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HOMÉLIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVÊQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE

Sanctuaire Marial Notre Dame d’Afrique

Abidjan, dimanche 15 août 2021

Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Frères et sœurs en Christ,
Chers amis pèlerins,

Comme chaque année, nous nous retrouvons ici, en pèlerinage dans ce sanctuaire dédié à Marie, Notre Dame d’Afrique, Mère de toutes grâces, pour rendre grâce à Dieu pour ses prévenances en faveur d’une femme, la Vierge Marie, celle-là même envers qui sa cousine Élisabeth tenait déjà à son époque, des propos à la fois élogieux et prophétiques : ‘‘Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? … Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.’’

 

 

Comme vous le savez, dans tout pèlerinage comme dans tout voyage, des liens inattendus se créent, parfois profonds et durables, inaugurant ainsi des chemins jusque-là inimaginables mais tout aussi gratifiants ! Ces chemins, ce sont en définitive des rencontres auxquelles vous ne vous êtes certainement pas préparés, mais qui finissent par vous ouvrir des horizons nouveaux, porteurs de vie et de grâces, laissant imaginer que finalement, c’est Dieu Lui-même, qui l’instant de ce pèlerinage, vient à votre rencontre, pour sa gloire et pour votre bonheur !

 

Au moment où notre pèlerinage de ce jour prend fin, je prie pour que Dieu continue de se frayer un chemin vers vos cœurs, qu’Il vous séduise davantage et que par l’intercession de la Vierge Marie, qu’Il apporte sa consolation aux affligés, vie et vigueur à chacun de vous tous ici présents ; qu’Il exauce vos demandes au-delà de vos attentes et de vos espérances ; qu’Il vous comble à la mesure sans mesure de sa bonté ! qu’Il donne à notre  pays, le merveilleux trésor de sa paix, afin que tous, nous vivions de réconciliation vraie, en ayant en mémoire, au moment de retourner chez nous, les mots mêmes de celle avec qui nous avons veillé toute cette nuit durant:   ‘‘Faites tout ce qu’Il vous dira.’’

 

1- Faites tout ce qu’Il vous dira !

 

Révérends Pères,                                                                                                                                                                                       Chers amis pèlerins,

Faites tout ce qu’Il vous dira ! Il y a de cela un peu plus de mille ans, ces propos de la Vierge Marie à Cana de Galilée, ont pu paraître déconcertants pour les serviteurs à qui ces paroles étaient adressées ! Cependant, loin de se poser des questions, ils ont obéi à cette invitation de la mère de Jésus ! La suite, nous la connaissons : le vin n’a point manqué ce jour-là, pour la plus grande joie des invités mais aussi pour l’honneur et le bonheur des mariés ! Invitée comme tant d’autres convives, sans que l’on ne lui ait rien demandé, Marie observe, voit et agit comme si elle se sentait concernée par l’organisation de ces noces !

 

Faites tout ce qu’Il vous dira ! En le disant, Marie incite son Fils à agir, sachant au fond d’elle-même qu’Il peut intervenir, même à un moment qui n’est pas encore celui que Dieu a choisi pour manifester son Fils comme Dieu sauveur ! Elle savait bien, elle qui avait porté en son sein le Fils béni de Dieu, que rien ne Lui était impossible ! Et c’est ici qu’il nous faut revenir aux serviteurs : témoins directs de l’eau changé en vin, acteurs impliqués dans le travail de remplir les six jarres jusqu’au bord, ils obéissent à une invitée, Marie, leur demandant de faire ce qu’un autre invité, Jésus, leur ordonnera ! Ainsi, le miracle de Cana s’achèvera par l’adhésion des disciples qui crurent en Jésus ! Telle est notre mission à nous aujourd’hui.

 

En obéissant à l’injonction de la Vierge, nous sommes invités à faire en sorte qu’éclate pour notre monde, notre pays, nos communautés, un monde nouveau où l’on prend conscience qu’avec Jésus, tout est possible et que toutes les barrières peuvent être levées ! L’une des barrières que je vous invite à soulever, c’est celle de l’indifférence qui anesthésie toute action envers notre prochain ! Plus simplement, il nous faut désormais être des bâtisseurs de ponts là où la tendance serait de monter des murs ! Il nous faut faire de chacune de nos rencontres, des moments privilégiés de bonheur et de paix, des moments de foi active !

 

2- D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?

