ADRESSE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA RENCONTRE DIOCESAINE AVEC LES JEUNES DE L’ARCHIDIOCESE D’ABIDJAN

Paroisse Notre Dame de l’Incarnation de la Riviera Palmeraie Lundi 13 Juin 2011

Révérends Pères,

Chers Pères aumôniers,

Révérendes sœurs,

Chers parents venus soutenir ces jeunes,

Frères et sœurs,

Chers amis jeunes,

L’année dernière, j’avais décrété que désormais, non seulement la rencontre de l’Archevêque d’Abidjan que je suis avec les jeunes de son diocèse, le lundi de Pentecôte, deviendrait une activité diocésaine, mais qu’elle serait pour moi, votre premier pasteur et votre père, l’occasion de vous envoyer en mission au nom de l’Eglise de Dieu qui est Abidjan. Cette rencontre de ce jour s’ouvre dans un contexte particulier, marqué par la sortie de la crise que nous avons traversé et qui a vu beaucoup de nos amis, de nos frères, parmi lesquels des jeunes, s’en aller vers la maison du Père, alors que notre pays comptait sur eux pour sa reconstruction.

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HOMELIE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA CONFIRMATION DES JEUNES DE L’ARCHIDIOCESE D’ABIDJAN

Cathédrale Saint Paul du Plateau Dimanche 12 Juin 2011

Révérends Pères,

Révérendes sœurs,

Frères et sœurs,

Chers confirmands,

Il ya de cela dix jours, nous célébrions l’Ascension de notre Seigneur au ciel. Ce jour-là, Jésus ressuscité s’était manifesté aux Onze qui vivaient des sentiments mêlés d’adoration et de doute. Il leur signifiait qu’Il allait les laisser, mais leur promettait d’être avec eux d’une autre manière, et cela jusqu’à la fin des temps. Cette absence du Christ est le signe manifeste qu’Il laisse désormais à ses disciples, le soin d’achever la mission qu’Il a Lui-même commencée.

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HOMELIE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE

Sanctuaire Marial Notre Dame d’Afrique Lundi 15 août 2011

Homélie du 15 Août 2010 Sanctuaire Marial.

‘‘Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom’’.

Révérends Pères,

Révérendes sœurs,

Frères et sœurs en Christ,

Ces quelques versets que je viens de citer en introduction, vous les connaissez certainement par cœur, habitués que vous êtes, à les réciter chaque jour à travers le ‘‘Magnificat’’, pour vous rendre proche de Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie. Mais ces quelques versets confirment également, la fabuleuse prophétie d’une jeune fille anonyme de Nazareth, Marie, car plus de deux milles ans après, nous nous retrouvons, et nous continuerons de nous retrouver, pour rendre grâce à Dieu, d’avoir accepté de prendre chair de notre chair, de se faire l’un de nous !

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MESSAGE DE NOEL DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN AUX CHRETIENS DE L’ARCHIDIOCESE D’ABIDJAN, AUX HOMMES ET FEMMES DE BONNE VOLONTE


« Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger.» Mt 11, 28-30.

Chers frères et sœurs,
Chers concitoyens,
Vous tous qui habitez cette terre de Côte d’Ivoire,


Il y a de cela maintenant un peu plus de deux mille ans, quelque part à Bethléem en Judée, un événement extraordinaire se déroulait dans l’indifférence la plus totale : une jeune fille, une vierge donnait naissance à son fils premier-né. A cette époque, les habitants étaient certainement préoccupés par un autre événement : le recensement de toute la terre qu’avait ordonné Quirinius.


La naissance de cet enfant n’apportait a priori, rien de nouveau dans la vie de ses concitoyens. D’ailleurs, de Nazareth que pouvait-il sortir de bon’’ (Jn.1, 46). Cependant, de ce point presqu’invisible, va se déployer une nouvelle organisation du monde qui échappe aux règles administratives et politiques, en passant par les bergers jusqu’à tous les hommes auxquels est annoncée la paix.

