A la Une

  • MESSE CHRISMALE 2024 A LA CATHEDRALE SAINT PAUL D’ABIDJAN

    MESSE CHRISMALE 2024 A LA CATHEDRALE SAINT PAUL D’ABIDJAN

  • MESSE DE REQUIEM POUR MONSEIGNEUR PAUL SIMEON AHOUANAN DJRO ARCHEVEQUE DE BOUAKE

    MESSE DE REQUIEM POUR MONSEIGNEUR PAUL SIMEON AHOUANAN DJRO ARCHEVEQUE DE BOUAKE

  • LES ADULTES DU DOYENNE PÈRE GABRIEL CHAUVET EN PELELRINAGE A ELAEIS

    LES ADULTES DU DOYENNE PÈRE GABRIEL CHAUVET EN PELELRINAGE A ELAEIS

  • RECOLLECTION DIOCESAINE POUR LE TEMPS DE CAREME POUR LE PERSONNEL DE L’EDUCATION CATHOLIQUE D’ABIDJAN

    RECOLLECTION DIOCESAINE POUR LE TEMPS DE CAREME POUR LE PERSONNEL DE L’EDUCATION CATHOLIQUE...

UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST UNITE UNIVERSITAIRE D'ABIDJAN MESSE DE RENTREE ACADEMIQUE 2022-2023

Abidjan,Lundi 10 octobre 2022

Révérend Père AMADOU dit Kizito TOGO, Président de l’UCAO/UUA,
Révérend Père Honoré BEUGRE, Secrétaire Général, de l’UCAO/UUA
Révérend Père Jean Levergol LOES, Directeur des Affaires Académiques, Pédagogiques et de la Scolarité de  Vice-Président de l’UCAO/UUA,
Messieurs les Doyens des facultés et Directeurs des Instituts                                                                                        Chers Aumôniers,

Chers Formateurs,Chers parents, amis et invités,
Chers amis étudiants,

La messe solennelle de rentrée qui ouvre officiellement le début de l’année académique est l’occasion toute trouvée pour nous situer quant à l’élan que nous voulons donner à cette année que nous remettons ainsi entre les mains de Dieu, pour qu’Il la mène Lui-même à son achèvement, étant entendu que toute œuvre qui prend sa source en Dieu, trouve en Lui son achèvement. C’est donc pour moi un réel plaisir que d’être avec vous pour confier cette année au Seigneur afin qu’elle soit fructueuse à tous égards pour chacun des acteurs de cette année.

 

Comme vous le savez certainement, L’Église de Dieu, notre Eglise est convoquée en Synode ! Synode sur la synodalité ! Le calme apparent de ces moments après l’effervescence des phases diocésaines et nationales ne doit pas nous faire oublier que nous sommes toujours en Synode. C’est à ce titre que j’ai décidé pour cette année académique, de m’inspirer de l’homélie de notre Saint Père le Pape François pour m’adresser à vous, homélie prononcée le 10 octobre 2021, à la Basilique Saint Pierre de Rome.

Adosser notre rentrée académique au synode, c’est commencer par s’interroger avec le Saint Père par une interrogation qu’il me plaît de reprendre et de paraphraser : ‘‘en ouvrant aujourd’hui notre année académique, commençons par tous nous demander… : nous, communauté de l’UCAO/UUA, incarnons-nous le style de Dieu, qui chemine dans l’histoire et partage les défis de l’humanité ? Sommes-nous disposés à vivre l’aventure du cheminement ou, par peur de l’inconnu, nous réfugions-nous dans les excuses du « cela ne sert à rien » ou du « on a toujours fait ainsi » ?

Le défi qui nous est ainsi proposé s’articule autour de trois verbes sur lesquels je voudrais m’attarder en ce début d’année académique : rencontrer, écouter, discerner.C’est bien ce que nous dit le Pape quand il affirme ceci : ‘‘ « faire Synode » signifie marcher sur la même route, marcher ensemble. Regardons Jésus sur le chemin, qui rencontre d’abord l’homme riche, puis écoute ses questions, et enfin l’aide à discerner ce qu’il faut faire pour avoir la Vie éternelle.’’ 

S’appuyant sur l’Evangile de Marc au chapitre 10, le verset 17, le Pape souligne que, ‘‘rencontrer… réclame de l’attention, du temps, de la disponibilité… pour se laisser interpeller par l’autre. De fait, le Seigneur ne se met pas à distance, il ne se montre pas agacé ou dérangé ; au contraire, il s’arrête avec lui. Il est disponible à la rencontre. Rien ne le laisse indifférent, tout le passionne. Rencontrer les visages, croiser les regards, partager l’histoire de chacun : voilà la proximité de Jésus. Il sait qu’une rencontre peut changer une vie. Et l’Evangile est parsemé de ces rencontres avec le Christ qui relèvent et guérissent. Jésus n’était pas pressé, il ne regardait pas sa montre pour terminer la rencontre en avance. Il était toujours au service de la personne qu’il rencontrait, pour l’écouter.’’

