Homélie du dimanche 8 novembre 2020, Temps Ordinaire, Année A
La Vigilance par la Sagesse de Dieu
Frères et sœurs, les textes liturgiques de ce dimanche et du dimanche prochain, orientent notre regard vers les fins dernières, le moment où s’exercera de manière implacable le jugement de Dieu. En effet, nous cheminons vers la fin d’une année liturgique. Aussi, par le choix des textes des 32e et 33e dimanches, l’Église nous exhorte à scruter l’horizon eschatologique, c’est-à-dire à méditer sur la fin des temps et le jugement dernier.
Trois points vont constituer l’ossature de ma méditation du 32e dimanche du temps ordinaire de l’Année A autour de la notion de l’HEURE. Il s’agit de l’HEURE dans la Parabole des dix jeunes filles rapportée en Matthieu 25, 1-13 : (1) L’Heure terrestre, l’Heure des choix des Hommes. (2) L’Heure terrestre, l’Heure de la Patience de Dieu. (3) L’Heure finale, l’Heure du Jugement de Dieu.
(1) L’Heure terrestre, l’Heure des choix des Hommes
La Révélation biblique affirme que toute l’Histoire Sainte est une Histoire de proposition et de disposition. Dieu propose à l’Homme son Amour, sa Parole, sa Présence et sa Compagnie. En retour l’Homme dispose par son OUI ou son NON à l’invitation de Dieu. Par exemple, en Deutéronome 30, 15-16, Dieu dit à Israël : « Vois : je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, moi qui te commande aujourd’hui d’aimer le Seigneur ton Dieu, de suivre ses chemins… » Face à cela, l’Homme au nom de sa liberté et à la lumière de sa raison ou conscience, peut décider volontairement d’obéir ou de désobéir à Dieu. Dieu ne force personne car le Dieu Tout-Puissant se fait « impuissant » devant le libre arbitre de l’Homme. Ainsi donc, pendant mon pèlerinage terrestre, mes choix m’appartiennent, mes décisions émanent de moi. C’est mon Heure, j’en fais ce que je veux en ce sens que l’orientation que je voudrais donner à ma vie dépend entièrement de moi. Mais je ne dois pas l’oublier, tous mes choix sont déterminants pour mon éternité car la question qui se pose avec acuité est la suivante : « Où vais-je passer mon éternité ? En Dieu ou hors de Dieu ? Avec Dieu ou sans Dieu ? » En effet, nous le savons, l’élan que nous prenons dans la vie, détermine la trajectoire de notre vécu existentiel. Quel élan, c’est-à-dire quels choix vais-je prendre dans cette Heure qui m’est donnée sachant que tôt ou tard, je quitterai ce monde ?
(2) L’Heure terrestre, l’Heure de la patience de Dieu
À l’Heure de nos choix correspond l’Heure de la Patience de Dieu. Chaque jour est une occasion d’expérimenter sa Patience qui se veut pour nous Miséricorde. Oui, chaque fois que nous revenons à Dieu par la conversion, Dieu nous manifeste son Pardon, Lui qui est lent à la colère, plein de Tendresse, de Pitié, d’Amour et de Miséricorde (cf. Psaume 145, 8 ; Jonas 4, 2). Par conséquent, il s’agit de faire notre examen de conscience en lien avec la Patience divine pour rectifier ou corriger ce qu’il y a lieu d’être dans notre vie dans la perspective du Jugement dernier car il y aura un jugement final. En effet, l’Heure terrestre aboutit à l’Heure finale, l’Heure du Jugement dernier.
(3) L’Heure finale, l’Heure du Jugement
Durant notre parcours terrestre, nous avons la possibilité de nous convertir. Mais une fois que l’Heure de la rencontre ultime avec le Seigneur sonnera, il n’y aura plus de place pour la conversion ni la Miséricorde, ce sera l’Heure de la Justice de Dieu. Cette Heure comme le montre la parabole des dix jeunes filles, ne dépend pas de nous. Elle est du ressort exclusif du Seigneur qui, à tout moment, peut faire irruption dans notre vie. Le Seigneur viendra quand Il veut. Serons-nous prêts à l’accueillir afin d’entrer dans la salle des fêtes pour y célébrer les noces éternelles ? D’où l’avertissement de la finale de l’évangile de ce dimanche : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ».
Aussi, comment veiller dans l’attente de la venue certaine du Seigneur. Notre vigilance passe par le fait d’avoir de l’huile en réserve dans la lampe de notre vie à l’exemple des cinq jeunes filles sages ou prévoyantes. L’huile de notre vie, c’est la Parole de Dieu qui nous remplit de la Sagesse divine dont parle Sagesse 6, 12-16 en 1e lecture. C’est la Sagesse qui nous permet de prendre conscience que notre vie qui a eu un commencement aura aussi une fin. C’est Elle donc qui nous aide à mieux nous préparer à la rencontre ultime avec le Seigneur en posant de bonnes actions ici-bas, en vivant pour Dieu. Elle nous éclaire et nous aide à nous comporter avec discernement. La Sagesse dont parle la 1e lecture, c’est Dieu Lui-même. Ainsi, nous devons replacer Dieu et sa Parole au cœur de notre existence. En effet, si nous allons mal, si notre monde va mal, si notre pays va mal, c’est parce que nous avons oublié et mis Dieu et sa Parole entre parenthèses pour écouter nos propres paroles et celles du monde teintées de mensonge, de division, de flatterie, de violence, de domination, d’abus de pouvoir, de guerre. Nous nous comportons parfois comme des insensés, des fous à l’image des cinq jeunes filles insouciantes de notre parabole. Par exemple, comment peut-on avec sa raison, tuer, brûler, détruire de sang-froid l’autre qui est mon frère et ce qui lui appartient ?
Il est donc temps de remettre Dieu dans notre vie, d’écouter sa Parole qui nous invite au Pardon, à la Réconciliation, à la Paix et à l’Amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34). Si nous mettons Dieu dans notre vie, alors nous mettrons l’Homme au centre de notre existence et de nos préoccupations : « Chaque fois que l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » dira Jésus en Matthieu 25, 40.
Que la Sagesse de Dieu sans laquelle notre vie n’a pas de sens et sans laquelle nous ne sommes rien (cf. Sagesse 9, 6), demeure la lampe qui illumine notre chemin dans notre marche vers la rencontre avec Dieu.
Bon dimanche à tous et toutes. Dieu vous bénisse.
Père Sylvain du Saint Nom de Jésus
Vicaire, Paroisse Sainte Famille de la Riviera 2
