REQUIEM DU PRESIDENT HENRI KONAN BEDIE : LE CARDINAL JEAN- PIERRE KUTWA A PRESIDEE LA MESSE EN LA CATHEDRALE SAINT D’ABIDJAN
Dans le cadre des obsèques du Président Henri Konan Bédié, une messe de requiem a été dite ce jeudi 23 Mai 2024 à la cathédrale Saint Paul d’Abidjan. Le cardinal Jean-Pierre, Administrateur Apostolique de l’Archidiocèse d’Abidjan a présidé la messe et prononcé l’homélie. Il y avait à ses côtés, le Nonce Apostolique, Mgr .Mauricio Rueda Belzt et de nombreux autres prêtres.
Madame Dominique OUATTARA, Première Dame de Côte d’Ivoire, Monsieur Beugré MAMBE, Premier Ministre et plusieurs autorités politiques et administratives étaient présents.
Le PDCI, famille politique de l’illustre défunt, était venu en grand nombre prier leur ancien président.
A la fin de la messe, Monsieur ANDY Daniel, délégué de la famille a fait une adresse l’assemblée.
Père Jean-Baptiste DIAHOU
HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ
ADMINISTRATEUR APOSTOLIQUE D’ABIDJAN
A L’OCCASION DE LA MESSE DE REQUIEM DE
SON EXCELLENCE MONSIEUR HENRI KONAN BEDIE
ANCIEN PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE
Cathédrale Saint Paul Plateau
Abidjan le jeudi 22 mai 2024
Chant : ‘‘Si la mer se déchaine, si le vent souffle fort,
si la barque t’entraine, n’aies pas peur de la mort,
si la barque t’entraine, n’aies pas peur de la mort.
Il n’a pas dit, que tu coulerais, il n’a pas dit, que tu sombrerais, il a dit, allons de l’autre bord, allons de l’autre bord.’’
Excellence Monseigneur le Nonce Apostolique,
Excellence Monsieur le Premier ministre
Distingués autorités,
Chers frères et sœurs,
Réunis dans cette cathédrale Saint Paul pour célébrer la mémoire de notre regretté Henri KONAN BEDIE, je n’ai pu m’empêcher de me demander, quelle est la plus importante invitation qu’un être humain puisse recevoir ? Quelle est l’invitation la plus réjouissante que l’on vous ait faite ou que l’on puisse vous faire ? Peut-être, pensez-vous à un événement spécial, ou bien au jour où l’on vous a proposé ou bien l’on vous proposera un poste important, une promotion, une bonne nouvelle ? Sans doute seriez-vous enthousiasmé, voire honoré, de recevoir une telle invitation ! Mais savez-vous qu’une invitation bien plus importante nous est adressée et que la réponse à cette invitation, induit la décision la plus grave que nous n’aurons jamais à prendre ?
L’invitation à aller de l’autre bord, comme nous venons de le chanter, parce qu’elle participe de cette invitation bien plus importante, si elle n’est pas garantie par la certitude de proposer un avenir meilleur, est un leurre dont il faut se méfier, pour chercher et trouver le chemin qui vous mènera à la vie, à la vraie vie ! A contrario, si cette invitation vous assure un mieux-être, elle doit devenir par le fait même, pour celui à qui elle est adressée, chemin d’espérance, de paix et de bonheur, chemin à emprunter résolument !
Cette invitation à aller de l’autre bord, s’adresse à chacun de nous, à un moment ou à un autre de notre existence, et nul ne peut y échapper : elle s’adresse aux hommes et aux femmes de tous les temps, aux vivants surtout, les invitant durant leur pèlerinage terrestre, à revoir sans cesse quelle est leur échelle de valeurs, à comprendre que dans la vie de tous les hommes, s’il y a des choix fondamentaux à faire, ils doivent avoir des priorités, parce que la terre n’est pas et ne sera jamais leur destination finale !
‘‘Aller de l’autre bord’’, c’est dans une certaine mesure le chemin emprunté par celui pour qui nous sommes réunis ici ce matin, et que nous voulons accompagner de nos prières ferventes, afin que par la miséricorde de Dieu, il repose en paix ! C’est ici que je voudrais exprimer et traduire encore une fois, ma proximité à son épouse Henriette, à ses enfants, à sa famille biologique et aux familles alliées, à sa formation politique ainsi qu’à la nation toute entière sans oublier tous ceux qui sont meurtris par la brusque et tragique disparation de celui qui a présidé aux destinées de notre pays et qui l’a servi de bien de manières et pendant de longues années !
