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HOMÉLIE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVÊQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE L’ORDINATION SACERDOTALE 1Pi.5, 1-11/ Jn.21, 15-19 Cathédrale Saint Paul Plateau Abidjan le 4 février 2012


Chers fils, chers ordinands,

Tu es prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. A la fin de cette célébration eucharistique, vous aussi, vous serez prêtres à jamais. De par le sacrement de l’ordre que vous allez recevoir, vous serez introduits dans la longue et ininterrompue Tradition de ceux que le Christ appelle et choisi, car ce n’est pas vous-mêmes qui vous vous êtes donnés la vocation.


Tu es prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Quel honneur que d’être appelés par Dieu Lui-même, qui en vous appelant, vous donne aussi les moyens pour exercer de façon efficiente, la mission qu’il vous confie désormais. Cependant, et comme vous le savez certainement, tout choix comporte ses exigences. Le fait de vous identifier à Melchisédech, m’offre l’occasion de vous parler brièvement de lui.


Excellences,
Révérends Pères,
Révérends frères, révérendes sœurs,
Chers parents des élus de ce jour,
Chers frères et sœurs,


1- Mais qui est-il, ce Melchisédech ?
Dans la Bible, il apparaît comme le protecteur d’Abraham, le prédécesseur de David et le portrait anticipé de Jésus. Le livre de la Genèse, au chapitre 14, les versets 18 à 20 présente Melchisédech comme roi et prêtre de Salem, qui offre à Abraham un repas de pain et de vin, rite d’alliance, et prononce sur lui, une bénédiction. Dans cet épisode, le rôle principal est ici tenu par Melchisédech, prêtre non hébreux, devant qui, Abraham n’occupe qu’un rang inférieur.


Le psaume 110, verset 4, présente David comme le continuateur du prestigieux Melchisédech. Enfin, selon l’épître aux Hébreux, Jésus, prêtre, exerce le sacerdoce parfait, qui ne se rattache pas à celui de Lévi, mais qui accomplit le sacerdoce royal du Messie davidique, successeur de Melchisédech.


Par ailleurs, le personnage, le nom, les titres de Melchisédech esquissent en quelque sorte les traits de Jésus. Apparu sans ‘‘commencement ni fin’’, il préfigure le Christ, prêtre éternel. Son nom signifie ‘‘mon roi est justice’’ et équivaut presqu’à ‘‘roi de paix’’. Jésus n’apporte-t-il pas à notre monde la justice et la paix ? Ainsi, Melchisédech, étranger à Israël, puissant ami d’Abraham, annexé par David, préfigurant le Christ, demeure le témoin de l’universalisme des desseins de Dieu, qui pour nous conduire au Christ, s’est servi non seulement d’Israël, mais aussi des nations.


Chers ordinands,
Vous aussi, aujourd’hui, Dieu veut se servir de chacun de vous pour faire connaître ses desseins à notre monde, à notre pays, à nos familles si souvent en proie à toutes sortes de difficultés. Dans la droite ligne de ce qu’est le Christ, je souhaite que votre présence au sein du presbyterium d’Abidjan, ne soit pas uniquement une présence quantitative, mais bien, une présence qui apporte à notre pays, à notre église, à nos communautés paroissiales, justice et paix, en paroles et en action.

Ce rappel sur la personne de Melchisédech nous plonge dans ce que devra être votre ministère de prêtre à la suite du Christ et les lectures que nous avons entendues ce jour rendent encore plus explicite la charge qui sera désormais la vôtre.


Chers frères et sœurs,
Trois mots pourraient résumer l’évangile qui nous a été proclamé : aimer, accompagner, et servir. En effet, les paroles de Jésus rappellent à Pierre avec insistance, que la mission de berger qu’il Lui confie, doit être exercée selon l’amour que Jésus Lui-même, l’unique berger, a vécu jusqu’à l’extrême envers les humains. Par ailleurs, Il demande aussi à Pierre de l’accompagner désormais sans réserve : c’est ainsi qu’il fera honneur à son Dieu.


