LA CONFIRMATION DES JEUNES DE L’ARCHIDIOCESE
HOMELIE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ
ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE
LA CONFIRMATION DES JEUNES DE L’ARCHIDIOCESE D’ABIDJAN
Cathédrale Saint Paul
Dimanche 19 mai 2013
Chers amis jeunes,
Chers confirmands,
Il y a de cela quelques années, en vous inscrivant à la catéchèse, vous vous prépariez à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne, c’est-à-dire, le Baptême, l’Eucharistie et la Confirmation. Années après années, vous avez accepté généreusement de vous laissez former pour connaître davantage Dieu et son Eglise, vous familiariser avec son Fils Jésus-Christ et le message de foi qu’il a laissé en héritage à notre humanité. Aujourd’hui, par la réception du sacrement de la confirmation, s’achève pour vous, dans l’Eglise, votre initiation chrétienne.
Quelle joie, quelle grande joie de se savoir désormais adultes dans la grande famille de Dieu ! Vos parents, vos animateurs, vos amis sont venus nombreux vous apporter leur soutien dans cet événement majeur de votre vie. Le Pasteur et le Père que je suis pour vous, a tenu à être présent comme chaque année pour vous dire que votre joie est et sera toujours sa joie. Rendons donc grâce à Dieu qui manifeste ainsi sa bonté et sa générosité à notre égard.
Chers amis,
Dans quelques instants, par l’imposition des mains et par l’onction du Saint Chrême, vous deviendrez des adultes dans la foi. Mais, faut-il le rappeler, être adulte dans une société ne confère pas uniquement des droits. Si votre initiation chrétienne prend fin aujourd’hui, vous devez vous garder de penser un seul instant que pour vous, tout s’achève. En effet, c’est très souvent qu’après la réception des sacrements, nombre de chrétiens se ‘‘mettent en congé’’ des affaires de l’Eglise alors que leur foi au Christ leur commande chaque jour, de répondre à leur vocation de chrétien, là où l’appel de Dieu les a placé.
Sachez-le, le sacrement de confirmation que vous allez recevoir, comme le dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique ‘‘est le sacrement qui donne l’Esprit Saint pour vous enraciner plus profondément dans la filiation divine, vous incorpore plus fermement au Christ, rend plus solide votre lien à l’Eglise, vous associe davantage à sa mission et vous aide à rendre témoignage de la foi chrétienne par la Parole accompagnée des œuvres’’ CEC n°1316. C’est là tout un programme de vie ! Ce programme de vie, je voudrais l’expliciter pour vous à travers deux événements qui marquent cette année : l’année de la foi pour l’Eglise universelle d’une part et l’année de la réconciliation et de l’unité pour l’Eglise de notre pays de l’autre.
Chers fils,
Je crois fermement qu’il est heureux que votre confirmation coïncide avec cette année dédiée à la foi. Il faut y voir non seulement un signe des temps mais aussi un défi à relever, celui de la foi vécue quotidiennement. De même, le thème de notre année pastorale suscité par la réconciliation et l’unité, ‘‘que tous soient un afin que le monde croie’’ est lui aussi un autre signe qu’il nous faut appréhender comme un défi. Deux signes, deux défis qui se complètent merveilleusement : voici ce à quoi tous nous sommes invités, et particulièrement vous qui allez recevoir le Saint Esprit au soir de votre initiation à la vie chrétienne.
1- Une année dédiée à la foi.
A l’ouverture de l’année dédiée à la foi dans notre Archidiocèse d’Abidjan, j’avais souhaité que nos paroles se taisent pour une fois et que nos actes parlent pour nous, mais surtout, qu’ils traduisent réellement, concrètement, ce en quoi nous croyons, mieux, Celui en qui nous croyons. Au moment où cette année dédiée à la foi tire à sa fin, je reste convaincu que pour certains parmi nous, la tâche n’a pas été du tout facile. Pour ceux-là comme pour nous tous d’ailleurs, je nous invite à ne pas désespérer, car le Christ continue de nous faire confiance encore aujourd’hui, comme Il l’a fait hier avec ses disciples.
Chers fils,
Le livre des Actes des Apôtres dont nous avons entendu un extrait en première lecture nous montre comment le message évangélique s’est diffusé partout dans le monde connu de l’époque et ce, par l’intermédiaire de personnes ordinaires, dont la marche à la suite du Christ n’a pas toujours été en ligne droite.
En effet, les disciples n’ont pas toujours eu la force et le courage que nous leur connaissons aujourd’hui. Certainement, ils avaient connu la peur. N’oublions pas le terrible choc qu’ils avaient subi avec la mort de Jésus. Ils craignaient surtout d’être arrêtés et de mourir à leur tour. Ils ne pensaient qu’à se cacher par peur des Juifs. Leur moral était au plus bas. La preuve : ils étaient sceptiques en écoutant le récit des femmes qui au tombeau, ont vu l’Ange du Seigneur leur annoncer la Résurrection.
