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’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE Sanctuaire Marial Notre Dame d’Afrique Abidjan, lundi 15 août 2022

HOMÉLIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVÊQUE D’ABIDJAN

Chant : un grand signe, apparut, dans le firmament, une femme vêtue, de l’éclat du soleil, elle marchait sur la lune, couronnée de douze étoiles 

Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Frères et sœurs en Christ,
Chers amis pèlerins,

Ce que nous sommes venus célébrer en cette fête de l’Assomption, ce n’est pas tant le signe qui est apparu dans le firmament mais ce qu’il représente en réalité ! Ce que nous sommes venus célébrer, c’est la fidélité que Dieu récompense, Lui qui continue de nous adresser jour après jour, de véritables clins d’œil ! Ce que nous sommes venus célébrer finalement, ce sont les prévenances jamais prises à défaut de notre Dieu pour l’humanité qui n’aura son salut que si elle sait interpréter les signes des temps pour comprendre les messages que Dieu lui adresse : message d’espérance

dans un monde en proie bien souvent aux mauvaises nouvelles de tous genres ! Message de foi qui veut rejoindre chacun de nous, chacun de vous ! Message d’amour et de paix !

 Fidélité de Dieu parce que la femme vêtue de l’éclat du soleil et qui marche sur la lune, couronnée de douze étoiles, c’est celle qui très tôt a compris ce que Dieu attendait d’elle ! Son oui, a déclenché l’opération ‘‘Incarnation’’, l’entreprise la plus fabuleuse qui n’ait jamais été imaginée ! Son oui, a donné à notre monde l’Unique Sauveur du monde ainsi que le salut tant espéré ! Et au soir de sa vie, Dieu ne pouvait que l’élever à la gloire du Ciel, dans son âme et dans son corps, afin que nous aussi, toujours tendus vers les réalités d’en haut, nous obtenions de partager sa gloire, comme le stipule la prière d’ouverture de ce jour.

Frères et sœurs,
Chers amis pèlerins,

La première lecture de ce jour qui nous présente la femme aux prises avec un dragon nous enseigne que Dieu aura toujours le dernier mot sur les épreuves et autres turpitudes que nous pouvons connaître et affronter. En effet, on peut voir en cette image de la femme enceinte, un symbole pour désigner le peuple de Dieu en butte à la haine du dragon rouge feu, avec sept têtes et dix cornes ! Il est important de remarquer que, malgré cette menace, elle finit par donner naissance à son fils, préfiguration du Messie de Dieu, victorieux du mal et de tout mal.

Cette défaite du dragon dans le Ciel, c’est celle qui assure les chrétiens fidèles à leur Seigneur, qu’ils vaincront Satan sur terre car le sacrifice de l’Agneau est le seul qui rend possible la victoire de ceux qui croient en Lui et qui, comme Marie, font pour Lui, le sacrifice de leur vie ! En ce sens, la Vierge Marie devient pour nous modèle de fidélité à nos engagements envers Dieu ! Son oui n’a pas été que joyeux, mais elle a su faire confiance en toutes circonstances à Dieu et cela, dès le début de son aventure avec Lui : ‘‘ Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus’’, c’est-à-dire, Dieu sauve ! Et Marie de répondre à son tour : ‘‘voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.’’

Par son oui, Marie devient l’Arche de la Nouvelle Alliance, car elle porte en son sein ce qu’il y a de plus précieux au monde : Jésus-Christ ! C’est à nous aussi d’ouvrir larges les portes de nos cœurs, de nos familles et de nos cités, du monde, afin que le Fils qu’elle nous donne, puisse demeurer chez nous, bien plus, en nous ! Et parce que notre Dieu est fidèle, qu’Il sait récompenser la fidélité de ceux qui savent puiser profond dans la confiance en sa personne, je prie pour qu’Il vous rejoigne profondément et que la peur s’enfuit loin de vous ! Désormais, je vous exhorte à ne plus avoir peur, car la victoire nous a été acquise et par cette femme que le dragon n’a pu vaincre, et par son Divin Fils, victorieux de la mort, de toutes formes de morts !

Chant : Christ est avec moi, je n’ai plus peur…

Frères et sœurs,
Chers amis pèlerins,

La fête de l’Assomption de Marie, c’est aussi une invitation à continuer à faire chaque jour, acte de foi comme Marie. De sa rencontre avec Elisabeth dans l’évangile de ce jour, naît son magnificat, ce beau cantique, cette magnifique réponse d’amour : ‘‘mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur’’. Ces paroles de la Vierge, pourraient laisser à penser que Marie a été uniquement une heureuse et chanceuse privilégiée que le Seigneur avait pris soin de préparer, par anticipation, et que la grâce exceptionnelle qui lui a été offerte, lui enlève tout mérite propre et qu’elle aurait vécue, dans un cocon douillet, toute sa vie durant, sans qu’elle ne connaisse la moindre souffrance, la moindre incompréhension, la moindre contrariété. Loin s’en faut !

