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HOMELIE DE LA MESSE D’OUVERTURE A LA PAROISSE SAINT AUGUSTIN D’AGBOVILLE


          Chers frères et sœurs.

         La visitation de la très sainte Vierge Marie à sa cousine Elisabeth m’inspire de méditer avec vous sur l’empressement. Dans ce mot nous avons la racine que nous connaissons tous, c’est-à-dire « presser ». En général, être pressé renvoie à la vitesse qui, malheureusement se confond avec la précipitation. Et nous savons bien ce que fait cette confusion : la précipitation provoque des incidents graves et même de très graves accidents.

Les transporteurs ne sont pas les seuls experts dans la précipitation qui rime avec distraction, indiscipline, désordre, désinvolture, non-respect du code, des règles et normes. Ils ne sont pas seuls dans le monde à épouser le fait d’être pressé et de se précipiter dans le désordre, l’indiscipline, l’insalubrité, la transgression des codes, normes et lois, du savoir vivre en société. Il n’est pas rare de voir des personnalités, trop pressées, jeter, dans la précipitation, des ordures par-delà les vitres de leurs voitures, plutôt que d’attendre patiemment la prochaine poubelle. Nous sommes nombreux à être pressés, sans être empressés.

Par contre, lorsque la racine « pressé » est précédée de la particule « en » pour donner « empressé », alors l’on n’est plus dans la vitesse et la précipitation, mais dans la ferveur, le zèle, la prévenance de l’amour qui réchauffe le cœur, presse et pousse à agir diligemment et efficacement, au service dévoué de l’autre, sans calcul ni feinte ni hypocrisie. C’est dans cet empressement que se situe Notre Dame de la Visitation.

         Contemplons la Vierge Marie, lors de sa visitation à Elisabeth ; elle se rend en hâte, mais elle n’est pas pressée d’une précipitation extérieure et bruyante ; elle est plutôt empressée, avons-nous entendu dans la traduction de l’évangile. Et c’est une bonne traduction. Car l’empressement de Marie nous renvoie à son cœur, son cœur sacré. Son cœur est rempli de ferveur, de la ferveur dont parle l’Apôtre Paul dans la lettre aux Romains. Paul y exhorte les Romains en ces termes : « Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit » » (Rom 12, 9-16). La ferveur qui réchauffe le cœur l’enflamme et le fait exploser comme un moteur qui propulse un véhicule, et met la très Sainte Vierge Marie en mouvement pour la solidarité.

Dans son cœur brûle un amour sans pareille, parce qu’elle est sans pareille, comme le chante cet hymne : « Vous êtes sans pareille, ô Mère du Sauveur…Vous êtes la merveille des œuvres du Seigneur, ô Notre Dame ». C’est cet amour inégalable qui remplit son cœur sacré sans pareille et qui la pousse ; l’amour la presse. L’amour empressé, qui se fait solidaire, procure un bonheur ineffable à Elisabeth et à son bébé qui remue d’allégresse et elle s’écrie : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi… ».

         L’amour solidaire et empressé procure le bonheur et fait exploser la joie intérieure.  Jean, depuis le ventre de sa mère, Elisabeth et Marie, tous explosent, animés par l’Esprit saint. Alors se réalise l’annonce faite par le prophète Sophonie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovation, Israël ! Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie, fille de Jérusalem ». A Marie pourrait bien s’appliquer cette annonce prophétique. Elle laisse éclater sa joie et chante les merveilles de Dieu, et invite l’univers entier et tous les siècles à entrer dans sa joie : « Désormais tous les âges me diront bienheureuse » (Lc 1, 48). Sommes-nous de cette génération ? Alors laissons monter vers le ciel notre louange et disons : « Tu es bienheureuse ô Vierge Marie ! » Si nous ne sommes pas encore de cette génération, alors relisons les Ecritures et reprenons en chœur : « Tu es bienheureuse ô Vierge Marie !»

         L’empressement, à l’imitation de Marie de la Visitation, répand le bonheur et la joie dans les cœurs inquiets et relève celui qui n’en peut plus. Cet empressement est caractérisé par un amour solidaire, sans feinte ni hypocrisie, sans calcul ni avarice, sans tricherie. C’est à cet amour qu’invite l’Apôtre Paul, dans la lettre aux Romains, dont un extrait du chapitre 12, mérite d’être rappelé à grands traits : « Que votre amour soit sans hypocrisie…Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle…Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit…Partagez avec les fidèles qui sont dans le besoin…Pratiquez l’hospitalité avec empressement » (Rom 12, 9-16).

          Chers frères et sœurs.

         C’est le lieu de nous laisser interpeller par un tel empressement, dépouillé de tout calcul, de toute hypocrisie et avarice, dans une « Eglise-Communion autonome au service de tous ». Interrogeons notre empressement à l’imitation de Notre Dame de la Visitation. Apprenons auprès d’elle, l’empressement qui sort d’un cœur inondé par l’amour pour Dieu et pour le prochain. Que cet empressement nous pousse à la solidarité individuelle et communautaire. Que nos cœurs solidaires soient sensibles aux besoins des autres ! Que le cœur solidaire de nos communautés soient sensibles aux besoins de toutes les autres communautés ! Entrons tous ainsi, dans la vérité de l’Eglise.

         La vraie Eglise de Jésus est celle de la mise en commun des biens. Dans son histoire l’Eglise s’est toujours voulue ainsi. Aujourd’hui, elle se voudrait ainsi : une Eglise-Communion autonome au service de tous, au sein de laquelle l’empressement à la solidarité, à l’imitation de Notre Dame de la Visitation est le maître-mot. Cultivons cet empressement et sans relâche ! Que chaque membre de cette Eglise soit empressé devant les nécessités des autres. Que chaque communauté soit empressée devant les nécessités des autres communautés.

         Chers frères et sœurs.

         Nous sortons à peine de la célébration de la Pentecôte, occasion qui permet à notre Eglise d’organiser l’empressement de ses membres en vue d’une autonomie solidaire. Ce jour-là chaque catholique est attendu au chevet de la communauté sœur, pour qu’ensemble, main dans la main, nous travaillions à l’auto prise en charge de la mission, conformément à la vision de la Conférence des Evêques. C’est le lieu de nous interroger sur notre empressement individuel et communautaire, pour nous hâter, comme Notre Dame de la Visitation, auprès des frères et sœurs, auprès des diocèses frères qui ont besoin de notre solidarité, dans une Eglise synodale invitée à vivre la communion à la perfection. 

         C’est le lieu de nous rappeler, avec l’Eglise primitive, qu’en réalité, aucun chrétien, disciple du Christ, n’est propriétaire de ce qui lui appartient, au point de refuser même les miettes au pauvre Lazare, couché devant sa porte. C’est le temps, au lendemain de la Pentecôte et à la fête de la Visitation de la Très Vierge Marie, de réapprendre ceci : Aucun diocèse, aucune paroisse n’est propriétaire de ce qui lui appartient. Tous, d’un seul cœur et d’une seule âme, refusons de nous enfermer et nous rendre prisonniers de nos égoïsmes et égocentrismes !

         Rejoignons Notre Dame de la Visitation ! Rejoignons-la dans son empressement solidaire ! Avec elle, rassemblons dans l’Eglise de son Fils les moyens nécessaires, pour répondre efficacement aux besoins de l’évangélisation et des plus vulnérables.

         Que Notre Dame de la Visitation visite nos cœurs, le cœur de nos paroisses, de nos diocèses. Ainsi dans un bonheur partagé, nous pourrons chanter ensemble le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur ».

 

A                         M                        E                          N                         !