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HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA CONFIRMATION DES JEUNES DE L’ARCHIDIOCESE D’ABIDJAN Dimanche 20 mai 2018

Cathédrale Saint Paul du Plateau
Dimanche 20 mai 2018

Chant : ‘‘Ouvrez vos cœurs au souffle de Dieu ; sa vie se greffe aux âmes qu’il touche ; qu’un peuple nouveau renaisse des eaux où plane l’Esprit de vos baptêmes. Ouvrons nos cœurs au souffle de Dieu, car il respire en notre bouche plus que nous-mêmes !

Offrez vos cœurs aux langues du Feu : que brûle enfin le cœur de la terre ; vos fronts sont marqués des signes sacrés : les mots de Jésus et de victoire ! Offrons nos corps aux langues du Feu pour qu’ils annoncent le mystère de notre gloire.

 

 Livrez votre être aux germes d’Esprit venus se joindre à toute souffrance ; le Corps du Seigneur est fait de douleurs de l’homme écrasé par l’injustice. Livrons notre être aux germes d’Esprit pour qu’il nous donne sa violence à son service.

Tournez les yeux vers l’hôte intérieur sans rien vouloir que cette présence ; vivez de l’Esprit, pour être celui qui donne son Nom à votre Père. Tournons les yeux vers l’hôte intérieur, car il habite nos silences et nos prières.’’

Révérends Pères,
Révérends frères,
Révérendes sœurs,
Chers amis jeunes,
Chers confirmands,
Chers frères et sœurs,

C’est à dessein que chaque année, dans notre Archidiocèse d’Abidjan, nous faisons coïncider la célébration de la Pentecôte avec la confirmation des jeunes, parce que cette fête est porteuse d’enseignements qui doivent pouvoir imprimer une nouvelle dynamique à notre marche à tous à la suite du Christ.

Historiquement, chez les Juifs, la fête de la Pentecôte rappelait en effet le don de la Loi sur la montagne sainte. C’était à ce moment qu’était né le peuple de Dieu, un peuple soudé par la règle de vie reçue du Seigneur. Israël avait surgi comme un groupe uni, antithèse vivante de l’humanité divisée et incapable de se comprendre, qu’évoquait le vieux récit de la tour de Babel.

La Pentecôte chrétienne quant à elle, réalise ce que l’Ancien Testament ne faisait encore qu’esquisser. Le don de l’Esprit recrée la communication entre ceux qui s’ouvrent à la Parole divine. Un peuple nouveau surgit. On s’entend et on se comprend désormais : Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Egypte et des contrées de Lybie proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, ne font plus qu’un seul et même peuple, qui parle l’unique langage compris de tous, celui de l’amour ! Déjà, ce peuple est en droit universel. La véritable réunification de l’humanité commence. Elle devra se poursuivre à travers l’histoire.

Amis jeunes,
Frères et sœurs en Christ,

Oui, il est possible aujourd’hui encore, par l’action du Saint Esprit, de s’entendre et de se comprendre quelques soient nos différences religieuses, nos appartenances politiques ou ethniques, nos situations sociaux professionnelles ! Oui, il est possible aujourd’hui encore, par l’action du Saint Esprit, qu’un peuple nouveau surgisse, et que la réunification commence pour la gloire de Dieu et pour notre salut à tous !

Cette réunification de l’humanité qui commence, cette histoire qui doit se poursuivre et qui est valable pour toutes les nations de la terre y compris la nôtre, c’est celle que le chant que avons entendue nous en donne les grandes lignes par l’invitation qui est adressée aux chrétiens de tous les temps : invitation à un renouvellement fondamental, ce renouvellement que les Apôtres, forts de la puissance que donne le Saint Esprit, n’ont eu de cesse de proclamer et qui se résume en ces quatre verbes: ‘‘ouvrir, offrir, livrer et tourner !’’

La première lecture de ce jour nous dévoile les Apôtres, le jour de la Pentecôte, cinquante jours après Pâques, réunis tous ensemble, enfermés au Cénacle, quand soudain, un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent. Ce vent, c’est bien celui qui pénètre, brise et purifie ceux qui se réunissent au nom du Seigneur ! Ce même vent, je prie pour qu’il rejoigne notre assemblée de ce jour, toutes nos communautés chrétiennes et tous les habitants de notre cher pays la Côte d’Ivoire. Cependant, ce vent qui souffle appelle des exigences.