Chers fils,


2- Enseignez que toute la foi chrétienne se résume dans l’amour.
Telle est votre mission. Sachez que l’amour est la clef unique qui nous permet de répondre à toutes les questions qui se présentent à nous. Notre pays, nos frères et sœurs ont trop souffert ces dernières années. C’est à vous qu’il appartient, en réponse à l’amour que le Christ vous manifeste, de faire prendre conscience à nos concitoyens que le chrétien, c’est celui qui essaie de vivre d’amour, car l’amour résume tout l’agir humain.


Mais l’amour n’est pas sensiblerie ou possessivité : il est bienveillance, car il veut le bonheur de l’être aimé, tout en cherchant à lui faire plaisir. Cet amour doit se vivre dans les actes plus que dans les paroles. La situation post-crise dans laquelle nous sommes, vous commande de faire en sorte que nos concitoyens comprennent que tous nous sommes frères. En effet, comment un chrétien pourrait-il ne pas aimer les hommes, s’il songe un instant qu’ils sont comme lui, les fils du même Père, ses frères en Christ ?


D’ailleurs, les autres nous permettent de développer nos possibilités et c’est dans les relations avec eux, que nous pouvons donner notre pleine mesure et nous enrichir de leurs propres richesses. Aimer l’autre, ce n’est pas l’utiliser, voire le consommer ; c’est vouloir son épanouissement, l’enrichir parfois de notre sourire ; c’est aussi vouloir le promouvoir, l’aider à grandir. Dès lors, vous comprenez le sens de la triple question de Jésus à Pierre : ‘‘ Pierre m’aimes-tu ?’’


Chers fils,


Si aimer Dieu consiste à faire sa volonté, sachez aussi que chaque fois que nous aimons le prochain, nous aimons Dieu : l’homme n’est pleinement homme que s’il cultive l’amour. A la vérité, il est impossible d’aimer Dieu et de ne pas aimer son prochain car celui qui n’est pas capable d’aimer son prochain, se trompe en croyant aimer Dieu. Si nous aimons vraiment Dieu, nous devons être capables d’accompagner et de servir nos frères. Comment ?


Frères et sœurs,
La première lecture nous parle des relations dans l’Eglise. Pierre demande aux anciens d’agir en bons pasteurs et en modèles. L’exhortation à être soumis à ceux qui sont plus âgés dans la foi, fait probablement référence à la soumission des jeunes, ou de toute l’Eglise, aux anciens. Tous, anciens ou nouveaux, doivent faire preuve d’humilité les uns envers les autres.


Chers fils,


3- Dans l’humilité, annoncez à tous qu’une espérance nouvelle les porte.
Les conseils de Saint Pierre dans cette lecture valent également pour vous. Par votre ordination, vous êtes faits anciens dans l’Eglise malgré votre relative jeunesse. En ce sens, vous ne devez jamais oublier l’invitation à l’humilité qui vous est faite dans vos rapports avec ceux dont vous aurez désormais la charge pastorale. Reprenez à votre compte, les propos de Saint Paul à Timothée : ‘‘n’adresse pas des reproches avec dureté à un vieillard, mais exhorte-le comme s’il était ton père. Traite les jeunes gens comme des frères, les femmes âgées comme des mères, et les jeunes femmes comme des sœurs, avec une entière pureté’’ (1Tim5, 1-2)


A l’image du bon pasteur, je vous exhorte à être infiniment respectueux des consciences de vos fidèles et du lent travail de la grâce dans leurs cœurs. L’Eglise n’a que faire des prêtres trop remplis d’eux-mêmes et quelques fois sectaires. Elle ne saurait se satisfaire non plus des prêtres fonctionnaires, au programme figé et qui ne laisse aucune place à la créativité. Comme le bon pasteur, je vous invite à connaître vos brebis. C’est ainsi que vous pourrez les accompagner et les servir efficacement. Faire preuve d’humilité, c’est avoir le temps matériel d’être attentifs à tous et à chacun en particulier.


