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HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DES VŒUX PERPETUELS DE SŒUR MARIE JOSEE GOSSE

1 Sam 3, 3-20 / 1 Co 6, 13-20 / Jn 1, 35-42  

Paroisse Saint Ambroise ma vigne. 

Abidjan le 17 janvier 2021                                           

         Chant : Seigneur, tu as satisfait, le désir de mon cœur, tu n’as pas déçu la prière, de mes lèvres.

Révérend Père ABRE Blanchard Euloge, Curé de la Paroisse, Révérende sœur Virginie Yi Bula KANYALA représentante  de la  supérieure Générale des sœurs de l’Assomption,

Révérends Pères,

Révérendes sœurs,

Chers invités,

Chers frères et sœurs en Christ,

Quelle joie de savoir que le Seigneur est capable aujourd’hui encore comme toujours, de satisfaire le désir de nos cœurs ! Cela devrait suffire à impulser un nouvel élan à nos vies en les infusant d’énergies toujours nouvelles ! Oui, Dieu est celui dont la bénédiction n’est suivie d’aucun chagrin pour ceux qui savent puiser profond dans la confiance en sa personne. Pour ceux-là, Dieu fait concourir tout à leur bien, pour sa gloire et pour leur bonheur, même si bien des fois, le chemin peut sembler ardu et difficile. Dans ces conditions, il est presqu’inévitable que les questions de toutes sortes fusent ! 

 

Vous conviendrez avec moi que s’’il est une question que l’on ne peut plus éviter, c’est bien celle du sens de notre vie. Qui peut vivre sans se demander à quoi sert son existence ? La plupart d’entre nous souhaiterait ne pas vivre pour rien. Or, nous vivons justement à une époque où tous les repères semblent s’effondrés, et où des problèmes monumentaux surgissent de toutes parts : chômage, fracture sociale, insécurité, économie convalescente, multiplication des Nouveaux Mouvements Religieux, attentats, guerre, Covid-19…

A l’échelon individuel, il n’est pas évident non plus pour ceux qui souffrent de trouver et mieux de donner un sens à leur vie. Quel sens donné à la malchance et au malheur qui semblent s’acharner sur la vie d’un proche, d’un parent, d’un ami ? Quel sens donné, en fin de compte à notre vie quand tout semble aller de mal en pis ?

Au cœur de tous ces problèmes, de toutes ces interrogations, posons-nous, chacun, personnellement,  les questions qui, à mon sens, en valent la peine : quel sens, entendu comme direction mais aussi comme signification, donnons-nous à nos vies aujourd’hui ? Quelles sont nos priorités en nous engageant à la suite du Christ comme laïcs ou comme consacrés ? S’il est vrai que dans la vie de tous les hommes il y a des choix fondamentaux, la question que l’on peut se poser est celle de savoir quelles sont nos priorités ? Qui a la première place dans nos cœurs ?

A la suite de toutes ces questions, un constat s’impose à nous : nous ne pouvons pas nous passer de sens car sans lui, l’existence n’a ni goût, ni saveur. Cependant, s’il nous arrive de ne pas comprendre la vie, sachons qu’il nous faut la considérer pour ce qu’elle est vraiment, c’est-à-dire, essentiellement un lieu de passage, un chantier immense où se préparent les fils de Dieu pour une rencontre merveilleuse. Dès lors, il nous faut prendre de la hauteur dans notre agir et dans notre vision du monde.

Frères et sœurs,  

Prendre de la hauteur, c’est se poser les bonnes questions, celles qui appellent naturellement les bonnes réponses, lesquelles bonnes réponses vous donnent d’envisager la vie avec un autre regard, plein de foi et d’espérance en l’avenir, car de ces réponses, dépend l’orientation que nous allons donner à nos vies. Ces questions, ce sont celles que s’est posée certainement notre fille, sœur et amie, Marie Josée GOSSE, pour arriver à ce jour de ces vœux solennels ! Rendons donc gloire à Dieu, Lui qui continue de parler à nos cœurs, Lui qui satisfait le désir de nos cœurs, nonobstant les difficultés que nous pouvons rencontrer.

Chant : Dieu aime ses enfants, Il les délivre de leurs souffrances. Quand il n’y a plus d’espoir, abandonné et méprisé, crois et sois confiant, Dieu pourvoira à tous tes besoins.

