CELEBRATION DIOCESAINE DE LA FETE DE LA SAINTE FAMILLE

CELEBRATION DIOCESAINE DE LA FETE DE LA SAINTE FAMILLE
A LA CATHEDRALE SAINT PAUL
Dimanche 27 décembre 2009
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Frères et sœurs,
Il y a de cela trois jours, au cœur de la nuit, dans une mangeoire pour animaux, en pleine campagne, loin des lumières des habitations des hommes, un cri très doux s’est fait entendre. C’était un cri d’enfant qui remplissait ses poumons tout neufs d’air frais, un cri d’enfant qui n’a réveillé personne et qui pourtant, va bousculer le monde et résonner jusqu’aux extrémités de la terre et du temps.
Là-bas à Bethleem, un petit enfant naissait, un sauveur nous était donné, ses bras nous étaient tendus.
Le Père nous donnait son Fils en nous suppliant de nous en charger. La Vierge, quant à elle, ne le mettait au monde que pour le donner au monde. Dieu venait ainsi de visiter notre terre.


Ainsi naquit le Divin enfant. A la joie des anges du ciel qui célébraient l’heureux événement, s’est mêlée la nôtre, joie faite de danses, de chants d’allégresse, d’hymnes à la louange notre Dieu qui a daigné prendre notre condition humaine, pour se faire l’un de nous. Joie d’une mère certes, mais également, joie de toute l’Eglise, joie de notre monde si souvent en proie aux vicissitudes de la vie.
Cette joie, l’Eglise notre mère a voulu la continuer, en ce jour, par la célébration de la fête de la Sainte famille de Nazareth, dont la grandeur consiste en ce qu’elle est la pépinière du monde nouveau, de la famille divine que Dieu veut faire naître parmi nous.
Venus de toutes les paroisses de notre archidiocèse, vous répondez présents à l’appel que Dieu vous lance. Merci de nous retrouver si nombreux, dans cette cathédrale Saint Paul, notre église-mère, pour célébrer la Sainte Famille, d’où est né Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Sauveur, Lui, le Fils du Dieu vivant.
Frères et sœurs,
Comme nous tous, l’Enfant-Jésus a eu besoin d’une famille lui aussi. C’était une famille ordinaire qui ressemblait sans doute aux nôtres. Et justement, en cette fête de la Sainte Famille, l’Eglise ne peut manquer de nous proposer l’humble famille de Nazareth comme exemple, l’icône même que nos familles doivent contempler et imiter pour être à leur tour, une Eglise domestique, un espace où l’Evangile est transmis et d’où il rayonne, le lieu où tous les membres forts de leur foi, évangélisent et sont évangélisés.
La famille devient alors la cellule vitale de la société et le lieu où l’on apprend à connaître l’amour, la fidélité du Seigneur et la nécessité d’y correspondre. Car, à la vérité, c’est dans l’amour conjugal et familial que s’exprime et se réalise la participation de toute famille à la mission sacerdotale de Jésus, l’éternel prêtre, et de son Eglise.
Cette mission, pour être menée à bien, nécessite pour nous d’en connaître le contexte.
1 – Le contexte de la mission aujourd’hui
Doit-on encore parler de la famille au singulier quand on voit tout autour de nous, l’extrême diversité des modèles familiaux : familles monoparentales, familles recomposées, familles à fidélités successives, et sous d’autres cieux, ‘‘familles’’ homosexuelles revendiquant un statut légal.
Aujourd’hui, nos familles font face à un ébranlement des esprits avec tous les désordres moraux dans lesquels se complaisent nos contemporains. Elles baignent dans un certain hédonisme ambiant, savamment orchestré par les moyens de télécommunications sociales (cinéma, télévision, vidéocassettes, photos-romans érotiques), révélant par là que l’on a perdu ou que l’on a jamais compris la signification véritable de l’amour.
Peut-on objectivement passer sous silence les violences conjugales, les nouvelles formes de polygamies qui ne disent pas leur nom, et qui ont pour conséquences l’absence du domicile conjugal et un nombre grandissant d’enfants adultérins. Des pères de familles qui s’inventent toujours des missions à n’en point finir et qui se révèlent enfin de compte, incapables de subvenir aux besoins de deux familles ?
Il est bon de remarquer que les difficultés économiques auxquelles sont confrontées nombre de nos concitoyens poussent certains parents à rechercher davantage de moyens pour subvenir aux besoins de leurs progénitures. Cela les emmène très souvent à être les premiers levés et les derniers couchés. C’est à peine s’ils voient leurs enfants dont l’éducation est alors confiée à la servante si ce n’est à un hypothétique répétiteur.