 

Révérends Pères,                                                                                                                                                                                       Chers amis pèlerins,

Dans l’évangile de ce jour, la rencontre de Marie avec Élisabeth sa cousine devrait pouvoir inspirer désormais nos rencontres à nous au sortir de cette veillée de l’Assomption. En effet, Élisabeth a conscience, au-delà de sa rencontre avec Marie, que c’est son Seigneur qui est venu jusqu’à elle. Nous aussi, faisons en sorte que chacune de nos rencontres soient porteuse de la joie de la rencontre avec le Christ ! Il me plaît ici de reprendre les paroles du Pape François dans sa Lettre Apostolique, Evangelii Gaudium : ‘‘J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que « personne n’est exclus de la joie que nous apporte le Seigneur ».

 

Celui qui risque, le Seigneur ne le déçoit pas, et quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus, il découvre que celui-ci attendait déjà sa venue à bras ouverts. C’est le moment pour dire à Jésus Christ : « Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs ». Cela nous fait tant de bien de revenir à lui quand nous nous sommes perdus !

 

J’insiste encore une fois : Dieu ne se fatigue jamais de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde. Celui qui nous a invités à pardonner « soixante-dix fois sept fois » (Mt 18, 22) nous donne l’exemple : il pardonne soixante-dix fois sept fois. Il revient nous charger sur ses épaules une fois après l’autre. Personne ne pourra nous enlever la dignité que nous confère cet amour infini et inébranlable. Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie. Ne fuyons pas la résurrection de Jésus, ne nous donnons jamais pour vaincus, advienne que pourra. Rien ne peut davantage que sa vie qui nous pousse en avant !’’

 

         Ayant rencontré au cours de cette veillée Jésus qui continue de nous renouveler sa confiance, allons dire notre foi au monde ; allons annoncer au monde que Jésus accomplit toujours ses promesses envers nous ; allons leur dire qu’il y a de la joie à croire que Jésus est vivant encore aujourd’hui ; allons leur partager notre joie et leur annoncer qu’Il nous offre toujours une seconde chance avec Marie, la bénie entre toutes les femmes !

 

 

3- Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.’’

 

Révérends Pères,                                                                                                                                                                                       Chers amis pèlerins,

Dans la deuxième lecture, Saint Paul présente le Christ comme un nouvel Adam ! Alors que le premier Adam a entraîné l’humanité dans la mort, le deuxième, Jésus, l’entraîne dans la vie, nous révélant ainsi qu’en Lui Jésus, l’amour, opposé au péché d’Adam, triomphera toujours. En effet, en prenant la tête de la longue procession de tous ceux qui sont régénérés par ce même amour de Dieu, le Christ nous invite à exprimer une conviction de foi : Dieu réalisera des merveilles pour ceux qui mourront en communion avec son Fils, et Il instaurera son règne universel.

 

Ce règne universel, c’est celui auquel nous devons tous travailler à son avènement, par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie. Désormais, nous voici tous autant que nous sommes, intimement associés à l’œuvre d’évangélisation. Comme le dit si bien le Pape François, ‘‘le bien tend toujours à se communiquer. Chaque expérience authentique de vérité et de beauté cherche par elle-même son expansion, et chaque personne qui vit une profonde libération acquiert une plus grande sensibilité devant les besoins des autres. Lorsqu’on le communique, le bien s’enracine et se développe. C’est pourquoi, celui qui désire vivre avec dignité et plénitude n’a pas d’autre voie que de reconnaître l’autre et chercher son bien...

Quand l’Église appelle à l’engagement évangélisateur, elle ne fait rien d’autre que d’indiquer aux chrétiens le vrai dynamisme de la réalisation personnelle : « Nous découvrons ainsi une autre loi profonde de la réalité : que la vie s’obtient et se mûrit dans la mesure où elle est livrée pour donner la vie aux autres. C’est cela finalement la mission ».Par conséquent, un évangélisateur ne devrait pas avoir constamment une tête d’enterrement. Retrouvons et augmentons la ferveur, « la douce et réconfortante joie d’évangéliser, même lorsque c’est dans les larmes qu’il faut semer […] Que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçus en eux la joie du Christ ». Fin de citation.

Telle est notre responsabilité commune. Elle est grande ; elle est noble ; elle est belle mais elle est réalisable, si nous savons nous confier à l’intercession de la Mère du Fils de Dieu dont l’Assomption nous indique encore et toujours, que tous les hommes sont faits pour la gloire de Dieu.

Que le Seigneur vous aide dans votre marche au quotidien et que la Vierge, qui est toujours là à nos côtés comme hier aux côtés des disciples de son Fils, veille sur chacun de vos pas.

Bonne fête à tous ceux et celles qui se prénomment Marie.

Bonne fête à tous !

 

+ Jean Pierre Cardinal KUTWà  Archevêque d’Abidjan