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HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DU CENTENAIRE DE LA FONDATION DE L’INSTITUT DES SŒURS SERVANTES REPARATRICES DU SACRE CŒUR DE JESUS

Lectures : He 2, 14-18/ Lc 2, 22-40
Paroisse Notre Dame de l’Espérance Génie 2000
Abidjan le 2 février 2018

‘‘Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples: lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple.’’

Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Chers invités,
Chers frères et sœurs en Christ,

Les paroles que nous venons d’entendre ne sont pas seulement celles d’un vieil homme rassasié de jours mais bien celle d’un homme à qui promesse avait été faite ‘‘qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur.’’ En s’exprimant de la sorte, Syméon nous invite à comprendre que le Christ est d’une part, porteur du Salut promis à notre humanité, d’autre part la Lumière qui éclaire les nations et enfin, la gloire non seulement d’Israël, mais aussi celle de tout homme, de tout l’homme.

 

A l’occasion de la célébration du premier centenaire de l’Institut des Sœurs Servantes Réparatrices du Sacré Cœur de Jésus, j’ai voulu porter ma méditation de ce jour sur ces paroles hautement prophétiques et qui sont d’actualité pour notre monde encore aujourd’hui. Cette méditation s’appuiera sur trois mots : la lumière, l’offrande, le salut.

1-   Partons à la découverte de la personne adorable du Christ-Lumière et devenons des témoins de l’action de Dieu dans le monde !

Frères et sœurs,

La fête de la présentation du Seigneur, est celle qui nous invite à porter notre attention sur la lumière pour devenir à notre tour des êtres de lumière. En m’exprimant de la sorte, je vous invite à comprendre qu’il ne s’agit pas pour nous, d’être des extralucides, mais bien des gens lucides qui perçoivent dans leurs vies, les traces de l’Invisible ! N’ayons pas peur de la lumière mais au contraire, cherchons-la, sans nous contenter de la suffisance de nos certitudes. Partons à la découverte de la personne adorable du Christ-Lumière et devenons des témoins de l’action de Dieu dans le monde !

N’oublions jamais que le monde d’aujourd’hui vit moins, grâce à ceux qui se ‘‘mettent en lumière’’ que grâce à ceux qui montrent le lieu où se trouve la vraie lumière. C’est ainsi que nos petites lumières de chrétiens révèleront l’existence de la grande Lumière qu’est le Christ et de sa mystérieuse présence au milieu de nous. Cela est une exigence des temps nouveaux car, le monde d’aujourd’hui est de plus en plus éblouit par toutes sortes d’artifices, depuis les jeux de lumières en passant par les guirlandes qui luisent sans jamais rien révéler à l’homme moderne sinon, que ce qu’il y a de superficiel ! Dès lors, il nous faut faire en sorte que ces lumières que nous sommes désignent Celui qui est caché au milieu de nous, Jésus-Christ, qui nous invite à nous convertir, c’est-à-dire, à nous retourner littéralement pour l’apercevoir, Lui qui se tient à la porte de chacun de ses frères et sœurs que nous sommes !

Cette lumière, c’est également celle que nous sommes appelés à découvrir dans les plus délaissés de nos sociétés car le Christ est bien souvent là, sous les apparences du mourant, de l’invalide, de l’orphelin, de l’exclu... Si nous savons rechercher cette lumière, et c’est ma prière pour chacun de nous, nous la découvrirons cachée là, au fond de chacun de nous. En effet, le Christ est aujourd’hui encore actif dans le cœur de ceux qui cherchent la justice et la vérité, de ceux qui ont soif de le connaître et qui dérapent quelques fois dans cette recherche ; Il est présent dans les cœurs de ceux qui s’aiment, dans celui des fiancés tout comme dans celui des vieux époux ! Il est présent dans le cœur de l’Eglise qui le célèbre en ce jour. Il est offert et nous invite à nous offrir à sa suite !

2-   Désormais, il ne s’agit plus pour nous d’offrir uniquement des cierges à l’église !