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RENTREE PASTORALE 2011 – 2012 MESSAGE DE Mgr Jean Pierre KUTWÃ

THEME : APPROFONDISSONS NOTRE FOI CATHOLIQUE FACE AUX EXIGENCES DE NOTRE BAPTEME
LA NECESSITE DE VIVRE LES EXIGENCES DU BAPTÊME

Les raisons d’une reconduction du thème pastoral.

La crise a révélé que les catholiques ont failli à leur devoir de témoins de la foi et de la charité chrétienne. En nous l’homme déchu, l’homme ancien a prévalu, alors que nous sommes par le baptême des êtres spirituels. Nous avons encore une fois laissé notre nature humaine, créée pourtant à l’image de Dieu, au pouvoir des effets néfastes du mal et ce, au détriment de la grâce baptismale reçue au moyen de notre immersion dans la mort et la résurrection du Christ, au détriment du salut accordé dans le sang versé pour la nouvelle Alliance conclue par le Christ sur la croix. Notre état de chrétiens exigeait plutôt de nous que nous construisions chaque jour un peu plus notre ressemblance à Dieu en Jésus Christ, dans le témoignage héroïque de notre foi et de la charité chrétienne, mais hélas ! Nous avons baissé les bras.



I_) LA GRACE DU BAPTÊME.
Dieu, après le péché des origines, a voulu racheter l’homme par le bain de la nouvelle naissance pour rétablir dans son harmonie première la création déchue par le péché. Ainsi le disait Jésus à Nicodème à qui il indiquait qu’il fallait le baptême de l’eau et de l’Esprit pour redevenir une créature nouvelle (cf. Jn 3), créature qui n’est autre que celle qu’il a voulue dès les premiers jours de la création lorsque dans un amour fou (cf. Gn 1) comme le dirait également Jésus dans Jean (cf. Jn 13, 1), il a créé les mondes ainsi que l’être humain à son image comme à sa ressemblance.

Saint Paul le révèle ainsi aux Ephésiens (1,3-7) :
« Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus Christ : il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les cieux en Christ. Il nous a choisis en lui avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et irréprochables sous son regard, dans l'amour. Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ ; ainsi, l'a voulu sa bienveillance à la louange de sa gloire, et de la grâce dont il nous a comblés en son Bien-aimé : en lui, par son sang, nous sommes délivrés, en lui, nos fautes sont pardonnées, selon la richesse de sa grâce ».

a) Il nous a béni de toute bénédiction spirituelle dans les cieux en Christ.
Le baptême en effet nous a conféré tous les dons de l’Esprit Saint pour que nous soyons présentés à Dieu comme les bénis du Père de la création (Gn 1, 28). Dieu, en nous concevant avec bonté et amour, fait de nous des responsables de l’équilibre de toute la création au travers de l’accomplissement des charges qu’il nous a confiées.

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HOMELIE DE MONSEIGENUR JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN EN LA SOLENNITE DE SAINTE MARIE MERE DE DIEU

Cathédrale Saint Paul du Plateau
Abidjan le 1er janvier 2012


Révérends Pères
Révérendes sœurs,
Chers frères et sœurs en Christ


Il y a de cela quelques jours, dans la fraîcheur de la nuit, à Bethléem, la voix des anges annonçait une naissance, celle de l’enfant Jésus. Par le fait même, Dieu Lui-même s’abaissait ainsi en devenant un petit enfant, livré à la merci des hommes, pour nous manifester à quel point il a aimé et qu’il continue d’aimer notre humanité et chacun de nous. Le mystère que nous célébrons à Noël, c’est bien celui d’un Dieu infini, qui accepte de s’anéantir et de devenir cet être fragile que nous sommes.