‘‘Aller de l’autre bord’’, c’est également passer par le chemin de la mort, cette grande faucheuse qui ne fait acception de personne, et qui impose à tous des ruptures causant des souffrances très souvent difficilement supportables, parce que la mort, à laquelle on ne peut jamais s’habituer, nous déchirera toujours profondément en nous laissant sans défense. Et face à elle, les questions jamais ne manqueront : la vie a-t-elle encore un sens si c’est pour nous retrouver à pleurer et à regretter ceux que nous avons connus et aimés à un moment donné de notre existence ?
Pourquoi, le chemin qui mène vers l’autre bord, cet autre bord censé apporter un avenir meilleur, la paix et le bonheur, doit-il toujours être si douloureux ? Où donc est Dieu, alors que nous expérimentons, à notre corps défendant, pareille douleur, pareille souffrance ? Qui donc est Dieu pour imposer une telle mésaventure à toute une famille ? Pourquoi ce silence de Dieu, silence qu’on nous dit qui n’est pas absence de parole, mais accueille de toute parole intérieure ?
Excellences, Distingués autorités, Chers frères et sœurs,
Les interrogations qui peuvent être les nôtres aujourd’hui, sont celles que les hommes de tous les temps se sont posés et qui nous montrent que nous ne pouvons pas nous passer de sens car, l’existence n’aurait ni goût, ni saveur ! Ces interrogations, se sont celles que nous avons entendues dans la première lecture tirée du livre des Lamentations, et qui nous découvre une autre interrogation : comment comprendre l’attitude du Seigneur alors que son serviteur semble en pleine détresse : ‘‘tu enlèves la paix à mon âme, j’ai oublié le bonheur ; j’ai dit : ‘‘mon assurance a disparu, et l’espoir qui me venait du Seigneur.’’ Lamentations 3, 17-18.
Cette complainte de la paix enlevée à l’âme, du bonheur oublié, de l’assurance disparue et de l’espoir qui semble à jamais perdu, c’est celle que je voudrais mettre sur les lèvres de la veuve Henriette, de ses enfants, de sa famille et de tous ceux qui l’ont connu et aimé ! Un père, un époux aimant et attentionné, un ami fidèle et tendre, part toujours trop tôt et jamais au moment que nous souhaitons ! Je prie pour que Dieu vous prenne en grâce et que Jésus vienne Lui-même occuper et combler le vide qui vous est imposé !
Si l’on ne peut se passer de sens, entendu comme signification mais aussi comme direction, et s’il est vrai que nous n’éviterons pas la souffrance, il est tout aussi vrai que nous devons vivre avec une espérance fabuleuse : la terre est le lieu où l’homme, avec ses défauts, ses impulsions, ses souffrances, ses péchés, laboure avec peine, mais dans le sillage et avec l’aide du Christ, notre premier de cordée. Nous sommes donc sur terre pour nous préparer à une rencontre exceptionnelle : une rencontre avec le maître qui nous attend avec impatience sur l’autre bord !
A la vérité, c’est faire preuve de sagesse que de comprendre que nous serons inévitablement ici-bas toujours en manque, en recherche, en quête jamais comblée. Ne nous faisons donc pas de faux espoirs et accueillons la finitude de l’homme, de tout homme, en reconnaissant et en confessant que seul Dieu peut nous combler et c’est bien ce que dit finalement l’auteur de la première lecture : ‘‘voici ce que je redis en mon cœur, et c’est pourquoi j’espère : grâce à l’amour du Seigneur, nous ne sommes pas anéantis ; ses tendresses ne s’épuisent pas ; elles se renouvellent chaque matin, – oui, ta fidélité surabonde. Je me dis : le Seigneur est mon partage, c’est pourquoi j’espère en lui. Le Seigneur est bon pour qui se tourne vers lui, pour celui qui le cherche. Il est bon d’espérer en silence le salut du Seigneur !’’ Lamentations 3, 21-26
Chant : En mon cœur je t’ai dit, je cherche ton visage…
Espérer en silence le Seigneur, c’est prendre l’engagement de faire en sorte que la vie continue même après la mort, car la véritable mort, c’est que les vivants perdent le souvenir de ceux qu’ils ont connus et aimés ! Alors que le président BEDIE nous quitte, je me permets de mettre sur ses lèvres, et de reprendre pour notre compte, les paroles de Jésus que nous avons entendus dans l’évangile proposé à notre méditation : ‘‘désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans ton nom… pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.’’ Jean 17, 11
Excellences,
Distingués autorités,
Chers frères et sœurs,
Il faut comprendre dans la prière de Jésus, que la vie de Dieu communiquée par Jésus, est un courant d’amour, qui doit passer de personne à personne. Pour ses disciples de tout temps, qui viendront de tous continents, de toutes races, de toutes cultures, Jésus demande cet amour mutuel, vraie participation à La vie divine. Ainsi, s’attacher à la Personne de Jésus, ouvre nécessairement l’homme au Père. L’image est belle, celle d’être attaché à une autre personne par une corde !
