APPROFONDISSONS NOTRE FOI CATHOLIQUE FACE AUX EXIGENCES DE NOTRE BAPTÊME

« Chrétien catholique, qu'as-tu fais de ton baptême ? 

Chers Pères,

Chers religieux et religieuses,

Chers fidèles Laïcs du Christ,

En ce début d'une année pastorale nouvelle, il me plait de vous saluer fraternellement, vous qui, avec moi, constituez dans cet archidiocèse l'Eglise famille de Dieu dont les membres sont tous frères et sœurs de par l'unique baptême que nous avons reçu, l'unique foi dont nous témoignons, l'unique Esprit Saint de Dieu qui a été répandu sur nous.

Le contexte socioculturel multiforme de notre troisième millénaire semble faire fi des valeurs évangéliques, voire des valeurs humaines, et nous interpelle dans notre foi catholique face aux exigences de notre baptême. Une bonne réflexion a été faite à ce sujet par une de mes compatriotes du village de Blockhaus.

«Il nous est donné de constater aujourd'hui que jamais le genre humain n'a regorgé de tant de richesses, de tant de possibilités, d'une telle puissance économique ; et pourtant, une part considérable des habitants du globe est encore tourmentée par la faim et la misère, et des multitudes d'êtres humains ne savent ni lire ni écrire. La conception du partage de la richesse dans notre monde actuel est absurde. L'injustice et l'inégalité en sont les signes distinctifs. Selon les statistiques, la fortune des 358 personnes les plus riches du monde (milliards en dollars), est supérieure au revenu annuel de la moitié des habitants les plus pauvres de la planète, soit environ 2,6 milliards de personnes.

Par ailleurs, jamais les hommes n'ont eu comme aujourd'hui un sens aussi vif de la liberté, mais, au même moment, surgissent de nouvelles formes d'asservissement social et psychique. On emploie beaucoup d'enfants dans les industries du plaisir : selon les Nations Unis, chaque année, un million d'enfants sont jetés dans le commerce sexuel.

Sur le plan politique, les gouvernements qui se font et se défont au rythme des intérêts égoïstes, au détriment des préoccupations et du bien-être du peuple. Argent sale, hommes corrompus, marchés truqués, subventions et fraudes électorales, tous les ingrédients essentiels de la gestion inavouable du pouvoir dans une société ultralibérale.

Sur le plan écologique, les forêts qui contribuent à maintenir des équilibres naturels essentiels et indispensables à la vie sont détruites notamment par des incendies criminels inconsidérés, ce qui accélère les processus de désertification, avec des conséquences dangereuses pour les réserves d'eau, et compromet la vie de nombreux peuples indigènes et le bien-être des générations à venir.

Nous pouvons sans ambages affirmer que notre société a perdu le sens des finalités’’.

Cet état de chose, met grandement en péril notre spiritualité et notre mysticisme chrétiens catholiques qui déjà sont violemment interpelés par le foisonnement des Nouveaux Mouvements Religieux intra et extra ecclésiaux dont la vie, la spiritualité et l'orthodoxie semblent douteuses.

Devant une telle situation, il n'est pas superflu de nous interroger sur la spécificité de notre foi catholique et des exigences de notre baptême qui touchent au concret de notre vie.

‘’En effet, l'être humain, saisi d'admiration, de fascination et de crainte devant ses propres exploits et son propre pouvoir, s'interroge cependant, et souvent avec angoisse, sur l'évolution présente du monde. Tant de vitesse pour tant de choses, sans aucune limite ni frein, engendre chez lui l'angoisse de ne pas savoir où aboutira le mouvement et crée en lui un sentiment de peur : la peur de manquer de quelque chose, mais et surtout, la peur de ne pas pouvoir cerner avec précision et une nette clarté la place de l'homme dans cette aventure qui semble se poursuivre sans trop se soucier de lui.

L'homme s'interroge donc sur le pourquoi de son existence sur la terre mais surtout, sur la fin vers laquelle il tend car comme nous le faisait remarquer le Pape Benoît XVI dans l'introduction de son livre intitulé Jésus de Nazareth, « si l'ignorance de ses origines préoccupe l'Etre Humain, c'est surtout l'opacité de son avenir qui le terrifie ‘’.