‘‘Et le Verbe s’est fait chair’’, et Dieu s’est fait ‘‘bébé’’. Pour admettre une telle énormité, il nous faut croire d’abord à l’amour qui seul peut expliquer l’inexplicable. Oui, Noël est essentiellement une démarche d’amour. Oui, Noël, c’est d’abord et avant tout un rendez-vous d’amour que Dieu propose chaque année à notre monde, à notre pays, à tous les hommes !


Désormais, l’homme n’est plus abandonné au pouvoir de la mort, il ne peut plus être négligé, il est devenu précieux pour Dieu : une espérance extraordinaire vient habiter notre humanité, car cet enfant qui vient de naître, vient justement mettre le feu de l’amour sur terre. Il vient bousculer tous les égoïsmes et crier aux hommes qu’ils sont tous les fils du même Père ! Dès lors, ils peuvent laisser éclater leur joie.


C’est cette même joie que vous êtes venus exprimer en cette nuit, où le Seigneur vous fait la grâce d’entrer dans une nouvelle année. Je voudrais vous féliciter pour ce choix. En effet, alors qu’ailleurs, certains de vos amis, parents et connaissances font la fête dans les maquis, dans les boites de nuit et autres bars climatisés, vous, vous avez décidé de revenir au Seigneur, pour Lui dire que toute œuvre qui prend sa source en Lui, reçoit nécessairement de Lui son achèvement.


En retour, et à la suite de l’extrait du livre des Nombres que nous avons entendu en première lecture, je prie pour que tout au long de cette année 2012, Dieu vous bénisse et vous garde ! Qu’il fasse briller pour vous son visage, qu’Il se penche vers vous et qu’Il vous apporte la paix !’’ Sachez-le : dans la perspective biblique, bénir quelqu’un est beaucoup plus qu’un simple vœu. C’est une véritable intervention active qui détermine le destin de la personne bénie.


Donc, plus qu’un simple vœu, je souhaite qu’en cette année nouvelle, la sainteté soit l’horizon dans lequel vous inscriviez vos pensées, vos actions, vos choix ainsi que vos projets. Que Dieu vous accorde à tous grâce sur grâces et pour notre pays, qu’Il nous fasse emprunter le chemin du pardon et de la réconciliation et nous donne de vivre dans sa paix !


Frères et sœurs,
Dans toute cette agitation qui marque la naissance de Jésus, avez-vous remarqué dans l’évangile de ce jour, l’attitude de la Vierge Marie ? Il est bon de savoir que les bergers prévenus par les anges, n’avaient pas bonne réputation à l’époque. On les tenait volontiers pour des vagabonds ou des brigands. Et pourtant, Dieu choisit d’annoncer la Bonne Nouvelle à ces exclus de la société. Après avoir contemplé l’enfant Jésus, les bergers sont parmi les premiers à répandre la Bonne Nouvelle. Ils adorent Dieu tandis que Marie, elle, ‘‘retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur’’, nous confie Saint Luc.


Que s’était-il donc passé durant ces neuf mois, après l’annonce éblouissante de l’arrivée du Messie par elle? C’est qu’à la vérité, l’Incarnation du Fils de Dieu à Noël nous impose à tous, de nous revêtir de la vertu d’humilité qui a conduit le Christ à prendre chair de notre chair. Cette vertu, Marie en a fait sienne toute sa vie durant et c’est cela qui lui vaut d’être honorée du titre de Mère de Dieu.


La grandeur de Marie réside dans le fait qu’elle se décrit elle-même comme une humble servante que Dieu appelle à des choses magnifiques. D’elle, les hommes doivent apprendre à connaître la vérité sur eux-mêmes et sans cesse se tourner vers Dieu même s’il leur arrive de ne pas toujours comprendre ce qu’ils vivent.

