MESSAGE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWA ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DU 2ème PELERINAGE DIOCESAIN DES JEUNES Dimanche 4 mars 2018 Stade Félix HOUPHOUET BOIGNY
Chers fils et chères filles
Chers amis jeunes,
Le dimanche 22 mars 2015, à l’occasion du premier pèlerinage diocésain des jeunes d’Abidjan, vous m’avez fait la démonstration, par votre mobilisation exceptionnelle, de ce que vous êtes capables de réaliser au nom de votre foi au Christ. En effet, qui aurait parié que l’aventure de ce premier pèlerinage diocésain aurait connu un tel engouement ? Alors que certains étaient sceptiques, comme un seul homme, à l’appel du Seigneur, vous vous êtes retrouvés nombreux à la cathédrale Saint Paul du Plateau. Ce jour-là, les quelques vingt mille jeunes que vous étiez ont réussi à faire de moi un père de famille heureux, un pasteur comblé et fier de sa jeunesse ! Amis jeunes, vous êtes FORMIDABLES !
Aujourd’hui 4 mars 2018, c’est ce même sentiment de joie et de fierté qui m’a habité hier, qui m’habite aujourd’hui encore, à l’occasion de ce deuxième pèlerinage diocésain. Comment ne pas rendre grâce à Dieu pour une telle jeunesse ? Mon cœur est dans la joie de savoir que notre Église diocésaine d’Abidjan peut compter sur vous, sur votre jeunesse, sur la force que vous représentez ! Oui, votre présence massive de ce jour réchauffe mon cœur de pasteur alors que je me trouve en ce moment en Europe, cette Europe caressée par un air glacial qui contraste avec la chaleur qui se dégage de votre rassemblement, chaleur qui me rejoint et me réchauffe ! Amis jeunes, merci encore pour ce merveilleux cadeau que vous me faites ; et laissez-moi vous dire que je vous aime.
A l’occasion de ce deuxième pèlerinage diocésain des jeunes, et à la faveur de cette adresse que je vous fais, il m’a paru nécessaire et important avant tout propos, de revenir sur les grandes lignes de mon intervention d’il y’a trois ans. Ce jour-là, j’avais partagé avec vous ma vision de la jeunesse à laquelle j’aspire pour notre Archidiocèse d’Abidjan et pour notre pays et je cite : ‘‘le temps de Carême, c’est bien celui que l’Eglise notre Mère nous offre pour faire le tri, pour nous délester de ce qui est inutile comme lorsqu’il faut traverser le désert… Désormais, il vous faut marcher à un autre rythme, changer de style, faire le ménage en vous et autour de vous, pour regarder les autres et découvrir le visage de Dieu… Cela suppose, comme pour Abraham, pour le jeune homme riche et pour les Apôtres, que vous acceptiez vous aussi de quitter quelque chose… car la jeunesse à laquelle j’aspire … c’est celle qui cherche à éduquer son esprit pour l’arracher à ses obsessions, aux idées reçues et l’ouvrir à la nouveauté…’’ fin de citation.
Par ailleurs, je vous avais invité, pour répondre à votre vocation, à ‘‘à quitter les compromis de toutes sortes qui finissent en compromissions et à oser dire non à tout ce qui ne participe pas à votre épanouissement.’’ Cette invitation avait appelé une interrogation de ma part : ‘‘comment rendre la foi visible dans votre vie personnelle ? Comment vos mouvements, groupes et associations peuvent-ils répondre à leur vocation missionnaire dans une expression vivante et visible de la foi dans une Côte d’Ivoire qui court vers son unité perdue ? Tel est le défi que nous sommes appelés à relever tous ensemble.’’
Trois années après votre premier pèlerinage, où en êtes-vous des engagements que vous avez pris en ma présence ? Je continue de dire que je crois en vous, amis jeunes ; que l’Eglise compte sur vous pour être signes de la présence du Christ encore agissant dans notre monde ! Ces signes doivent être visibles et sans ambiguïté et c’est justement de ces signes dont je veux vous parler aujourd’hui.
Chers fils et chères filles,
En accédant à votre demande de délocaliser ce pèlerinage de l’Eglise-Cathédrale, notre Maison commune, siège de notre Archidiocèse pour le stade Félix HOUPHOUET BOIGNY, j’avais en idée ce que ce lieu représente pour tant de passionnés de sport en général et de football en particulier. On s’y retrouve par amour du sport, par amour pour nos clubs que nous venons supporter, par amour pour nos équipes nationales que nous venons encourager ! Le cadre du ‘‘Félicia’’ dans lequel vous vous retrouvez est donc porteur de signe.
L’un de ces signes, c’est la diversité des supporteurs qui, le temps que dure une rencontre, sont habités par un même esprit, une même passion, un même but, en espérant que leur équipe sorte victorieuse de toute confrontation qu’elle dispute en ce lieu. Vous aussi, venus de toutes les paroisses que compte notre Archidiocèse, laissez-vous toujours habiter par un même esprit, Celui de Jésus-Christ qui est toujours présent là où deux ou trois sont réunis en son nom. Ayez une même passion, votre Église, l’Eglise de Jésus-Christ, dont vous devez chaque jour davantage vous montrez dignes ! Vous êtes appelés à avoir un même but, celui de faire en sorte qu’au sortir de ce pèlerinage, vous soyez de dignes ambassadeurs de Celui qui vous a convoqués en ce lieu.