En d'autres termes, la crise de notre civilisation actuelle, c'est le fossé profond ou le décalage qui existe entre la maîtrise croissante des moyens par l'homme, et l'absurdité de plus en plus ressentie au plan des fins. Paul Ricœur écrivait à ce propos: « II est bien vrai que les hommes manquent de justice et d'amour mais ils manquent peut-être plus encore de sens », Sens pris comme direction (où allons-nous ?) mais également comme signification (pourquoi vivons-nous ?)

Ces questionnements n'ont pour but que de mieux nous situer nous-mêmes sur l'identité propre du chrétien catholique en ce qui le distingue des autres et que nous exprimons dans le Credo et que nous pratiquons dans la prière du Notre Père, condensé de toute la Bible, qui dit avec la force de l'évidence paisible cette réalité profondément humaine : nous sommes vraiment frères et sœurs, enfants aimés de Dieu.

L'orthodoxie de notre foi catholique et de notre pratique baptismale nourrie de la fréquentation des sacrements, fondée sur les Saintes Ecritures et ancrée sur la Tradition de l'Eglise, se vérifie par notre engagement dans l'Eglise à servir Dieu en Jésus Christ, Lui le visage humain de Dieu, à travers les mouvements paroissiaux d'action catholique, les CEB, etc., la participation aux activités et aux grands rassemblements du diocèse, et l'enracinement de la culture des valeurs de l'Evangile dans toutes les instances du monde des hommes.

C'est, par conséquent, ce témoignage qui rendra effectif l'impact de l'Evangile dans la vie quotidienne professionnel, économique, syndical, socio-politique. Par ce biais, l'homme pourra chaque jour croître en perfection et accomplir dans une liberté recouvrée ce que Dieu attend de lui : sa vie de foi sera cohérente avec la grâce de son baptême.

Avant toute orientation pastorale, il me paraît nécessaire de situer succinctement, ce qui constitue l'originalité de notre baptême et de ses exigences, acte d'engagement provoqué par le désir de suivre le Christ et qui ouvre à une vie de foi basée sur ce qu'a dit Jésus à ce sujet.

 

I - LE BAPTEME ET SES EXIGENCES.

A). LE BAPTEME.

Ecoutons ce que nous dit st Mathieu 28,19 :

«  Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. »

Le problème majeur aujourd'hui c'est l'existence des membres de l'Eglise qui ne sont pas des disciples, qui ne sont pas à proprement parlé des fidèles du Christ, car ils donnent une fausse représentation de la vérité. Un disciple est celui-là qui, ayant pris l'engagement à vie de suivre le Christ après une première rencontre avec le Jésus des Evangiles, accepte, pour ce faire, de passer par les eaux du baptême.

Le texte nous dit que Jésus ne passait pas beaucoup de temps à les enseigner avant de les baptiser. Mais une fois pris cet engagement, à ce moment là, il les enseignait. Cela parait tout à fait logique. Une fois prêts à s'engager en tant que disciples, après avoir entendu l'annonce de l'Evangile, alors intervient le baptême et suit l'enseignement sur ce qu'ils doivent savoir.

La réalité du baptême

Le baptême fait de nous ce que Dieu a voulu de nous depuis la création du monde. Saint Paul, en effet, dit aux Ephésiens (1,3-7) :

« Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus Christ : il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les cieux en Christ. Il nous a choisis en lui avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et irréprochables sous son regard, dans l'amour. Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ ; ainsi, l'a voulu sa bienveillance à la louange de sa gloire, et de la grâce dont il nous a comblés en son Bien-aimé : en lui, par son sang, nous sommes délivrés, en lui, nos fautes sont pardonnées, selon la richesse de sa grâce ».

En effet, par le Baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines du péché (cf. DS 1316). En ceux qui ont été régénérés il ne demeure rien qui les empêcherait d'entrer dans le Royaume de Dieu, ni le péché d'Adam, ni le péché personnel, ni les suites du péché, dont la plus grave est la séparation d'avec Dieu.

