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MESSE D’OUVERTURE DE LA 111ème ASSEMBLEE PLENIERE DE LA CONFERENCE DES EVEQUES CATHOLIQUES DE COTE D’IVOIRE

 Le 15 janvier 2019 à Man

                                                                              

Textes : 1Co 12, 1-14 ;  Jn 17, 6.9-11.20-23

         Chers frères et sœurs,

         Je voudrais me réjouir de votre présence massive à cette messe d’ouverture de la 111ème Assemblée Plénière de la Conférence des Evêques Catholiques de Côte d’Ivoire. Vous manifestez ainsi votre attachement aux Evêques réunis en Conférence et votre adhésion à l’Eglise-Communion. Au début de cette méditation je me permets de souhaiter que le Seigneur Jésus fortifie encore plus notre amour pour la communion au sein de l’Eglise. En fait les divisions dans le corps du Christ qu’est l’Eglise ont toujours été et seront toujours une épée qui transperce le cœur de Jésus, tant la communion, fruit de l’Esprit Saint, lui tenait et lui tient toujours à cœur.

 

Dans l’évangile de Jean, nous voyons Jésus très préoccupé quant à la communion au sein de la communauté des disciples. Sa préoccupation est si forte qu’elle se fait prière. Par trois fois il prie pour la communion. D’abord, Jésus prie pour la communion au sein de l’équipe des douze disciples ; tourné vers son Père, il prie ainsi : « J’ai manifesté ton nom aux hommes, que tu as tirés du monde pour me les donner…C’est pour eux que je prie ;…Père saint, garde-les dans ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous » (Jn 17, 6-9).

Jésus sait qu’il a regroupé des hommes qui ne peuvent humainement s’entendre pour diverses raisons. Il a mis ensemble un publicain ou collecteur d’impôts ou douanier (cf. Mt 9,9), collaborateur de l’empereur romain et un zélote (cf. Mt 10, 4), révolutionnaire prêt à en découdre avec l’empereur, de pêcheurs (cf. Mt 4, 18-22) aux larges épaules, sans instruction ni culture comme le constateront les membres du Sanhédrin (cf. Ac 4, 13) et un malhonnête, prêt à mettre la main dans la bourse commune (cf. Jn 12, 6) pour gérer ses intérêts particuliers, un vrai fils d’Israël qui ne sait pas mentir (cf. Jn 1, 47) et des anonymes.

Dans cette prière située après le discours d’adieu de la dernière cène (cf. Jn 13-16), Jésus laisse entrevoir qu’il a une conscience claire que son départ définitif vers le Père risque de provoquer des divisions au sein de cette communauté si diversifiée, aux membres si opposés. Il est donc normal que celui qui a réuni tant de contraires se préoccupe de  leur avenir. C’est un impératif qu’il prie en premier lieu pour eux et demande au Père de les garder unis.

Jésus prie ensuite pour la communion au sein de ceux qui, par la prédication des Douze, deviendront croyants : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi,  afin que tous soient un» (Jn 17, 20-21). Le cercle des disciples en s’élargissant  grâce à la prédication des Douze renfermera tout naturellement des hommes de toutes langues, peuples et nations et, par le fait même, des hommes aux opinions et tempéraments différents et même divergents. Ils viendront à la foi en Jésus, avec leurs cultures. Jésus n’ignore pas le choc que cela produira.

La situation dans la communauté de Corinthe lui donne raison. Dans cette communauté constituée par la prédication de Paul, la division ne tardera pas à mettre à mal la communion entre les disciples. Le diable, dont le nom fait allusion à la division, ne se fera pas prier pour semer la discorde au sein de la communauté. Paul en fait le constat amer, en même temps qu’il exhorte les corinthiens à l’union dans le même Esprit (cf. 1Co 1, 1-16 ; cf. 1Co 11, 18-19).

 En outre, connaissant la raideur de la nuque de ses coreligionnaires, parmi lesquels les Pharisiens, Jésus s’attend au fait que les disputes autour du respect des prescriptions juridiques de la loi de Moïse fragilisent la communauté des disciples issus du paganisme et du judaïsme (cf. Ac 13-15). Il comprend alors qu’il doit insister auprès du Père pour obtenir la grâce que tous, absolument tous, malgré leurs diversités, vivent la communion selon le modèle du Père et du Fils. 

Enfin Jésus prie de nouveau pour les douze disciples, mais cette fois-ci, pour demander la perfection dans la communion : « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : …afin qu’ils soient parfaits dans l’unité » (Jn 17, 22-23). Jésus n’ignore pas que la communauté des croyants sera lourde à porter par les Apôtres ; ils auront besoin d’une grâce particulière pour garder la communion entre les membres de l’Eglise. Voilà pourquoi il supplie le Père de les rendre parfaits dans la communion ; il prie pour eux par deux fois. Il insiste auprès du Père.

