LA MESSE D’ACTION DE GRÂCE ET DE RECONNAISSANCE DE LA COMMUNAUTE MERE DU DIVIN AMOUR EN SON HONNEUR DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ADMINISTRATEUR APOSTOLIQUE D’ABIDJAN
Chapelle de la maison Mère
Dimanche 7 juillet 2024
Chant : ‘‘Whanthé min ni gbré, min nin pê lepan kin hè san minn minni hè jouman (bis). Lié min boué, man mosé afétchoué hé. Hê brênon eli min yaliwo’’ (bis)
Frère Jean Emmanuel Clément AKOBE,
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Distingués invités,
Chers frères et sœurs en Christ,
En acceptant l’idée de cette messe d’action de grâce et de reconnaissance que la Communauté Mère du Divin Amour a bien voulu organiser en mon honneur, je me suis davantage convaincu que Seul Jésus-Christ, devrait être l’objet de notre reconnaissance, si tant est que ce que nous sommes,
nous le devons à sa grâce, pour reprendre les mots de Saint Paul dans la première lettre adressée aux Corinthiens : ‘‘ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile.’’ 1 Co. 15, 10
Et c’est pour mieux comprendre cette grâce du Christ en chaque homme, que je me suis permis de prendre le cantique que nous avons entendus en début de cette homélie, cantique que j’emprunte bien volontiers et pour des raisons chères à mon cœur, à feu Monseigneur Laurent Akran MANDJO, mon condisciple et frère, d’affectueuse mémoire ! Qu’il me soit permis d’en donner la traduction : Seigneur, je suis pauvre, je n’ai personne, mais tu m’as choisi pour faire ton œuvre ! Enseigne-moi la sagesse pour que je puisse la transmettre à ton peuple. Tu es mon seul guide !
Quelles belles paroles de foi, qui naturellement vous soulèvent, renouvellent vos énergies, vous donne des ailes comme neuves, pour continuer le chemin à la suite de Celui qui vous a séduit et appelé, choisi et guidé, porté et supporté, nonobstant votre fragilité et vos faiblesses propres, le poids du travail mais aussi, les incompréhensions que vous pouvez rencontrer ! Tout ce chemin devient à la fois action de grâce et reconnaissance, parce que finalement, Lui, avait besoin de vous pour son peuple ! En retour, il faut avoir une âme d’enfant, pour Le laisser vous conduire, vous guider !
Frères et sœurs en Christ,
Comme un enfant ! C’est ce que nous sommes et devrons être entre les mains de Dieu ! Comme un enfant qui tient la main de son père, sans bien savoir où la route conduit, chantant tout aussi bien dans la lumière que dans la nuit, c’est ce que j’ai toujours désiré être entre les mains de Dieu, d’où ma devise d’ordination épiscopale : ‘‘sinite parvulos venire ad me’’, qui se traduit, ‘‘laissez venir à moi les petits enfants’’ ! Oui comme un enfant, incapable de se conduire soi-même, chancelant et trébuchant, n’ayant pour seul et unique appui que l’adulte en face de lui, c’est ainsi que Jésus a voulu ma vie, années après années, pour parvenir à ce jour !
Finalement, ce que nous célébrons ce jour, c’est l’histoire d’une vocation, comme chacun de nous en a une, selon les prévenances de Dieu ! De nos jours et dans un monde qui semble avoir peur du silence, il nous faut être attentifs, pour entendre, mais surtout, pour répondre joyeusement aux appels que Dieu qui désire se rendre présent, par le truchement d’hommes et de femmes, de jeunes et d’adultes, de tout continent, sans faire acception de personne ! Oui, Dieu continue de s’adresser à chacun de nous, comme disait notre Saint Père le Pape François, dans son message à l’occasion de la 61ème journée mondiale de prière pour les vocations.
Je le cite : ‘‘la journée de prière pour les vocations nous invite, chaque année, à considérer le don précieux de l’appel que le Seigneur adresse à chacun de nous, son peuple fidèle en chemin, pour que nous puissions prendre part à son projet d’amour et incarner la beauté de l’Évangile dans les différents états de vie. Écouter l’appel divin, c’est loin d’être un devoir imposé de l’extérieur, peut-être au nom d’un idéal religieux ; c’est au contraire la manière la plus sûre que nous ayons d’alimenter le désir de bonheur que nous portons en nous : notre vie se réalise et s’accomplit quand nous découvrons qui nous sommes, quelles sont nos qualités, dans quel domaine nous pouvons les mettre à profit, quelle route nous pouvons parcourir pour devenir signe et instrument d’amour, d’accueil, de beauté et de paix, dans les contextes où nous vivons.’’ Fin de citation.
Frères et sœurs,
A propos de vocation, dans la première lecture de ce jour, qui nous relate une partie du récit de la vocation d’Ezéchiel, il est important de jeter un regard plus attentif sur le contexte dans lequel il est envoyé : ‘‘fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers ce peuple de rebelles qui s’est révolté contre moi. Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi, et les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné. C’est à eux que je t’envoie, et tu leur diras : ainsi parle le Seigneur Dieu… Alors qu’ils t’écoutent ou qu’ils refusent, - car c’est une engeance de rebelles – ils sauront qu’ils ont un prophète au milieu d’eux.’’ (Ez.2, 3-5).
Si la tâche peut paraître ardue, il faut toujours considérer que quand Dieu envoie en mission, il donne toujours la force nécessaire mais surtout, les moyens pour accomplir cette mission. Pour Ezéchiel, ce fut une vision grandiose et inoubliable dont le souvenir soutiendra tous ses efforts. Cela fait penser à la grâce d’état, que Dieu accorde à chacun de nous pour répondre pleinement à sa vocation ! Cette grâce est à rechercher en toute circonstance et à tout moment, autrement, c’est l’échec assuré !