C'est donc un être revêtu du Christ, devenu un autre Christ, un être rendu conforme au Christ (cf Rm 8, 29), prêtre, prophète et roi, un être de lumière pour les nations qui entre dans la famille des chrétiens, c'est-à-dire l'Eglise. De même que l'enfant est le fruit de l'amour parental, de même le chrétien croit qu'il a été personnellement désiré par Dieu avant même d'exister et qu'il en est aimé. Lors de la cérémonie du baptême, le baptisé est comme plongé dans l'amour de Dieu pour renaître à une vie nouvelle à travers la participation à la mort et à la résurrection du Christ, et l'accueil de l'Esprit saint qui est la marque de son adoption comme fils de Dieu.

(cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique 1265) En effet, le Baptême ne purifie pas seulement de tous les péchés, il fait aussi du néophyte " une créature nouvelle " (2 Co 5,17), un fils adoptif de Dieu (cf. Ga 4, 5-7) qui est devenu " participant de la nature divine‘’ (2 P 1, 4), membre du Christ (cf. 1 Co 6, 15 ; 12, 27) et cohéritier avec Lui (Rm 8, 17), temple de l'Esprit Saint (cf. 1 Co 6, 19). La Très Sainte Trinité lui donne la grâce sanctifiante, la grâce de la justification qui le rend capable de croire en Dieu, d'espérer en Lui et de L'aimer; par les vertus théologales, elle lui donne de pouvoir vivre et agir sous la motion de l'Esprit Saint par les dons du Saint-Esprit ; par la pratique des vertus, théologale et morales elle lui permet de croître dans le bien.

Ainsi, tout l'organisme de la vie surnaturelle du chrétien a sa racine dans le Baptême qui l'incorpore à l'Église, Corps du Christ faisant de lui un membre du Corps du Christ. « Dès lors, nous sommes membres les uns des autres » (Ep. 4,25), devenus des "pierres vivantes" pour " l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint " (1 P 2, 5). Par le Baptême nous participons au sacerdoce du Christ, à sa mission prophétique et royale, nous sommes «une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour annoncer les louanges de Celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière " (1 P 2, 9). Le Baptême donne part au sacerdoce commun des fidèles.

Incorporé au Christ par le Baptême, le chrétien reçoit une marque spirituelle indélébile de son appartenance au Christ. Cette marque n'est effacée par aucun péché, même si le péché empêche le Baptême de porter des fruits de salut (cf. DS 1609-1619). Donné une fois pour toutes, le Baptême ne peut pas être réitéré.

B) LES EXIGENCES DU BAPTEME CHRETIEN

Le baptême, dans son identification avec Jésus dans sa mort, son ensevelissement et sa résurrection, est un engagement. St Paul dit à ce sujet aux Romains (6,3) :

Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie.

Si nous voulons continuer à vivre notre vie comme nous l'entendons, nous ne devrions pas être baptisés. C'est notre sentence de mort, c'est aussi notre résurrection. Notre vie ne nous appartient plus. Cela nous engage à être un disciple. En Mt.28 Jésus a dit à ses disciples ce qu'ils devaient faire en proclamant son évangile : «Allez, faites de toutes les nations des disciples Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit».

(cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique 1269) Devenu membre de l'Église, le baptisé ne s'appartient plus à lui-même (1Co 6,19), mais à Celui qui est mort et ressuscité pour nous (cf. 2Co 5, 15). Dès lors il est appelé à se soumettre aux autres (cf. Ep5, 21 ; 1 Co16, 15-16), à les servir (cf. Jn13,12-15) dans la communion de l'Église, et à être " obéissant et docile " aux chefs de l'Église (He 13, 17) et à les considérer avec respect et affection (cf. 1 Th 5, 12-13). De même que le Baptême est la source de responsabilités et de devoirs, le baptisé jouit aussi de droits au-sein de l'Église : à recevoir les sacrements, à être nourri avec la parole de Dieu et à être soutenu par les autres aides spirituelles de l'Église, (cf. LG 37 ; CIC, can. 208-223; CCEO, can. 675, 2).

