BÉNÉDICTION DU GRAND BÂTIMENT Paroisse Saint Jacques des II Plateaux

HOMÉLIE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ

ARCHEVÊQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA BÉNÉDICTION DU GRAND BÂTIMENT

Paroisse Saint Jacques des II Plateaux

Abidjan le 18 novembre 2012


Chant : Il me soutient, Il est mon rempart, Il conduira toujours mes pas, ma vie est en Jésus, je sais qu’en Lui je suis victorieux. (Bis) L’orage viendra, le vent soufflera, les soucis m’accableront, toujours Il me soutient, toujours Il combattra, Jésus est présent, je ne crains rien, ma vie est en Jésus, je sais qu’en Lui je suis victorieux (Bis).

Excellence Mgr Pierre Marie COTY, Evêque Emérite de DALOA

Excellence Monseigneur Boniface ZIRI, Evêque d’ABENGOUROU

Révérends Pères,

Révérendes sœurs,

Chers frères et sœurs en Christ,

Chers auditeurs de Radio Espoir


Ce chant que nous venons d’exécuter, a un double mérite à mon sens. D’une part, il veut nous rassurer et avec nous, tous ceux et celles qui pourraient se laisser aller au découragement, non seulement face aux situations catastrophiques décrites dans les lectures de ce jour, mais aussi, tous ceux qui sont en proie aux souffrances les plus inimaginables dans le quotidien de leur existence. D’autre part, ce chant nous redit avec force conviction, que le Christ sera toujours notre rempart et ce, quand l’orage viendra, quand le vent soufflera, quand les soucis nous accableront. Quelle chance pour nous aujourd’hui d’entendre ces paroles d’espérance!


A propos d’espérance, il me vient à l’esprit, l’invitation qui m’a été faite ici, dans cette même église, le mardi 27 mars dernier, lors de ma visite pastorale, invitation à venir inaugurer le grand bâtiment qui trône majestueusement à l’entrée de votre paroisse, alors que les travaux n’étaient pas encore terminés. C’est que vous croyiez dure comme fer, que vous parviendriez à conduire jusqu’à son terme, votre projet d’achever ce bel édifice, avant la fin de l’année civile.
Et vous y êtes parvenus ! Vous avez relevé le défi que vous vous êtes lancés. Aujourd’hui, soit quatre années après le démarrage des travaux en septembre 2008, nous nous retrouvons, devant ce grand bâtiment, symbole de votre foi inébranlable en Jésus. Vous avez tenu le pari, et je puis vous dire que je suis fier de vous ! D’ailleurs, pouvait-il en être autrement quand on sait que de nouveaux horizons s’ouvrent toujours pour ceux qui savent puiser profond dans la confiance en Dieu. Ce bâtiment que je vais bénir à une histoire qu’il n’est pas superflu de rappeler.

1- Histoire d’un bâtiment.


Le 6 juillet 2008, s’est tenue au Grand Séminaire Saint Cœur de Marie d’Anyama, la réunion bilan de l’année pastorale2007-2008 de votre paroisse Saint Jacques des II Plateaux . Il en a résulté que la paroisse qui marchait vers ses trente années d’existence, s’était grandement détériorée. Du constat qui précède, des travaux de réfection s’imposaient afin que la paroisse retrouve son lustre d’antan. Ces travaux portaient entre autre sur la réhabilitation et la transformation de trois bâtiments rez-de-chaussée, en un seul et unique grand bâtiment à usage de salles de catéchèse et d’une salle polyvalente, pour ne citer que ce qui fait l’objet de notre joie de ce jour.


Le 17 juillet de cette même année, le Curé d’alors, le Père SEKA Pascal Thaddée, m’avait adressé un courrier, non seulement pour me tenir informé de la situation mais aussi, pour solliciter un rendez-vous avec son Conseil paroissial, afin de me demander l’autorisation de réaliser lesdits travaux. Ce à quoi j’ai répondu favorablement, en les invitant à une réunion de travail le mardi 22 juillet de la même année, à 18 heures. Ce qui fut fait.