A la première lecture, nous comprenons ce passage comme une prière que Jésus adresse à son Père pour l’unité de tous ses fidèles. Lui seul, le Père, pourra faire advenir cette unité nécessaire. Nous pouvons également comprendre que Jésus demande à son Père de permettre que ses disciples soient un, donnant ainsi à l’homme, la capacité d’œuvrer à être un, avec ses frères ! L’unité des disciples est, pour Jésus, le seul facteur pour que le monde croie en lui.
‘‘…Qu’ils soient un, comme nous-mêmes !’’ A la suite de la prière de Jésus, je voudrais nous exhorter, ivoiriennes et ivoiriens, habitants de ce pays, à prendre notre part à l’œuvre de Dieu qui fait de nous un seul peuple uni par les mêmes aspirations, qui partage la même espérance et vivant de la même charité. Oui, cela est possible !
‘‘…Qu’ils soient un, comme nous-mêmes !’’ A cet instant, me vient à l’esprit la vision du prophète Isaïe où le loup séjournera avec l’agneau…, la vache et l’ourse se lient d’amitié, leurs petits… couchés côte à côte… le nourrisson joue sur le nid du serpent, et le petit garçon peut mettre la main dans la cachette de la vipère.’’ Cf.Is.11, 6-8
‘‘…Qu’ils soient un, comme nous-mêmes !’’ S’il est objectivement difficile et selon nos schémas trop humains de croire en cette vision, il est tout aussi vrai qu’il nous faut croire que cette vision n’a rien de surréaliste, si ensemble nous décidons de faire le même rêve dans l’intérêt bien compris de nos concitoyens qui aspirent à ce que notre pays redevienne terre d’espérance et pays de l’hospitalité !
‘‘…Qu’ils soient un, comme nous-mêmes !’’ Ayons confiance en Dieu et décidons, en mémoire de celui que nous pleurons, de nous mettre ensemble, d’accepter nos différences, de regarder plutôt ce qui peut nous unir et d’ignorer in fine, ce qui pourrait mettre à mal notre cohésion. En effet, combien cela serait gratifiant et reposant pour nos communautés, nos familles, notre pays, que tous nous vivions en parfaite intelligence, en nous enrichissant mutuellement de nos différences. Avec Toi Seigneur, cette unité est possible !
Chant : Merci Seigneur merci, c’est Toi qui nous unis, garde-nous, près de Toi, partage-nous Ta joie…
‘‘…Qu’ils soient un, comme nous-mêmes !’’ Plus qu’un simple vœu, une prière à confier au président BEDIE qui nous devance ! ‘‘…Qu’ils soient un, comme nous-mêmes !’’ Une prière à faire nôtre désormais, pour la gloire de Dieu et un mieux vivre ensemble, aujourd’hui, demain et dans les siècles sans fin. Amen !
+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,
Administrateur Apostolique d’Abidjan
OBSEQUE DE BEDIE REMERCIEMENT DE LA FAMILLE
Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire,
Les familles BEDIE, KOIZAN et familles alliées, voudraient exprimer leur profonde gratitude à votre endroit et à l’endroit de votre épouse. En effet, depuis le 1er août 2023, date à laquelle votre ainé, le Président Aimé Henri Konan BEDIE s’est endormi dans la paix du Seigneur, dans une discrétion qui a toujours caractérisé sa vie et dont lui seul détenait le secret, vous n’avez de cesse d’être à nos côtés. Votre présence et votre soutien constant à Madame Henriette Konan BEDIE et ses enfants a été d’un grand réconfort pour eux et pour toute la famille.
Excellence Monsieur le Président de la République,
En plus de l’expression de votre compassion, preuve de l’accomplissement des obligations d’un cadet à l’endroit de son aîné défunt, vous avez consenti à l’exécution de tous les honneurs dus au rang et fonction républicaines assumées avec abnégation par notre illustre disparu.