Devenus fils de Dieu par la régénération baptismale, le baptisé est tenu de professer devant les hommes la foi que par l'Église, il a reçue de Dieu (LG 11) et de participer à l'activité apostolique et missionnaire du Peuple de Dieu (cf. LG 17 ; AG 7, 23).

Dans le baptisé, certaines conséquences temporelles du péché demeurent, tels les souffrances, la maladie, la mort, ou les fragilités inhérentes à la vie comme les faiblesses de caractère, etc., ainsi qu'une inclination au péché que la Tradition appelle la concupiscence, laissée pour nos combats, la concupiscence n'est pas capable de nuire à ceux qui, n'y consentant pas, résistent avec courage par la grâce du Christ. Bien plus, « celui qui aura combattu selon les règles sera couronné » (2 Tm 2, 5) (Ce. Trente : DS 1515).

Incorporés à l'Église par le Baptême, le fidèle du Christ a également reçu le caractère sacramentel qui le consacre pour le culte religieux chrétien (cf. LG 11). Le sceau baptismal le rend capable et l'engage, à servir Dieu dans une participation vivante à la sainte Liturgie de l'Église et à exercer son sacerdoce baptismal par le témoignage d'une vie sainte et d'une charité efficace (cf. LG 10).

Le baptême s'adresse à toute personne désireuse de vivre à la manière de Jésus-Christ, en recherchant plus de justice, plus de paix, plus d'amour, plus de charité.

Vivre à la manière de Jésus Christ ? Ma compatirote nous en propose une réflexion :

«  Des églises naissent et poussent à chaque carrefour. Nos chapelles ne désemplissent pas, les lieux de pèlerinage sont pris d'assaut par les chrétiens. Les veillées de prière et campagnes d'évangélisation se multiplient. Mais quel est l'impact de ce christianisme sur notre société ?

Notre christianisme ne serait-il pas un christianisme envoûtant et paralysant, sans aucun engagement pour une doctrine sociale et pour la protection de la terre? Nous assistons à un christianisme qui se complaît de résignation et qui a tendance à se bâtir avec deux mots : Alléluia amen. Et devant une action concrète à mener avec sagesse et diligence, on a vite fait de se détourner et de s'éloigner de nos responsabilités en criant : « on va mettre ça en prière ». Notre religion ne repose telle pas sur l'une des caricatures les plus grossières mais aussi les plus subtiles de Dieu, un Dieu considéré comme le magicien suprême, utile pour la satisfaction de nos besoins, le tout puissant à qui nous faisons appel lorsque nous sommes contraints de nous reconnaître impuissants ? Notre Dieu serait-il uniquement pour le bonheur de l'homme, son honnête aisance financière, son succès dans les affaires, sa bonne santé sans nous donner de prendre conscience de notre responsabilité vis à vis de la gestion de ce monde ? Certes nous ne devons pas négliger le bonheur humain, mais il s'agit tout de même d'un petit bonheur face à notre vocation. Le Dieu qui serait le garant uniquement de notre petit bonheur est un Dieu qui n'existe pas. C'EST UNE IDOLE.

Pendant que nous sommes centrés et uniquement préoccupés sur nos propres besoins, le monde va à la dérive car seule la sagesse de Dieu peut nous donner de conduire ce projet avec diligence.

Nous chrétiens d'aujourd'hui et de demain, avons à prendre pleinement conscience de notre responsabilité dans la gestion de cette terre que Dieu a pris le risque de nous confier. C'est depuis les sols dont la dégradation s'accélère qu'il nous faut essayer de dire Dieu en Jésus-Christ. Le chrétien ne peut rester indifférent là où "la terre gémit et dépérit".

Nous devons donc être de plein pied dans les questions décisives de notre temps ; soumettre l'esprit de notre temps aux exigences de notre baptême; et tout orienter de telle manière que toujours la foi soit une dynamique d'invention des solutions nouvelles et d'orientation de tout vers la parole de Dieu.