1-   Ouvrir nos cœurs au souffle de Dieu !

Frères et sœurs,

Les défis actuels auxquels notre monde est confronté dérivent d’une certaine mauvaise conception de Dieu. Le monde actuel veut nous faire croire que l’homme est la mesure de toute chose, plus grave, que l’homme est dieu, oubliant ses limites, ses faiblesses et sa prédominance à vouloir tout ramener à lui et lui seul. Dans ces conditions, les valeurs deviennent relatives d’un individu à un autre, et quand la référence ici est un homme limité, naturellement, cela ouvre la porte à toutes sortes de dérives.

Toutes ces considérations nous obligent à répondre à notre vocation dans le monde de ce temps ! Pour y parvenir, nous devons faire davantage de la place à Dieu dans nos vies. En effet, si nous voulons que ce monde soit gagné à Dieu, il faudrait que les chrétiens le révèlent par le truchement de leur propre vie. Il s’agit en fait d’ouvrir nos cœurs au souffle de Dieu pour que sa vie se greffe à la nôtre, afin que naisse un peuple nouveau et cela est possible grâce à Jésus-Christ qui nous en donne les moyens.

L’histoire de l’Eglise nous enseigne qu’aux derniers instants de sa vie terrestre et sentant que les Apôtres vont être privés de sa présence visible, qu’ils risquent de se décourager, qu’ils n’auront ni la force, ni l’intelligence, ni le courage de répondre à la mission qu’il leur a confiée, le Christ prend sur Lui de les rassurer : ‘‘…Je ne vous laisserai pas orphelins…Moi, je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour toujours. C’est l’Esprit de vérité, celui que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas…’’ Cf. Jn14, 16-18.

Amis jeunes,

Chers frères et sœurs,

 

Cette promesse se réalisepour nous aujourd’hui : Il est là, Il est vraiment là l’Esprit Saint de Dieu, car le Christ ne peut ni se tromper, ni nous tromper ! Ouvrons donc large les portes de nos cœurs pour l’accueillir et refusons les dieux que le monde moderne veut nous imposer. Comme je l’ai dit plus haut, le vent qui souffle, l’Esprit qui nous est donné en ce jour, c’est celui qui pénètre, brise et purifie. Il ne suffit donc pas d’ouvrir nos cœurs, il faut pouvoir les offrir au Seigneur, aux langues de feu du Saint Esprit !

 

2-   Offrir nos cœurs aux langues du Feu

Chers amis,

Offrir, c’est donner en cadeau, présenter, mettre à disposition, se montrer disposer à donner. Je vous exhorte à ne pas avoir peur d’offrir vos cœurs à Jésus et à l’action du Saint Esprit. Tout autour de vous, tant de personnes souffrent d’avoir offert leur cœur, leur amitié, leur temps et n’ont reçu en retour que chagrin et amertume. En acceptant d’ouvrir puis d’offrir vos cœurs à Dieu, je puis vous assurer que vous ne perdrez rien mais bien au contraire, que vous gagnerez beaucoup plus en retour.

A propos d’offrir, je ne peux me résoudre à penser ici à l’Eucharistie comme modèle d’offrande et de sacrifice suprême. En effet, dans l’offrande eucharistique, Dieu et son Fils se donnent dans un geste que seul un amour démesuré et ingénieux pouvait inventer : Dieu ne nous a pas seulement ouvert son cœur, il nous a rendu participant de sa vie divine dans cette offrande à nulle autre pareille.

Il en est de même pour le Christ qui ‘‘ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.’’ (Cf. Jn 13, 1). Que n’avait-il pas fait pour eux ? Il leur avait consacré tout son temps et son enseignement. Il leur avait fait partager sa vie et son amitié. Il leur avait révélé le Père et son amour fou pour le monde. Il avait transpiré sur les routes de Palestine et avait connu la fatigue et la soif au puits de Jacob. Le lendemain, il avait donné sa vie pour eux, pour nous. Telle est l’offrande qui plaît à Dieu et que l’Esprit Saint rend capable de réaliser à toute époque de notre histoire.