Frères et sœurs,

La fête de la présentation du Seigneur est aussi celle de l’offrande de Marie et de Joseph! En effet, ce jour-là, Joseph et Marie ont tendu, vers Dieu, cet enfant qu’ils savaient ne pas leur appartenir ! Ils ont fait comme le prêtre qui, au moment de l’élévation, offre à Dieu le Bien-Aimé ! En agissant ainsi, ils ont accepté les désirs et les projets de Dieu sur cet enfant. A vrai dire, ils ont aussi offert leur vie à Dieu, la mettant au service de ce fils, qui leur a été confié ! Mais cette offrande en appelle d’autres et particulièrement, les nôtres !

Désormais, il ne s’agit plus pour nous d’offrir uniquement des cierges mais bien plutôt ce que Dieu nous commande ! Je voudrais m’interroger avec vous : que lui apportons-nous à l’offertoire de la messe ? Tout en reconnaissant la valeur d’offrir à Dieu notre travail, ses joies et ses peines, le meilleur offertoire ne consiste-t-il pas justement à utiliser nos talents comme Lui Dieu, le désire ? Je m’interroge encore : face à l’épreuve qui nous frappe cruellement, sommes-nous capables de dire à Dieu : ‘‘je t’offre l’acceptation que je fais de cette épreuve et l’amour que je garde pour Toi au fond de mon désespoir’’ ?

Dans l’évangile, Marie qui a entendu des paroles agréables et flatteuses pour son cœur de mère : ‘‘ ton fils sera la gloire du peuple et une lumière pour le monde’’, accueille également des paroles qui jettent une ombre sur sa joie, des paroles qu’elle n’oubliera jamais : ‘‘Vois, ton fils, qui est là, provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. – Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. – Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre.’’

Dès lors, toute sa vie sera faite de purification : elle sera pour ainsi dire, brûlée au feu de la souffrance pour le salut du monde, participant ainsi à l’œuvre du salut. Comment accueillons-nous la souffrance dans nos vies et dans celles de nos proches ? Comment entendons-nous nous associer au sacrifice du Christ pour le salut du monde ? Sommes-nous prêts à accepter d’être consumés par l’amour du Christ ?

3-   Sauver ce qui était perdu ! Telle est la mission première du Christ qui nous est présenté en ce jour.

Frères et sœur,

La lumière qui brille pour éclairer les nations païennes, n’est-ce pas celle aussi qui annonce le salut attendu par tout un peuple? C’est bien ce que nous révèle, Anne, fille de Phanuel, dans l’évangile que nous avons entendu : ‘‘demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S’approchant d’eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem…’’

Délivrance de Jérusalem ! Sauver ce qui était perdu ! Telle est la mission première du Christ qui nous est présenté en ce jour. En effet, le Christ n’est pas venu sur notre terre pour distribuer des bons points aux âmes qui aiment Dieu ; Il n’est pas venu non plus organiser une Église confortable, ni conforter les chrétiens fidèles qui ne manquent pas la messe, encore moins, féliciter les croyants en leur remettant des auréoles ! Il est venu sauver et guérir !

Le Christ qui nous est présenté aujourd’hui est envoyé par le Père comme médecin des cœurs. Or vous le savez aussi bien que moi, le médecin ne va pas chez les bien-portants sous le prétexte qu’il risque d’attraper des microbes en se rendant chez les malades. Imaginons un médecin qui refuse de soigner un malade par peur d’être contaminé : que serait le monde ? Mais Jésus assumera pleinement son rôle de médecin en allant chez les pécheurs, les grands malades du cœur, ceux qui vivent comme dit le Pape François aux périphéries de notre monde dit moderne.

J’ai l’intime conviction que si les prêtres, les religieux et religieuses, les fidèles laïcs ,de même que les hommes et femmes de bonne volonté ne se préoccupent uniquement que des bien-portants et des bien-pensants, sans le souci missionnaire qui porte d’instinct vers ceux qui en ont besoin, alors l’œuvre de salut à laquelle le Christ nous invite à coopérer serait amputée de bras valides, de forces dont notre monde ne saurait s’accommoder.