Ensuite écouter. Toujours selon le message du Pape, ‘‘la vraie rencontre naît seulement de l’écoute. Jésus, en effet, se met à l’écoute de la question de cet homme et de son inquiétude religieuse et existentielle. Il ne donne pas une réponse "rituelle", il n’offre pas une solution toute faite, il ne fait pas semblant de répondre poliment pour s’en débarrasser et continuer sa route. Il l’écoute simplement. Tant qu’il le faut, il l’écoute, sans hâte. Et – la chose la plus importante – Jésus n’a pas peur de l’écouter avec le cœur, et pas seulement avec les oreilles. D’ailleurs, il ne se contente pas de répondre à la question, mais il permet à l’homme riche de raconter son histoire personnelle, de parler de soi librement. Le Christ lui rappelle les commandements, et celui-ci commence à raconter son enfance, à évoquer son parcours religieux, la manière avec laquelle il s’est efforcé de chercher Dieu. Lorsque nous écoutons avec le cœur, c’est ce qui arrive : l’autre se sent accueilli, non pas jugé, libre de raconter son vécu et son parcours spirituel.’’

Enfin, discerner. Ici, le Pape François fait remarquer que ‘‘la rencontre et l’écoute réciproque ne sont pas une fin en soi, qui laisseraient les choses demeurer en l’état. Au contraire, lorsque l’on entre en dialogue, nous nous mettons en discussion, en chemin, de telle façon qu’à la fin, nous ne sommes plus les mêmes qu’auparavant, nous sommes changés… Dans le dialogue, il l’aide à discerner. Il lui propose de regarder au fond de lui-même, à la lumière de l’amour avec lequel lui, Jésus, fixant son regard sur lui, l’aime, et de discerner, à cette lumière, à quoi son cœur est réellement attaché. Il découvre ainsi que son bien ne consiste pas à ajouter d’autres actes religieux mais, au contraire, à se vider de lui-même : vendre ce qui occupe son cœur pour laisser de l’espace à Dieu.’’

Révérends Pères,
Chers membres du personnel,
Chers amis étudiants,
Chers parents,

La problématique de cette année académique 2022-2023 pourrait finalement se décliner comme suit : comment marcher ensemble, formateurs, étudiants, parents et personnel de l’UCAO/UUA pour être un signe qualitatif dans le système éducatif en Côte d’Ivoire ?

Dans l’évangile de ce jour, on peut noter que parmi les adversaires de Jésus, certains réclament une preuve évidente, un miracle extraordinaire qui forcerait l’adhésion, ce que Jésus a toujours refusé. En effet, c’est devant Lui, devant ses paroles et ses actes, qu’il faut se décider : ‘‘cette génération est mauvaise : elle cherche un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que celui de Jonas. Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive… ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas !’’

Si notre monde cherche encore des signes, n’est-ce pas qu’il n’est pas convaincu par ce qui se déploie au quotidien sous ses yeux ? Les états généraux de l’éducation initiés par le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation que nous avons salués, indiquent clairement les attentes de ceux qui ont en charge ce Ministère en matière de refondation du système éducatif en Côte d’Ivoire. Les récents résultats qui ont sanctionné les examens à grands tirages sont encore présents dans les esprits ! D’où la problématique que j’ai énoncé plus haut : comment marcher ensemble, formateurs, étudiants, parents et personnel de l’UCAO/UUA pour être un signe qualitatif dans le système éducatif en Côte d’Ivoire ?

Chers formateurs,

Dans l’homélie du Pape François et sur la base de l’évangile de Marc au chapitre 10, le personnage central, c’est bien Jésus dont vous devez imiter la proximité pour pouvoir marcher ensemble avec ceux que le Seigneur mettra sur les chemins de cette année académique. A ce titre, je vous exhorte à faire de toutes vos rencontres avec vos étudiants, des rencontres qui changent leurs vies. Soyez toujours disponibles et que rien ne vous laisse indifférents chez eux. En exprimant cette proximité, vous leur donnerez l’occasion de faire ressortir le meilleur d’eux-mêmes, étant entendu qu’il s’agit pour vous d’exprimer à leur égard, la proximité de Jésus !