L’autre signe, c’est l’état d’esprit qui doit animer les joueurs. En effet, toute compétition sportive enregistre un vainqueur et un vaincu quand nous sommes en situation d’élimination directe. Même s’il nous arrive parfois de chahuter les perdants et même d’avoir des mots durs envers eux, je parie que le perdant du jour tire les leçons de sa défaite et prend les moyens pour être plus performants pour les batailles avenirs. Ici comme ailleurs, la défection et le découragement n’ont pas leur place ! Détermination et combativité deviennent les mots d’ordre.
Amis jeunes, chers fils et chères filles
Si nous envisageons notre vie comme une compétition sportive, détermination et combativité doivent toujours nous habiter si nous voulons être vainqueurs. Il ne sert à rien de pleurer les échecs et les défaites si nous ne tirons pas les leçons qui en découlent. A ce titre, je voudrais vous exhorter à comprendre qu’ensemble, dans un élan de solidarité et de partage, comme les joueurs d’une même équipe qui font des efforts ensemble, vous pouvez réaliser de grandes choses ! Combien d’entre vous, dans vos mouvements, groupes et associations se considèrent-ils comme des co-équipiers d’une même équipe dans leur marche à la suite du Christ ? Etes-vous solidaires les uns des autres dans votre recherche de Dieu ? Que partagez-vous ensemble ? Ce partage construit-il votre foi ?
Dans la première lecture de ce jour, si les commandements de Dieu constituent la charte fondamentale de toute personne qui reconnaît la place de Dieu dans sa vie, il nous faut y découvrir aussi que l’amour du prochain ne peut être détaché de l’amour de Dieu et que celui qui s’éloigne du culte comme lieu et moment de rencontre avec Dieu, risque fort de s’éloigner du prochain ! Notre recherche de communication avec Dieu doit trouver les autres sur ce chemin.
Amis jeunes,
Il est important que votre pèlerinage de ce jour, en dehors de la cathédrale et en ce lieu, impacte le monde dans lequel vous vivez. On ne peut pas aimer Dieu et ne pas aimer ceux que sa divine providence met sur les chemins de nos vies ! A ce titre, toi qui m’écoutes, dans ta relation avec les autres, je t’invite à toujours recommencer ! Oui, recommence même si tu es las et que la route te paraît longue et fastidieuse ! Recommence quand tu t’aperçois que tu t’es trompé en chemin : Dieu ne désespère pas de toi !
Recommence même si tu es blessé et désespéré des autres ! Recommence même si tu es déçu par trop de choses et trop de gens ! Recommence même si tu connais la pauvreté et ses limites ! Recommence même si les autres te regardent avec reproche, s’ils sont déçus de toi ou par toi ou même si tu es déçu d’eux, car Dieu a un plan pour toi ! Recommencer, c’est accepter de porter sa croix, cette croix, symbole de malédiction pour les Juifs et de folie pour les Grecs ; mais retiens surtout que cette croix, c’est celle qui devient avec la crucifixion et la résurrection de Jésus, le signe révélateur de l’amour indéfectible de Dieu pour notre humanité. Recommencer, c’est finalement accepter de continuer d’accomplir nos devoirs envers Dieu et notre prochain.
Dans l’Evangile, Jésus annonce sa passion et sa mort comme lieu de la manifestation de la puissance de Dieu qui appelle à la vie et renouvelle toute chose. Oui, ce deuxième pèlerinage est celui qui appelle à un renouveau de notre jeunesse. En quittant la cathédrale, vous vous lancez pour ainsi dire sur les routes du monde, ce monde qui est le théâtre où se joue l’histoire du genre humain, votre histoire, un monde qui a faim et soif de Dieu et qui attend que nous lui annoncions que la résurrection du Christ que nous adorons est porteuse de relèvement, de rétablissement !
Chers fils et chères filles
Encore une fois, je reste convaincu que le chemin de ceux qui annoncent le Christ n’est pas de tout repos. Mais dites-moi, à quoi cela aurait servi que nous remplissions ce stade, si le monde n’y voit pas le signe que le Christ est toujours agissant ? C’est donc votre responsabilité qui est ici engagée. Je vous exhorte à être pour tous des signes de la présence du Christ, une présence qui rassemble, rassure, unit et annonce un renouveau ! Ce renouveau, c’est celui qui nous est présenté dans l’Evangile par la destruction et la reconstruction du Temple. Amis jeunes, repartez donc de ce stade, tous déterminés à détruire votre égoïsme fondamental, pour reconstruire avec l’Esprit-Saint, une vie de solidarité et de partage (intellectuel, moral, spirituel et matériel).
Oui, Dieu fait des merveilles et c’est à vous de l’annoncer ! Comme toujours, vous pouvez compter sur moi, votre premier pasteur et votre Père. Vous pouvez compter également sur le concours de vos aumôniers que je félicite chaleureusement ainsi que les membres de l’office diocésain de la pastorale des jeunes d’Abidjan (l’ODPJA). Mais le grand merci, c’est à vous, à chacun de vous personnellement, que je l’adresse, chers amis jeunes. Je ne cesserai de le dire, vous êtes formidables et je vous aime ! Sur vous, sur les intentions que vous portez profondément, sur vos projets, sur chacune de vos familles, de vos paroisses respectives, affection et bénédiction paternelle. Amen !
+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ Archevêque d’Abidjan