Dimanche 27 décembre 2020 Fête de la Sainte Famille

Homélie

La Sainte Famille, Source de bénédiction de toutes les familles

Frères et sœurs très chers, après avoir célébré dans l’allégresse la Nativité du Seigneur, nous sommes invités à accorder une attention particulière à l’égard de la Sainte Famille de Nazareth de Jésus, Marie et Joseph. Mon propos aura deux points : la Sainte Famille comme modèle de toute famille pieuse; la Sainte Famille, modèle de toute famille solidaire.

Cellule de base de toute société et appréhendée comme lieu d’humanisation de l’homme la famille est la matrice de toute société et lieu de maturation au sein de laquelle l’homme découvre son identité propre et développe ses capacités à vivre dans la société comme un être-en-relation-avec. La famille reste et demeure le centre existentiel de l’Homme. Tout se décide en son sein : le processus de procréation, le mariage, les rites initiatiques, le partage des terres, la vie économique. Elle est par conséquent le premier lieu de socialisation de l’individu puisque c’est en son sein que sont enseignées les valeurs sociales et religieuses [1] telles que les liens de parenté et de filiation, le respect, la responsabilité, le dialogue, la fidélité, l’honnêteté, la modestie, le pardon, la vérité, la justice, le respect du bien commun, la prière et la communion à la divinité ou aux divinités ainsi qu’aux ancêtres. Aussi au sein de l’institution familiale, tout homme s’épanouit-il et atteint son statut d’homme. En Afrique, l’on dit souvent qu’on naît homme mais on le devient davantage par la médiation de la famille. Ainsi, la famille est le « lieu naturel le plus efficace d’humanisation et de personnalisation de la société[2]. » Elle est le lieu existentiel de l’homme et le berceau de son devenir. Car ce qu’on est ou ce qu’on est devenu dépend étroitement en grande partie de l’éducation reçue dans la cellule familiale. En d’autres termes, la manière d’être et de vivre en société est fondamentalement tributaire de l’éducation de base familiale en plus des diverses circonstances de la vie capables de façonner un individu. Ou encore, savoir vivre, savoir être et savoir se comporter en société ne s’apprennent pas par les livres mais à l’école de la vie qui est à situer à l’intérieur de la réalité familiale. Elle permet ainsi à l’adulte d’acquérir une certaine stabilité, un certain savoir-faire et savoir-être et surtout un savoir-vivre-ensemble avec les autres.

1.      La Sainte Famille de Nazareth, modèle de toute famille pieuse.

La Sainte Famille de Nazareth, de Joseph, Marie et Jésus, présente les mêmes traits que ceux de toute famille juive de son époque. Famille ordinaire, elle a conscience d’appartenir au peuple élu. Elle respecte les normes de la Loi telles que la circoncision de Jésus (cf. Luc 2, 21), la présentation de Jésus au Temple (cf. Luc 2, 22-39), la pratique du pèlerinage annuel à Jérusalem (cf. Luc 2, 41). Elle est présentée comme l’idéal de toute famille humaine en raison de ses traits essentiels que sont la piété et l’union-solidarité entre autres.

Le concept de Sainte Famille est déduit du Nouveau Testament car il n’y apparaît pas explicitement. Mais il renvoie à la notion d’une famille pieuse, attachée de manière fervente et respectueuse à Dieu. D’abord, Jésus, conçu sous l’action de l’Esprit Saint est déclaré « Fils du Très-Haut » (Luc 1, 32). Ensuite, Marie reçoit de la part de Dieu l’extraordinaire annonce qu’elle serait la mère du Sauveur (cf. Luc 1, 31.35 ; 1, 42). Humble servante du Seigneur, elle a trouvé grâce à ses yeux (cf. Luc 1, 28.38 et 48). Marie conservait et méditait dans son cœur tous les évènements vécus (cf. Luc 2, 19.51). Enfin, Joseph est qualifié d’« un homme juste » (Matthieu 1, 19) et à l’écoute de Dieu (cf. Matthieu 1, 20-24 ; Matthieu 2, 13-14.20-21). En outre, il est écrit dans l’évangile de Luc que la famille de Joseph, Marie et Jésus accomplissait le pèlerinage annuel à Jérusalem (cf. Luc 2, 41). Joseph et Marie y emmenèrent Jésus dès l’âge de douze ans (cf. Luc 2, 42). Ainsi, à l’image de la Sainte Famille, toutes les familles chrétiennes doivent avoir la conscience d’être enracinées en Dieu qui en est le socle ou la fondation, d’être à l’écoute de sa Parole méditée entre parents et enfants, d’effectuer son rassemblement dans la maison du Père qu’est l’Eglise pour la célébration de l’Eucharistie. Que nos familles deviennent des lieux de prière. Il est important qu’au sein des familles, l’on détermine un temps pour la prière familiale. Toutes les familles qui en font l’expérience peuvent témoigner de la puissance de la prière familiale qui est Source de Protection et de Bénédiction. Car une famille qui est enracinée en Dieu est solide et fidèle. Mais une famille qui renie Dieu, qui ne lui accorde aucune place, vacille et s’écroule à la moindre difficulté.