Mais déjà à cette époque, on pouvait à raison s’interroger sur l’opportunité d’une telle entreprise, quand on sait la mauvaise conjoncture économique que traversait notre pays. Où trouver les moyens nécessaires et suffisants pour mener à terme un tel projet? Sur qui compter, quand on savait que la crise n’avait épargné personne et que beaucoup de familles peinaient à joindre les deux bouts ? Seul Dieu, maître du temps et de l’histoire, pouvait donner une réponse sûre, claire et sans ambigüité à toutes ces interrogations. Ce jour n’est donc pas un jour comme les autres car, ce nouveau bâtiment inaugure pour votre paroisse et pour chacun de vous, un nouveau départ, une ère nouvelle ! Comment donc ne pas louer un tel Maître qui vous assure de sa présence aimante et fortifiante ?
Chant : comment ne pas te louer, éhé, comment ne pas te louer éhé, comment ne pas te louer, éhé, Seigneur Jésus.


Oui, à Celui qui siège sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et domination pour avoir permis que sorte de terre, ce bel édifice qui comprend 18 salles, 2 chambres et un bureau. Je crois fermement que ce bâtiment arrive à son heure, car avant lui, la paroisse Saint Jacques donnait comme une impression d’inachevée, tant l’ancien bâtiment jurait avec l’architecture de votre église paroissiale. Voici désormais une œuvre qui cadre bien avec elle !


En outre, ils sont nombreux, ceux et celles, prêtres, religieux et religieuses, fidèles laïcs du Christ, hommes et femmes, adultes, jeunes et enfants, qui pourraient trouver dans cette œuvre, matière à satisfaction. Pour tous, j’implore une nouvelle abondance de grâces divines ; que la main puissante de Dieu vous assure succès et paix dans toutes vos entreprises ; que par l’intercession de la Vierge Marie et de Saint Jacques, Dieu vous prenne en grâce et vous bénisse toujours !


Indéniablement, la construction de ce bâtiment est un acte de foi qu’il faut souligner à sa juste valeur. Mais, il me plaît de m’interroger avec vous et ce sont les lectures que la liturgie de ce jour nous propose qui m’en offrent l’occasion.


2- Notre vie a-t-elle encore un sens aujourd’hui ?


Frères et sœurs,


Avec ce 33ème dimanche du temps ordinaire de l’année B, c’est la fin de l’année liturgique qui approche et les lectures de ce jour laissent apparaître clairement, la question de la fin des temps. Dès lors se posent pour nous les seules questions vraiment intéressantes : où allons-nous ? Pourquoi ce défilé rapide des semaines et des mois ? Pourquoi cet enfant hier devient-il si vite un adulte demain, et un vieillard après-demain ? Pourquoi ces rides apparaissent-elles malgré les crèmes rajeunissantes ? Quel est le but de la vie ? Le monde a-t-il un sens, une destination, une finalité ?


Les scientifiques ne peuvent répondre à ces questions. Ils observent le présent, mais ils ne possèdent pas la clé de cet avenir énigmatique, là où certains chrétiens répondent en soutenant que nous sommes sur terre pour vivre honnêtement, aimer Dieu et notre prochain, et ainsi, mériter la vie éternelle ! Mais cette réponse ne peut être pleinement satisfaisante parce que le but de la vie, n’est pas d’abord d’aller au paradis. Non ! Le but de la vie, de toute vie, consiste à faire, un jour, la rencontre merveilleuse et désirée avec le Tout-Autre, avec son Fils unique Jésus-Christ ! Là, est la clé de l’énigme, le sens réel et concret de la vie de tout homme.
Dans l’évangile de ce jour, une question posée à Jésus à propos du temple de Jérusalem Lui donne l’occasion de brosser une fresque des événements à venir. Il le fait en utilisant le style apocalyptique des prophètes de l’Ancien Testament avec des images fortes, poussées à l’extrême : des perturbations dans la nature, l’angoisse grandissante chez les humains, le temple de Jérusalem à nouveau profané.


Mais, à la question posée, Jésus ne répond pas avec précision sur la date de ces événements. Il donne seulement quelques signes tout en demandant à ses disciples de rester vigilants, de ne pas se laisser berner par les idéologies à la mode.


3- Malgré les signes des temps, savoir rester vigilants !


Frères et sœurs,
Rester vigilants et ne pas se laisser berner, voici l’invitation que je voudrais vous adresser à l’occasion de l’inauguration de ce bâtiment. En effet, on aurait vite fait de tomber dans l’autosatisfaction, si l’on considère le délai relativement court qui a présidé à la réalisation de cet édifice. Mais ce bâtiment lui-même, ne vous interroge-t-il pas dans une certaine mesure? Après avoir consenti beaucoup de sacrifices à construire cette maison faite de pierres, quels sont les sacrifices que nous sommes prêts à faire pour construire nos vies ?