Servir vos frères, c’est faire en sorte que vos brebis ne soient pas enfermées dans la bergerie, en se contentant de leur donner du fourrage. Le service de vos frères, commande que vous puissiez descellez pour chacun et pour tous, les bons endroits où l’humidité permet une herbe toujours renouvelée. En le disant, je pense à tous ces chrétiens bouleversés, perturbés et qui ont soif de verts pâturages, c’est-à-dire, qu’une espérance nouvelle les porte et leur donne de croire que tout n’est jamais totalement perdue pour eux.


Vous le savez, le Christ, en prenant la tête du peuple de Dieu, donne la direction et l’exemple. Il avance avec lui, avec sa croix pour seul bâton. A sa suite, je prie que Dieu vous fasse la grâce de ne pas marcher à la traîne de vos fidèles, en les suivant au lieu de les guider, baptisant toutes les erreurs ambiantes dans un souci de popularité ou dans celui de ne pas faire des vagues.


Frères et sœurs venus soutenir les ordinands de ce jour,


4- Je vous confie la sanctification de vos prêtres.

Votre présence massive à ces ordinations, faut-il le rappeler, est une source de joie et de réconfort pour votre premier pasteur que je suis. En effet, la moisson est certes abondante et les ouvriers toujours peu nombreux à notre goût. Ce qui nous est demandé, c’est de prier le Maître pour qu’Il envoie Lui-même des ouvriers à sa moisson. Et c’est à dessein car Lui seul sait de quels types d’ouvriers Il a besoin.


Je saisis l’occasion de votre présence pour vous remercier tous et particulièrement, les parents des élus du jour. Chers parents, que le don de vos enfants que vous faites à l’Eglise vous procure en retour des grâces abondantes pour vos familles respectives. C’est une chance pour vous d’avoir un prêtre dans votre famille. C’est à vous en premier que je voudrais confier le ministère de vos enfants.


Malheureusement, il nous est arrivé de constater que certaines familles constituent pour leurs fils prêtres, de véritables boulets de canons qu’ils trainent à leurs pieds. Je vous en supplie : ne reprenez pas de l’autre main, ce que vous avez si généreusement offert au Seigneur. En effet, certaines de vos sollicitations les dépasse et quelques fois les plongent dans une grande affliction. Sachez que ce qui touche à la famille d’un prêtre, le touche également et qu’il a besoin de sérénité pour exercer son ministère avec succès. C’est à vous que je confie ce succès.


Par ailleurs, je voudrais féliciter tous ces jeunes, filles et garçons, amis de longue date des élus de ce jour. Votre présence ici redit tout le sens de ce qu’est une amitié vraie, sincère et épanouissante. Merci de votre présence. Cependant, je souhaite que vous preniez conscience que quelque chose de nouveau est advenu dans la vie de celui avec qui hier, vous étiez des inséparables. A vous aussi, je recommande d’aider vos amis.


Seriez-vous heureux que l’on ait des propos malveillants à l’endroit de votre ami qui s’est donné au service du Seigneur ? C’est pourquoi, je souhaite vivement que vous continuez de marcher avec eux mais, sans être complice dans ce qui va contre les engagements qu’ils viennent de prendre librement. En agissant ainsi, vous rendrez un très grand service à notre église.


Enfin, je souhaite que Dieu Lui-même soit la récompense de tous ceux qui ont conduit et accompagné ces jeunes jusqu’à ce jour de leurs ordinations sacerdotales. Je pense à leurs différents formateurs, au Comité diocésain des vocations, à l’Equipe des chargés de vocation. Votre travail est quelque fois ingrat, surtout quand tous les candidats ne sont pas admis, mais je reste convaincu que c’est l’Esprit Saint qui guide toutes vos décisions. Qu’Il vous assiste toujours !


Chers fils,
Je vous souhaite bon vent à la suite du Christ et que votre présence dans le presbyterium, nous apporte à tous, un vent de fraîcheur et de renouveau, par Jésus, l’Unique prêtre, qui règne, aux siècles sans fin. AMEN !


Je vous bénis !


+ Jean Pierre KUTWÃ,

Archevêque d’Abidjan

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