Mais ‘‘quand arriva le jour de la Pentecôte’’ il va se réaliser pour eux un événement extraordinaire qui va bouleverser toute leur vie. Maintenant qu’ils ont reçu le Saint Esprit, le paraclet, l’Esprit de vérité, la peur les quitte et la joie et l’espérance renaissent. Ils peuvent enfin faire face à leur mission car l’Esprit Saint est entré en chacun, pour faire d’eux des hommes qui témoignent librement et courageusement de la Parole de Dieu. Vous aussi, l’Esprit Saint qui va vous être donné et que vous avez déjà reçu à votre baptême, vient pour vous confirmer désormais dans votre marche à la suite du Christ comme témoin de votre foi et cela en toutes circonstances et en toutes occasions.
Chers confirmands,
Le monde dans lequel nous vivons ne cesse d’interpeller notre foi au quotidien : ailleurs c’est le mariage pour tous et ses implications qui menacent l’institution de la famille. Ici en Côte d’Ivoire, n’allez pas croire que nous sommes à l’abri de telles idées. Mais plus concrètement l’un des défis auxquels nous devons faire face aujourd’hui, relativement à notre foi, c’est celui d’offrir à notre pays, des citoyens dont la foi ne change pas selon les circonstances de temps et de lieu.
Sachez que quand Dieu nous donne son Esprit Saint, cela renvoie inévitablement l’homme à sa propre responsabilité. La vôtre aujourd’hui consiste à tout mettre en œuvre pour que l’unité et la réconciliation ne soient pas de vains mots.
2- Le défi de l’unité
Toujours dans la première lecture, remarquez que l’Esprit Saint fait voler en éclats la barrière de la langue : ‘‘Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entendent dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la Mer noire, de la Province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Egypte et la Lybie proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu.’’ Ac2, 7-11. Telle est l’action de l’Esprit Saint.
Chers confirmands,
L’Esprit Saint que nous recevons tous à la Pentecôte doit faire voler en éclats les barrières de toute sorte que nos concitoyens ont érigées sur les chemins de leur vie ensemble. Je vous invite donc à prendre conscience que si nous pardonnons, ce pardon nous donnera une grande paix et une immense joie. En effet, la haine est toujours douloureuse et l’on respire mal avec quelque chose sur le cœur. Si nous pardonnons, nous aurons l’assurance que Dieu nous pardonne aussi. Cf. Mt6, 14.
Je sais qu’il est difficile de vivre sans nous blesser mutuellement un jour ou l’autre, qu’il n’est pas toujours facile de pardonner mais nous devons avec le secours de l’Esprit Saint nous y efforcer car, détester un homme, c’est un peu le tuer et c’est aussi tuer en nous la paix et le meilleur de nous-mêmes.
Concrètement et dans l’optique de cette unité, je vous invite à offrir dès aujourd’hui le sourire à un frère handicapé par la vie, à devenir service pour le bien de vos frères et sœurs. Avec l’Esprit Saint, acceptez de devenir miséricorde pour vous pencher sur leurs misères et leurs souffrances, non pas dans une compassion stérile et affligeante, mais bien pour les remettre debout, car la gloire de Dieu, c’est l’homme debout. Devenez aussi justice en prenant la défense des exploités.
Révérends Pères et vous tous venus soutenir les confirmands,
C’est à chacun de nous de trouver sa place dans la grande entreprise qu’est la Rédemption du genre humain et partant, du renouveau de notre cher pays, meurtri par tant d’années de souffrances et de crises à répétition. Dans une certaine mesure, votre travail de chrétiens est un travail de jardiniers. Toujours et toujours il vous faudra retirer épines, ronces et pierres. De mille manières, le Seigneur vous invite à tout mettre en œuvre pour relever le défi de l’unité, unité sans laquelle, vous n’êtes plus crédibles aux yeux du monde.
Ce défi de l’unité passe forcément par les chemins du pardon sincère, de la réconciliation vraie, mais aussi par la justice et la paix, ainsi que l’entre aide mutuelle et le soutien des plus pauvres de nos différents communautés d’Eglise. Si nous répondons à cet appel de Jésus, si nous laissons l’Esprit Saint entrer dans nos vies, nous pourrons aujourd’hui même, commencer une vie plus solidaire des autres et plus fraternelle.
A tous et à chacun, je souhaite une excellente fête et que l’Esprit Saint qui nous est offert aujourd’hui soutienne toutes nos actions, par Jésus, à qui appartiennent l’Honneur et la Gloire, dans les siècles sans fin. AMEN !
+Jean Pierre KUTWÃ Archevêque d’Abidjan
