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MOT D’OUVERTURE DE LA 111ème ASSEMBLEE PLENIERE DE LA CONFERENCE DES EVEQUES CATHOLIQUES DE COTE D’IVOIRE

Le Président

Man, le 15 janvier 2019, au Centre audiovisuel

 

THEME : « COMMUNION, FRUIT DE L’ESPRIT SAIINT » (cf. 1Cor.12, 12-13)

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Révérend Père Luca MARABESE, Chargé d’Affaires à la Nonciature Apostolique en Côte d’Ivoire,

Monsieur le Préfet de Man, Préfet de la Région du Tonkpi,

Mesdames et Messieurs les préfets et sous-préfets de la région du Tonkpi,

Honorables députés,

Monsieur le Président du conseil régional,

Monsieur le Maire de la Commune de Man,

Mesdames et Messieurs les maires de la région du Tonkpi,

Distinguées autorités administratives, militaires et coutumières,

Vénérés chefs religieux

 Révérends Pères, Révérendes Sœurs, Révérends frères,

 Honorables invités,

Chers frères et sœurs,

         En communion avec mes frères dans l’épiscopat, je vous souhaite la bienvenue à la cérémonie d’ouverture de la 111ème Assemblée Plénière de notre Conférence qui se tient à Man, huit (8) ans après la 89ème session qui s’est tenue dans ce diocèse, du 18 au 24 janvier 2010. En prenant la décision de tenir cette Assemblée dans « les18 Montagnes », en réponse à la volonté inspirée et soutenue par la charité très empressée, entreprenante et sans réserve du Pasteur des lieux, son Excellence Monseigneur Gaspard BEBY GNEBA, les Evêques voudraient marquer leur communion et leur solidarité, non seulement avec le peuple chrétien de ce grand diocèse, mais aussi avec tous les peuples, sans exclusive, qui vivent dans la région.

 

Nous le savons tous, le diocèse de Man et la grande et riche région de l’Ouest Montagneux ont souffert et continuent de souffrir des affres de la malheureuse crise que connaît notre pays. Les Evêques voudraient se rendre proches et solidaires de la passion d’une région, tout en espérant que cette Assemblée Plénière, avec son thème assez suggestif, puisse aider aussi bien cette région que tout le pays à entrer dans la dynamique d’une communion et d’une réconciliation qui rétablissent la fraternité sans frontières. Nous sommes conscients - qui oserait en douter - que seule une fraternité universelle, enracinée dans une communion et une réconciliation bâties sur une volonté sans feinte et sans calcul d’intérêt, pourra aider les habitants de ce beau pays à repartir sur le chemin du dialogue franc et sincère qui a toujours caractérisé notre pays, et en a fait un havre de paix.

2-LE THEME DE LA 111EME ASSEMBLEE PLENIERE : LA COMMUNION FRUIT DE L’ESPRIT

         Nous avons voulu prendre comme thème de notre Assemblée : « La Communion, Fruit de l’Esprit Saint ». Comme vous le devinez, ce thème s’inscrit dans le cadre du Plan d’Action Stratégique de la Conférence des Evêques. Ce plan, est-il besoin de le rappeler, émane de la vision globale de la Conférence pour la période de 2018-2023 à savoir : « Une Eglise-Communion Autonome, au service de tous ».

         Cette plénière voudrait relever le fait qu’un plan, au service de l’action ecclésiale, ne peut être efficace sans l’action de l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui construit la communion dans la diversité des charismes, des ministères, des personnes, des caractères, des Mouvements et Associations, des Fraternités et Communautés, des CEB, des paroisses et diocèses. L’Esprit Saint est aussi bien le maître d’ouvrage que le maître d’œuvre. Il construit et anticipe le règne de Dieu dans la communauté ecclésiale, règne de justice, de paix et de joie (cf. Rom 14, 17).

3-COMMUNION FRUIT DE L’ESPRIT MYSTERIEUSEMENT EN CONSTRUC ON DANS L’HISTOIRE DES HOMMES

         L’Esprit Saint construit mystérieusement la communion dans l’histoire des hommes, par l’Eglise et dans l’Eglise, anticipation du Royaume des Cieux, de même que par les personnes de bonne volonté. La communion, fruit de l’Esprit Saint ne peut autoriser l’Eglise à se recroqueviller sur elle-même ; elle s’oppose à tout nombrilisme de la part de l’Eglise. Elle se présente plutôt comme un fruit à déguster par tous les hommes dociles à l’Esprit Saint et qui participent d’une manière ou d’une autre à sa construction.

