Vendredi 05 juillet 2024
Comprenons bien cet évangile : le publicain est un homme appartenant au peuple d’Israël chargé de collecter l’impôt pour l’occupant Romain en y ajoutant au gré de ses besoins la part de ses revenus. C’est un homme peu considéré généralement, et l’on devine pourquoi. Il ponctionne les revenus et travaille pour un occupant, mais en plus ce serviteur des finances romaines contribue à la prospérité d’une nation païenne et ses cultes. Il se compromet ainsi dans l’impureté et devient un homme infréquentable aux yeux des juifs pieux comme les pharisiens. On comprend que le publicain n’est pas un homme « simple » comme un pécheur du Lac mais une personne peu considérée. Pourtant Jésus l’appelle, sans attendre un mot de remords ou de contrition… La concision du récit ne nous permet nullement d’entendre une parole de conversion. Tout est dit en deux mots : ‘suis-moi’ et un geste : Matthieu quitte son bureau pour suivre Jésus. Ce relèvement exprime sa foi, sa conversion, sa guérison. Et il n’a suffit que d’une parole.
Pour les pharisiens, tout homme pécheur est appelé à se convertir, à faire œuvre de contrition devant Dieu, au Temple, par des sacrifices et des bains de purification. Dès lors ensuite, il rejoint la table des croyants. Les sacrifices précèdent la communion. Mais Jésus n’a pas attendu. Les pécheurs à sa table sont déjà guéris, non en raison de rites, mais en raison de sa Parole qu’ils ont écoutée et qui les a rassemblés.Encore une fois, le Temple est relégué en arrière-plan. Jésus a déjà remis les péchés en lieu et place de sacrifice, et voilà qu’il récidive encore. Sa maison, symbole de l’avènement de son règne, est une maison de miséricorde. L’action du Christ et de Dieu précède maintenant l’action du repenti, ou plutôt qui suscite le repentir. Son appel, sa voix est celle qui vient déjà relever. Il y a là une réelle nouveauté.
Père Hippolyte AGNIGORI,
Curé de St Jean-Paul II de Cocody-Angré 8e tranche