Homélie du dimanche 1er novembre 2020, Solennité de la TOUSSAINT, Année A

 

Tous baptisés, tous appelés à la sainteté.

Chers frères et sœurs, en ce jour de grande fête, nous sommes invités dans une célébration commune à fêter tous les amis de Dieu, ceux et celles qui, de leur vivant, ont essayé de faire la volonté de Dieu : LES SAINTS. Deux points vont orienter mon propos : Qu’est-ce que la sainteté ? Comment devenir saint ?

(1)   Qu’est-ce que la sainteté ?

Dans le livre du Lévitique 19, 2, s’adressant à son peuple Israël, Dieu dit ceci : « Parle à toute la communauté des fils d’Israël ; tu leur diras : Soyez saints, car je suis saint, moi le Seigneur, votre Dieu. » Jésus reprendra cette formule en Matthieu 5, 48 dans son Grand discours sur la montagne en Matthieu 5-7.

 La sainteté est la vocation commune de tous les Hommes car créés à l’image de Dieu, ils sont exhortés à vivre selon sa ressemblance par la mise en pratique de sa volonté. Elle n’est donc pas réservée à une catégorie de personnes pures et sans imperfection. Elle s’adresse à tous les Hommes qui sont l’objet du message du Salut. C’est ce que signifie la foule immense vêtue de robes blanches dont parle l’Apocalypse 7, 2-14. La sainteté est le projet de Dieu envers l’Homme. Nous le savons, Dieu est à la fois l’origine et le terme de l’existence humaine, il est l’Alpha et l’Oméga. L’Homme sort de Lui pour revenir à Lui. Autrement dit, la sainteté est une proposition de Dieu adressée à l’Homme qui consiste en sa divinisation par la vision béatifique. En effet, en l’Homme est inscrite l’aspiration à la vie éternelle. Tout simplement, l’Homme est fait pour voir Dieu et vivre en sa Présence. Mais c’est Dieu qui nous la propose cette vie. Ainsi, nous devons être dans une attitude de réception et non pas de possession du don de Dieu. Si nous voulons de nous-mêmes et par nos propres forces prendre ce que Dieu a prévu pour nous, nous ferons l’expérience de notre déchéance, de notre anéantissement, de notre vanité à l’image d’Adam et Ève. Ces derniers en effet, ont voulu devenir comme Dieu par leur propre intelligence mais ils ont fait l’expérience de leur misère par la découverte de leur nudité (Cf. Genèse 3). En dehors de Dieu, il n’y a pas de sainteté possible. C’est Dieu qui demeure l’Unique Source de notre Béatitude infinie.

(2)   Comment devenir saint ?

Pour devenir saint, il faut accueillir dans l’aujourd’hui de sa vie tout simplement le projet de Dieu, pourrais-je dire. Qu’en est-il ? Il s’agit de notre Bonheur tel que révélé dans l’Évangile dit des Béatitudes en Matthieu 5, 1-12. Comme Moïse qui gravit la montagne du Seigneur en Exode 19-20 pour proposer au peuple les 10 Paroles d’Amour ou le Décalogue ou les10 Commandements comme Charte de sa vie, Jésus gravit la montagne et inaugure son ministère de la Parole par la présentation du dessein de Dieu : les Béatitudes. Il affirme dès le commencement que Dieu veut le Bonheur de l’Homme. On note à cet effet, la récurrence de « Heureux » tout au long de cette péricope. Dieu nous veut heureux dans le détachement vis-à-vis des biens matériels en devenant ainsi des « pauvres de cœur » et en souffrant pour la justice afin d’hériter du Royaume des Cieux. Il nous incite à pleurer sur nos péchés pour obtenir de Lui la Consolation, à vivre dans la douceur c’est-à-dire dans la simplicité et l’humilité, gages d’une vie heureuse, à désirer ardemment la justice capable de nous épanouir totalement, à faire preuve de miséricorde pour en être nous aussi les bénéficiaires. Le Christ nous le dit en Matthieu 6, 14 : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi. » Il nous pousse à la pureté du cœur, un cœur débarrassé de tout ce qui pourrait le charger et le surcharger comme pensées impures, méchanceté, rancune, orgueil, vengeance, égo. Toutes ces réalités empêchent le Seigneur d’habiter en nous. Or notre cœur est le sanctuaire de l’amour profond et intime entre Dieu et nous. Notre Bonheur viendra du fait aussi que nous devrions être des artisans de Paix. Rechercher la Paix, faire la Paix, c’est le défi actuel des chrétiens, des hommes et femmes de bonne volonté dans le contexte sociopolitique délétère que vit la Côte d’Ivoire. Le chrétien doit par sa parole et son attitude, distiller le miel de la Paix et non pas le venin de la division, être un canal de diffusion de l’Amour et non un instrument de la haine. Ainsi, s’il se laisse porter et guider par l’Amour, il sera réellement enfant de Dieu comme le stipule 1 Jean 3, 1-3. Enfin son Bonheur réside dans sa capacité à accepter et à supporter avec foi les diverses contrariétés de sa vie, les humiliations et les persécutions pour le Seigneur. La vie du chrétien n’est pas et ne sera jamais un long fleuve tranquille. Il y a aura des hauts et des bas, des moments difficiles qui mettront à mal sa Foi. Dans ses moments de turbulence, son regard doit être tourné vers le Christ et entendre cette Parole : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos » (Matthieu 11, 28).

Tous appelés et tous saints. La sainteté est à désirer et à vivre dans les choses ordinaires de la vie quotidienne. Dieu n’attend pas exclusivement de nous des choses extraordinaires ou grandioses. Il nous veut simples et normaux en toutes choses. Le chemin de la sainteté est un chemin ordinaire qui consiste à accueillir le Bonheur de Dieu malgré les vicissitudes de la vie et à en devenir les témoins. Faisons le Bien autour de nous, rendons les autres heureux. C’est en cela que la prière de saint François d’Assise demeure pour nous une boussole pour marcher ici-bas dans la sainteté à la suite du Christ et de tous les Saints du Ciel. Méditons-la jour et nuit :

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »

Bonne fête dans la compagnie de tous les SAINTS.

 

Père Sylvain KOUASSI,

Vicaire, Paroisse Sainte Famille de la Riviera 2.

 

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