4-   Toute œuvre qui prend sa source en Dieu, reçoit de Lui son achèvement.

Révérendes sœurs,

‘‘Tenir haut le drapeau de la réparation’’ en ayant en mémoire ‘‘l’importance de la réparation dans le monde d’aujourd’hui’’, quel ambitieux programme de vie contenu dans le thème de votre premier centenaire ! S’il ne s’agissait de compter uniquement que sur vos propres forces et votre savoir-faire, je me serais inquiété de la finalité d’une telle aventure. Mais, depuis septembre 2018, date d’ouverture de la préparation des festivités marquant ce centenaire, j’ai pu me rendre compte de la place prépondérante que vous accordez au Christ et à sa mère, vous rappelant que toute œuvre qui prend sa source en Dieu, reçoit de Lui son achèvement.

C’est ici que je voudrais vous saluer, vous féliciter et vous encourager dans votre marche vers le deuxième centenaire d’existence de votre Institut. Comme vous me le rappeliez dans nos échanges, cet anniversaire a pour but de rendre encore présent l’action du Christ en notre monde. Et je cite : ‘‘pour les œuvres de Dieu, les anniversaires ne servent pas à rappeler, mais à faire le mémorial, c’est-à-dire à revivre, à actualiser, à réaliser dans le présent, ce qui est advenu dans le temps, afin que cela ne devienne jamais du passé, parce que toujours vivant dans l’éternel présent de Dieu.’’ Fin de citation.

Il s’agit donc pour vous aujourd’hui de rendre encore présent dans nos cœurs et dans nos mémoires, l’intuition divine qui a inspiré votre fondateur, le vénérable Antonio CELONA, un jour du 2 février 1918. Cette intuition divine, c’est celle qui se matérialise aujourd’hui par 19 communautés présentes un peu partout à travers le monde et depuis 25 années en terre ivoirienne.

Devrais-je parler de bilan pour une œuvre dont le principal acteur est Celui-là même qui a fait le Ciel et la terre ? L’aventure serait trop fastidieuse puisqu’elle consisterait à donner une note au Seigneur notre Dieu ! Cependant, je voudrais insister pour dire que votre vocation dans le monde de ce temps est plus que d’actualité. En effet, le monde tel qu’il est et quoiqu’on dise, tend de plus en plus à s’affranchir de Dieu. Ce monde, c’est celui où l’homme est la mesure de lui-même et de toute chose, sans référence aucune à Dieu, toute chose qui mérite réparation de notre part.

Révérendes sœurs,

Sans être pessimiste, je crois que notre monde d’aujourd’hui va mal parce qu’il cherche à s’affranchir de Dieu et des valeurs de l’évangile. L’invitation de votre fondateur à ‘‘combler les grandes lacunes de la charité et à répondre fidèlement au grand idéal de la réparation si nécessaire à cette époque tellement triste’’, est un héritage que vous avez l’obligation de faire fructifier.

Comme vous l’avez vous-mêmes constaté et je vous cite encore une fois : ‘‘le monde aujourd’hui est plein de violence, de haine et de méchanceté. L’amour manque dans beaucoup de cœurs. Ce manque d’amour outrage le cœur de Jésus et le fait saigner de nouveau. [C’est pourquoi] nous essayons de suppléer à ce manque d’amour par nos prières et nos actes de charité. Nous voulons et nous devons cultiver l’amour en nous et autour de nous, pour répondre à notre mission d’âme réparatrice.’’

Puis-je vous confier une mission ? Celle de vous pencher sur notre pays la Côte d’Ivoire qui lui aussi a besoin de faire réparation aux torts que ses fils se sont causés entre eux. Alors pourra monter de nos cœurs, le chant de louange du Magnificat, pour la gloire de Dieu et le salut de nos frères en humanité, aujourd’hui, demain et dans les siècles sans fin ! AMEN

Bonne célébration et que la grâce de Dieu vous porte jusqu’à la clôture et au-delà.

 

 

 

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,
Archevêque d’Abidjan