Oui, il nous faut croire que Dieu pourvoie d’une manière ou d’une autre à tous nos besoins pour donner sens à nos vies, et les textes que la liturgie propose à notre méditation en ce jour, nous montrent bien que la vie a un sens et qu’en fin de compte, nous devons tous répondre à un appel comme le jeune Samuel dans la première lecture, tout comme les premiers disciples de Jésus dans l’évangile, et enfin, tout comme notre sœur Marie Josée que je voudrais féliciter et encourager, pour la décision qu’elle prend en ce jour, de ne préférer que l’amour de Jésus à tout autre amour !

Bien chère fille Marie Josée,

Tu n’ignores pas que lorsque Dieu nous appelle, c’est pour nous confier une mission. Dans l’Ancien Testament, quand Moïse entend l’appel de Dieu au cœur du buisson ardent, ce n’est pas pour lui faire un petit signe amical et gentil, mais bien pour l’envoyer chez Pharaon libérer son peuple ! Au départ, Moïse n’est pas trop d’accord et semble dire au Seigneur : ‘‘Je ne pourrai pas. Je ne sais pas parler. Et puis, n’oublions pas que j’ai un contentieux avec Pharaon : je te rappelle que j’ai tué un Egyptien. Tu m’envoies à une mort certaine. Je ne suis pas trop d’accord !’’ Mais encore, il faut savoir discerner la voix de Dieu.

La première lecture de ce jour nous raconte l’histoire de la vocation du jeune Samuel, cet enfant du miracle, car Anne sa mère, était désespérément stérile et avait fait le vœu de consacrer au service de Dieu son enfant, si Dieu Lui en faisait la grâce. C’est cette promesse qui valut au jeune Samuel d’être confié au vieux prêtre Eli, gardien du sanctuaire de Silo. La suite de l’histoire est belle : alors que Samuel entend confusément la voix de Dieu, le vieux prêtre l’aide à discerner la voix authentique de Dieu.

Frères et sœurs,

La peur ou la crainte qui peut habiter celui qui est appelé, si elle est légitime, ne doit pas nous faire oublier que quand Dieu appelle, sa grâce nous précède toujours. Le drame, c’est quand celui qui est appelé se trouve trop beau et trop fort. Dès lors, il ne compte que sur lui-même, sur son intelligence et sur ses propres forces. Agir ainsi, c’est courir à l’échec car qui mieux que le Maître de la moisson, sait les difficultés qui attendent les ouvriers ? A ce titre, et comme pour le prêtre Eli, vous devez veiller, même après sa consécration, à faire en sorte qu’elle continue à répondre toujours joyeusement à sa vocation.

Il ne s’agit donc pas de donner d’une main et de reprendre ce que vous avez donné de l’autre main à travers des sollicitations qui finissent par devenir de véritables boulets de canon qui enchainent ceux qui se consacrent à Dieu. Si Samuel est connu pour avoir été un bon chef à la fois spirituel et politique pour son peuple et être reconnu ainsi comme l’appelé de Dieu se mettant totalement à la disposition du Seigneur pour le bien de son peuple, on le doit d’une certaine manière au vieux prêtre Eli qui a su s’effacer à un moment donné. Je vous exhorte donc à aider votre fille, votre sœur et amie, en lui offrant le merveilleux cadeau de votre soutien spirituel.

Bien chère fille Marie Josée

Dans l’évangile, Saint Pierre a été fasciné par Jésus, qui l’a soudain regardé, et ce regard l’a transpercé : ‘‘Tu ne t’appelleras plus Simon. Désormais tu te nommeras Pierre, c’est-à-dire Roc, car c’est sur toi que je construirai mon Eglise !’’. Pierre-le-roc, a dû certainement chanceler sous le poids de cet appel et se cramponner à la table d’étonnement et de peur. Par ailleurs, en répondant eux aussi à l’appel de Jésus, André, Jean, Philippe et Nathanaël ont embarqué eux aussi pour une aventure exceptionnelle qui les conduira tous jusqu’au témoignage suprême du martyr. Ils seront les disciples de l’Agneau de Dieu dont le sang, appliqué sur le linteau des portes, protégeait les Hébreux de la mort.

Aujourd’hui, te voilà non pas disciples mais épouse de l’Agneau ! Quel honneur ! Mais si l’honneur est une charge, interrogeons-nous pour savoir ce que Jésus peut bien avoir envie de nous dire à nous tous ici aujourd’hui, et particulièrement à notre sœur Marie Josée GOSSE, à l’occasion de sa profession perpétuelle à la suite du Christ, dans la Congrégation des Religieuses de l’Assomption.

