PREMIER CHAPITRE GENERAL DE L’INSTITUT RELIGIEUX MASCULIN MERE DU DIVIN AMOUR

Frère Clément AKOBE, Fondateur de la CMDA
Révérend Père Guy KOUTOUAN, Modérateur de la CMDA
Révérend Père Yves KISSI, Supérieur de l’Institut Masculin MDA ,
Révérende Mère Marcelline, Supérieure de l’Institut Féminin MDA
Révérendes sœurs,
Frères et sœurs en Christ,

19 mai 2012- 8 juillet 2012- 1erJuillet 2013 : trois dates ; trois événements ; une seule et même famille ! Voici l’idée qui m’a traversé l’esprit lorsqu’il s’est agit pour moi de venir présider cette messe d’ouverture du premier chapitre capitulaire de l’Institut Religieux Masculin Mère du Divin Amour. Trois dates qui seront à jamais gravées dans l’histoire de la Communauté Catholique Mère du Divin Amour tant elles marquent un tournant décisif dans la vie de ses membres. Je me permets un bref rappel non par devoir de mémoire mais simplement pour nous replonger dans ce que le Seigneur a fait pour nous et pour que notre action de grâce se fasse toujours continuelle.

  19 mai 2012. Cathédrale Saint Paul du Plateau. Je me rappelle encore comme si c’était hier : la Communauté Mère du Divin Amour avait attiré un grand et beau monde ce jour-là, à l’occasion de sa reconnaissance définitive. La particularité de la célébration de ce jour, c’est que, c’était la Communauté toute entière, dans toutes ses composantes, qui franchissait ainsi, une étape importante de son histoire.

8 juillet 2012. Maison communautaire de Cocody-Angré. Ouverture du premier chapitre général de l’Institut Religieux Féminin Mère du Divin Amour. S’il est vrai que c’est toute la Communauté qui était concerné, l’attention était portée sur un de ses démembrements. Le vaste chantier qui s’ouvrait ainsi allait concerner au premier chef, les femmes, nos sœurs, nos mères. Faut-il y voir un signe des temps, un clin d’œil de Dieu quand on sait que ce sont les femmes qui donnent la vie ?

1er juillet 2013. Nous nous retrouvons au siège d’un Apostolat particulier de la Communauté : Evangile Pour Tous (EPT). Faut-il y voir un autre signe ? Dans tous les cas, ici aussi, une nouvelle page de l’histoire de la Communauté va être écrite, à l’occasion de l’ouverture du premier chapitre général de l’Institut Religieux Masculin Mère du Divin Amour. Voici pour ce qui est des dates et des événements.

Je parlais aussi d’une seule et même famille ! Je pense humblement que c’est le défi que vous aurez à relever lorsque ce chapitre sera achevé. En le disant, je ne fais pas uniquement allusion à nos frères de l’Institut Masculin, mais bien à la Communauté dans son entièreté et je me réjouis que le thème de ce premier chapitre général s’inscrive dans la même veine : ‘‘Ensemble, bâtissons notre Institut’’ auquel vous avez ajouté, ‘‘car nous sommes les coopérateurs de Dieu ; vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu’’, extrait de 1 Co 3, 9.

Ce thème en lui-même est tout un programme d’action avec plusieurs défis à relever. S’il ne s’agissait que d’une œuvre de quelques jours, j’aurais certainement eu des appréhensions. Mais puisqu’il s’agit d’une œuvre de longue haleine et qui s’inscrit dans le temps, je voudrais avec vous, que nous puissions relever ces défis et par conséquent amorcer ensemble la réflexion qui doit en découler.

1-   Ensemble

Le thème commence par ‘‘ensemble’’, en référence à la nécessaire unité sans laquelle toute œuvre, toute entreprise est vouée à connaître un échec certain. L’on répète souvent que ce siècle dans lequel nous vivons, a soif d’authenticité. On affirme même à raison que nos contemporains ont horreur du factice, du falsifié et recherchent par-dessus tout, la vérité et la transparence. Ces signes des temps devraient nous trouver vigilants et nous interroger.

Tacitement ou à grands cris, toujours avec force, le monde nous demande : Croyez-vous vraiment à ce que vous annoncez ? Vivez-vous ce que vous croyez ? Prêchez-vous vraiment ce que vous vivez ? C’est dire que plus que jamais, le témoignage de la vie des chrétiens que nous sommes, est devenu une condition essentielle de l’efficacité profonde de la prédication. Par ce biais, nous voici responsables de la marche de l’évangile que nous proclamons.

En effet quel message pouvons-nous véhiculer si nous-mêmes faisons entendre toujours des sons discordants. Je voudrais insister pour dire qu’il ne s’agit pas pour vous bien entendu, de chercher toujours à arrondir les angles, à vouloir vivre dans un fusionnisme d’un autre âge. Non, il s’agit de partir de vos différences, pour nous offrir, tel un superbe tableau riche de la différence de ses couleurs, la vision de ce qu’est la vraie unité, fondée sur les différences dont on cherche à s’enrichir mutuellement  

2-   Bâtissons

Bâtir, construire, développer, agrandir. Ce projet que vous portez est merveilleux. Mais pour bâtir, n’a-t-on pas besoin de préparer le terrain ? L’évangile que nous avons entendu ne dit pas autre chose en nous relatant le récit de deux vocations. De ces récits de vocations, nous retiendrons pour la première que  loin de céder à l’enthousiasme de celui qui se propose si généreusement à Lui et au lieu de lui réserver un accueil chaleureux, Jésus met en avant toutes les difficultés liées à la vie à sa suite : ‘‘Les renards ont des terriers. Les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit où reposer la tête’.