En effet, l’année 2011 qui vient de s’achever, comme je vous le faisais remarquer à la rentrée pastorale, a révélé que les catholiques ont failli à leur devoir de témoins de la foi et de la charité chrétienne. En nous l’homme déchu, l’homme ancien a prévalu, alors que nous sommes par le baptême des êtres spirituels.
Nous avons encore une fois laissé notre nature humaine, créée pourtant à l’image de Dieu, au pouvoir des effets néfastes du mal et ce, au détriment de la grâce baptismale reçue au moyen de notre immersion dans la mort et la résurrection du Christ, au détriment du salut accordé dans le sang versé pour la nouvelle Alliance conclue par le Christ sur la croix.


Notre état de chrétiens exigeait plutôt de nous que nous construisions chaque jour un peu plus notre ressemblance à Dieu en Jésus Christ, dans le témoignage héroïque de notre foi et de la charité chrétienne, mais hélas ! Nous avons baissé les bras. Oui, il nous est même arrivé de croire que Dieu nous avait abandonné, tant Il a semblé sourd à nos demandes et supplications pour que la paix revienne dans notre pays.


Aujourd’hui, premier jour de cette nouvelle année, je vous invite non seulement à avoir pour modèle la Vierge Marie, mais surtout à la prendre chez vous et avec vous en tout ce que vous ferez. Cela veut dire qu’il nous faut, là où nous sommes, avec tout ce que cela peut nous coûter, nous engager ensemble sur le chemin du pardon, de la réconciliation et de la fraternité que Jésus a ouvert. Il nous assure qu’avec la puissance de son alliance de fraternité, il nous aidera à tuer la haine et à chercher comment construire l’unité, la paix et la solidarité dans notre pays.


Vivre ensemble comme des frères et sœurs, des fils d’un même Père, c’est aussi le message de la deuxième lecture de ce jour. Dans l’extrait de l’épître aux Galates, Paul souligne que les croyants ne sont plus soumis à Dieu à la façon d’un serviteur contraint à l’obéissance. Pénétré par l’Esprit, ils répondent par l’amour à l’amour du Père. Et c’est justement parce Marie a eu cette attitude, qu’elle a donné au monde Jésus, non seulement en l’engendrant, mais en acceptant qu’il lui échappe.


Nous aussi, s’il arrive que le sens profond de certains événements nous échappe, soyons assurés qu’à chaque instant, quelles que soient les épreuves ou les joies que nous vivons, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, sera à nos côtés. Il sera surtout présent au cœur de nos tempêtes, même si nous pensons qu’il sommeille dans la barque de nos vies.


Qu’en cette année, les chrétiens que nous sommes, ayons la clairvoyance des bergers pour discerner la trace de Dieu dans nos rencontres quotidiennes pour mieux répondre aux exigences de notre baptême.

Bonne, Heureuse et Sainte Année 2012 à tous !

+ Jean Pierre KUTWÃ

Archevêque d’Abidjan

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MESSAGE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA MESSE DE LA PAIX

Cathédrale Saint Paul du Plateau Abidjan
Vendredi 30 décembre 2011

Excellence Monsieur Alassane Dramane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire et Madame,
Eminence Bernard Cardinal AGRE, Archevêque Emérite d’Abidjan,
Excellence Monseigneur Ambrose MADTHA, Nonce Apostolique en Côte d’Ivoire,
Excellence Monseigneur
Excellence Monseigneur
Monsieur le Premier Ministre,
Messieurs et Mesdames les membres du Corps diplomatique,
Messieurs et Mesdames les Membres du Gouvernement,
Honorables autorités politiques, militaires, administratives et coutumières,
Chers frères du Forum des Confessions religieuses,
Chers frères et sœurs,

L’année 2011 qui s’achève dans quelques jours aura été celle de tous les bouleversements tant dans le monde entier que sur notre continent africain, et cela, depuis les printemps arabes en passant par les crises postélectorales qui ont secoué nombre de nos états africains, alors que beaucoup parmi eux, venaient de célébrer le cinquantenaire de leur accession à l’indépendance.


