procréatrices. Ce phénomène favorise la contestation de la morale sexuelle conjugale, et fournit une arme à la politisation des plans de limitation de la natalité[8]. Cela estd’autant plus vrai que le mineur n’est, ni de près ni de loin concerné par le planning familial et moins encore, par l’espacement des naissances propre au couple.

 

  1. 4.       La question de l’interruption volontaire de grossesse, communément appelée IVG est également abordée dans ce draft de projet. Face à cela, nous affirmons avec la dernière énergie qu’une « interruption volontaire de grossesse » est toujours un homicide volontaire. C’est unmeurtre délibéré et direct d’un être humain dans la phase initiale de son existence[9]. De ce fait, l’avortement ne peut jamais être une solution indolore pour la mère et pour l’enfant.Ce que nous voulons redire avec force, comme l’ont rappelé plusieurs documents pontificaux, c’est que jamais, sous aucun prétexte, l’avortement ne peut être utilisé ni par une famille, ni par l’autorité politique comme un moyen légitime de régulation des naissances.

 

  1. 5.       Il est aussi question de la Procréation Médicale Assistée (PMA) L’Église est consciente de la souffrance et de la douleur des couples qui ne peuvent pas concevoir de manière naturelle, en raison de la déficience de l’un ou l’autre membre qui constitue le couple. Certes, nous reconnaissons qu’aujourd’hui, les progrès de la technique ont rendu possible une procréation sans rapport sexuel, grâce à la rencontre in vitro des cellules germinales précédemment prélevées sur l’homme et la femme. Mais ce qui est techniquement possible n’est pas pour autant moralement admissible.

 

En revanche, dans le traitement de l’infertilité, les techniques visant à l’élimination des obstacles à la fécondité naturelle, telles que le traitement hormonal de l’infertilité d’origine gonadique, le traitement chirurgical de l’endométriose, la désobstruction des trompes ou la restauration microchirurgicale de leur perméabilité, sont quant à elles licites[10]. Elles sont considérées comme de véritables thérapies, dans la mesure où, une fois résolu le problème qui est à l’origine de la stérilité, le couple peut accomplir les actes matrimoniaux dans le but de la procréation, sans que le médecin interfère directement dans l’acte conjugal en tant que tel.

 

  1. 6.       En conséquence, nous, Archevêques et Evêques de l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire, voulons lancer un appel aux gouvernants, aux élus du peuple, aux guides religieux, au corps médical et à l’ensemble des fidèles du Christ, afin que tous prennent leur responsabilité devant l’histoire pour que la vie soit sauvegardée face à ce qui apparaît comme une menace voilée, mais réelle.

 

6.1   Aux gouvernants

Dans ce monde globalisé, où les intérêts égoïstes et pervers s’imposent sur notre continent africain avec une vitesse qui ne cesse d’accélérer, nous invitons nos gouvernants à plus de vigilance, car s’il est vrai que la loi existante a sans cesse besoin d’amélioration, son amendement doit se faire sur la base du respect de la vie en général, et de la vie à naître en particulier, un principe qui doit passer dans le comportement des citoyens de ce pays[11].

 

6.2Aux élus du peuple

Le peuple vous a choisis pour le représenter, parler et agir en son nom. Il vous fait confiance à cause de vos qualités de loyauté, d’honnêteté, de rigueur et de désintéressement. Vous êtes donc chargés d’une noble mission[12]. Une loi, pour qu’elle soit loi, doit tenir compte des aspirations légitimes du peuple. Or le peuple de Côte d’Ivoire aspire à la vie. Nous vous demandons donc, chers élus du peuple, de voter cette loi avec une conscience droite qui reconnaît que l’avortement reste dans l’histoire des peuples l’un des signes majeurs de la décadence d’une société et d’une civilisation.

 

6.3Au corps médical

Nous vous exhortons à promouvoir en toute occasion les solutions inspirées par la droite raison, et à vous efforcer d'en susciter la conviction et le respect dans votre milieu[13]. Par votre engagement professionnel, concrétisé par le serment d’Hippocrate, vous avez la noble mission de préserver et de sauver la vie[14]. Au nom même de votre profession, vous êtes mieux placés pour déconseiller l’avortement et les autres formes d’atteinte à la sacralité de la vie humaine. De la sorte, vous éviterez d’être les complices de bien de crimes odieux et de la banalisation de la dignité de la personne humaine qu’on tend à maquiller aujourd’hui avec de fallacieux prétextes idéologiques. 

6.4Aux guides religieux

Nous professons avec vous que Dieu a doté l’homme d’une valeur toute spéciale, spirituelle et surnaturelle. Avec vous, nous croyons que la vie humaine comme telle, reçue de Dieu, est sacrée, inviolable, même en gestation dans le sein de la mère[15]. C’est pourquoi, au nom de cette foi en Dieu et de ce respect de l’homme qui nous unissent, nous souhaitons qu’il y ait une prise commune de conscience et de position claire contre ce que nous considérons comme une atteinte grave à la loi naturelle, et d’œuvrer ensemble pour le respect de la vie sous toutes ses formes.

6.5Aux fidèles de l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire

Nous vous demandons de maintenir fermement ancré en vous le sens chrétien de la sexualité, du mariage et de la vie conjugale, et surtout de la vie conjugale face aux théories nouvelles qui tentent aujourd’hui de saper les bases mêmes de la loi naturelle. Sachez qu’il vous revient de rendre concret et efficace le « oui » de l’Eglise à la vie humaine, et cette mission irremplaçable et inaliénable devra être poursuivie face aux lois pernicieuses qui vont contre les fondamentaux de la foi chrétienne et de la morale.

CONCLUSION

Dans notre Lettre pastorale sur« Le respect de l’enfant à naître », du 8 mars 1989, nous affirmions que l’être humain représente dans l’ensemble des cultures et des civilisations la réalité à laquelle on subordonne tout. Tout être humain est un sujet et non un objet. Et comme tel, il est sujet de droit et de devoir. Et le premier de ces droits, celui qui fonde tous les autres, c’est le droit à la vie[16]. Au regard de la « culture de mort » qui prévaut dans notre monde actuel, nous avons senti l’impérieux devoir qui nous incombe comme pasteurs, de réaffirmer la position constante de l’Eglise catholique pour la vie et contre la culture de mort.

Abidjan, le 6 juillet 2018

Pour les Archevêques et Évêques de Côte d’Ivoire

Mgr Antoine KONE,

Evêque d’Odienné,

Président de la Commission Épiscopale pour la Doctrine de la Foi

 



[1]Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction Dignitas Personae, n° 37.

[2]Cf. BernarditoAuza, « ONU : Le Saint Siège dénonce les attaques contre les valeurs des pays en développement », in zenith.org(21/03/2018). Mgr BernarditoAuza est observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies à New York.

[3]Le rapide développement des découvertes technologiques rend plus urgente le respect d’un certain nombre de critères importants comme le respect, la défense et la promotion de l’homme, son droit primaire et fondamental à la vie, sa dignité de personne dotée d’une âme spirituelle, de responsabilité morale, et appelée à la communion bienheureuse avec Dieu.

[4]Concile Œcuménique Vatican II, Constitution. Pastorale. Gaudium et Spes, 24.

[5]Cf. Pie XII, Encyclique. Humani Generis : AAS 42 (1950) 575 ; Paul VI, Solennelle Profession de foi, 30 juin 1968 : AAS 60 (1968) 436.