Un être humain n'a pas commencé à vivre tant qu'il n'a pas appris à s'élever au dessus des limites de ses intérêts égoïstes pour s'intéresser au bien de toute l'humanité. Que nos missions ne soient pas des démissions mais des transmissions».

Pour arriver à assumer cette mission de responsabilité de notre foi, le baptême demande d'avoir confiance en Jésus-Christ. Cette confiance se manifeste en premier lieu par la croyance en la résurrection, résurrection du Christ, résurrection de nos proches et de nous-mêmes. Cette croyance donne un sens nouveau à la vie : nous sommes amenés à passer d'une naissance à une autre naissance à la fin de notre vie terrestre. C'est cette confiance en Jésus-Christ qu'on appelle la foi.

 

II/ NOTRE FOI CATHOLIQUE

La foi est la réponse de l'homme à Dieu qui se révèle et se donne à lui, en apportant en même temps une lumière surabondante à l'homme en quête du sens ultime de sa vie. « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l'homme, car l'homme est créé par Dieu et pour Dieu qui ne cesse de l'attirer vers Lui, et en qui l'homme trouvera la vérité et le bonheur qu'il ne cesse de chercher, lit-on dans le catéchisme de l'Eglise catholique ». (Paragraphes 26-27).

Si je dis à un ami : « je crois ce que tu me dis », j'engage la confiance en sa parole. C'est la relation que j'ai avec cette personne qui est en jeu. L'origine du mot « foi » est le mot « confiance ». Avoir foi, c'est avoir confiance. Croire en Dieu, c'est lui donner notre confiance. Cela ne tient pas de la simple hypothèse.

La Bible raconte différentes histoires de personnes qui ont fait confiance à Dieu et qui y ont engagé leur vie : Abraham et Moïse par exemple. Cette confiance les fait bouger. Ils osent partir pour emprunter les chemins d'un avenir inattendu. Ils entendent un jour Dieu leur parler, leur proposer l'aventure de la foi avec la promesse d'une descendance « aussi nombreuse que les étoiles du ciel » pour Abraham (malgré sa vieillesse et la stérilité de sa femme Sarah), et d'une « terre promise » pour Moïse (qui conduira le peuple hébreu vers cette terre malgré son apparente inaptitude). Abraham et Moïse décident de répondre à un « appel » de Dieu. Ils ne font pas la sourde oreille. Ils se mettent en route malgré les difficultés.

Croire en Dieu, c'est le laisser nous accompagner vers la terre promise qui est la nôtre, autrement dit, répondre à un appel qui vient de l'intérieur et qui dit que l'avenir est à construire et n'est pas écrit d'avance. Dieu n'exclut personne de cet appel. Mais chacun reste libre de sa décision, car la foi est l'expression du rapport intime que Dieu établit, en Jésus-Christ, avec chaque croyant.

Bien des croyants furent et restent de tous les combats pour la liberté, de toutes les recherches, de tous les grands débats de leur temps, qu'ils soient religieux, sociaux ou culturels.

Pourquoi cela ? Parce que précisément la foi n'est pas quelque chose que l'on « a » ou que l'on « n'a pas ». Elle est une manière d'être, de vivre et d'aimer. La foi ne tombe pas sur la tête de l'extérieur mais se déploie progressivement dans le cœur, l'intelligence et l'être tout entier. Elle dépend autant de ce qui nous est transmis (par le crédo que nous professons, Crédo fondé sur les Saintes Ecritures et la tradition) que de notre liberté de recevoir et d'interpréter. Elle est, pour le chrétien, une relation personnelle et concrète au Dieu vivant, manifestée dans la personne de Jésus-Christ. Et cette relation ne fige rien, n'enferme pas mais au contraire suscite la vie, rend vivant, redresse, stimule, envoie.

Enfin la foi donne à penser mais surtout elle donne à espérer et à partager. Elle donne à lutter et à résister, à accueillir et à comprendre. Si nous voulons savoir en quoi consiste croire, ouvrons simplement encore la Bible. Nous nous reconnaîtrons à travers ces hommes et ces femmes qui ont cherché, avancé, hésité, qui ont erré autant qu'ils ont trouvé ; ces hommes et ces femmes qui ont vécu avec leur Dieu et leurs semblables une histoire d'amour longue et tourmentée.