Ces indépendances acquises aux prix de hautes luttes avaient suscitées de grandes espérances pour le développement politique, économique, social et culturel des peuples africains. Aujourd’hui, il nous faut reconnaitre que les espérances nées de ces indépendances, n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes de nos populations.
Le constat est à la fois triste et amer : misère, dépravation des mœurs, déchirure du tissu social, absentéisme, banditisme, mauvaise administration de nos ressources disponibles, instabilité politique, coups d'état, rébellions, guerres, désespoir. La situation que nous vivons tous ici en Côte d’Ivoire, est dans bien des domaines, commune à la majorité de nos états africains. Cinquante années après, où en sommes-nous en fait?

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HOMÉLIE DE MONSEIGNEUR JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVÊQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE L’ORDINATION SACERDOTALE 1Pi.5, 1-11/ Jn.21, 15-19 Cathédrale Saint Paul Plateau Abidjan le 4 février 2012


Chers fils, chers ordinands,

Tu es prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. A la fin de cette célébration eucharistique, vous aussi, vous serez prêtres à jamais. De par le sacrement de l’ordre que vous allez recevoir, vous serez introduits dans la longue et ininterrompue Tradition de ceux que le Christ appelle et choisi, car ce n’est pas vous-mêmes qui vous vous êtes donnés la vocation.


Tu es prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Quel honneur que d’être appelés par Dieu Lui-même, qui en vous appelant, vous donne aussi les moyens pour exercer de façon efficiente, la mission qu’il vous confie désormais. Cependant, et comme vous le savez certainement, tout choix comporte ses exigences. Le fait de vous identifier à Melchisédech, m’offre l’occasion de vous parler brièvement de lui.


Excellences,
Révérends Pères,
Révérends frères, révérendes sœurs,
Chers parents des élus de ce jour,
Chers frères et sœurs,


1- Mais qui est-il, ce Melchisédech ?
Dans la Bible, il apparaît comme le protecteur d’Abraham, le prédécesseur de David et le portrait anticipé de Jésus. Le livre de la Genèse, au chapitre 14, les versets 18 à 20 présente Melchisédech comme roi et prêtre de Salem, qui offre à Abraham un repas de pain et de vin, rite d’alliance, et prononce sur lui, une bénédiction. Dans cet épisode, le rôle principal est ici tenu par Melchisédech, prêtre non hébreux, devant qui, Abraham n’occupe qu’un rang inférieur.


Le psaume 110, verset 4, présente David comme le continuateur du prestigieux Melchisédech. Enfin, selon l’épître aux Hébreux, Jésus, prêtre, exerce le sacerdoce parfait, qui ne se rattache pas à celui de Lévi, mais qui accomplit le sacerdoce royal du Messie davidique, successeur de Melchisédech.


Par ailleurs, le personnage, le nom, les titres de Melchisédech esquissent en quelque sorte les traits de Jésus. Apparu sans ‘‘commencement ni fin’’, il préfigure le Christ, prêtre éternel. Son nom signifie ‘‘mon roi est justice’’ et équivaut presqu’à ‘‘roi de paix’’. Jésus n’apporte-t-il pas à notre monde la justice et la paix ? Ainsi, Melchisédech, étranger à Israël, puissant ami d’Abraham, annexé par David, préfigurant le Christ, demeure le témoin de l’universalisme des desseins de Dieu, qui pour nous conduire au Christ, s’est servi non seulement d’Israël, mais aussi des nations.


Chers ordinands,
Vous aussi, aujourd’hui, Dieu veut se servir de chacun de vous pour faire connaître ses desseins à notre monde, à notre pays, à nos familles si souvent en proie à toutes sortes de difficultés. Dans la droite ligne de ce qu’est le Christ, je souhaite que votre présence au sein du presbyterium d’Abidjan, ne soit pas uniquement une présence quantitative, mais bien, une présence qui apporte à notre pays, à notre église, à nos communautés paroissiales, justice et paix, en paroles et en action.