         La communion, fruit de l’Esprit Saint caractérise l’Eglise, la fortifie et, tout naturellement, la présente comme modèle pour le monde. C’est une mission pour l’Eglise d’être modèle de communion pour le monde. Le monde aujourd’hui baigne dans un paradoxe sans précédent : les chantres de la mondialisation sont en même temps les griots des discriminations et rejets de l’autre ; les hérauts de la globalisation sont en même temps les constructeurs de barrières entre les peuples. Il est du devoir de l’Eglise d’aider à briser toutes les barrières et à construire des ponts pour reprendre la pensée et le langage du Pape François. Il va sans dire que l’Eglise ne peut vivre une telle mission sans montrer le visage d’une communion sans faille, d’une communion parfaite.

         Une telle Eglise, nous le comprenons bien, pourra se mettre au service de tous, surtout au service des pauvres « aux bras et aux pieds coupés », qui, malgré leur bonne volonté, n’arrivent pas à trouver des moyens de leur auto-prise en charge. Que de jeunes diplômés sans emploi auraient été heureux d’avoir une aide communautaire pour créer une source de revenu ! Que de vaillantes femmes se seraient contentées d’une organisation solidaire pour se prendre en charge et soutenir leurs familles ! L’Eglise-Communion pourra donner l’exemple du service de tous sans discrimination d’aucune sorte, dans une société qui voudrait s’installer dans une solidarité ethnocentrique.

4-COMMUNION FRUIT DE L’ESPRIT AU SERVICE DE LA COTE D’IVOIRE

         Nous ne doutons aucunement, qu’une communion au sein de l’Eglise, fruit de l’Esprit Saint, rendra un service incomparable à notre pays à la recherche de communion et de réconciliation. De plus en plus les discours font allusion à la réconciliation entre les fils et filles de ce pays. L’Eglise-Communion au service de tous ne saurait se satisfaire d’admirer, passive, une si grande soif, une si forte aspiration des concitoyens. L’Eglise-Communion sera au service de la communion et de la réconciliation en Côte d’Ivoire de manière active ou ne sera pas.

L’Eglise, dans la Constitution pastorale du Concile Vatican II Gaudium et Spes « L’Eglise dans le monde de ce temps », est présentée comme le signe de la fraternité qui rend possible le dialogue entre les hommes malgré leurs diversités (cf. GS 92 §1). L’Eglise-Communion se rappellera que la réconciliation est une mission divine qui lui est confiée comme un ministère, c’est-à-dire un service qui n’est pas du tout facultatif. Les suggestions du pape Benoit XVI dans l’exhortation apostolique post-synodale Africae Munus sur l’Eglise en Afrique, au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, s’appuyant sur 2Co5, résonnent dans nos cœurs et nos consciences et nous interrogent.

         Ces derniers temps, des actes courageux posés par le Président de la République montrent que la réconciliation en Côte d’Ivoire prend un virage important, à la satisfaction générale des Ivoiriens et de tous ceux qui, même hors de nos frontières, sont épris de paix. La loi d’amnistie, appelant au pardon total, ne devant laisser personne en bordure du chemin si l’on veut vraiment purifier les cœurs de toute rancœur, le dégel des avoirs qui ne saurait être ni sélectif ni partiel si l’on veut vraiment permettre aux concernés de revivre décemment, une réforme véritablement consensuelle de la Commission Electorale Indépendante (CEI) qui garantisse son indépendance, le transfert du pouvoir à une nouvelle génération,  sont autant d’actes courageux non seulement à saluer et à encourager mais surtout à accompagner. Et nous faisons pleine confiance au Chef de l’Etat.  

Cependant dans l’histoire des hommes, dans le domaine politique particulièrement, un virage peut vite devenir un mirage, une réalité peut rapidement se transformer en mythe. La réconciliation en Côte d’Ivoire, entre virage et mirage, entre réalité et mythe attend une volonté ferme et un engagement de tous. L’Eglise au cœur de la cité devra aider, comme modèle de communion, à la réconciliation par-delà tout calcul politicien et au-delà de toute échéance électorale, même si elle en est une étape non négligeable.

L’Eglise-Communion, au Service de tous pourrait être un modèle qui aide à sortir des violences autour des élections. Elle ne saurait accepter comme fatalité les violences avant, pendant et après les joutes électorales. Elle invite chaque ivoirien, de la base au sommet, muni d’une si grande sagesse et intelligence, à dire non à la fatalité de la course-poursuite honteuse après les élections. C’est ici le lieu de rappeler que la neutralité de la CEI, de la Cour Suprême et du Conseil Constitutionnel est d’une importance capitale dans tout processus électoral. L’Eglise-Communion n’a pas le droit de s’accommoder d’une fatalité qui déshonore notre pays et l’Afrique. Elle doit contribuer à faire de 2020 un rendez-vous de la célébration de la fraternité et non pas un 2020 de tous les dangers. Sa parole et son action inspirées par l’Evangile peuvent faire de 2020 l’année de la démocratie transparente, respectueuse du peuple, respectueuse du jeu démocratique par le culte de la justice, de la vérité, de l’amour et de la paix, adjuvants de la communion. Nous conviendrons tous cependant que c’est dans un environnement où tous ceux qui n’ont pas le droit de porter les armes auront été désarmés qu’un tel exploit sera possible.

