Vendredi 1er janvier 2021, Année B Solennité de Marie, Mère de Dieu

 

Homélie

Marie, Mère de Dieu et Mère des Hommes

Frères et sœurs, l’année 2020, une année qu’on croyait 20/20 s’est muée en année de la quarantaine à cause de la pandémie mondiale de la Covid-19 sur le plan universel. Au niveau local, ce fut l’année des joutes électorales avec leur lot de morts, de mutilés à vie et de destructions de biens publics et privés. 2020 fut une année singulièrement difficile, pénible. Elle fut également une année fort riche spirituellement car nonobstant les circonstances graves, Dieu a eu à parler à chacun de nous en nous invitant à l’essentiel : le rechercher dans le silence de nos vies et de nos cœurs. 2021 est venu, 2021 est là. L’Église nous invite à l’ouvrir en nous mettant sous le couvert d’une mère, Marie, la Mère de Dieu.

Ma réflexion va s’articuler autour de deux points : Marie, Mère de Dieu et Marie, Mère des Hommes.

1. Marie, Mère de Dieu

La célébration de ce jour est peut-être pour nous facile et simple. Mais à l’époque où le titre de Marie, Mère de Dieu était attribué, cela n’était pas évident puisque car la question qui se posait était celle-ci : Comment une femme, une créature, peut-elle être déclarée Mère de Dieu, le Créateur ? Autrement dit, comment la créature pourrait-elle engendrer son Créateur ? Ce n’est pas possible. Pour la raison humaine, cela paraît absurde, incompréhensible, insensé. Le bon sens voudrait que ce soit le Créateur qui donne vie et sens à la créature. Or, l’Église au cours des conciles et notamment lors des Conciles œcuméniques d’Éphèse (431) et de Chalcédoine (451), a proclamé le dogme de Marie, Mère de Dieu, en grec « Theotokos » (« Celle qui a enfanté Dieu » ou « celle qui donné naissance à Dieu »). Pour l’Église, la créature est capable d’enfanter le Créateur par la grâce du Créateur lui-même. Mieux et c’est plus juste de le dire, le Créateur lui-même accepte d’être engendré par sa créature dans la mesure où le titre ou la qualité de Mère de Dieu, n’est pas lié aux mérites personnels de Marie. Il est purement et simplement le don de Dieu. Ce dogme ou cette vérité de foi, ne s’appuie pas sur des preuves imaginaires mais sur la Révélation biblique. C’est vrai que le titre « Mère de Dieu » n’est pas écrit noir sur blanc dans la Bible, mais les textes qui se rapportent à Marie surtout à la conception du Christ le disent. Nous avons surtout Luc 1, 26-38, l’Évangile de l’Annonciation. Lorsque l’Ange Gabriel visite Marie et lui faire part du projet d’être la mère de son Fils, Marie dit à l’Ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » Aussi, dans son explicitation du plan de Dieu, l’Ange affirmera que l’Esprit Saint couvrira Marie de son ombre et l’enfant qui sera engendré sera saint et il sera appelé Fils de Dieu. Dieu Lui-même prendra possession de l’être de Marie et déposera dans son sein son Fils pour que Marie en devienne la Mère. Marie devient la mère du Fils de Dieu (2e Personne de la Trinité Sainte) sous l’action de l’Esprit Saint sans altération de sa virginité. L’Église va se fonder aussi sur les paroles de l’Ange à Joseph l’invitant à prendre chez lui Marie son épouse car l’enfant qu’elle porte est l’œuvre de Dieu (cf. Matthieu 1, 18-24). Il y a le texte de Luc 1, 39-56 qui parle de la Visitation. La salutation de Marie déclenche la communication de l’Esprit à Élisabeth qui dans sa prophétie, nomme Marie, « La mère de mon Seigneur ».

En outre, la célébration de la maternité de Marie, voudrait est une incitation à prendre conscience que Dieu voudrait être engendré par chacun de nous. Chacun de nous peut porter Dieu dans son cœur. C’est ce que nous vivons au baptême. Au baptême est invoqué sur le candidat le

Nom trois fois Saint de Dieu. Le prêtre déclare : « Je te baptise au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. » Par le baptême, la Trinité Sainte vient prendre possession de tout l’être du baptisé. Son cœur devient alors la maison de Dieu car Dieu vient s’incarner en lui. Par conséquent, ce qui s’est passé pour Marie se réalise dans la vie de chaque baptisé car chaque baptisé conçoit en lui, Dieu. Chaque baptisé comme Marie est porteur et apporteur de Dieu aux hommes. Voilà pourquoi saint Paul affirmera en 1 Corinthiens 6, 19 que « notre corps est le Temple de l’Esprit Saint » car il a Dieu en lui. Il faut en être conscient. La prise de conscience de l’habitation de Dieu en mon être me pousse à ne pas me comporter n’importe comment ni à faire de ma vie ce que je veux puisque la présence de Dieu en moi sanctifie pour ne pas dire sacralise tout mon être. Mon être devient sacré par le sacrement du baptême par lequel Dieu me consacre à lui. Mon corps appartient au Seigneur et je dois me comporter en conséquence.

Marie est réellement la Mère de Dieu. Elle est aussi Mère des Hommes.

2. Marie, Mère des Hommes.

Si l’Église nous propose en ce 1er jour de l’an Marie comme Mère de Dieu, c’est parce qu’elle voudrait nous placer sous sa protection. La mère est le symbole de la vie, de la vie portée, donnée et protégée. La mère est le principe même de la vie. En effet, peu importe le comportement de son fils, il reste l’enfant de sa mère. Et s’il lui arrive un malheur dont il est responsable, le cœur de la mère saigne toujours car c’est le fruit de ses entrailles qu’elle a porté 9 mois durant dans une relation fusionnelle. La mère porte et donne la vie, la mère protège la vie et se sacrifie pour la vie. La mère est vraiment la matrice de la vie. Ainsi, l’Église souhaiterait que nous puissions prendre Marie comme celle qui est appelée à nous protéger, à nous éduquer, à nous apprendre à marcher à la suite de son Fils, notre très cher Grand-Frère Jésus Christ. Ma prière est celle-ci en ce début de l’an nouveau : que Marie se manifeste davantage dans notre vie comme mère, une mère qui nous protège contre tout ce qui pourrait porter atteinte à notre intégrité physique, spirituelle, morale et intellectuelle. Que Marie chemine avec nous tout au long de cette année 2021. Chaque fois que nous aurons un souci, qu’elle se tourne vers son Fils Jésus Christ pour lui présenter nos supplications et qu’elle nous invite à faire tout ce qu’il nous dira (cf. Jean 2, 1-12). Chaque fois qu’une messe sera célébrée durant les 365 jours de l’an 2021, que ce soit nos personnes et nos proches que Marie offre à son Fils Jésus Christ.

Que Dieu fasse descendre sur nous, sur nos familles, notre pays et notre monde ses grâces en surabondance. Bonne, heureuse et sainte année 2021 dans la Présence aimante et bienveillante de Dieu.

Père Sylvain du Saint Nom de Jésus, Vicaire Paroisse Sainte Famille Riviera 2

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