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LES VŒUX PERPETUELS DE SŒUR N’KOUMO GALLOU EUGENIE VICKY CORINNE

HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ
ARCHEVEQUE D’ABIDJAN

Lectures : Ac.2, 42-47 /1P.1, 3-9/ Jn.20, 19-31

Paroisse Saint Thomas Agban Village
Abidjan le 16 avril 2023

Chant : Min né ya ya sé Whanté. Min hon minhin djèto. Min tè sé apasa ognin. [Whanté brétè li adominiga. Alépè mankè]  (2)

Monseigneur Jean Baptiste AKWADAN, Chapelain de Sa Sainteté,
Révérend père Bernard DAINGUI, Curé de la Paroisse Saint Thomas d’Agban, ses vicaires et ses conseils,
Révérende mère Christiane BAKA, Supérieure Générale des sœurs Notre Dame de la Paix,
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Chers invités,
 Frères et sœurs en Christ,

Aux lendemains de la fête de Pâques où le Christ nous ouvre l’espérance d’avoir part à son triomphe sur la mort pour vivre désormais avec Lui en Dieu qui fait toute chose bonne en son temps, louer Dieu, élever son nom très haut, proclamer à toutes les nations qu’Il est le seul vrai Dieu Tout Puissant, participent à la joie de Pâques où nous sommes entrainés par un courant de victoire et de joie !

 Et comme si la fête de Pâques elle-même ne suffisait pas à traduire toute cette allégresse, l’Eglise nous offre l’octave, période qui désigne dans le calendrier liturgique latin, les huit jours qui suivent la fête de Pâques, du dimanche de Pâques au dimanche de quasimodo ou encore dimanche in albis, qui est devenu en l’an 2000, le dimanche de la Divine Miséricorde.

Il est important de noter qu’actuellement, selon le calendrier liturgique romain, seules les solennités de Pâques et de Noël sont suivies d’une octave et pendant celle de Pâques, la messe est célébrée tous les jours avec les prières du jour Pâques et la répétition des mêmes prières et des mêmes chants sert à rappeler que la Résurrection se prolonge par-delà la fête de Pâques !

Cette fête qui se prolonge offre aux chrétiens de se réjouir de ce que la mort ait été vaincue par la vie pour que s’applique à chacune de leurs vies, les mérites du sacrifice pascal. Comment ne pas voir en ce dimanche de la Divine Miséricorde un clin d’œil à nous tous mais particulièrement à notre fille Eugenie Vicky Corinne qui va s’offrir toute entière au Seigneur par la profession de ses vœux perpétuels, et souhaiter que la célébration de ce jour s’inscrive pour elle dans ce double courant de victoire et miséricorde ?

Bien chère fille Vicky Corinne,

Alors que nous sommes réunis pour célébrer les prévenances de notre Dieu en ta faveur, voici que retentit à nos oreilles l’une des premières paroles du ressuscité à ses disciples : ‘‘la paix soit avec vous !’’ Bien plus qu’un simple souhait, c’est le vœu, mais aussi c’est la prière que le Christ ressuscité adressait à son Père à l’endroit de ses disciples apeurés et démotivés, perturbés par les événements qu’ils venaient de vivre : leur Maître et Seigneur venait de mourir ! A qui le tour maintenant ?

Manifestement, il y avait de quoi à avoir peur pour les onze, de quoi céder au doute même. N’étaient-ils pas accusés, au matin de Pâques, d’avoir enlevé le corps de Jésus ? Ne seraient-ils pas eux-mêmes les prochaines victimes après leur Maître et Seigneur ? Et comme le Christ est passé par la croix, ne passeraient-ils pas eux aussi par ce même chemin qui conduit à l’infame croix ? Autant de questions qui justifient d’une certaine façon, qu’ils aient ‘‘verrouillés les portes du lieu où ils étaient, par peur des Juifs’’.

Certes, leur moral avait commencé à remonter doucement grâce aux différents témoignages concernant la résurrection. Mais, on ne peut s’empêcher de penser que ce jour-là, le souhait du Christ, ‘‘La paix soit avec vous’’ a dû prendre une signification toute particulière : en effet, c’est au creux de leur désespoir que le Christ vient à leur rencontre pour leur redire ces paroles qui redonnent espoir, force et courage, paroles qui remettent debout, pleins de confiance et d’assurance pour continuer la mission !