« Croire » est un verbe, un acte, autant qu'une passion. Croire nous met en chemin, nous ouvre une voie. La foi fait de nous des êtres responsables. Croire c'est vivre !

 

III/ NOTRE VIE CHRETIENNE EN CETTE ANNEE PASTORALE : ENSEIGNEMENT, AFFERMISSEMENT, TEMOIGNAGE(cf. Mt 28,19).

l-.La foi catholique expression même de la foi du Christ dont la vie est toute orientée vers le Père, et qui est reçue en germe dans le baptême comme un don fait au baptisé, s'exprime par le moyen du :

Credo qui est fondé sur les Saintes Ecritures et la Tradition (Parole de Dieu confiée par le Christ et le Saint Esprit aux Apôtres, transmise intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l’Esprit de vérité en la prêchant, il la garde et la répande avec fidélité)

Crédo qui se consolide et s'approfondit par la connaissance des Dogmes et des enseignements du Magistère. (Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique 85.) La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu écrite ou transmise a été confiée au seul Magistère de l’Eglise c'est-à-dire aux Evêques en communion avec le successeur de Pierre.

 

Devant le défi que nous lance notre monde sans repère, il paraît impérieux :

d'affermir notre foi catholique en ce qu'elle a de spécifique eu égard aux exigences de notre baptême ;

et d'en témoigner d'une façon héroïque et fière.

On ne naît pas chrétien, on le devient" affirmait Tertullien, célèbre Père de l'Eglise (Apologie du Christianisme, chapitre 18). Premier sacrement de l'initiation chrétienne, le baptême est un moment essentiel dans la vie de tout chrétien, grand ou petit.

La vie chrétienne dure toute une vie. On la rêve cohérente avec ses valeurs ou ses principes. L'Evangile nous dit qu'elle est, en réalité, le théâtre de toutes les conversions. Tertullien évoquait les signes et rites qui font des baptisés les membres d'un même corps. Le baptême en est un, mais il n'est pas le seul. Nous sommes initiés par Dieu, en quelque sorte à une vie nouvelle centrée sur la résurrection du Christ, sur Pâques. On ne devient pas chrétien par le seul baptême, mais par l'entrée dans le Mystère pascal où Jésus ressuscité a donné sa vie, son Esprit, son Eucharistie.

Quel but voulons-nous atteindre en cette année pastorale ?

Affermir la foi catholique qu'exige de nous notre baptême,

- Expliciter les fondements de notre foi catholique contenue dans le Credo (Enseignement sur le Père, Fils et son mystère pascal, l'Esprit saint, la Vierge Marie, l'unicité, la sainteté et la catholicité de l'Eglise)

- Connaître l'Eglise comme Famille de Dieu, une option de l'Eglise d'Afrique qui s'inscrit dans le cadre de l'ecclésiologie de communion

-Relever l'authenticité de l'Eglise guidée par le Christ et son Esprit pour convaincre d'imposture les faux bergers, gourous et autres vendeurs d'illusion

Témoigner de cette foi selon les exigences de notre baptême.

-vivre et montrer notre identité de chrétien catholique à travers le témoignage de vie que le baptisé est appelé à rendre dans son milieu de vie afin de laisser se dire : voici ce qu'est un véritable chrétien catholique ; susciter ainsi de la part de ceux qui nous observent l'action de grâce à Dieu. Le chrétien catholique en effet est sel et lumière pour le monde.

Quelle méthode devrons-nous utiliser pour consolider et vivre notre foi catholique?

Au travers de la formation biblique, théologique, humaine et spirituelle des fidèles catholiques, avancer en eau profonde selon les Temps forts de l'Eglise et de l'année liturgique :

-Temps de l'Avent: Enseigner qui est le Père, et traiter des questions concernant le Christ et son mystère pascal (La christologie dans le Credo de Nicée - Constantinople, ou dans le symbole des apôtres) et en témoigner.

