VIGILE PASCALE ANNÉE B SAMEDI 03 avril 2021

 

 

 

HOMÉLIE : La lumière plus forte que les ténèbres

Frères et sœurs, après 40 jours au cours desquels nous nous sommes mis à la suite du Christ, quarante jours dont le point culminant fut le drame de sa passion et de sa mort sur la Croix, aujourd’hui, comme nous le rapporte l’Évangile, nous sommes invités à célébrer un évènement inouï, celui de la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ, telle qu’annoncé par les anges aux femmes et conformément aux prédictions de Jésus. Oui, le tombeau n’a pas pu retenir son illustre hôte. Jésus a vaincu la mort. Voilà pourquoi il est appelé « le Vivant. ». Il est le Vivant. Il l’a maintes fois redit à ses apôtres : Ma vie, nul ne la prend. Je la donne, je la reprends. Le Fils a la vie en lui… »

Je voudrais orienter mon propos sur le thème de la lumière car célébrer la Résurrection du Christ, c’est célébrer la Lumière qui surgit des ténèbres. Le thème de la lumière, c’est le 1er acte de la liturgie de la vigile pascale.

(1)   En marche vers la lumière, le Christ notre Lumière.

 

Le passage évangélique nous donne une indication temporelle importante : l’’aurore. Les femmes se rendirent au tombeau à l’aurore, c’est-à-dire au moment où la nuit se termine, s’enfuit pour faire place au jour. Ces femmes y arrivent et que découvrent-elles ? La pierre ayant fermé le tombeau roulée de côté. C’est quand même intrigant pour elles. Qu’est ce qui a pu bien se passer pourraient-elles se dire ? Leur inquiétude ira grandissant quand une fois entrées dans le tombeau, elles ne trouvèrent pas le corps de Jésus. Cependant,  en sortant du tombeau, elles virent deux hommes aux vêtements éblouissants. Craintives, elles ont le regard rivé vers le sol, la tête baissée. Elles firent en ce moment l’expérience de la lumière, lumière au départ insoutenable pour elles mais qui finalement va réjouir leur cœur à l’annonce de la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ. Elles étaient plongées dans les ténèbres de la tristesse en se rendant au tombeau. Elles s’en iront joyeuses, illuminées par la clarté de la Bonne Nouvelle du Christ Ressuscité. Elles reviennent donc auprès des Apôtres pour leur partager ladite Bonne Nouvelle. Mais hélas, les Apôtres feront preuve d’incrédulité.

La lumière dans la Révélation biblique est le signe de la présence de Dieu (Voir par exemple la nuée de Feu qui en Exode accompagne le peuple hébreu lors de sa marche dans le désert). Dans les Evangiles, notamment dans le Prologue de saint Jean, le Verbe de Dieu est décrit comme la Lumière qui brille dans les ténèbres et Jésus lui-même dira en Jean 8, 12 : « Je suis la Lumière du monde. Autrement dit, « Je suis celui qui vous éclaire, qui vous guide, qui vous montre le chemin à suivre. En effet, et nous le savons, la lumière nous permet de discerner les choses, de mieux voir notre chemin, de nous aider à nous orienter, de savoir où l’on va. La résurrection du Christ est une lumière sur le chemin de la vie car elle nous permet de mieux voir et comprendre notre destinée ultime : être en Dieu, vivre avec Dieu, avec un corps divinisé, semblable à celui du Christ Ressuscité. Oui, nous sommes appelés à la divinisation. C’est ce que nous dit la Résurrection dans la logique de l’Incarnation. Dieu s’est fait homme pour que nous devenions « Dieu ». Le Christ ressuscite pour faire entrer notre corps mortel dans l’immortalité de Dieu car la terre n’est pas notre destination finale. Elle est plutôt notre point de départ car le terme de notre existence se situe en Dieu. Nous sommes faits pour Dieu. Nous sommes faits pour vivre en Dieu. Et cela, nous le comprenons et l’appréhendons à la lumière du Christ Ressuscité. Nous sommes donc en marche vers la maison du Père ; nous vivons nous aussi un passage, notre Pâques vers le Royaume du Père en Jésus-Christ, portés par Lui.

Ayant accueilli la Lumière de la Résurrection, nous devenons à notre tour lumière du monde.