Je ne vous apprends rien en vous faisant remarquer que chacun est différent des autres et qu’au nom de l’Eglise et de la mission qui est la vôtre, vous avez le devoir non seulement de leur inculquer un savoir mais également et surtout de les encadrer et de les accompagner. Cela suppose que vous preniez du temps avec chacun d’eux chaque fois que cela est possible et comme pour Jésus, de garder à l’esprit qu’une rencontre peut changer une vie. A l'image de Jésus, ne regardez pas vos montres pour terminer toutes vos rencontres en avance.

Chers amis étudiants,

Ce dont il est question le temps de votre présence dans cette université, c’est de votre avenir et du rôle que vous êtes appelés à jouer demain dans nos sociétés. Cela suppose que dès aujourd’hui, vous preniez conscience que vous-mêmes devez êtres protagonistes de votre formation et cela passe par l’écoute de vos formateurs, de tout le personnel et de vos parents ! Si nous faisons l’obligation à vos formateurs de vous rencontrer, le minimum que nous attendons de vous en retour, c’est une écoute attentive, celle qui leur permettra de pouvoir cheminer en toute quiétude avec vous afin de vous proposer ce qui convient au mieux à votre formation. Bien des fois, il est arrivé que certains parmi vous donnent le sentiment qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent et pis encore, se transforment en perturbateurs de la vie estudiantine.

Je ne le dirai jamais assez : personne en ce monde, pas même vous, ne recule en âge ! C’est à vous de saisir chaque occasion de votre présence pour en faire un gage de bonheur pour votre avenir. Je voudrais m’interroger avec vous : comment vous voyez-vous d’ici cinq, dix ou quinze ans ? La réponse à cette interrogation réside dans le sérieux avec lequel vous aborderez chacune des rentrées académiques ainsi que votre attention à vous laisser former ! Je vous exhorte vous aussi, dès à présent, à savoir discerner ce qui contribue à votre épanouissement, de ce qui n’est que lumière éblouissante et qui n’apporte rien finalement.

Chers parents,

Vos enfants sont inscrits dans une université particulière qui a ses règles et qui ambitionne, années après années, de rester dans l’élite en matière d’éducation et de formation en Côte d’Ivoire ! Je mesure à sa juste valeur, les sacrifices que vous consentez pour leur assurer ce cadre de vie et c’est au nom de ces sacrifices que je vous exhorte vous aussi, en collaboration avec leurs formateurs, à les aider à discerner ce qu’il faut pour leur bonheur.

En parlant de discernement, j’ai dit plus haut, citant le Pape que Jésus propose au jeune homme riche, de regarder au fond de lui-même, à la lumière de l’amour avec lequel lui, Jésus, fixant son regard sur lui, l’aime, et de discerner, à cette lumière, à quoi son cœur est réellement attaché. Il découvre ainsi que son bien ne consiste pas à ajouter d’autres actes religieux mais, au contraire, à se vider de lui-même ! Se regarder au fond de soi-même, sans aucune complaisance, considérer ce à quoi le cœur de vos enfants est réellement attaché, pour comprendre que leur bien ne consiste pas uniquement à ajouter, amasser, entasser bien de choses qui ne sont pas nécessaire pour eux. Ce discernement est nécessaire pour que nous allions tous dans le même sens entendu tout à la fois comme direction mais également comme signification. Faut-il le rappeler, ce discernement est valable pour tous : formateurs, personnel, étudiants et parents.

Notre ambition pour cette année académique, c’est de montrer que non seulement nous pouvons mais que nous devons être ce signe qui inspire de la qualité dans le ciel du système éducatif de notre pays. Je crois fermement en cela en tenant compte des prouesses que vous avez réalisé l’an dernier et qui vous obligent à tenir haut votre rang. Je vous engage tous à cela, dans une marche ensemble, avec pour leitmotiv : rencontrer, écouter, et discerner.

En terminant, je voudrais souhaiter la bienvenue à tous ceux qui intègrent notre unité universitaire d’Abidjan. Je voudrais aussi saluer tous ceux qui, les années passées, ont gardé la maison pour qu’elle rayonne de plus belle. Enfin, je voudrais confier à Dieu, les pas de ceux qui sont partis, parce qu’étant en fin de mandat. Que Dieu nous accorde à tous, ce dont nous avons besoin pour faire de cette nouvelle année académique, une année pleine de succès à tous les égards ! Sur ces paroles, je souhaite à tous une bonne, heureuse et fructueuse année académique 2022-2023 pour la gloire de Dieu et pour notre bonheur !

 

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÂ
Archevêque d'Abidjan
Vice Grand Chancelier de l'UCAO/UUA