Oui, le Dieu totalement donné, totalement partagé, se fait nourriture pour se livrer à nous afin que nous puissions à notre tour devenir offrande pour nos frères et sœurs. Cela n’est possible que si nous acceptons de livrer notre être aux germes de son Esprit en tournant nos yeux vers l’hôte intérieur.  

3-   Tourner nos yeux vers l’hôte intérieur.

Chers amis,

Tourner nos yeux vers l’hôte intérieur, c’est ne rien vouloir que la présence de Dieu dans nos vies, Lui qui habite nos silences et nos prières. Le monde dans lequel nous vivons a de plus en plus horreur du silence, ce silence qui révèle Dieu et sa proximité. Tout autour de nous n’est que bruit et malheureusement cette manière de faire tend à gagner de plus en plus nos églises et autres lieux de cultes. Il y a ici urgence à changer cette manière de faire.

Se tourner vers l’hôte intérieur, c’est par exemple accepter d’arriver un quart d’heure avant la célébration de la messe, prendre le temps de la méditation en silence pour se préparer à rencontrer Dieu. C’est aussi accepter de respecter son voisin en lui épargnant toutes sortes de commentaires pendant l’homélie. C’est également garder le silence après avoir communié au corps du Christ. C’est en fin de compte accepter d’aller à ce qui est essentiel dans notre relation à Dieu.   

Dans la deuxième lecture de ce jour, Saint Paul nous exhorte à marcher sous la conduite de l’Esprit Saint. En fait, tout au long de sa lettre aux Galates, Saint Paul combat certains chrétiens qui entendent lier le salut à des pratiques héritées du judaïsme. Ce qui est grave, c’est que l’on réintroduit ainsi dans l’Eglise une mentalité légaliste, mercantile, qui soumet servilement l’homme à un Dieu comptable. Mais cette façon de voir Dieu ne libère en rien du péché. La Loi juge l’homme, mais ne le délivre pas de ses impulsions. Par contre, la découverte de l’Esprit crée une mentalité nouvelle : celle de l’amour répondant à l’amour gratuit de Dieu. Elle libère vraiment le cœur. Il est alors possible de vivre de façon renouvelée. Vivre de façon renouvelée, telle est l’exigence à laquelle nous ramène la célébration de la Pentecôte en cette année.

Chers amis jeunes,

Tout en rendant grâce à Dieu qui vous donnera de vivre une nouvelle effusion de son Esprit et d’être revêtus de sa force créatrice, je vous exhorte à prendre davantage au sérieux votre vie de foi à la suite du Christ. Cette invitation est valable pour nous tous ici présents : moi en premier, vos prêtres, les religieux et religieuses et vous tous chers fidèles laïcs du Christ. A l’endroit de tous, j’ai envie de crier haut et fort :

-      Ouvrez vos cœurs au souffle de Dieu pour que sa vie se greffe à vos âmes… Ouvrez vos cœurs au souffle de Dieu, car il respire en notre bouche plus que nous-mêmes !

 

-      Offrez vos cœurs aux langues du Feu pour que brûle enfin le cœur de la terre ; vos fronts sont marqués des signes sacrés…Offrez vos corps aux langues du Feu pour qu’ils annoncent le mystère de notre gloire.

 

-      Livrez votre être aux germes d’Esprit venus se joindre à toute souffrance… Oui, livrez votre être aux germes d’Esprit pour qu’il vous donne sa violence à son service.

 

-      Tournez les yeux vers l’hôte intérieur sans rien vouloir que cette présence… Oui, tournez vos yeux vers l’hôte intérieur, car il habite vos silences et vos prières.’

Plaise à Dieu qu’il en soit ainsi pour chacun de nous et que l’Esprit Saint soit notre force et notre guide ! Encore une fois que Dieu vous prenne en grâce et qu’il vous bénisse. Je vous bénis et vous recommande tous à l’intercession de la Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise!

Bonne fête à tous !

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ Archevêque Métropolitain d’Abidjan