(2)   Chrétiens, nous sommes à notre tour Lumière

La Résurrection est un appel à être comme le Christ, lumière du monde. Telle est l’invitation du passage de la lettre aux Romains proclamé au cours de cette veillée pascale. Par le baptême, comme le dit Paul à la lumière de son expérience personnelle du Christ sur le chemin de Damas, nous sommes plongés dans les ténèbres de la mort pour ressusciter à la lumière de la Vie du Christ. Nous réalisons ainsi notre passage de l’obscurité à l’admirable lumière de la foi. Nous devenons en un mot des mystiques du Christ, c’est-à-dire des personnes ayant fait l’expérience du Christ dans leur vie, des personnes vivant de Jésus-Christ ou laissant vivre le Christ en elles et par elles de telle sorte qu’elles puissent professer comme saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi ». Sommes-nous capables, alors que nous célébrons notre énième Pâques, sommes-nous capables de reprendre à notre propre compte ces paroles de Paul ? « C’est le Christ qui vit en moi », qui vit dans mes pensées, dans mes paroles, dans mes habitudes, dans mon comportement ? Quand le monde me regarde, peut-il reconnaître le Christ Ressuscité en moi, apercevoir sa Lumière en moi ? Ma vie rayonne-t-elle de la lumière du Christ ? Ou ma vie n’est-elle pas le tombeau du Christ ?  Donnons-nous le goût de Jésus au monde ou le dégoût de Jésus au monde ?

Frères et sœurs bien-aimés, la Résurrection du Christ est un engagement à vivre comme des personnes qui voient le Ressuscité au quotidien, qui vivent du Ressuscité, qui sont habités par la lumière du Ressuscité, par sa Vie, par sa Joie. Jésus l’a dit et redit à ses Apôtres : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ou complète » (Jean 15,11).

Frères et sœurs, le Carême 2021 est fini et durant ce temps nous avions été exhortés principalement à emprunter le chemin de la conversion. Cependant, la conversion ne s’achève pas avec le Carême. La conversion se poursuit durant le temps pascal, pour ne pas dire tout au long de notre vie. Oui, vivons la véritable conversion au Christ Ressuscité en mourant à nos péchés, à tout ce qui pourrait nous éloigner de Dieu, mourir à nous-mêmes afin de ressusciter à la vie nouvelle que nous confère la grâce du Christ. Sinon, nous serons comme des orphelins près du tombeau, ternes, tristes, le visage rivé vers le sol, incapables d’accueillir la lumière du Ressuscité. Mourir à soi-même, nous le savons n’est pas toujours évident car mourir à soi exige beaucoup d’efforts, d’humilité, de confiance absolue en Dieu et de confiance en l’autre, d’abandon total à Dieu, en pensées, en paroles et en action. Mourir à soi, c’est se mettre sous l’éclairage de la lumière du Ressuscité pour se découvrir tel qu’on est, dans la vérité de sa conscience et de tout son être Mourir à soi c’est entendre et réentendre ces paroles du Christ : « Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le ; si c’est ton pied ou ton bras, coupe-le ». Le Christ ne dit pas « caresse ton œil, mets un peu de collyre, ou bien utilise un anti inflammatoire pour ton pied ou ton bras ». Il dit « arrache, coupe ». C’est l’exigence de la radicalité évangélique. Et ce n’est pas toujours facile, mais c’est nécessaire car ce qui est en jeu, c’est notre salut, notre devenir ou a-venir éternel. Voilà pourquoi Paul, dans ses épîtres en général, proclamera que chrétiens, nous sommes devenus des créatures nouvelles. L’homme ancien, c’est-à-dire l’humanité vivant loin de Dieu, esclave du péché, a été cloué à la Croix. Maintenant en suivant les pas du Ressuscité, vivons en femmes et hommes nouveaux, c’est-à-dire en femmes et hommes touchés, habités et animés par la Grâce de Dieu, en femmes et hommes sanctifiés. En fait il s’agit d’accueillir et de vivre les paroles du Christ : « Vous donc, soyez parfaits ou saints comme votre Père céleste est parfait ou saint ».

Pour y parvenir nous avons besoin de nous mettre à l’école de l’Esprit de Dieu, lui qui dans les sacrements de baptême et de confirmation nous a configurés au Christ Ressuscité, c’est-à-dire nous a consacrés comme membres du peuple saint, le peuple de Dieu, lui qui nous aide à découvrir Jésus dans les Évangiles et à vivre de lui par la prière.

En définitive, célébrer la Résurrection, c’est être des Ressuscités pour notre monde, être des Lumières de Vie dans un monde qui a tendance à basculer dans les ténèbres de la mort. Face donc à cela, les chrétiens doivent par leur témoignage de vie affirmer que la lumière ne se laissera jamais enveloppée ou arrêtée par les ténèbres quel qu’en soit l’épaisseur.  

Que le Christ, notre Lumière par excellence, dissipe les ténèbres de nos cœurs, de nos vies, de notre existence. Qu’il embrase le monde de sa Lumière de Paix, d’Amour et de Vie. Excellente fête de Pâques à toutes et tous.

Père Sylvain du Saint Nom de Jésus, Vicaire, Paroisse Sainte Famille de la Riviera 2

 

 

 

 

 

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