Vendredi 25 décembre 2020 Solennité de la Nativité du Seigneur – Année B.

Noël, Fête de la Joie

Homélie

Dans la nuit de la Palestine, des cris ont retenti. Dans la nuit de nos vies, des cris ont retenti. Ce sont des cris de bébé, d’un bébé particulier, exceptionnel, d’un bébé qui porte et nous apporte une Bonne Nouvelle, celle d’une double joie : La joie de Dieu, d’un Dieu qui vient parmi les hommes et la joie des Hommes qui accueillent Dieu-Enfant dans leur vie avec toutes ses fragilités.

(1)   Noël : c’est la Joie de Dieu parmi nous

Dans l’extrait de l’Évangile de ce jour, appelé Prologue parce qu’il ouvre l’Évangile de Jean, si riche théologiquement et spirituellement, Jean nous fait découvrir l’incommensurable Amour de Dieu. Oui, pour nous les hommes, et par Amour, Dieu accepte, en son Fils de se dévoiler, de se révéler, en venant parmi nous, en devenant l’un de nous dans l’assomption totale de notre humanité : « Au commencement, dira-t-il, le Verbe était auprès de Dieu, le Verbe était Dieu. …Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » Pour nous, Dieu s’est fait homme, Dieu s’est fait enfant, un tout petit enfant, fragile, se confiant entre les mains des hommes. Quelle audace, quelle confiance en l’homme de la part de Dieu. Et cette venue parmi nous est Joie, Joie de Dieu pour les hommes. Oui, dans l’Enfant de Bethléem, l’Enfant de la Crèche, Dieu nous manifeste sa Joie, il nous la communique, il est heureux d’être parmi nous. J’imagine le beau sourire de ce bébé entre les mains de sa maman, levant ses petits yeux vers son père Joseph avec autour de lui, les bergers et quelques animaux, les premiers hôtes de ce bébé divin. Cette joie devient communion et harmonie parfaites entre tous ceux qui étaient présents dans l’étable de Bethléem. Si Dieu est heureux d’être parmi nous, de nous communiquer la Vie, sa Vie car comme le dit le Prologue, « […]  à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu.. », il nous fait aussi don de sa joie.

(2)   Noël : la célébration de la joie de l’homme

Comment ne pas être heureux, joyeux, face à la Bonne Nouvelle de présence permanente de Dieu parmi nous ? Comment ne pas nous réjouir de la venue de l’Enfant de Bethléem, lui qui, comme l’affirme la 1ere lecture « annonce la paix, porte la bonne nouvelle, annonce le salut » (Isaïe 52, 7-10) ? Oui, en ce jour de fête, de grande fête, en cette fête qui a changé l’Histoire des Hommes, Dieu nous exhorte à la Joie, la Joie de sa présence, mais aussi à nous ouvrir à la joie de la venue d’un enfant, de tout enfant. Or, dans notre monde si évolué scientifiquement et technologiquement, dans notre monde de la rentabilité, de l’efficacité à tout prix et à n’importe quel prix, dans notre de lutte féroce pour gagner le pain quotidien, l’enfant qui devait nous réjouir, fait quelque fois peur, il fait peur et sa venue peut être perçue comme mauvaise nouvelle ou comme une erreur parce qu’il est appréhendée parfois comme un frein à notre épanouissement ou bien-être personnel social, un frein à notre évolution professionnelle. Et que faire dans ce cas : soit il est un enfant non-désiré, soit il est rejeté, soit il est abandonné, soit on ne le laisse même pas venir au monde : on le tue par la pratique de l’avortement au nom d’une pseudo liberté à disposer de son corps. Or, ce qu’on oublie, c’est que l’enfant n’est pas un dû mais un don, un don qui nous vient de Dieu, un don à accueillir et à protéger avec amour. Même quand il s’agit d’un enfant non désiré, les parents et les adultes doivent lui apporter tout leur amour. C’est en cela que le pape François dira dans son Exhortation apostolique sur la famille Amoris Laetitia (La joie de l’Amour) ceci : « […] Je ne peux m’empêcher de dire que, si la famille est le sanctuaire de la vie, le lieu d’où la vie est engendrée et protégée, le fait qu’elle devient le lieu d’où la vie est niée et détruite constitue une contradiction déchirante. La valeur d’une vie humaine est si grande, et le droit à la vie de l’enfant innocent qui grandit dans le sein maternel est si inaliénable qu’on ne peut d’aucune manière envisager comme un droit sur son propre corps la possibilité de prendre des décisions concernant cette vie qui est une fin en elle-même et qui ne peut jamais être l’objet de domination de la part d’un être humain. La famille protège la vie a toutes ses étapes, y compris dès ses débuts. » Voilà chers frères et sœurs, notre responsabilité induite par Noël : accueillir l’enfant, tout enfant comme un don de Dieu, dans la Joie parce qu’en chaque enfant qui vient en ce monde, c’est Dieu lui-même qui vient nous visiter et nous transmettre sa Joie. Je suis toujours en admiration devant une femme qui attend un enfant, qui pose des gestes de délicatesse et de tendresse, qui parle même à cet enfant qui est en elle, qui est une partie d’elle mais qui n’est pas elle, et dont le visage s’illumine quand elle sent son enfant bouger dans son sein, c’est un bonheur, un pur bonheur. Ou bien, à l’occasion des baptêmes de bébés, j’interroge les marraines et parrains. Il y a de l’amour et de l’émotion dans leur voix, une lueur de joie dans leurs yeux, et de la tendresse dans leur regard. Oui, que c’est beau de porter et de transmettre la vie, que c’est beau de défendre et de protéger la vie. Puisse Noël faire de nous des porteurs de Bonne Nouvelle, la Bonne Nouvelle de la Vie qui se donne et qui se reçoit avec Amour et Joie.

Aussi, sommes-nous appelés à transmettre la Joie de Noël partout car autour de nous il y a tellement de pauvreté, de précarité, de souffrance, de misère, de personnes abusées, spoliées, accusées ou emprisonnées injustement. Il y a tellement d’injustice où l’on fait la promotion de la médiocrité au détriment du mérite.

En cette fête de Noël, que la Joie de l’Enfant-Dieu nous illumine et habite notre monde. Que nos cœurs deviennent la Crèche où l’Enfant de Bethléem naît. Que nous recevions de lui Grâce sur Grâce. Sainte et heureuse fête de la Nativité du Seigneur. Joie, Paix et Bonheur pour tous et chacun.

Père Sylvain du Saint Nom de Jésus, Vicaire, Paroisse Sainte Famille de la Riviera 2.

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