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MESSE DE CLOTURE DU JUBILE DE RUBIS DU SANCTUAIRE MARIAL NOTRE DAME D’AFRIQUE, MERE DE TOUTE GRACE

HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE METROPOLITAIN D’ABIDJAN

Cité Fairmont, Abidjan le 6 Février 2022

Excellence Monseigneur Marie-Daniel DADIET,
Révérend Père Recteur,
Révérends Pères,
Révérends Frères,
Révérendes sœurs,
Chers amis pèlerins,
Chers auditeurs de la RNC et de Radio Espoir,
Chers téléspectateurs de Ecllesia TV,

Chaque année, le mois de février rappelle aux habitués et autres pèlerins de ce sanctuaire marial, le très beau souvenir de l’œuvre merveilleuse implantée ici dans ce quartier de la Cité Fermont, en souvenir de la date du 1er février 1987, date de l’inauguration de ce sanctuaire dédié à la Vierge Marie, sous le vocable très évocateur de Notre dame d’Afrique, Mère de toute grâce ! Et lorsqu’en plus, ce souvenir coïncide avec un jubilé, la joie se démultiplie parce que finalement, et au-delà du souvenir, ce sont les prévenances de Dieu pour son peuple qui prend le dessus sur toute autre considération. Oui, nous pouvons le dire à la suite de la Vierge et avec beaucoup de fierté, le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son nom !

 

Tout comme à l’occasion des différents anniversaires qui ont jalonné la vie de ce sanctuaire, aujourd’hui encore, l’occasion est belle pour nous de dire merci au Seigneur et de Lui rendre grâce pour tous les biens dont Il nous a comblés, par l’intercession de la Vierge Marie, non sans oublier de lui confier par l’intercession de Marie, nos intentions personnelles ainsi que celles des habitants de notre pays et du monde entier, pour tenir compte du rôle que joue Marie dans l’économie du salut.

1er février 1987- 4 février 2012- 4 février 2017- 6 février 2022 : voici autant de dates importantes qui ont été pour nous l’occasion de nous arrêter pour faire à la fois le bilan de notre marche à la suite du Christ dans les pas de Marie mais aussi pour nous projeter un peu plus en avant, eu égard aux défis nouveaux du monde de ce temps dans lequel nous vivons. Ces bilans et ces projections, ne devraient jamais nous éloigner de la vocation première de ce sanctuaire pour lequel le Cardinal Bernard YAGO, d’affectueuse mémoire, à la suite du Saint Pape Jean Paul II, avait une vision précise. En effet, si pour le Saint Pape Jean Paul II, il s’agissait de consacrer l’Afrique à la Vierge Marie, dans son sillage, le cardinal YAGO désirait que ce sanctuaire soit ‘‘ un lieu de rencontre humaine et spirituelle, un lieu de recueillement pour ceux qui cherchent le sens de leur vie et pour les affligés en quête de consolation et d’affection maternelles. En ce lieu, les foules viennent renforcer et approfondir leur foi.’’

Chers amis,
Chers pèlerins,

Au moment de la célébration de ce jubilé de rubis, il m’a paru important de rappeler à nos mémoires, certaines indications dont j’avais déjà fait mention lors de la célébration du Jubilé d’argent de ce sanctuaire. Ces indications sont relatives aux paroles gravées à l’entrée du Sanctuaire. ‘‘Je suis la servante du Seigneur’’ et ‘‘Faites tout ce qu’Il vous dira’’. Ces paroles sont importantes car elles sont un héritage spirituel que feu le Cardinal YAGO a voulu laisser aux générations de pèlerins qui en ce lieu, viendraient implorer la grâce de Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie : ‘‘Ces paroles, [ disait-il ], je voudrais vous les offrir, non pas comme on offre des diamants ou des perles, mais comme des graines, paroles vivantes qui pénètrent dans vos cœurs pour y germer et y porter beaucoup de fruits, des fruits de sainteté, à la suite de Marie’’. Fin de citation.

Il s’agit donc pour nous, en venant en pèlerinage dans ce sanctuaire, de repartir chez nous en ayant les mêmes dispositions de cœur et d’esprit que la Vierge Notre Mère dont la paix et la joie proviennent de la contemplation intérieure de Dieu qui l’habite. C’est donc en imitant la Vierge Marie dans sa simplicité de Servante du Seigneur, que nous obtiendrons de son Divin Fils, les grâces dont nous avons besoin dans notre marche de tous les jours. En effet, ce que Marie était à Nazareth et à Jérusalem, elle le reste encore aujourd’hui et tout comme pour son Fils Jésus et ses disciples, elle continue de rester proche de chacun de ses enfants, maintenant qu’elle partage la gloire de son Fils en son corps et en son âme ! Avec une telle mère, nous ferons des exploits si nous acceptons d’avancer au large, de faire ce que le Seigneur nous commande et enfin, de répondre à notre vocation.

