CELEBRATION DES SOIXANTE (60)ANS DE LA LIBRAIRIE CARREFOUR SILOE
Ce mercredi 25 Mars 2025, en la solennité de l’Annonciation du Seigneur, la Librairie Carrefour Siloé, une des structures de l’Archidiocèse d’Abidjan a rendu grâce à Dieu au cours d’une messe, à l’occasion de ses soixante(60) ans d’existence.
La messe a été dite à la paroisse Saint Jean de Cocody, et présidée par Mgr. Ambroise Mandah OKIMOU, vicaire général de l’archidiocèse d’Abidjan. Outre les prêtres, religieux et religieuses et autres laïcs présents, les responsables ont invité certains membres de la culture de Côte d’Ivoire dont des écrivains, des éditeurs, des diffuseurs et libraires…
A la fin de la messe, nous avons eu droit à une allocution de M. Claude Tharandy KOUASSI, Directeur de la Librairie Carrefour Siloé et le mot de remerciement du père Dimitri Hugues ASSAMOI.
Un repas a clôturé la cérémonie des soixante ans de la Libraire Carrefour Siloé.
Père Jean-Baptiste DIAHOU
60 ans librairie carrefour
Is 7, 10-14. 8,10
He 10, 4-10
Lc 1, 26-38
« Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole. »
Ce sont deux évènements rassemblés en un seul par un même dénominateur commun, la Vierge Marie, qui nous réunissent ici aujourd’hui. En effet, avec l’Eglise entière, nous célébrons la fête de l’Annonciation, 9 mois, jour pour jour, avant celle de la Nativité. Et cette occasion est bonne pour nous ici, de convier notre Mère du ciel, celle qui donne au monde celui qui est la connaissance et la sagesse même de Dieu à célébrer avec nous le soixantième anniversaire de la librairie Carrefour, cet établissement d’Eglise qui, par-delà sa vocation à nourrir l’intellect, contribue à sa manière à l’évangélisation, à faire connaître le Christ, à répandre son nom et sa gloire, à proposer son salut et à instaurer son royaume parmi nous.
Depuis le jour où le péché est entré dans le monde par la désobéissance de nos premiers parents, Dieu a pour ainsi dire, formé le projet de dépêcher sur terre son Fils unique pour réconcilier l’homme avec lui. Jésus est la rançon, l’unique sacrifice digne de Dieu qui pouvait définitivement opérer cette réconciliation. Quand est arrivé le temps fixé par le Seigneur, le souverain Maître, de réaliser son projet, il n’a pas voulu envoyer son Fils autrement que par la voie naturelle, commune à tous les hommes. C’est donc naturellement une femme, une jeune fille qu’il a choisie comme partenaire. Cette femme, c’est Marie, cette jeune fille Nazareth qui s’est elle-même baptisée, « l’humble servante du Seigneur. »
Marie, l’humble fille de Nazareth est la réponse de Dieu à Eve, la mère des vivants. Elle est la mère de l’humanité nouvelle recréée en Christ et rachetée par son sang versé. Elle est la revanche de l’humanité sur le malin. Si par Eve le péché est entré dans le monde, par Marie est venu le salut. Si Eve en effet a été par son orgueil, par la démesure de son ambition, occasion de chuter pour l’humanité, Marie a été, Marie est, par son humilité, sa disponibilité, par son abandon à la providence, occasion de relèvement. Elle est, comme dit un poète américain, « l’unique gloire de notre nature pécheresse. » C’est pourquoi, en même temps que nous célébrons en ce jour l’Incarnation, le début de notre rédemption, nous magnifions cette qui a rendu possible par son oui, l’entrée de Dieu dans le monde, sous une forme humaine.
L’envoi de l’Ange à cette humble fille de notre humanité dans ce village obscure de la non moins obscure Galilée lève un pan de voile sur la nature et le comportement de Dieu. Dieu ne dédaigne rien de ce qu’il a créé, il ne méprise personne. Lin de la manière l’agir des hommes qui catégorisent et étiquettent les autres. Il a de la considération pour tous. Et il sait déceler au fond de la misère la plus noire de notre nature, la richesse enfouie dans la boue de notre péché. Il ne se comporte pas en grand chef qui s’impose et aime que l’on s’aplatisse devant lui. Il est respectueux de la liberté de ses créatures ; il est l’humilité même qui vient comme mendiant solliciter la collaboration de chacun de nous à son œuvre de salut, à son projet de vie sur le monde.