Vous savez certainement que tout le monde est touché par des tentations multiples : celle d’abuser de son pouvoir, de briller et d’être considéré, de goûter la joie narcissique et infantile de dominer, d’user de son pouvoir pour séduire, s’enrichir, se servir. Aujourd’hui plus qu’hier, nos actes de tous les jours, sont-ils conformes à notre foi ? Nos cœurs sont-ils suffisamment ouverts à une authentique compassion ? Je sais que marcher à contre-courant n’est pas toujours facile mais les croyants que vous êtes, doivent malgré tout persévérer dans la foi, faire confiance à l’Esprit Saint et annoncer sans crainte la Bonne Nouvelle. Je vous invite donc à être des porteurs d’espérance, annonciateurs d’une ère nouvelle malgré les signes des temps!


Le message contenu dans les lectures de ce jour ne doit pas être accueilli comme un message de catastrophe mais comme un appel à l’espérance dans une période de catastrophe. En effet, au sein des bouleversements décrits dans l’évangile, demeure jusqu’au bout, le recours d’accueillir le Fils de l’Homme. Remarquez que dans l’évangile, le Christ ne nous laisse pas sur une perspective triste et fermée. Il nous dit que ce monde est un monde qui passe, parce qu’il est un monde en genèse, mais un monde qui fonce vers l’avenir.


A la vérité, les textes de ce jour nous invitent à avoir les yeux fixés sur le projet final de Dieu. Pour ce faire, nous ne devons pas nous arrêter aux aspects apocalyptiques des lectures de ce jour, au point d’en oublier le merveilleux dessein de Dieu pour notre humanité, car tous ces événements sous leur aspect dérangeant, sont annonciateurs d’une ère nouvelle. Si Jésus ne nous prédit pas une société paisible, Il ne nous enlève pas pour autant l’espérance. Il sait bien que nous sommes faits pour le bonheur, pour l’épanouissement, voire le succès.


Oui frères et sœurs, nous avons vécu des temps douloureux et catastrophiques avec des conséquences dramatiques et pour nos populations, et pour notre pays. Nous avons frôlé à plusieurs reprises et dans une certaine mesure, ‘‘la fin des temps’’. Tous autant que nous sommes, nous avons touché le fond de la souffrance, de la détresse. Mais au cœur de tout cela, vous avez trouvé, dans la foi et avec le Seigneur, les ressources nécessaires pour achever la construction de votre bâtiment.
Chrétiens de Saint Jacques, vous êtes formidables ! Je vous engage désormais à faire fi des suppositions sur la fin du monde. Toutes ces suppositions ne sont que pure fiction ! Finirions-nous congelés lors d’une soudaine période glacière ou grillés par une soudaine explosion solaire ? L’homme fera-t-il sauter la planète en jouant à l’apprenti sorcier avec les armes nucléaires ? Finalement, peu importe. Ce qui importe à mon sens, c’est d’accomplir chaque jour davantage, avec courage, abnégation et foi, ce que notre devoir nous commande et permettre ainsi à une nouvelle espérance de naître!


4- N’ayez pas peur, entrez dans l’espérance!


Il serait dommage que le côté spectaculaire des images apocalyptiques de cet évangile occulte la formidable espérance contenu dans cette page de l’évangile car en vérité, la fin des temps tient plus de l’apothéose que de la catastrophe car l’apparition des bourgeons et des feuilles est le signe indubitable que l’été est proche et non l’hiver. L’été, c’est la chaleur et la saison des fruits tant attendus. Oui, Dieu a pour nous un plan merveilleux, Lui qui nous redit : ‘‘n’ayez pas peur, entrez dans l’espérance!’’


Entrons dans l’espérance, car l’Esprit de Jésus travaille déjà le monde, continue son œuvre de transformation pour le façonner dans l’amour et l’unité. Entrons dans l’espérance, laissons de côté la peur de l’avenir, de nos profondes faiblesses, de nos vulnérabilités, de nos fragilités liées à notre condition mortelle ! Oui, entrons dans l’espérance, car le Christ vient par sa grâce au-devant de notre désir de le rencontrer à chaque célébration de l’Eucharistie. Oui, n’ayez plus peur, car Christ est avec nous, aujourd’hui, demain et dans les siècles sans fin. AMEN !


Chant : Christ est avec moi, je n’ai plus peur, Christ est avec moi, je n’aurai plus peur (Bis) Il est là, près de moi, tous les jours Il est avec moi (Bis).


Bonne fête à tous et à toutes !

+ Jean Pierre KUTWÃ

Archevêque d’Abidjan

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