6-LA COMMUNION AUTOUR DES DOSSIERS A EXAMINER

         L’Eglise-Communion autonome, au service de tous a pour souci de consolider un certain nombre de structures nées de la volonté de solidarité et de mise en commun des biens encouragés par la parole de Dieu, le Magistère de l’Eglise, depuis le Concile Vatican II jusqu’à nos jours. Au cours de cette plénière elle se penchera sur les modalités de la mise en œuvre de la péréquation nationale autour des honoraires de messes. Nous savons que les clercs n’ont pas de salaire et que pour l’heure, leur rémunération se fait essentiellement à partir des offrandes de messe.

A la demande des Evêques, une étude, prenant en compte le nouveau taux de l’offrande de messe, a été faite par le comité de la péréquation en vue de permettre à tous les clercs, quels que soient leurs lieux d’insertion pastorale sur toute l’étendue du pays, de percevoir la même rémunération en honoraires de messe. Il s’agit de dégager les modalités concrètes pour la mise en œuvre efficiente de la péréquation à plus ou moins brève échéance. Les chrétiens prendront conscience qu’en demandant une messe et en donnant généreusement une offrande ils affichent leur volonté de voir tous les clercs avoir le minimum nécessaire pour annoncer la Bonne Nouvelle avec dévouement.

Les clercs, selon leurs lieux d’insertion pastorale, devront comprendre que le principe de la péréquation exige que ceux qui en ont plus acceptent d’avoir moins, pour que ceux qui en ont moins ou qui n’en n’ont pas du tout puissent profiter de leur privation. Ainsi s’établit une certaine égalité, selon le mot de l’apôtre Paul (cf. 2Co 8, 13-15). Cette solidarité qui s’inspire de la nature même de l’Eglise a été inscrite dans le plan stratégique pour donner du dynamisme à sa mise en œuvre.

En outre les Evêques examineront des textes de diverses structures dans l’optique de les aider à entrer dans la communion et à mieux vivre leurs charismes. Beaucoup de communautés naissent au service de l’Evangile. Ceci est à louer. C’est le signe que l’Esprit Saint est véritablement à l’œuvre dans notre Eglise. Cependant il s’impose à la hiérarchie d’exercer son charisme de discernement. En effet il n’est pas indiqué ni de tout accepter ni de tout rejeter. L’apôtre Jean recommande le discernement des esprits qui est plus qu’important de nos jours (cf. 1Jn 4, 1).  Il importe donc que les textes aident à ce discernement qui suppose l’obéissance à l’Esprit qui agit dans l’Eglise et à travers la hiérarchie.

         L’une des grandes questions qui retiendra l’attention des évêques est celle de la réforme du système éducatif catholique. Il s’agira avant tout de donner une personnalité à cette structure au service de la formation de nos concitoyens depuis des lustres et de la consolider pour qu’elle puisse servir encore mieux l’Eglise et le pays. Il ne peut y avoir un développement solide sans une formation solide qui suppose un système éducatif à la hauteur des défis actuels. L’Eglise-Communion autonome au Service de tous est consciente de l’enjeu et s’emploie à y répondre.

Les Evêques ont conscience que les moyens de communication sociale corroborent l’idée de l’Eglise-communion et la rendent visible. Ils travailleront à leur meilleure organisation et surtout veilleront à donner à ce secteur les moyens de sa catholicité et d’un plus grand dynamisme. Nos moyens de communication devront rester catholiques dans leur annonce de l’Evangile, dans leur transmission de la piété populaire et dans leur prise en compte des malades au cours des prières faites à leurs intentions.  

7-LA COMMUNION UNIVERSELLE

         L’Eglise-communion au service de tous s’ouvre à la sous-région ouest africaine, à l’Afrique et au monde. Les évêques prendront le pouls de la participation de nos jeunes aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Panama du 14 au 27 janvier 2019, de la préparation de la célébration des 50 ans du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM).  Ils évoqueront enfin la prochaine Assemblée Plénière de la CERAO RECOWA qui aura lieu à Ouagadougou, au Burkina Faso.

         S’il est vrai que « l’union fait la force », il est encore plus vrai que l’Eglise-Communion vivant ce qu’elle est, sera encore plus forte pour un meilleur service de tous. C’est sur ces mots d’espérance que je déclare ouverts les travaux de la 111ème Assemblée Plénière des Evêques catholiques de Côte d’Ivoire.

         Je vous remercie.

Fait à Man, le 15 janvier 2019

Monseigneur BESSI DOGBO Ignace

Evêque de Katiola

Administrateur Apostolique de Korhogo

Président de la Conférence des Evêques Catholiques de Côte d’Ivoire