Cette démarche est constante dans toute l’Ecriture. Nous en avons un exemple aujourd’hui dans l’envoi du prophète Isaïe auprès du roi Acaz pour lui faire cette promesse lointaine qui ne se réalisera vraiment et définitivement qu’avec l’Annonciation et la naissance du Christ : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom d’Emmanuel, c’est -à- dire Dieu avec nous. »
La lettre au hébreux met dans la bouche du Christ entrant dans le monde, les paroles du psaume 39 qui marquent toute sa disponibilité à faire la volonté de son Père : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime alors j’ai dit : Me voici mon Dieu je viens pour faire ta volonté. »
Le oui de Marie, rejoint cette disponibilité du Christ son Fils et nous interpelle tous : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. » Chez elle comme chez Jésus, c’est ce oui, cette disponibilité à la volonté de Dieu qui a valu au monde le salut.
Comme elle, qui que nous soyons, célèbre ou obscur, insignifiant ou incontournable, dès l’instant où nous somme ses disciples, le Seigneur nous appelle à collaborer à quelque chose de grand ou de petit, mais quelque chose que personne ne fera à notre place, pour faire advenir son règne dans le cœur des hommes. Quelle attention prêtons-nous à la démarche ? Quel accueil réservons-nous à sa demande ? Quelle est notre réponse à son attente ?
Chacun peut répondre et décider pour son propre compte. Mais en nous donnant aujourd’hui la Vierge de l’Annonciation comme icône à contempler, comme modèle à imiter, l’Eglise nous exhorte à ne pas faire la sourde oreille à l’appel de notre Maitre et elle nous indique un chemin possible pour embrasser cette vocation commune à tous les chrétiens.
Comme Notre Dame de l’Annonciation, chacun de nous a été appelé et il a répondu oui à Dieu par le baptême. Ce faisant, il a reçu en héritage dans le champ du Seigneur, une mission qui s’apparente celui de la Vierge Marie : celui de concevoir la Parole de Dieu dans son cœur pour pouvoir l’enfanter au monde. Et comme on ne donne que ce que l’on a, la première chose à faire pour bien se disposer à embrasser cette mission reçue du Seigneur, c’est d’aimer la parole de Dieu, de s’en nourrir régulièrement. C’est bien ce que nous enseigne le psalmiste : « Dans le livre est écrit pour moi, ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles. » Seule la parole de Dieu bien assimilée nous équipe du nécessaire pour rendre au Christ, un témoignage authentique. Alors seulement, s’ouvre devant nous la voie que nous indique notre Mère du ciel pour rendre à Dieu le témoignage qu’il attend de nous dans le champ de sa mission. Elle se décline, cette voie, en termes d’amour, d’humilité, de disponibilité et d’abandon à la providence divine.
En effet, nul ne peut servir les hommes avec le cœur, s’il lui manque un peu d’amour pour Dieu. Et l’amour qu’on dit avoir pour Dieu ne se manifeste que dans celui qu’on montre envers les hommes, à travers les gestes de partages, les actes de bonté, les attitudes bienveillantes et les paroles empreintes de charité. N’allons pas chercher loin, F&Sn l’amour n’est pas dans les discours. Il est dans le comportement. Il n’est pas dans les grands projets. Il est dans les petites choses quotidiennes que l’on partage avec ses proches, dans la famille biologique, dans le voisinage du quartier, dans la communauté paroissiales, dans la communauté de travail ; il est dans le regard bienveillant que l’on pose sur l’inconnu ou le prochain qui a besoin de nous pour s’accomplir. Et c’est là que sont attendus tous ceux qui rendent un service dans l’Eglise. C’est là que votre métier de libraire prend tout son sens de mission dans le champ du Seigneur et peut portez tous les fruits que Dieu en attend pour le salut des hommes.
Toutes ces choses que seule la sagesse divine communique, nous pouvons les apprendre aux pieds de notre Mère du ciel, Notre Dame de l’Annonciation. Nous pouvons les recevoir comme don de la grâce divine par son intercession. Puisqu’en ce jour nous l’avons conviée à cette fête, pour dire à Dieu notre reconnaissance pour ces 60 années à son service et pour lui offrir l’avenir de notre librairie, prenons la résolution de la garder à nos côtés en tout ce que nous faisons pour que notre vie entière rende gloire à son fils et soit un témoignage vivant à la face du monde ; prenons la résolution de la visiter souvent, de partager avec elle nos joies et les sujets de nos tourments ; de lui donner l’occasion de nous ouvrir le cœur à une connaissance plus parfaite avec son Fils, à une communion plus profonde avec Dieu.