Comme vous pouvez le deviner, la Vierge Marie a été tiraillée entre la joie et la crainte, l’espérance et le sentiment d’indignité. Partageant les espérances de son peuple, elle ne peut que se réjouir à la pensée que le Messie tant attendu vient enfin ; mais, en tant que femme, elle perçoit déjà confusément la difficulté de sa mission. Et c’est ici justement que Marie se révèle pour nous un modèle de foi. Parce qu’elle a su répondre positivement à sa vocation qui devait la conduire jusqu’à accepter l’incompréhension des habitants de Nazareth devant la naissance virginale, parce qu’elle a surtout accepté sa vocation de mère, c’est-à-dire de donner, un jour, son fils au monde, elle nous invite tous malgré les vicissitudes de la vie, à une nouvelle profession de foi, car nous sommes tous concernés par son Fiat.

Aujourd’hui et dans les circonstances actuelles de nos vies, sommes-nous, comme Marie, aux aguets, à l’affût de Dieu, prêts à entendre l’appel le plus dérangeant ? Savons-nous faire silence pour entendre les pas de l’être aimé qui approche ? Sommes-nous tournés vers Celui qui vient à nous, années après années, jours après jours, heures après heures ? Sommes-nous prêts à Le laisser entrer véritablement dans nos vies, à nous laisser sauver par Lui ? Sommes-nous impatients de le rencontrer ? Permettons-nous à Marie de faire grandir en nous son divin Fils ?

Par ailleurs, sa rencontre avec Elisabeth nous enseigne également que rien n’est impossible à notre Dieu, Lui qui hier a rendu fécond le sein stérile de Sarah ou encore celui d’Elisabeth ! Et parce que rien ne Lui est impossible nous ne devons pas avoir peur d’engager nos vies à sa suite, de rencontrer les autres, en étant porteurs de Jésus-Christ comme Marie hier, lorsqu’elle rendait visite à Elisabeth, sa cousine ! Dieu Lui-même saura rendre fécond nos stérilités, nos manques pour les transformer en joie, pour sa gloire et pour notre bonheur !

Toujours dans l’évangile, c’est Marie qui a l’initiative de la rencontre avec Elisabeth sa cousine ! La suite nous révèle que les deux femmes professent leur foi au même Dieu : ‘‘Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi,’’ dira Elisabeth ! Et pour toute réponse, Marie a ces belles paroles toutes tournées vers Dieu : ‘‘Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !’’

Serait-il possible qu’à leur suite, nous fassions nous aussi de nos rencontres, de toutes nos rencontres des moments de profession de foi ? Serait-il possible que plutôt que de nous plaindre, de papoter comme on dit, nos rencontres soient désormais remplies de Jésus qui peut tout pour nous ? Serait-il possible que nos visites à nous, dressent le lit de rencontres où Dieu a la première place ? Finalement, nos rencontres peuvent se muer en joie profonde parce que nous aurons fait place à Dieu que nous sommes censés porter aux autres ?

En effet, l’Assomption de Marie peut être comprise aussi comme la rencontre de la mère avec son Divin Fils, retrouvailles éternelles où les mots de tous les jours deviennent action de grâce au Seigneur qui fait pour nous encore et toujours des merveilles ! Oui, merveilles, Dieu nous aime, son amour n’aura pas de fin !

Chant : merveilles, Dieu nous aime, son amour n’aura pas de fin !

Frères et sœurs,
Chers amis pèlerins,

C’est sur ces mots que je voudrais vous laisser ! Faisons de chacune de nos rencontres, des rencontres de joies et d’amour ! Et comme nous sommes dans l’année du synode, faisons désormais de nos rencontres, un temps d’écoute, de dialogue et de discernement ! Comme vous le savez certainement, l’écoute est le premier pas, mais elle demande d’avoir l’esprit et le cœur ouverts, sans préjugés ! Se rencontrer, c’est prendre conscience que la spiritualité du marcher ensemble est appelée à devenir le principe éducatif de la formation humaine et chrétienne de la personne, la formation des familles et des communautés !

Pour terminer, je voudrais reprendre les propos que j’ai tenu à l’ouverture diocésaine du Synode sur la synodalité : ‘‘ l’heure n’est donc plus à l’exercice d’un individualisme exacerbant, aux antipodes de la Bonne Nouvelle de salut que Jésus-Christ est venu nous révéler. L’heure n’est pas à la fermeture sur soi, en soi. Nous sommes bien invités à être des missionnaires, à sortir de notre culture, de notre petit monde façonné à notre guise, pour emprunter, de façon résolue et décisive, le chemin de la foi, de la solidarité et de l’amour !’’ Suivre et célébrer la Vierge Marie, nous engage à cela aussi !

Que par son intercession, nous soyons unis pour la gloire de notre Seigneur Jésus, Lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds, tous ses ennemis, Lui à qui appartiennent, la puissance, l’honneur et la gloire, pour les siècles des siècles ! Amen.

 

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ

Archevêque d’Abidjan