Ainsi, les enfants sont abandonnés à eux-mêmes et comme pour combler cette absence, certains parents donnent beaucoup d’argent à leurs enfants pour qu’ils soient à l’aise. Le moindre de leurs désirs, le moindre de leurs caprices est pris pour un ordre qu’il faut exécuter, si l’on veut éviter des crises dans la famille. Dans ces conditions, il est tout à fait normal que les enfants échappent de plus en plus au contrôle de leurs parents.
Par ailleurs, c’est très souvent que le dialogue est rompu soit par la faute des parents eux-mêmes, soit par celle des enfants. En règle générale, c’est le conflit. En effet, adultes, nous croyons tout savoir. Nous avons fait le tour des choses. Nous avons repéré ce qu’il fallait dire, faire, croire. Et nous pensons qu’il n’y a plus qu’à le transmettre, à le faire passer pour que tout soit en ordre. Et à l’heure des incompréhensions, l’on s’interroge : comment des parents peuvent-ils accepter d’être dépossédés de leurs certitudes ? N’ont-ils pas acquis un droit sur ceux qu’ils ont engendrés, auxquels ils ont sacrifiés leur temps, leur peine et leur argent ?
Quant aux parents moins nantis, c’est souvent que beaucoup démissionnent eux aussi lorsqu’ils font des enfants et n’en prennent pas soin en leur disant : ‘‘tu es assez grand, débrouilles-toi’’, avec tout ce que cela peut avoir comme connotation péjorative. Les conséquences de cette désorganisation de nos familles parlent d’elles-mêmes : difficultés scolaires, délinquance des adolescents, prostitutions, vols etc…
Et pourtant, devant ces modèles pas toujours reluisants, il nous faut affirmer qu’il ya un optimal à rechercher pour le bonheur de tous et de chacun et que la famille étant le lieu d’une attente considérable, il en résulte, que notre monde a besoin de modèles sur le plan de la famille comme dans bien d’autres domaines.
Devant donc toutes ces menaces qui pèsent lourdement sur la famille, il me paraît urgent, que les familles reviennent à leur mission.
2 – La mission
Dans l’évangile, après avoir retrouvé Jésus, Joseph et Marie, tout en admettant en profondeur que l’enfant leur échappe, ne renoncent pas pour autant à leur tâche d’éducateurs et ils reprennent avec Lui, la vie de tous les jours.
Chers parents,
Le sacerdoce baptismal dont vous êtes revêtus, demande de passer d’un amour imparfait et souvent marqué par le péché, à un amour qui est don de soi. Aussi, nos familles doivent-elles s’engager dans l’amour véritable qui se manifeste par :
- Un amour exclusif du conjoint
- Un amour fidèle dans le temps et qui exige l’indissolubilité du lien entre l’homme et la femme
- Un amour réciproque dans l’égalité de dignité et de responsabilité et où chacun respecte l’autre, devient serviteur de l’autre comme Jésus-Christ, qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir.
- En somme, il s’agit de mener une vie familiale dans la fidélité, le pardon réciproque et l’amour authentique.
Pour ce faire, il faudra que nos familles soient fortes avec d’autres familles dans le cadre d’association comme l’AFC, l’AFEC, et avec les groupes de prières ici présents. C’est là, l’un des messages de Saint Paul. La vision que Paul a de la famille est marquée par l’enseignement de Jésus sur la nouvelle famille, c’est-à-dire, sur le groupe des disciples devenus frères, sœurs, mères, parce que partageant une même foi.
Dans cette perspective, l’unité de la famille n’est plus simple solidarité naturelle. La relation de l’enfant aux parents n’est plus alors faite de dépendance à sens unique et où les adultes avaient tous les droits. L’autorité des parents devient alors une autorité de service.
De même, nous prêtres, religieux et religieuses, devons apporter notre soutien aux familles surtout dans le témoignage. Nous ne devons pas craindre de manifester clairement nos propres choix de vie, par des efforts constants de fidélité à nos engagements. La fidélité à l’engagement du célibat est un témoignage de vie qui édifie et encourage les familles dans leur propre cheminement. Le célibat pour le Royaume et le mariage sacramentel se complètent efficacement pour la construction du Royaume.
En terminant, je voudrais souhaiter une bonne fête à toutes les familles ici présentes et particulièrement aux mariés de l’année 2009. Je vous bénis tous et implore pour vous, pour vos familles, pour vos enfants, une nouvelle abondance de grâces divines, par l’intercession de Saint Jean Marie Vianney et de Saint Paul !


+ Jean Pierre KUTWÃ
Archevêque d’Abidjan.

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