Allons à elle, pour recevoir à sa prière, la grâce de la docilité à la volonté du Seigneur, pour apprendre à son école à nous abandonner à la providence divine et à nous rendre disponibles pour la mission qu’il nous confie.
Que par l’intercession de la Vierge Marie, Notre Dame de l’Annonciation, Dieu fasse de nous tous des filles et fils selon son cœur. Et qu’à lui soit honneur et gloire pour les siècles.
DISCOURS A L’OCCSION DES FESTIVITES DES 60 ANS
DE LA LIBRAIRIE CARREFOUR-SILOE
Préséance et protocole
Excellence Monseigneur Ambroise MANDAH, Vicaire général de l’archidiocèse d’Abidjan, représentant Son Éminence Dogbo Ignace Cardinal Bessi, Archevêque métropolitain d’Abidjan et Administrateur Général de la Librairie CARREFOUR-SILOE
- Madame CHATELIN, Directrice du livre au Ministère de la Culture et de la Francophonie, représentant Madame la Ministre de la Culture.
- Monsieur ………………………………….., représentant Madame la Ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation.
- Révérend Père N’driman Jean-Luc, Secrétaire National de l’Enseignement Catholique (SENEC).
- M. Adou Philippe ex Directeur de la LIBRAIRIE CARREFOUR SILOE.
- Mesdames et Messieurs, représentants du Corps Diplomatique.
- Révérend Père, Rodrigue N’Saman représentant le Rév. Père François Xavier Mandoh, Secrétaire Diocésain de l’Enseignement Catholique d’Abidjan (SEDEC).
- Monsieur Charles Peumont, Président de l’Association des Éditeurs de Côte d’Ivoire (ASSEDI).
- Dr Hélène Lobé, Présidente de l’Association des Écrivains de Côte d’Ivoire (AECI).
- Révérends Pères, Révérends Frères et Révérendes Sœurs.
- Mesdames et Messieurs, Fondateurs, Gestionnaires et Directeurs des établissements catholiques et laïcs.
- Mesdames et Messieurs, représentants des établissements scolaires publics.
- Autorités administratives et politiques.
- Honorables invités,
- Chers Partenaires, chers Clients, chers Collègues,
- Mesdames et Messieurs, en vos rangs et qualités,
C'est avec une grande émotion et une immense fierté que nous célébrons ensemble aujourd'hui les soixante ans de la Librairie CARREFOUR-SILOE. Soixante années au service du livre, de l’éducation, de la culture, du savoir et de l’évangélisation en Côte d’Ivoire.
1- Hommage aux initiateurs du projet
Permettez-moi tout d'abord, en cette circonstance exceptionnelle, de rendre un vibrant hommage aux pionniers, aux initiateurs courageux dont l’engagement, la vision et la détermination ont permis à ce projet ambitieux de voir le jour en dépit des difficultés et des épreuves rencontrées. Nous reconnaissons humblement que leur parcours n'a pas toujours été facile. Il est vrai que revenir sur certains souvenirs pourrait raviver des moments difficiles, des épisodes moins reluisants, mais il est essentiel, en ce jour anniversaire, de saluer leur courage, leur détermination et leur persévérance. Grâce à eux, CARREFOUR-SILOE a traversé les décennies, porté par une foi inébranlable en la valeur de l’évangile, du livre et de la lecture.
2- Remerciements aux acteurs actuels
Je voudrais ensuite exprimer notre gratitude à l'ensemble des acteurs actuels qui contribuent chaque jour à la vitalité et à la pérennité de notre librairie. Nous remercions très sincèrement nos partenaires financiers, nos fournisseurs fidèles qui nous accompagnent depuis des années, ainsi que nos chers clients que nous considérons comme les premiers ambassadeurs de notre enseigne.
Nos remerciements et notre profonde reconnaissance vont également aux membres du Conseil d’Administration de la Librairie CARREFOUR-SILOE, aux administrateurs dont les conseils avisés garantissent une gestion saine et pérenne. Un hommage appuyé et mérité à Son Éminence Jean Pierre Cardinal Kutwa, pour son soutien indéfectible.