Révérendes sœurs de l’Assomption,

La deuxième lecture de ce jour nous enseigne deux choses essentiellement : ce qu’est la vraie liberté et le fait que nous sommes tous membres d’un même corps. Dans l’extrait qui nous est proposé, la devise des habitants de Corinthe à cette époque se résume à peu près à ceci : ‘‘tout est permis’’ pour revendiquer une liberté totale. Paul ne récuse pas la liberté d’user de tout ce qui est disponible mais, il attire leur attention et la nôtre sur un risque d’asservissement et de dépendance.

Osons alors nous interroger : qu’est-ce qui nous asservit aujourd’hui et de quoi sommes-nous dépendants au point de ne plus voir les autres comme nos frères, sinon, des moyens pour atteindre nos objectifs ? Cette manière de penser et d’agir va à l’encontre de l’idée que saint Paul se fait de nos communautés, dans lesquelles, nous sommes perçus comme membres du même corps du Christ ! Cela induit pour nous tous et particulièrement pour les consacrés que nous sommes, un nouveau style de vie, qui est une mission que Dieu nous confie à tous !

Chère sœur Marie Josée,

L’appel des premiers disciples exige en retour une certaine intimité de vie avec le Christ. En effet, considérer la personne de Jésus sous son seul aspect humain ne permet pas encore de le reconnaître. La foi ouvre à une autre connaissance à propos de Jésus. Toi aussi, il te faudra bien souvent dépasser tes objections premières pour discerner en Jésus, les signes par lesquels Dieu se révèle dans l’histoire humaine. Dans la Bible, si Nathanaël est parvenu à découvrir dans l’admiration, que la personne de Jésus renvoie à un Autre, toi aussi, tu peux y parvenir mais surtout, tu dois le rendre présent à notre monde.

En effet, c’est à nous chrétiens, nous consacrés, qu’il appartient désormais d’offrir le sourire à un frère handicapé par la vie, de devenir service pour le bien de nos frères et sœurs, pour le rayonnement de l’Eglise du Christ dans nos différents milieux de vie et d’apostolat. Aujourd’hui plus qu’hier, nous avons l’obligation de devenir miséricorde, pour nous pencher sur les misères et les souffrances de nos frères et sœurs, non pas dans une compassion stérile et affligeante, mais bien pour les remettre debout, pour la gloire de Dieu et pour le bonheur de nos frères et sœurs. J’insiste pour dire que si Jésus est justice pour notre monde, nous aussi, nous devons devenir justice en prenant la défense des exploités.

C’est à chacun de nous de trouver sa place dans la grande entreprise que le Christ veut pour notre humanité, pour  nos sociétés, meurtries par tant d’années de souffrances et de crises à répétition. Avez-vous remarqué que le Christ passe toujours sur nos chemins. Il se mêle toujours à notre vie. Mais, si nous n’avons pas soif de Dieu, de spiritualité ni de vérité, nous ne le remarquerons même pas. S’il n’y a pas en nous le désir de donner sens à nos vies et de chercher vraiment une réponse aux grandes questions qui nous habitent, nous n’entendrons jamais les appels de Dieu.

Que cherchez-vous ? Si Jésus nous posait la même question aujourd’hui, nous serions bien confus d’être obligés de répondre : le succès, l’amour, l’argent, le pouvoir, des postes ministériels ou de directeurs… et pourtant, dans l’évangile, l’attitude des disciples est particulièrement remarquable par leur disponibilité à l’appel divin.  

Que cherchez-vous ? Finalement, la réponse peut se résumer à ceci : Te connaître ! Alors, vivez une journée avec moi semble dire Jésus ! Venez vous rendre compte par vous-mêmes ! Désormais, tournons le dos à notre passé ténébreux, et repartons d’un pas ferme, remplis d’assurance et de détermination car si nous répondons à l’appel de Jésus, si nous Le laissons entrer dans nos vies, nous pouvons aujourd’hui même, commencer une vie plus honnête, plus solidaire des autres et plus fraternelle.

Bonne continuation sœur Marie Josée et que la Vierge Marie, Notre Dame de l’Assomption te guide sur les chemins qui mènent à Jésus !

 Bonne fête à tous et que l’année nouvelle que Dieu nous offre, soit pour vous une année de bienfaits accordés par Jésus, Lui qui règne, pour les siècles sans fin! Amen !       

  + Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,

Archevêque Métropolitain d’Abidjan