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ASSEMBLEE CONSTITUTIVE RECOWA-CERAO Yamoussoukro, du 23 au 29 janvier 2012

COMMUNIQUE DE PRESSE

Notre destin commun



1. PREAMBULE


Nous, membres de la Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest, avons tenu notre Assemblée Constitutive, du 23 au 29 janvier 2012, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Paix à Yamoussoukro. Nous avons réfléchi dans la prière sur l'état de l'Eglise et de notre région sur le thème : L'Eglise Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest au service de la Réconciliation, la Justice et la Paix. A l’issue de cette Assemblée, nous produisons le présent communiqué :




2. Evénements dans l’Eglise


Suite aux fortes recommandations de la première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques (1994) et convaincus de la nécessité d'une intégration régionale accrue qui, comme dans le cas de la Communauté économique des Etats d'Afrique Occidentale (CEDEAO) et de la nécessité d’une solidarité pastorale organique transcendant les barrières historico -linguistiques, nous avons décidé de former une seule Conférence Episcopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest (RECOWA-CERAO) rassemblant les pays francophones, anglophones et lusophones dans la région, en conformité avec les lois de l'Eglise (cf. Droit Canon 448, alinéa 2). Avec l'entrée en fonction de la RECOWA-CERAO, l'AECAWA et l’ancienne CERAO cessent d'exister en tant qu'entités juridiques, sans préjudice à l'existence continue et à l'autorité des diverses Conférences Episcopales nationales. Il est envisagé que la RECOWA-CERAO sera désormais en meilleure position pour relever les défis pastoraux, socio-politiques et économiques de l’Afrique Occidentale. C’est dans une perspective théologique et spirituelle que l'Assemblée tenue à Abuja-Nigeria du 5 au 9 Décembre 2007 a prévu cette Assemblée solennelle de Yamoussoukro.


3. Notre destin commun


Nous affirmons ainsi avec force, notre origine et notre destin communs, tout comme notre solidarité. Nous reconnaissons que nous sommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu (Genèse 1:27), et que nous sommes devenus enfants de Dieu par le baptême, nonobstant nos différences de race et de langue.


Des réflexions sur notre origine et notre destin communs sont cruciales pour la promotion de la bonne gouvernance, du sens du bien commun, de la subsidiarité et de la collaboration qui sont des facteurs clés de notre mission envers notre peuple dans la région. Ces facteurs clés ont été très bien énoncés dans notre Plan d'action déjà approuvé par l'Assemblée. La RECOWA-CERAO est donc déterminée à surmonter toutes les formes de divisions et les obstacles à la foi dans l'Eglise et dans la société. Cet objectif doit être atteint à travers la pratique concrète de la solidarité pastorale organique promue par la Première Assemblée Spéciale du Synode des Evêques pour l'Afrique (Ecclesia in Africa, 1994).


4. Missio Ad intra (Mission dans l'Eglise)


Un des objectifs majeurs de l'Eglise Famille de Dieu dans la région est de mettre en pratique les propositions de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques pour l'Afrique, en s'inspirant des Exhortations post-synodales, Verbum Domini et Africae Munus pour une Afrique plus réconciliée, juste et pacifiée. Dans cette veine, la RECOWA-CERAO est prête à promouvoir un clergé, des personnes consacrées, des agents pastoraux plus convaincus et plus engagés. Ainsi, la mission de réconciliation, de justice et de paix devra-t-elle commencer au sein de l'Eglise. Un programme thématique et pédagogique sera développé par la RECOWA-CERAO pour permettre à l'Eglise de mettre en œuvre son enseignement social dans les familles, les communautés chrétiennes de base, les écoles, les séminaires et les maisons de formation, les universités, les instituts supérieurs et tous les centres pastoraux Catholiques de la région. Les entrepreneurs et les politiciens catholiques seront aussi formés dans ce cadre. A cet effet, des commissions ont été déjà mises en place pour développer des modules de formation.