Tout en te félicitant pour tes vœux perpétuels, je voudrais te prévenir que c’est un leurre de croire que la grâce détruit la nature et que comme une opération quelconque du Saint Esprit, tu seras comme immunisée contre épreuve ! Si le choix que tu fais est beau, il te faudra toujours répondre davantage aux exigences de ta consécration, en étant pour les autres, ceux que le Seigneur mettra sur les chemins de ta vie, signe de cette paix que le Christ proclame aujourd’hui à l’endroit de ses disciples !

La paix soit avec vous ! Que ces paroles soient entendues le jour de tes vœux perpétuels, est un signe qu’il te faudra méditer mais aussi que je voudrais attacher désormais à ta vie ! Il ne s’agira pas pour toi de passer ton temps à proclamer ces paroles mais à en vivre si tu veux que les autres puissent croire en tes paroles. En effet, si les disciples hier furent remplis de joie en entendant ces paroles, fais-toi l’obligation pour qu’il en soit ainsi pour ceux qui t’entendrons les prononcer !

J’avoue que ton caractère s’y prête car avec le sourire, on obtient tout ! Mais encore faut-il qu’il soit sincère et vrai ! En effet, beaucoup parmi nous ne comprennent pas comment, une religieuse, surtout d’une congrégation qui porte le prestigieux nom de Notre Dame de la Paix, ne soi pas elle-même non seulement habitée par la paix, mais aussi qu’elle ne puisse pas en transpirer ! Pour réussir cette mission, il te faudra être attentive à ta vie communautaire et cet appel, je l’adresse à toi particulièrement mais également à chacune de vous, sœurs Notre Dame de la Paix !

Révérendes sœurs,

Dans la première lecture de ce jour, il se dégage quatre grands axes qui doivent structurer toute communauté chrétienne : elle se nourrit d’un solide enseignement qui construit son identité ; elle entretient une communion fraternelle vivante ; elle pratique une solidarité allant jusqu’au partage ; enfin, elle se rassemble pour le repas du Seigneur et la louange.

En décidant de ne préférer que l’amour de Jésus votre époux, votre nouvelle vie doit davantage refléter ce qui a fait la force des premières communautés chrétiennes. Je crois bien humblement que si nous lisons le Livres des actes des Apôtres aujourd’hui encore, c’est bien parce que leur vécu après la Résurrection du Christ a prouvé qu’il y avant un avant et un après Pâques ! Aussi, voudrais-je m’interroger avec vous : religieuses Notre de la Paix, quelle est ton identité profonde et comment la construis-tu ?

Parlant de communion fraternelle vivante, pense-tu que c’est vraiment de la sorte que tu vis et si ce n’est pas le cas, quelles solutions envisages-tu pour que cette vie fraternelle soit vraiment vivante ? N’es-tu pas de celles qui attendent tout des autres et jamais prêtes pour fournir le moindre effort ? Ensuite, il est question de solidarité qui va jusqu’au partage : religieuse Notre Dame de la Paix, comment te sens-tu solidaire de tes sœurs et l’es-tu vraiment ? Es-tu prête à faire de ta vie un don aux autres sans que ton cœur ne te fasse la guerre ?

Enfin, comment se déroulent vos repas du Seigneur, cette rencontre si importante si vitale pour toute vie de consacrée ? En toute hâte et l’esprit préoccupé par les multiples tâches à accomplir ou bien dans un geste d’oblation amoureuse, où la rencontre avec l’époux qui vous a séduites et appelées est plus fort que tout ? Je pense bien humblement que sans une certaine qualité de relation avec le Seigneur, nous sommes comme des épaves, ballotés au gré des vents contraires, sans racine aucune !

Bien évidemment, vous aurez compris que je ne dépeins pas ici ce que vous vivez au quotidien, mais il m’a paru nécessaire d’attirer votre attention sur ces dérives qui sont nos adversaires et se présentent comme disait l’Apôtre Pierre, ‘‘comme un lion rugissant qui rode cherchant qui dévorer’’ (Cf 1 Pi.5, 8) Ce que nous sommes devenus est trop important pour que nous le galvaudions par un manque d’attention ! Veillons les uns sur les autres ! Veillons sur notre vocation, ce trésor inestimable que le Seigneur met entre nos mains comme dans des vases d’argile !

