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LA MESSE D’AUREVOIR DU PERE JOSEPH KOUMAGLO

HOMELIE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ
 ARCHEVEQUE D’ABIDJAN
A L’OCCASION DE LA MESSE D’AUREVOIR
DU PERE JOSEPH KOUMAGLO
 
Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO)
 Unité Universitaire d’Abidjan(UUA)
Samedi 29 juin 2013

Révérend Père Pierre BOGUI NIAVA, Recteur de l’UCAO Révérends Père, Jules DJODI, Président de l’UCAO/ UUA, Révérend Père IBO GOA Maurice, Vice Président de l’UCAO/ UUA Révérend Père  Benjamin SARR, Secrétaire Général de l’UCAO/UUA Révérends Pères Doyens des différentes facultés,
Révérends Pères formateurs,
Chers Pères,
Chers enseignants,
Chers parents, amis et invités,
Chers amis étudiants,

 

         Ce jour du 29 juin 2013 n’est pas un jour comme les autres. En fait, au-delà de la célébration des Saints Apôtres Pierre et Paul, nous nous retrouvons un peu de façon inhabituelle, pour célébrer l’un des nôtres, le Révérend Père Joseph KOUMAGLO, anciennement professeur de Bible dans notre Unité Universitaire d’Abidjan, appelé à d’autres fonctions et qui quitte définitivement notre famille universitaire. Avec lui, nous n’oublions pas aussi le Père Thomas YETEOU, qui quitte ses fonctions de Doyen de la Faculté de Droit. Que ces événements se situent dans le sillage de la célébration de ce jour n’a rien de fortuit.

En effet, la fête des Saints Apôtres Pierre et Paul que nous célébrons aujourd’hui nous plonge dans une certaine mesure au cœur de la mission confiée hier aux Apôtres et aujourd’hui à tout disciple du Christ. Ces deux grands Apôtres, vénérés le même jour, alors que chacun d’eux mériterait bien d’être célébré seul, sont tous deux, chacun avec son charisme propre, le socle de l’Eglise primitive, deux témoins intrépides, qui ont su faire avancer la Parole de Dieu et l’adhésion à la personne du Christ.  

De Simon, nous pouvons retenir sa confession de foi, qui lui vaut le surnom de Pierre, sa charge de guider et d’affermir ses frères, et de bâtir ainsi l’Eglise. On pourrait s’étonner à juste titre que Dieu ait confié une aussi lourde tâche à cet homme fruste, sans dons exceptionnels, si défaillant à certaines heures ! Comme il eut paru plus juste selon le cœur des hommes de confier pareille charge à Paul : venu tard au christianisme, il était apparemment tellement mieux préparé par sa naissance et sa brillante formation auprès de maîtres réputés ! Esprit toujours en éveil, animé d’une extraordinaire énergie et d’une passion exclusive pour Celui qu’il avait d’abord persécuté en son Eglise, il deviendra un instrument de choix pour faire connaître aux païens l’évangile du salut.

En outre, vous remarquerez que chacun d’eux a eu sa place dans le développement de la foi : Pierre le guide, par son rôle de direction et de confirmation ; Paul le semeur, par son dynamisme de mouvement et d’adaptation. Mais tout ceci ne nous fait pas oublier pour autant leurs faiblesses et leurs limites : la présomption et le reniement de Pierre, la haine farouche de Paul pour les chrétiens avant sa conversion.

Mon cher Joseph,

La vie et le ministère de ceux que nous célébrons aujourd’hui peuvent se résumer en deux mots: stabilité et mouvement. Un jour, pour avoir dit oui à l’appel du Christ, la mission de ces deux pasteurs les a conduits loin des leurs, vers des terres inconnus, avec tout ce que cela peut constituer comme difficultés et déchirements ; un jour, vous aussi, au nom de votre réponse à l’appel du Christ, vous avez été conduit loin de chez vous, sur une autre terre, la terre de notre Unité Universitaire d’Abidjan. Pendant de longues années, vous avez servi au mieux votre Seigneur dans cette maison de formation. C’était le temps de la stabilité.

Aujourd’hui, l’heure est venue pour vous d’emprunter le chemin du mouvement, celui qui vous arrache à une terre, à des amis, à une famille comme pour dire que celui qui veut servir le Seigneur n’a vraiment pas le temps de s’installer et de tenir pour acquis définitif, ce qu’il possède ou considère comme tel. N’eut été l’espérance qui nous habite, l’atmosphère de ce jour aurait pu paraître lourde. Mais l’espérance ne déçoit pas, elle qui nous ouvre des chemins nouveaux. En ces instants, ce sont ces paroles pleine de sagesse qui me reviennent: ‘‘si les bourgeons ne partaient pas, si le printemps boudait l’été, il n’y aurait ni feuillage, ni fruits.’’

 Jésus lui-même a cru bon de dire ‘‘il vous est utile que je m’en aille’’. Dès lors que l’on se croit nécessaire, on commence à devenir inutile, sinon nuisible. Nous avons tous souffert un jour de ces éternels permanents. Le message que nous donne Jean Baptiste d’apprendre à partir à temps s’adresse à chacun à une époque de la vie, aux parents, aux maîtres, à tous ceux qui sont à l’origine de quelque chose, sinon l’amour se change en révolte. La passion de dominer est encore plus grande que celle de l’argent et les disciples de Jésus doivent acquérir la sagesse de prendre sereinement leur retraite lorsque le temps est venu. Quand un homme a épuisé son utilité, qu’il sache que la joyeuse acceptation de son inutilité est un service grandiose.