5. Missio ad extra (Hors de l'Eglise)


Etant donné que la formation des agents pastoraux n'est pas réservée exclusivement à la mission ad intra, l'Eglise ainsi formée ou instruite sur sa propre doctrine sociale et ayant travaillé en interne sur la question de la réconciliation, la justice, la paix et le développement, dans l’esprit du dialogue interreligieux et de l’œcuménisme, saura désormais aborder les questions sociales avec les autres chrétiens, l'islam et les religions traditionnelles africaines. La solidarité pastorale à ce niveau n'est pas nouvelle dans la région puisque des centaines de nos prêtres, des personnes consacrées et autres agents pastoraux travaillent actuellement dans plusieurs pays hors de l'Afrique de l’Ouest.


6. Défis de leadership


L'Église en Afrique reconnaît sa mission prophétique envers notre peuple qui souffre sous l'effet d’un mauvais leadership. Nous sommes profondément attristés par le manque d'un bon leadership dans la plupart des pays de notre région.


Comme le Saint-Père Benoît XVI l’a souligné dans son exhortation post-synodale, Africae Munus «Aujourd'hui, de nombreux décideurs, tant politiques qu'économiques, prétendent ne rien devoir à personne si ce n’est à eux-mêmes » (AM 82). « Ils estiment n’être détenteurs que de droits et ils éprouvent souvent de grandes difficultés à grandir dans la responsabilité à l’égard de leur développement personnel intégral et de celui des autres » (cf Benoît XVI, Lettre Encyclique Caritas in Veritate (29 juin 2009), n° 43 : AAS 101 (2009), p. 679 ; DC 24-29 (2009), p. 774 in Africae Munus, Editions Paulines p. 69. Ce déni de justice est la cause de conflits dans la plupart des pays de notre région.


Alors que nous saluons les efforts assidus de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en ce qui concerne la promotion d’un bon leadership et du maintien de nos démocraties naissantes, nous demandons instamment à nos dirigeants politiques de voir leur fonction comme un appel au service plutôt qu’une occasion de faire usage de la force brutale, de l'égoïsme effréné et de la corruption.


7. Insécurité dans nos Etats



Une hausse du taux de criminalité dans nos sociétés et le non respect de la loi constituant une violation des droits de l'homme, sont des causes de grande préoccupation pour la RECOWA-CERAO. Pendant que des vols à mains armées, des enlèvements, des attentats et autres actes terroristes restent des problèmes graves appelant à une attention concertée et à une éradication conséquente, la circulation illégale d'armes légères d'un pays à l'autre est devenue une grande cause d’insécurité et de terrorisme. Nous sommes consternés par la longue négligence de certains fonctionnaires des douanes qui a conduit à l'infiltration d'armes et de drogues à travers nos frontières et nous faisons appel à toutes les autorités compétentes aux fins de contrôler l'accès aux armes pour des raisons de sécurité.


Tout en félicitant la Commission de la CEDEAO pour ses efforts dans l’amélioration des mouvements à nos frontières, nous exhortons les gouvernements à faire appliquer la loi sur la circulation illégale des armes et de la drogue. Cela permettra une meilleure intégration régionale réclamée par notre Assemblée.


8. Un mot à nos jeunes


La jeunesse est un don pour l’Eglise et la société. En effet, les jeunes sont les protagonistes du changement et les leaders de demain. La RECOWA-CERAO est consciente des conditions désastreuses qui font d’eux des victimes de la mauvaise gouvernance et qui les privent de nombreuses occasions prometteuses. Beaucoup d'entre eux sont sans emploi et manquent gravement de moyens de subsistance. Bien que nous poursuivions la promotion du développement humain, spirituel et intellectuel de nos jeunes, nous les exhortons à rester fidèles et respectueux des lois.


