AIMER LA VIERGE MARIE Intercession de Marie à Cana Par P. Hippolyte AGNIGORI
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Jn 2,3-4
A Cana, on sent la finesse dans l’intercession de la Sainte Vierge Marie auprès de Son Divin Fils.
Sans doute devait-elle être non pas avec les mariés et leurs proches réunis autour des tables, mais avec les femmes qui préparaient les plats dans les coulisses, qui servaient les convives : cela convenait à la Mère de Celui qui est venu “non pas pour être servi, mais pour servir” ; aussi put-elle être la première à s’apercevoir que le vin manquait. Quelle humiliation cela va provoquer pour ceux qui ont lancé les invitations, sans doute en trop grand nombre !
Marie se glisse derrière son Fils ; elle lui souffle à l’oreille une confidence qu’elle veut cacher aux convives qui en seraient gênés, au maître de maison qui en serait humilié. Cinq petites syllabes : “Ils n’ont plus de vin !” C’est tout. Et cela suffit, elle le sait, pour que le Seigneur trouve une solution.
Marie connaît, pressent nos nécessités, avant même que l’on ait besoin de les lui exprimer. Cette attitude d’anticipation témoigne de l’instinct maternel de la Sainte Vierge qui désire toujours la joie des enfants de Dieu. Et aux noces de Cana, Notre Seigneur Jésus, en se pliant divinement au souhait de sa mère reconnait la véracité du ‘’fiat’’ de la Vierge Marie : je suis la servante du Seigneur. Elle ne s’impose pas à son Fils, elle présente le besoin et s’efface. Elle respecte toujours la volonté de Dieu. Elle n’a pas un pouvoir d’exaucement – puisqu’elle n’est pas Dieu – mais un service de ‘’présentation’’ puisqu’elle est du côté des hommes. Saint JeanPaul II dira dans cette veine qu’ « à Cana, Jésus reconnaît non seulement la dignité et le rôle du génie féminin, mais en acceptant l'intervention de sa Mère, il lui offre la possibilité de participer à l'œuvre messianique.»1
A Cana, le cœur de Jésus est ému devant cette servante si douce qui ne retient rien pour elle-même mais qui présente tout à l’Unique Médiateur entre Dieu et les hommes (Jésus). Marie reconnait simplement que sa médiation est subordonnée à celle de Son Divin Fils 2 car elle n’est pas Dieu.
1 Jean Paul II, Catéchèse sur le Credo, 5 mars 1997.
2 Dans sa charité maternelle, Marie s'occupe, jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à la félicité de la patrie, des frères de son Fils qui sont encore des pèlerins et qui sont en butte aux dangers et aux misères. Aussi la bienheureuse Vierge est-elle invoquée dans l'Eglise sous les titres d'Avocate, d'Auxiliatrice, d'Aide et de Médiatrice(16). Tout cela doit pourtant s'entendre de manière qu'on n'enlève ni n'ajoute rien à la dignité et à l'action du Christ, seul Médiateur .
En fait, aucune créature ne peut jamais figurer sur le même plan que le Verbe incarné, notre Rédempteur. Mais, de même que les ministres sacrés et le peuple fidèle participent, selon des façons variées, au sacerdoce du Christ, et que la bonté unique de Dieu est réellement répandue selon une grande variété de manières, dans les créatures, de même également la médiation unique du Rédempteur n'exclut pas, mais suscite plutôt chez les créatures une coopération variée, qui provient de la source unique.
C'est cette fonction subordonnée de Marie que l'Eglise n'hésite pas à professer, dont elle fait continuellement l'expérience et qu'elle recommande à la piété des fidèles, pour que, soutenus par cette aide maternelle, ils s'attachent plus étroitement au Médiateur et Sauveur. ( Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, § 62 )