Profondément ému par les efforts déployés pour honorer la mémoire du Président Aimé Henri Konan BEDIE, les familles BEDIE, KOIZAN et familles alliées, par ma voix éprouvent le besoin impérieux de vous exprimer leur reconnaissance infinie.
Nos remerciements appuyés vont à l’endroit de Son Eminence Jean-Pierre Cardinal KUTWA administrateur apostolique de l’Archidiocèse d’Abidjan, président de la cérémonie de ce jour, Monseigneur Marcellin Yao KOUADIO, Evêque de Daloa, Président de la Conférence de Evêques Catholique de Côte d’Ivoire, de Monseigneur Ignace Bessi DOGBO archevêque nommé d’Abidjan, et de Monseigneur Jacques Assanvo AHIWA, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké.
Nous remercions également tout le clergé et la communauté chrétienne Catholique de Côte d’Ivoire qui nous accompagne avec ses prières indispensables au repos éternel de l’âme notre Epoux, Père, oncle, grand-père et arrière-grand-père et qui n’ont cessé de nous gratifier des saintes paroles qui apaisent nos cœurs affligés.
Distingués personnalités, Auguste assemblée, amis et connaissances, mesdames et messieurs
Très sensible à tous vos témoignages de soutien, de compassion et de sympathie depuis le départ inattendu du Président Aimé Henri Konan BEDIE, vers le royaume éternel, les familles BEDIE et KOIZAN par ma voix, voudraient vous exprimer leurs plus sincères et profonds remerciements.
Votre mobilisation massive ce jour et lors des précédentes étapes des obsèques n’est pas une surprise pour la famille. Elle nous paraissait presqu’évidente. Cependant comme disait Jean-Marie Poirier et je cite : « C’est souvent l’évidence qui exige le plus de démonstration. » fin de citation.
Vous avez donc démontré et confirmé à travers votre grand élan de solidarité à l’égard de la famille BEDIE, de Madame Henriette Konan BEDIE que le Président Aimé Henri Konan BEDIE a vécu et Bien vécu en harmonie avec TOUS et qu’il aura marqué positivement la vie et l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Aussi la famille retrouve-t-elle en la présence, à ses côtes, de tout le peuple Ivoirien réuni et compatissant, le signe d’une juste reconnaissance. En effet, nous savons et nous pouvons témoigner, avec fierté, que le plus illustre membre de la famille BEDIE a appartenue autant à la nation ivoirienne qu’à sa famille biologique.
La perte d’un homme d’une telle dimension, d’un père d’une aussi grande bonté, d’une personnalité d’une telle envergure, d’un leader d’une telle lucidité…… la perte dis-je, est si grande et si profonde pour nous sa famille qu’il n’y a que par des prières et surtout par la présence affective du peuple ivoirien à nos côtés, que nous pourrons surmonter le vide créer par cette brusque disparition.
Merci- merci-mille Merci à vous tous, amis fidèles qui vous tenez à nos côtés et priez pour nous ainsi que pour le repos de l’âme du Président Aimé Henri Konan BEDIE ! La famille vous sera éternellement reconnaissante.
Un grand et spécial Merci à la chorale qui, tout comme à la veillé d’hier nous a gratifié de ses beaux chants et de ses belles mélodies exécutées avec justesse. Nous remercions également les servants de messe, les quêteuses, le service d’ordre, les religieuses. Tous, vous avez contribué à la bonne organisation de la messe de ce jour.
Excellence Monsieur le Président de la République et madame,
Distingués personnalités, Parents, Amis et connaissance, Mesdames et Messieurs, par ma voix, sa Majesté Nanan Attoh Yapi 3, Maman Henriette Konan BEDIE, ses enfants et ses petits-enfants, Les grandes Famille BEDIE et KOIZAN voudraient vous renouveler leurs profondes gratitudes et vous dire mille fois merci pour votre soutien constant.
Nos prières s’élèverons chaque jour vers les cieux, pour demander que vos bonnes actions résonnent auprès de Dieu, seul capable de vous gratifier pour vos bienfaits envers notre Famille ;
Que Dieu tout puissant nous accorde à tous, la force d’honorer le Président Aimé Henri Konan BEDIE à la hauteur du sacrifice de sa vie qu’il aura consenti au bénéfice de la Nation Ivoirienne ;
QUE DIEU VOUS BENISSE !
Je vous remercie.