Nos jeunes ne doivent pas se laisser entraîner dans des actes de criminalité. Par ailleurs, nous exhortons tous les jeunes catholiques et en particulier ceux de la région ouest africaine, à participer activement aux mouvements religieux comme un moyen pour cultiver de profondes vertus civiques, en approfondissant leur relation avec Jésus-Christ dans le mystère de la Croix et par un amour filial pour la Vierge Marie.


9. Menace de fondamentalisme religieux



Nous remarquons dans certains pays de notre région la recrudescence du fondamentalisme religieux. Les effets néfastes de ce phénomène horrible dans les pays où il existe sont bien connus de nos populations. Nous exhortons donc les chefs religieux, qu'ils soient chrétiens, musulmans, ou adeptes des religions traditionnelles africaines, à condamner sans équivoque l'utilisation de la religion pour favoriser le fanatisme et l'exclusivisme, qui portent atteinte aux droits et libertés d'autrui, et à rejeter toute forme d'activités terroristes perpétrées au nom de la religion.


10. Nos élections



A l’issue de l’Assemblée, les élections ont donné les responsables suivants pour la conduite des affaires de notre Conférence, durant les trois prochaines années :
Président : Théodore Adrien Cardinal SARR (Dakar, Sénégal)
Premier Vice Président : Mgr Ignatius KAIGAMA (Jos, Nigéria)
Deuxième Vice Président : Mgr José Camnâté NA BISSIGN (Bissau, Guinée Bissau)
Les Révérends Pères Octavious Yipagtuo MOO (Damongo, Ghana) et Joseph Kacou AKA (Grand Bassam, Côte d’Ivoire) ont été respectivement nommés Secrétaire Général et premier Secrétaire Général Adjoint.
Le nom du deuxième Secrétaire Général Adjoint sera donné, plus tard, par la partie lusophone.


11. CONCLUSION


Nos remerciements vont à l’endroit de nos frères Evêques de Côte d’Ivoire qui nous ont accueillis, avec fraternité et qui nous ont démontré leur sens de la collégialité épiscopale. Nous n’oublions pas de dire merci aux prêtres, aux religieux, aux religieuses, ainsi qu’aux nombreux laïcs qui n’ont ménagé aucun effort pour rendre notre séjour agréable.


Nous félicitons le peuple tout entier de la Côte d’Ivoire pour son engagement sur le chemin de la réconciliation et de la paix. Nous voulons exprimer nos félicitations à l’Eglise de Côte d’Ivoire pour son rôle dans la recherche et la promotion de la cohésion sociale. Nous confions votre pays à la bienveillance de Dieu Notre Père, à la fin de cette Assemblée, nous voulons rendre grâce à Dieu pour le bon déroulement de notre rencontre en cette terre de Côte d’Ivoire.


Nous adressons nos remerciements au Président de la République de Côte d’Ivoire, son Excellence Monsieur Alassane Dramane OUATTARA, pour sa présence à nos côtés ; nos remerciements s’adressent également aux membres du gouvernement ivoirien, ainsi qu’à toutes les autorités politiques, civiles administratives, coutumières, religieuses et militaires de Yamoussoukro et de la Côte d’Ivoire. Nous nous sommes sentis chez nous, grâce à l’hospitalité sans borne dont nous avons été l’objet depuis notre arrivée.


Enfin, nous prions d’un seul cœur Marie, Notre Dame de la Paix et Reine de l'Afrique pour qu’elle intercède pour nous, afin que nous prenions le chemin de la réconciliation, de la justice et de la paix ensemble comme membres d’une seule famille de Dieu. La même coupe Eucharistique à laquelle nous buvons signifie, à juste titre, que nous sommes du même sang et que nous partageons une destinée commune.

Yamoussoukro, le 28 janvier 2012


Les Cardinaux, Archevêques et
Evêques de la RECOWA-CERAO

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