2.      La Sainte Famille, modèle de toute famille solidaire.

Les évènements vécus dès la conception et l’enfance de Jésus sont un témoignage de l’esprit de solidarité présent au sein de la Sainte Famille. En effet, dès la naissance de Jésus, la Sainte Famille doit fuir son pays et se réfugier en Égypte du fait de l’animosité d’Hérode envers l’Enfant-Jésus (cf. Matthieu 2, 13-15). Les épreuves ont forgé et consolidé l’unité et la solidarité de la Sainte Famille, faisant d’elle le modèle de toutes les familles de la terre. La famille est l’Eglise domestique, c’est-à-dire le lieu primaire où Dieu se manifeste et agit. Par conséquent, ses membres doivent dans l’amour, dans l’union et la solidarité, habités par la même foi en Jésus-Christ. Car, comme le dit Paul dans son épître aux Galates : « […] Tous, vous êtes, par la foi, fils de Dieu, en Jésus-Christ. Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ » (Galates 3, 26-28).

Cette solidarité se manifeste par la parenté responsable dans l’éducation des enfants et dans la vérité. L’éducation des enfants incombe en premier aux parents. Ils sont les premiers éducateurs de leurs enfants. L’Etat et l’Eglise viennent en appui en mettant en place des politiques favorisant la prise en charge des enfants. C’est en cela que Marie pourra exprimer son inquiétude à Jésus retrouvé trois jours après en Luc 2, 41-52. Que les parents n’aient pas peur de dire la vérité à leurs enfants. Il y a trop d’enfants-rois, d’enfants qui n’ont que des droits, qui manipulent leurs parents et à qui on donne tout et à qui on excuse tout. Car certains parents ont démissionné de leur responsabilité parentale. C’est l’enfant qui dicte sa loi, qui fait la pluie et le beau temps à la maison au gré de ses humeurs et caprices. Or en Luc 2, 51, il est écrit que l’enfant Jésus était soumis à ses parents. Mais en retour, les parents doivent accepter à leur tour toute vérité objective qui sort de la bouche des enfants. Telle est l’attitude de Jésus qui fait savoir à ses parents Marie et Joseph qu’il doit être aux affaires de Dieu son Père en Luc 2, 41-52. Les parents doivent aider et accompagner leurs enfants da la réalisation de leur vocation.

Que nos familles deviennent à l’image de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, des lieux d’un témoignage vrai et authentique de la Parole de Dieu, de l’Amour de Dieu vécu et partagé, de la Communion entre tous et de l’éducation de la Foi de nos enfants.

Que Dieu bénisse toutes nos familles ; qu’il consolide celles où règnent l’harmonie ; qu’il fortifie les familles en difficulté et qu’il donne la joie de la naissance d’un enfant aux couples qui en espèrent.

Bonne fête de la Sainte Famille. Bonne fête patronale à tous les paroissiens et paroissiennes de la Sainte Famille de la Riviera 2 qui ouvrent solennellement ce dimanche, les festivités marquant les 40 ans d’existence de leur paroisse, la paroisse de « La Joie de Vivre ».

Père Sylvain du Saint Nom de Jésus, Vicaire, Paroisse Sainte Famille Riviera 2

 

 

 



[1] A. B. C. OCHOLLA-AYAYO, « La famille africaine entre tradition et modernité », dans Aderanti ADEPOJU, et al. : « La famille est l’unité sociale de base au sein de laquelle sont communiquées aux jeunes membres de la société les normes et les valeurs, les croyances et la connaissance, ainsi que les compétences utiles au quotidien. », La famille africaine..., p. 84.

[2] Francis APPIAH-KUBI, Église, famille de Dieu : Un chemin pour les Églises d’Afrique, Karthala, 2008,p. 111.

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