Autrement dit, à travers cette parole, Jésus met l’accent sur la pauvreté matérielle, l’inconfort dans lequel Lui-même vit. En le disant, le Christ invite celui qui veut être son disciple à vivre le détachement dans un esprit de pauvreté. Par ailleurs, en affirmant que ‘‘le Fils de l’homme n’a pas un endroit ou reposer la tête’’, Jésus veut insister sur l’aspect de la vie errante et précaire du Fils de l’homme. Par conséquent, pas de stabilité, pas de sécurité donc pas de confort pour le Maître. Le disciple qui vient à Jésus est appelé lui aussi à vivre cette vie de pauvreté.

Je pense que pour bâtir votre Institut, il vous faut  commencer par bâtir vos personnes et c’est cela aussi le message de l’évangile. Cela passe par la nécessité de quitter les filets qui vous retiennent et vous emprisonnent parfois. Acceptez de faire de la place pour Dieu en vous désinstallant de vous-mêmes pour trouver votre centre de gravité, Lui. J’insiste  pour vous inviter à la simplicité, c’est-à-dire, à vous débarrasser de tout ce qui encombre trop souvent l’existence : je pense à ces bagages excédentaires, ces petits soucis dont on fait tout un monde, ces désirs utopiques, cette obsession de ce que nous n’avons pas et qui détourne de l’essentiel. Une fois que vous aurez réussit à bâtir vos personnes, vous verrez qu’il sera plus aisée pour vous de bâtir votre Institut.

3-    ‘‘Nous sommes les coopérateurs de Dieu’’.

Qu’il me soit permis de reprendre ici pour vous, les propos que je tenais à l’endroit de vos sœurs lors de l’ouverture de leur chapitre. ‘‘Vous aussi, par ce premier chapitre général, il vous faudra percevoir en profondeur toutes les attentes et les aspirations de votre Institut pour les années à venir. Il s’agira pour vous, tout au long de vos travaux, d’approfondir, de clarifier et de chercher de nouveaux horizons pour le futur.

La tâche peut paraitre ardue si vous comptez uniquement sur vos propres forces. Est-il besoin de signaler que tous autant que vous êtes, vous êtes à votre première participation à un chapitre général. L’honneur qui vous est ainsi fait, doit surtout être compris comme une charge : du sérieux que vous mettrez dans vos travaux tant en commissions qu’en plénière, dépendra largement l’avenir de votre Institut.

Prenez conscience que c’est à la mesure de votre intimité avec le Seigneur que vous parviendrez à offrir à votre Institut, ce que nous sommes en droit d’attendre de lui. Il s’agira moins pour vous, tout au long de ce chapitre, de faire montre de vos qualités intellectuelles que  de vos qualités spirituelles. C’est une invitation à laisser l’Esprit de Dieu agir en vous et pour vous.

Il peut arriver dès fois que nous confondions la place et le rôle qui doivent être les nôtres tant dans nos sociétés que dans nos communautés de vie. C’est se méprendre que de croire que Dieu a concentré dans vos mains, le temps d’un chapitre général, la destinée de tout un Institut. Votre responsabilité à vous, c’est de poser sainement les bases de ce que Dieu veut pour vous et pour votre Institut. C’est ainsi que je voudrais résumer pour vous, le fait d’être coopérateurs de Dieu.

4-   ‘‘Vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu’’.

Dans la première lecture de ce jour, selon une tradition antique, les villes de Sodome et de Gomorrhe, situées à l’emplacement actuel de la  Mer Morte, avait été détruite par un cataclysme en punition de leurs crimes. En montrant Abraham intercédant auprès du Seigneur en faveur de ces villes, l’auteur de ce texte met en valeur plusieurs points essentiels de la foi d’Israël. Il souligne tout d’abord l’intimité existant entre Dieu et son élu, intimité qui doit devenir celle qui lie le Seigneur à tous les fidèles. Il fait aussi voir l’ouverture et la générosité de l’ancêtre des Juifs, capable d’intercéder pour des cités maudites.

A travers la pittoresque description d’un marchandage tout oriental, il montre enfin comment Dieu n’attend que la prière de l’homme pour pardonner et faire grâce. Vous aussi, en tant que champ et édifice de Dieu, je vous invite à vous inspirer de cet exemple d’Abraham. Vous appartenez à Dieu et à ce titre, vous devez tout mettre en œuvre, comme Abraham, pour que vos frères et sœurs, se sentent réellement et toujours comme dans le champ de Dieu, dans l’édifice de Dieu’’. Voici en quelques mots, les pistes de réflexion que m'inspire notre rassemblement de ce jour. Je souhaite que vous vous en inspiriez ou du moins, que vous les gardiez en mémoire.

Dans cette aventure, vous pouvez compter sur ma prière et mon soutien indéfectible. Je prie pour vous pour que Celui qui vous a choisi et établi soit votre force dans l'adversité et votre appui en tout. Dois-je vous dire que je compte sur vous, que notre Église diocésaine d'Abidjan compte sur vous pour la nouvelle évangélisation? Merci de nous faire ce cadeau en prenant la place qui vous revient de droit dans l'annonce de l'évangile. Dieu est fidèle, qu'Il vous affermisse et vous garde.

En terminant, je prie pour que Dieu vous fasse la grâce d’ouvrir grandement les portes de vos cœurs tout au long de vos travaux et que la Vierge Marie, Mère du Divin Amour vous couvre de son manteau virginal, pour la plus grande gloire de son Fils, Lui à qui appartiennent, le règne, l’honneur et la louange, aux siècles des siècles, AMEN !

+ Jean Pierre KUTWÃ
Archevêque d’Abidjan