Frères et sœurs,
Chers parents,

Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Divine Miséricorde. Parlant justement du dimanche de la Miséricorde Divine, le Pape émérite Benoît XVI, d’affectueuse mémoire disait ceci : ‘‘la miséricorde est en réalité le noyau central du message évangélique, c'est le nom même de Dieu, le visage par lequel Il s'est révélé dans l'ancienne Alliance et pleinement en Jésus Christ, incarnation de l'Amour créateur et rédempteur. Cet amour de miséricorde illumine également le visage de l'Église et se manifeste aussi bien à travers les sacrements, en particulier celui de la réconciliation, qu'à travers les œuvres de charité, communautaires et individuelles. Tout ce que l'Église dit et fait, manifeste la miséricorde que Dieu nourrit pour les hommes, donc pour nous. Lorsque l'Église doit rappeler une vérité méconnue, ou un bien trahi, elle le fait toujours poussée par l'amour miséricordieux, afin que les hommes aient la vie et l'aient en abondance (cf. Jn 10, 10). De la miséricorde divine, qui pacifie les cœurs, naît ensuite la paix authentique dans le monde, la paix entre peuples, cultures et religions diverses.’’ Message du 30 mars 2008.

Voici le chemin qui doit être désormais le vôtre : un chemin de miséricorde ! Miséricorde envers les consacrés que certains présentent bien souvent sous leurs mauvais jours ! Je ne vous invite pas à être complices de leurs péchés mais à les aider et la meilleure aide ici, c’est la prière qui remet entre les mains du Dieu de miséricorde, celui qui s’est éloigné de la voix de sa vocation !

Miséricorde envers tous ceux qui, au milieu de vous, sont dans une situation de faiblesse. Je vous invite à être pour eux, l’agir de Dieu qui ne cesse de tendre la main, cette main qui ne se fatigue pas et qui ne veut pas la mort du méchant, sinon qu’il se convertisse et quitte le mauvais chemin qu’il a emprunté. Désormais, soyez le visage de la miséricorde de Dieu qui veut que les hommes aient la vie et l'aient en abondance !

Enfin, n’oubliez jamais que le visage par lequel Dieu s'est révélé dans l'ancienne Alliance et pleinement en Jésus Christ, incarnation de l'Amour créateur et rédempteur, c’est bien celui de la miséricorde ! Désormais, soyez vous aussi ce visage pour vos frères et sœurs ! Dieu qui connaît les intentions profondes de vos cœurs, saura vous le rendre bien au-delà de vos attentes et de vos espérances !

Bien chère fille Vicky Corinne

Je voudrais à présent me tourner vers toi pour finir. Dans la deuxième lecture de ce jour, l’auteur explique aux chrétiens la nature de leur nouvelle existence qui peut être qualifiée de ressuscitée, car elle arrache à un monde corrompu qui gangrènerait le cœur de l’homme. Désormais, une nouvelle vie commence pour toi aussi : veille sur les sentiments de ton cœur afin d’être toute à tous, et que par toi, désormais, ‘‘tous soient uns’’ selon la devise même de votre père fondateur.

Je continuerai de prier pour toi, tout comme chacun de ceux qui sont ici présents ! Puisse la barque des sœurs Notre Dame de la Paix dans laquelle tu t’installes t’apporter toute la joie et tout le bonheur d’une consécration heureuse et fructueuse, pour la gloire de Dieu et ton bonheur qui sera le nôtre, et que les paroles de ce chant te conduisent toujours !

Chant : ‘‘Whanthé min ni gbré min nin pê lepan, kin hè san min mini hè djouman (bis) Lié min boué man mosé afétchoué é. Hê brênon eli min yaliwo…

Je vous bénis tous et vous recommande à l’interccession de la Vierge Marie, Notre Dame de la Paix et de Saint Thomas par Jésus mort et ressuscité, qui vit et règne, aux siècles des siècles ! Amen !

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque d’Abidjan