-De Noël à Carême : Faire des exposés sur la Vierge Marie en s'appuyant sur le Credo et sur l'enseignement du Concile Vatican II, les grands dogmes de l'Eglise au sujet de Marie, le catéchisme de l'Eglise catholique et en susciter des pratiques dévotionnelles.

-Temps de Carême: Traiter des questions sur les sacrements (Célébration du mystère chrétien) en soulignant le fait que par le baptême, le chrétien est prêtre, prophète et roi. C'est une exigence de son baptême qui fait de lui un autre Christ, un « aller Christus ».

-De Pâques à Pentecôte : aborder les questions sur l'Eglise : (l'unicité, la sainteté et la catholicité de l'Eglise Famille de Dieu), relever l'authenticité de l'Eglise guidée par le Christ et son Esprit et vécue à travers les doctrines et dogmes qui lui sont liés : la présence réelle, le sacerdoce ministériel, l'infaillibilité du Pape, l'état purgatoire, la confession, les indulgences ; et donner des enseignements sur le rôle de l'Esprit Saint dans la vie chrétienne (les charismes et l'organisation des ministères dans l'Eglise) dans une sorte de cheminement qui doit aboutir à la Pentecôte par l’envoi en mission.

-Temps ordinaires : Temps de la mission pour une vraie vie de chrétien catholique. Témoigner de la vie chrétienne dans son milieu de vie : c'est l'exigence de la vocation baptismale qui doit exercer un impact certain sur notre vie quotidienne : sur notre engagement professionnel, économique, syndical, socio-politique.

Cette démarche d'affermissement et de témoignage sera accessible à tous si et seulement si elle est monnayée

- D'une part sous forme d'une catéchèse homilétique assortie d'un questionnaire pour la formation continue, la réflexion personnelle ou communautaire et la mise en pratique de cet enseignement (dans les C.E.B);

- D'autre part par la formation biblique, théologique, humaine et spirituelle des fidèles catholiques au niveau de chaque paroisse ou de chaque doyenné ou de chaque vicariat épiscopal.

N.B  : A ce niveau, les prêtres devront inscrire comme priorité en cette année de s'impliquer personnellement dans la formation catéchétique aussi bien des enfants, des jeunes que des adultes. Cela sera très bénéfique pour le suivi des catéchumènes.

IV. DECISIONS :

Pour sceller d'une pierre blanche l'alliance que nous établissons avec la nouvelle année que je consacre au sacerdoce commun des baptisés, ce qui paraît au demeurant tout à fait normal pour demeurer dans la continuité avec l'année du sacerdoce ministériel, dans le but que l'année sacerdotale qui s'est achevée puisse faire son chemin dans le cœur de tous les chrétiens, soucieux de voir tous les baptisés découvrir leur identité et leur mission dans ce monde, j'interpelle chaque baptisé et moi avec vous : « Chrétien catholique, qu'as-tu fait de ton baptême et de ta foi reçue au baptême? »

Je décrète qu'en cette année, l'on célèbre solennellement au niveau paroissial la fête du baptême de Notre Seigneur Jésus Christ, en faisant de cette solennité la fête de tous les baptisés et en baptisant effectivement ce jour-là les bébés de vos paroisses au cours de la messe solennelle.

- En cette année également, je présiderai moi-même dans la cathédrale une célébration de baptême d’enfants.

- Je demande aux prêtres d’accorder un soin particulier aux baptêmes des bébés qu'ils prépareront avec minutie pour le jour de la fête du baptême de Jésus.

Enfin, dès cette rentrée pastorale, le conseil épiscopal, le conseil presbytéral, et le conseil pastoral, sous la houlette des vicaires généraux, amorceront des réflexions en vue d'établir les lineamenta à vous soumettre en vue d'un synode diocésain qui nous permettra de poser les nouveaux jalons, de tracer de nouveaux sillons pour une pastorale d'ensemble dans tous les domaines de notre vie ecclésiale.

Ceci étant, (quae cum ita sint) je déclare ouverte la nouvelle année pastorale et vous envoie tous dans le champ du Seigneur pour approfondir et vivre notre foi catholique face aux exigences de notre baptême.

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