Les mots de cette même lecture, ‘‘ils sauront qu’ils ont un prophète au milieu d’eux’’, s’adressent à chacun de nous, évêques, prêtres, religieux et religieuses, fidèles laïcs du Christ, comme pour nous dire que nous avons une responsabilité vis-à-vis du monde dans lequel nous vivons ! Je rappelle ce que je disais à l’occasion de la rentrée pastorale : ‘‘le Christ n’a pas vécu en survolant son temps et son époque. Il a porté et assumé son temps, à travers un service qui s’est avéré don de sa vie aux hommes… L’Église, en effet, a une double mission : servir Dieu en servant les hommes, et servir les hommes en servant Dieu. Il n’y a aucun service de Dieu qui s’épuise en lui-même, sans qu’il se décline dans le service de l’homme ; tout comme il ne peut y avoir un service pour l’homme qui ne conduise à une louange à Dieu.’’ Fin de citation.
Ce service de Dieu qui ne s’épuise pas en lui-même sans qu’il ne se décline dans le service de l’homme, appelle une certaine humilité de la part de ceux qui sont envoyés en mission, sinon, de tous ceux qui ont choisi Jésus comme Maître et Seigneur de leurs vies ! Ce même service de Dieu appelle non seulement une certaine abnégation mais également de l’amour pour faire face aux difficultés qui jalonnent les chemins d’une telle aventure !
Révérends Pères,
Chers frères et sœurs en Christ,
Dans l’évangile de ce jour, Jésus revient dans son village de Nazareth qu’Il avait quitté au début de son ministère public. Il avait parcouru une partie du pays, s’était fait des disciples et les avis étaient partagés sur sa personne. Alors que les pharisiens et les scribes s’opposaient à Lui en manifestant à plusieurs reprises leur hostilité, les plus nombreux dans le peuple eux, ont été séduits par son enseignement et ses miracles.
La page de l’évangile de ce jour pose question : comment va réagir sa famille à ce qui pourrait être qualifié de retour aux sources ? Si son enseignement frappe nombre de ses auditeurs, ceux-ci, au lieu de se laisser bousculer par ce qu’ils entendent, cherchent à situer, à étiqueter cet enfant du pays : ‘‘n’est-il pas le fils du charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ?’’ avons-nous entendu !
Dès lors et à partir de là, aucune parole prophétique n’est possible ! Enfermés dans leurs habitudes et leurs certitudes, ses auditeurs l’enferment dans un statut bien connu d’eux : ‘‘le fils du charpentier’’ et lui dénient par la même occasion, tout droit à une parole non conforme. La suite est connue de tous : ‘‘et là, il ne pouvait accomplir aucun miracle’’ sinon tout au plus, ‘‘il guérit seulement quelques malades.’’
L’une des leçons à tirer ici, c’est que l’action de Dieu est respectueuse de la liberté des hommes ! Même si le miracle consiste justement à donner la vie, une vie nouvelle, la vie même de Dieu, cela ne peut se faire contre la volonté de ceux qui finalement, et d’une certaine manière, ne veulent pas vivre ! Comme vous l’aurez compris, le miracle demande l’ouverture à la foi et la foi n’est jamais acquise une fois pour toute !
En ce sens, notre vocation dans le monde, c’est comme je le disais à la rentrée pastorale, ‘‘de travailler à l’œuvre du Seigneur, [et cela] doit être perçue comme une grâce et une responsabilité. Notre monde, tel qu’il se présente aujourd’hui, avec ses contradictions et ses compromissions, exige et appelle, notre responsabilité de chrétiens et de chrétiennes, qu’il convient d’assumer entièrement dans l’amour d’un élan synodal.
Cet engagement synodal qui est à la fois grâce et responsabilité, le Pape François le présente comme une urgence : ‘‘le monde dans lequel nous vivons, et que nous sommes appelés à aimer et à servir, même dans ses contradictions, exige de l’Église le renforcement des synergies dans tous les domaines de sa mission. Le chemin de la synodalité́ est justement celui que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire. Ce que le Seigneur nous demande, en un certain sens, est déjà̀ pleinement contenu dans le mot ‘‘Synode’’. Marcher ensemble – Laïcs, Pasteurs, Évêque de Rome’’. Fin de citation.
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Distingués invités,
Chers frères et sœurs en Christ,
Marcher ensemble, avec moi mais également avec le nouvel archevêque que le Seigneur donne à notre église diocésaine d’Abidjan, Monseigneur Ignace BESSI DOGBO pour qui je demande de beaucoup prier, voici le merveilleux projet que je voudrais vous confier. C’est un appel à répondre à votre vocation profonde dans l’Eglise ! Je ne le dirai jamais assez, répondre à sa vocation profonde, c’est comprendre que nous aussi, à la suite du Ressuscité de Pâques, nous devons faire en sorte d’offrir au monde, le meilleur de ce que Dieu a mis en chacun de nous, en nous établissant, chacun, dans son domaine et dans son milieu propre, selon son état de vie, bon pasteur et vrai berger !
Telle est ma prière pour chacun de vous ! Et, pour paraphraser Saint Paul dans la deuxième lecture de ce jour, je prie pour qu’en toute circonstance, pour que la grâce de Dieu vous suffise et que sa puissance donne toute sa mesure dans vos faiblesses, pour sa gloire, et pour le salut du monde ! Ma bénédiction paternelle vous accompagne et vous accompagnera toujours et partout ! Ensemble, rendons encore grâce à Dieu pour le travail accomplit jusqu’à ce jour.
Bonne fête à tous !
+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,
Administrateur Apostolique d’Abidjan