         Si la préoccupation de Jésus pour la communion au sein de l’équipe des Douze et de la future communauté des croyants se fait prière et que cette prière est insistante, l’on doit comprendre que, pour Jésus, la communion est avant tout un don de Dieu ; elle est d’abord, avant et après tout, fruit de l’Esprit Saint, comme l’atteste Paul dans la première lettre aux Corinthiens : « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit » (1Co 12, 13).

Dans ce verset, l’Apôtre des Nations laisse entendre que la finalité du baptême dans un seul Esprit n’est pas de faire des disciples isolés, sans lien les uns avec les autres. Au contraire l’unicité de l’Esprit Saint appelle l’union entre les  baptisés : Juifs, Grecs, esclaves, hommes libres, c’est-à-dire des gens qui, livrés à leur seule nature, s’opposent ; l’Esprit Saint fait d’eux un seul corps qui ne peut vivre que par la communion des membres, communion, fruit de l’Esprit Saint.

 

         Chers frères et sœurs,

         La méditation de ces textes nous invite à entrer dans la préoccupation de Jésus et à examiner la profondeur de notre propre préoccupation pour la communion. Nous ne pouvons être disciples du Christ, baptisés dans l’Esprit Saint, sans désirer, comme Jésus, la communion au sein du collège des pasteurs de son Eglise. Nous ne pouvons être disciples du Christ sans nous préoccuper, comme lui, de la communion au sein de tous les membres de son Eglise. Notre préoccupation pour la communion doit devenir occupation pour incarner la communion au concret et la rendre réelle, visible, palpable. Notre préoccupation en devenant occupation doit nous conduire à la prière pour la communion, à l’imitation de Jésus.

Nous devons prier avec persévérance pour que l’Esprit Saint agisse avec puissance pour remplir le cœur de chacun d’entre nous du désir d’une communion parfaite, d’une union sans faille, d’une unité qui nous façonne en un seul cœur, en une seule âme. Une telle communion pousse les membres à rechercher, sans se lasser, les intérêts des autres (Ph 2, 4). Nous devons redoubler de ferveur dans la prière pour que l’Esprit de Pentecôte, maître d’œuvre de la communion, nous aide à comprendre que la communauté des baptisés est une communauté de communion et non un ramassis de solitaires, d’individualistes.

L’Eglise n’est pas et ne saurait être une juxtaposition d’individus mais plutôt une communion de membres unis par l’Esprit Saint, une communion de membres vivant du fruit de l’Esprit Saint : la charité (Eph 5, 22). Cette charité vécue à la perfection devient entre les personnes, les paroisses, les diocèses, les pays, les continents, une solidarité sans frontière. De telle sorte que désormais dans notre Eglise, il ne devrait plus y avoir de laïcs juxtaposés sans liens de communion concrets, de prêtres juxtaposés sans liens de communion palpables, de Mouvements, d’Associations de Communautés, de Congrégations juxtaposés sans liens de communion visibles ; il ne devrait plus y avoir de paroisses juxtaposées sans liens de communion et de mise en commun des biens, de diocèses juxtaposés sans liens de communion et de solidarité ; il ne devrait plus y avoir de cultures juxtaposées sans liens de communion et d’acceptation mutuelle : il ne devrait plus y avoir ni Wê ni Dan ni senoufos ni Akan ni Malinkés ni Lobis ni étrangers de tous pays sans liens de communion, d’amour et de respect réciproque.

 

         Chers frères et sœurs,

                  Entrons à fond dans une communion pastorale autour de la vision commune dégagée par nos pasteurs, les Evêques, pour « Une Eglise-Communion autonome au Service de Tous » ! Entrons à fond dans une mise en commun organisée autour de cette vision commune ! Epousons la communion, fruit de l’Esprit Saint, pour une évangélisation toujours plus dynamique ! Epousons la communion, fruit de l’Esprit Saint, et organisons-nous autour du Plan Stratégique pour la Communion et l’Autonomie, pour que dans nos communautés, plus personne ne soit dans le besoin, isolé, marginalisé, abandonné, oublié !

Invoquons l’Esprit Saint ! C’est lui qui construira en nous, par nous et pour nous, la communion parfaite ! Viens, Esprit Saint ! Viens construire avec nous la communion parfaite au sein de ton Eglise ! Viens, Esprit Saint ! Viens chasser les discriminations entre les hommes de toutes langues, peuples et nations ! Viens rassembler les hommes dans une communion parfaite ! Viens, toi qui vis et règnes avec le Père et le Fils, dans une communion parfaite, maintenant et pour les siècles des siècles !                                        AMEN !

 

Mgr Ignace BESSI Dogbo

Evêque de Katiola,

Administrateur Apostolique de Korhogo,

Président de la Conférence des Evêques Catholiques de Côte d’Ivoire.