  1. Avance au large et jetez les filets pour prendre du poisson.

Excellence,

Chers frères et sœurs,

Ces paroles de Jésus adressées à Pierre dans l’évangile de ce jour sonnent comme un écho avec celles que la Vierge Marie avait adressées aux serviteurs lors des noces de Cana. Les mêmes constats de manque, d’échec ou d’impasse s’imposent dans les deux cas : à Cana, le vin avait fini par faire défaut, manquant de gâcher la fête des noces soigneusement préparées je suppose quand, au bord du lac de Génésareth, la pêche avait été infructueuse malgré une nuit acharnée de travail. 

A propos de manque, d’échec ou d’impasse, avez-vous remarqué comment dans l’évangile de ce jour, sur ordre du Seigneur ressuscité, qui n’est pas sans rappeler la demande de Marie à Cana, le miracle s’était accompli ? Dans l’évangile, à ceux qui ont travaillé toute la nuit sans rien prendre, Jésus commande : ‘‘jetez les filets pour prendre du poisson.’’ Le résultat, nous le connaissons : ‘‘ils prirent une telle quantité de poisson que leurs filets se déchiraient.’’ Le miracle venait d’avoir lieu. Mais cette pêche miraculeuse, n’est pas sans soulever des contradictions : la pêche toute la nuit a été infructueuse tandis que celle de jour a portée beaucoup de fruits ; par ailleurs, cette pêche oppose dans une certaine mesure, des professionnels aguerris à un humble charpentier.

Alors question pour nous aujourd’hui : comment vivons-nous les manques, les échecs, les impasses et autres contradictions de nos vies ? Peur, fuite en avant, abandon ou persévérance ? Peur, fuite en avant, abandon ! Le problème est bien là. Parce que nous ne tournons pas vraiment notre regard vers le Christ, nous nous laissons fasciner par le danger. Nous oublions trop souvent, que hier comme aujourd’hui, tout est possible à Dieu !

Dès lors et à l’occasion de ce jubilé de rubis, je vous exhorte à garder la certitude que Jésus ne nous a pas quittés, qu’il n’a pas abandonné son Eglise, encore moins notre pays. Il sera toujours au rendez-vous que nous Lui donnerons. Il sera là, toujours là, dans nos moments d’angoisse et de doute, quand la foi semble disparaître et que nos chemins deviennent des impasses, à condition que nous sachions lui faire confiance !

Faites tout ce qu’Il vous dira ! Ces paroles sont belles et comme je voudrais que nous le reprenions chacun pour sa part à son propre compte. Hier à Cana, nous pouvons supposer que les convives n’avaient pas besoin d’eau mais bien de vin pour que la fête continue d’être belle ! Il est remarquable de noter que les serviteurs ont fait exactement ce que Jésus leur avait commandé sur instruction de Marie sa Mère !

Faites tout ce qu’Il vous dira ! Cela suppose que lorsque nous prenons la décision de faire ce que le Seigneur demande de faire, nous nous engageons fermement à aligner notre volonté ainsi que notre comportement sur la volonté même de Dieu ! Dès lors, le miracle devient possible, l’eau peut se changer en vin et la pêche peut être plus que bonne !

2- ‘‘Sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras’’ !

Excellence,

Chers frères et sœurs,

Il est bon de remarquer que lorsque Jésus s’adresse à tout homme, c’est au cœur de ce qui fait sa vie, de ce qui est pour lui source de fierté. Il nous rejoint dans ce que nous sommes vraiment comme pour Simon Pierre, Jacques et Jean, les fils de Zébédé, ses compagnons. Frappant ainsi au cœur de la vie, Jésus provoque un véritable retournement. Les pêcheurs Lui obéissent, ils posent ainsi un acte de foi et de ce fait tout bascule : surgit alors une réalité nouvelle, imprévisible, miraculeuse. Tout se déroule comme si le monde ordinaire craque. Et la pêche elle-même peut déboucher sur une autre pêche : ‘‘sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras’’.