Remerciements à notre Père Archevêque métropolitain d’Abidjan, Son Éminence Dogbo Ignace Cardinal Bessi, Administrateur Général de la Librairie CARREFOUR-SILOE, qui nous accompagne de sa prière pour cette messe d’action de grâce.
A Monsieur Adou Philippe, ancien Directeur de la Librairie CARREFOUR-SILOE, aux membres du personnel retraité, qui ont consacré de précieuses années de leur vie à cette Librairie, nous disons merci pour leur dévouement exemplaire.
À notre personnel en activité, votre engagement quotidien, votre professionnalisme et votre passion pour le métier font honneur à l’Église et méritent toute notre admiration et nos encouragements.
3- Sur le secteur du livre en Côte d'Ivoire
Mesdames et Messieurs, célébrer les soixante ans de Librairie CARREFOUR, c’est aussi l’occasion de réfléchir à l’état actuel du secteur du livre en Côte d’Ivoire. Il convient de rappeler que la chaîne du livre est un écosystème fragile qui implique divers acteurs : écrivains, éditeurs, imprimeurs, libraires, diffuseurs, distributeurs et lecteurs. Malheureusement, force est de constater que certaines pratiques regrettables menacent aujourd'hui cet équilibre indispensable à notre secteur.
Nous dénonçons les agissements de certains acteurs peu scrupuleux qui ne respectent pas les règles élémentaires d’éthique et de bonne conduite professionnelle. Parmi ces pratiques préjudiciables, figure en bonne place la vente directe de livres aux institutions, aux écoles, aux collectivités ou directement au public, sans passer par les librairies agréées et autorisées. Cette pratique déloyale fragilise considérablement la librairie traditionnelle et menace directement notre profession, tout en privant le public d’un conseil et d’un accompagnement professionnel.
Nous déplorons également la pratique généralisée consistant à faire imprimer la quasi-totalité des manuels scolaires hors de notre pays. Cette situation engendre une dépendance extérieure coûteuse et fragilise l’industrie locale du livre. Sans oublier le retard occasionné pendant la rentrée scolaire.
En outre, nous assistons à une tendance inquiétante : l’achat direct de livres et de fournitures scolaires par certaines institutions, y compris parfois par les structures étatiques elles-mêmes, au détriment des libraires locaux qui, depuis longtemps, assurent pourtant le service de proximité et de conseil auprès des écoles et des parents d’élèves.
Propositions de solutions pour assainir le secteur du livre
Face à ces dérives, nous devons réagir ensemble, avec responsabilité et pragmatisme. Nous invitons les autorités compétentes à renforcer le cadre réglementaire existant et à veiller scrupuleusement à son application effective. Nous proposons ainsi :
La mise en place d'une législation claire et stricte régissant l'achat et la vente de manuels scolaires, obligeant toute commande institutionnelle à transiter obligatoirement par les librairies locales agréées.
L’encouragement à la production locale de manuels et ouvrages scolaires par des incitations fiscales concrètes, des financements avantageux et un soutien réel aux imprimeries nationales pour relancer le secteur de l’édition locale.
L'instauration d’un dialogue permanent entre le Ministère de la Culture, le Ministère de l’Éducation Nationale et les acteurs de la chaîne du livre afin d’assurer une meilleure régulation et coordination du secteur dans l’intérêt commun.
Enfin, la mise en place d’un observatoire national du livre chargé de veiller au respect des bonnes pratiques professionnelles, de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles et de promouvoir activement la librairie traditionnelle et indépendante sur tout le territoire national.
4- Conclusion et remerciements
Chers invités, honorables personnalités ici présentes, au moment où nous célébrons soixante ans d’existence, notre engagement reste intact : évangéliser, servir la culture, promouvoir le livre et la lecture.
Je tiens à réitérer mes chaleureux remerciements au Père Curé de la Paroisse Saint Jean de Cocody, Père Dimitri Assamoi et à ses vicaires. Merci aux invités d’honneur et aux différents partenaires. Merci également à la presse nationale et internationale qui contribue à porter et à diffuser largement notre message. Je ne saurais terminer sans adresser mes félicitations au Comité d’organisation et à toutes celles et tous ceux qui ont œuvré sans relâche pour la réussite de cet événement exceptionnel.
Longue vie à la Librairie CARREFOUR-SILOE !
Longue vie au livre et à la Librairie en Côte d’Ivoire !
Je vous remercie de votre aimable attention.
Que Dieu nous
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