Il est bien entendu qu’il ne s’agit point vous concernant Père Joseph, d’une quelconque retraite encore moins de joyeuse acceptation de votre inutilité. Non ! Il s’agit plutôt pour vous de faire valoir vos dons et votre savoir-faire autrement et ailleurs que dans cette Unité Universitaire. Pour réussir à bien cette nouvelle aventure qui se présente à vous, je vous invite comme pour les disciples hier, à avoir en mémoire la question du Christ : ‘‘Pour vous, qui suis-je’’?

La réponse à cette question est fondamentale en ce sens qu’elle oriente et donne sens à la vie, à toute vie à la suite du Christ : elle est engagement personnel, renonciation à sa volonté propre, abandon de sa vie entre les mains du Tout Autre. Aussi, le Père que je suis se permet de résumer cette réponse pour vous cher Père Joseph, dans les lignes qui suivent et que je voudrais comme le poteau indicateur pour votre avenir sacerdotal.

Désormais et partout où vous serez, votre façon de vivre comme prêtre devra être plus importante que tout ce que vous ferez en tant que prêtre.  En ce sens, votre ministère ne se définira pas d’abord par une série de tâches spécifiques mais par le signe du Christ Pasteur porté par des hommes au sein de communautés vers lesquelles ils sont envoyés. Vous devrez exister à partir de Jésus et trouver en lui le centre de gravité de votre ministère et de votre vie de prêtre.

Ensuite, n’oubliez jamais que ce que le Christ fait en vous est plus important que ce que vous faites vous même. Cela doit vous emmener à prendre conscience de vos limites : vous n’êtes qu’un serviteur inutile car c’est le Seigneur seul qui compte. Rappelez-vous toujours que si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain.

Sachez aussi que le service de la prière est plus important que celui des tables. En ce sens, il vous faudra prendre du temps pour prier afin d’être témoin de l’essentiel dans le service de vos frères et sœurs. Par ailleurs être pleinement présent et rayonner en peu d’endroit est plus important que de vouloir être partout en hâte et à moitié. Retenez que plutôt qu’une quantité de prestations à assurer, vous devez veiller à une certaine qualité de présence, une présence qui fait naître une Eglise qui repose sur la responsabilité de tous les baptisés.

Enfin, je vous invite à croire fermement que témoigner de la foi à tous est plus important que de satisfaire à toutes les requêtes spirituelles. Notez que le travail pastoral qui soutient le plus de personnes est plus important que celui qui ne touche qu’un petit nombre. Être rassembleur d’hommes, telle doit être votre devise et pour cela, dans la logique de l’Evangile, n’hésitez pas à pêcher à la ligne plutôt qu’au filet.

Ces conseils, je pense humblement qu’ils ont guidé la vie des Saints Apôtres Pierre et Paul que nous célébrons aujourd’hui. Et puisque cette cérémonie d’au revoir s’inscrit dans la même veine, je veux que vous les gardiez comme un trésor précieux à faire fructifier.

Qu’il me soit permis d’avoir une pensée pour le Père Thomas, qui laisse le décanat pour reprendre les cours à plein temps. Je voudrais avec vous lui rendre un hommage vibrant et appuyé pour le travail accompli. Comme je le disais plus haut, la vie et le ministère de ceux que nous célébrons aujourd’hui peuvent se résumer en deux mots: stabilité et mouvement. Le fait de passer la main à un autre, s’inscrit dans la même veine.

Vous avez dirigé la Faculté de Droit avec cœur, courage et abnégation. Je me rappelle encore comme c’était hier, les nombreuses rencontres que nous avons eues, vous et moi, dans l’unique optique de faire avancer  les choses. Je ne doute pas un seul instant que l’élan que vous avez impulsé à cette Faculté se poursuivra pour le bonheur des auditeurs de cette Faculté. Infiniment merci pour le travail accompli et bonne continuation à vous.

Chers confrères et amis du Père Joseph,

Avec ce départ, c’est un ami, un frère, un confident que vous n’aurez plus à portée de main. Je vous invite à garder en mémoire ce que vous avez vécu avec lui de grand, de beau et de merveilleux et à faire en sorte que votre amitié, votre fraternité dépasse les frontières du temps et de l’espace.

En terminant, je voudrais revenir à la question du Christ : ‘‘Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce qu’en disent les hommes ? ’’ ‘‘Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?’’. Deux questions qui recouvrent une seule et même réalité. Deux questions dont la réponse cependant  n’engendrent pas la même réaction.

Une seule et même foi nous rassemble. Un seul et unique sacerdoce nous pousse. Le départ de l’un de nous, loin de nous attrister devrait nous donner de comprendre que le temps d’une vie ensemble peut-être relativement court. Cela devrait nous incliner à vivre ces moments pleinement, en allant à ce qui est essentiel et fondateur. Je reste convaincu que nos différences, à l’image de celles de Pierre et de Paul sont une richesse incommensurable pour notre Unité Universitaire d’Abidjan tout comme pour notre Université.

‘‘Que tous soient un, afin que le monde croie’’, voici le thème qui a guidé notre marche commune tout au long de cette année pastorale. Je vous invite à vous investir de toutes vos forces, afin que ce projet du Christ se réalise chaque jour davantage, pour sa plus grande gloire, et pour le salut des âmes confiées à nos soins pastoraux, par Jésus, Notre Seigneur…


+ Jean Pierre KUTWÃ,
Archevêque d’Abidjan