J’insiste pour dire encore une fois que cette transformation de pêcheurs en Apôtres n’a été possible que parce que, au départ, il y avait un manque, un vide, une absence. Si la pêche avait été bonne, il ne se serait sans doute rien passé. Les disciples seraient restés enfermés dans leur univers clos. Mais, ayant constaté leur incapacité, ils ont pu admettre la parole d’un Autre, ils se sont ouverts à Lui et tout a été changé. Ils sont sortis de leur petit monde, et désormais ils sont prêts à aller plus loin encore !

‘‘Sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras’’ ! Et Pierre et ses compagnons s’en sont allés après avoir entendu cette parole. Nous aussi, sommes-nous assez à l’écoute de l’appel de Jésus surtout quand cet appel ne va pas toujours dans la direction que nous avions programmée ? Ne savons-nous pas mieux que notre Curé, nos pasteurs quand il s’agit de ce qu’il faut faire pour la paroisse ? Ne sommes-nous pas les mieux placés pour juger de ce que devrait être la morale de l’Eglise ? Acceptons-nous que l’appel du Christ nous dérange encore aujourd’hui ?

‘‘Sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras’’ ! Cet appel est adressé à chacun de nous aujourd’hui comme hier il l’a été pour Pierre. Alors, posons-nous, chacun, personnellement, les questions qui à mon sens en valent la peine : quel sens, entendu comme direction mais aussi comme signification, donnons-nous ou voulons-nous donner à nos vies ? Quelles sont nos priorités dans cette Côte d’Ivoire qui sollicite notre foi et nos engagements dans plusieurs directions ? S’il est vrai que dans la vie de tous les hommes il y a des choix fondamentaux, quelles seront nos priorités ?

3- De la nécessité d’avoir une certaine intimité de vie avec le Christ

Excellence,

Chers frères et sœurs,

L’appel des premiers disciples exige en retour une certaine intimité de vie avec le Christ. En effet, considérer la personne de Jésus sous son seul aspect humain ne permet pas encore de le reconnaître. La foi ouvre à une autre connaissance à propos de Jésus. Et les chrétiens que nous sommes, devrons discerner en Jésus, les signes par lesquels Dieu se révèle dans l’histoire humaine.

Si nous répondons véritablement à cet appel de Jésus, si nous laissons Jésus entrer dans nos vies, nous pouvons aujourd’hui même, commencer une vie plus honnête, plus solidaire des autres et plus fraternelle. Mais les hommes sont-ils prêts à inviter le Christ dans leurs vies, pour qu’à son tour, Il les invite à cette merveilleuse alliance qu’Il veut réaliser avec eux ? Les hommes d’aujourd’hui sont-ils prêts à prendre Marie chez eux comme modèle de foi et de vie, dans un monde qui veut se réaliser sans Dieu et qui n’a plus de repère ? Nos modèles à nous aujourd’hui sont-ils créateurs de vie ? Enfin, les hommes d’aujourd’hui sont-ils prêts à se dessaisir de leurs certitudes pour oser l’aventure à laquelle la Vierge nous invite à la suite de son Divin Fils, quand elle nous redit à nous aujourd’hui comme aux serviteurs hier : ‘‘Faites tout ce qu’il vous dira !’’

C’est sur cette intimité de vie avec Jésus-Christ que je voudrais reprendre l’exhortation que je vous avais adressé lors de votre Jubilé d’argent. Je cite : ‘‘je vous envoie annoncer à notre pays, à nos familles, à nos communautés paroissiales, que depuis toujours, Dieu pense aux hommes, qu’Il les appelle à devenir par Jésus-Christ, ses enfants bien-aimés, et à se laisser transformer par Lui. Annoncez-leur qu’en Jésus-Christ, le fils de Marie, Dieu agit, Il délivre du mal, pardonne, transmet sa sagesse, se fait connaître. Annoncez-leur que l’humanité n’est pas lâchée dans un monde vide, elle est invitée à entrer en communion avec Dieu et que Jésus-Christ ouvre la route à quiconque l’accueille.’’

Demandons au Seigneur, avec l’aide et la prière de la Sainte Vierge Marie, Notre Dame d’Afrique, Mère de toute grâce, de nous obtenir pour notre pays, la grâce de la vraie réconciliation et de la paix, et pour chacun de nous, des grâces abondantes, bien au-delà de nos attentes et de nos espérances, par Jésus-Christ, à qui appartiennent la puissance, l’honneur et la gloire, pour les siècles des siècles. AMEN’’

Bonne fête à tous !

                                                                                                                        

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ, Archevêque d’Abidjan