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HOMÉLIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVÊQUED’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA MESSE DE CLÔTURE DE L’ANNÉE PASTORALE 2021-2022

 Cathédrale Saint Paul du Plateau Mercredi 29 juin 2022

 ‘‘Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.’’ Ps 84, 11-14.

Finalement, nous voyons dans ce psaume que la terre répond au Ciel et le Ciel à la terre : Dieu et l’homme sont tournés l’un vers l’autre. La grâce et la liberté sont nécessaires dans chacune de nos actions : la grâce sans la réponse de l’homme reste stérile ; l’effort de l’homme sans l’aide de la grâce est voué à l’échec ! Comme le peuple d’Israël hier se souvenait des bienfaits du passé pour s’assurer que Dieu ne l’abandonnait pas, nous aussi, dans l’épreuve, faisons mémoire des grâces qui ont jalonné notre vie et reconnaissons que Dieu ne nous a jamais abandonné.’’ Conclusion du message de la rentrée pastorale 2021-2022.

Excellence Monseigneur Marie Daniel DADIET,
Monseigneur Jean Baptiste AKWADAN,
Monseigneur Richard ANOU,

Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Chers frères et sœurs,

Le thème d’une année pastorale, au-delà de sa thématique, répond tout à la fois à une vision pastorale mais également, à un désir de proposer les grandes articulations qui nous permettent d’approfondir notre foi dans notre marche à la suite du Seigneur en ayant le souci d’impacter dans une certaine mesure, notre vivre-ensemble en tant que communauté d’Eglise, en marche vers le Seigneur et située dans un environnement qui va bien plus loin que les frontières de nos églises et autres lieux de cultes.

Ce désir d’impacter notre société, d’apporter un plus à notre vivre-ensemble, c’est celui que j’ai bien voulu rappeler à nos souvenirs au début de mes propos de ce jour : ‘‘la terre répond au Ciel et le Ciel à la terre ; Dieu et l’homme sont tournés l’un vers l’autre. La grâce et la liberté sont nécessaires dans chacune de nos actions : la grâce sans la réponse de l’homme reste stérile ; l’effort de l’homme sans l’aide de la grâce est voué à l’échec !’’

La mise en œuvre d’un tel désir s’appuie bien évidement sur le génie des agents pastoraux qui ont la charge de traduire et de transmettre cette vision par les actions et les activités concrètes qu’ils proposent à leur tour, aux fidèles de leurs paroisses. Sans eux, sans leur concours, sans leur apport, les objectifs seront difficiles à atteindre, nonobstant la grâce de Dieu qui agit, d’une manière dont lui seul a le secret, dans le cœur de tous. Que la terre réponde au Ciel et le Ciel à la terre, que Dieu et l’homme soient tournés l’un vers l’autre, tel était finalement l’invitation qui nous avait été adressée de la part du Seigneur.

Une année pastorale ferme ses portes avec la messe de clôture de ce jour. Une année vécue sous le regard bienveillant de notre Seigneur Jésus-Christ. Une année avec ses joies et ses peines, ses angoisses et ses espérances, ses ombres et ses lumières. Cette année aura été in fine, pour celui qui est optimiste, comme Dieu l’aura voulue tout en se disant que le meilleur est encore à venir, que nos histoires ne peuvent pas s’arrêter sur des échecs et que les victoires d’aujourd’hui sont le gage de ce Dieu veut pour nous et pour nos sociétés.

Révérends Pères,                                                                                              

 Comme chaque année, notre année pastorale s’achève alors que l’Eglise toute entière célèbre les Saint Apôtres Pierre et Paul, les deux figures de proue de l’Eglise naissante, différents l’un de l’autre, admirablement complémentaires et qui se rejoignent dans la profondeur de leur foi et la ferveur de leur amour pour l’un Christ. Mais, ils ont eu aussi leurs faiblesses et leurs limites : la présomption et le reniement de Pierre, la haine farouche de Paul pour les chrétiens avant sa conversion. Et si l’Eglise a tenu à les rapprocher dans une unique fête, n’est-ce pas parce qu’ils sont le symbole de ce qu’elle est : à la fois un roc solide et une barque lancée à la conquête du monde ?

  Je n’oublie pas non plus que notre Eglise est en synode, ce processus qui devra aboutir à la capacité d’imaginer un futur différent pour elle et pour ses Institutions, à la hauteur de la mission qu’elle a reçue. Il me plaît de rappeler, sur la base du document préparatoire, quelques objectifs principaux qui déclinent la synodalité comme forme, comme style et comme structure de l’Église : il s’agit entre autre et sans être exhaustif, de faire mémoire de la façon dont l’Esprit a guidé le cheminement de l’Église dans l’histoire et nous appelle aujourd’hui à être ensemble des témoins de l’amour de Dieu ;  de vivre un processus ecclésial impliquant la participation et l’inclusion de tous, qui offre à chacun – en particulier à ceux qui, pour diverses raisons, se trouvent marginalisés – l’opportunité de s’exprimer et d’être écoutés pour contribuer à l’édification du Peuple de Dieu ; de reconnaître et apprécier la richesse et la diversité des dons et des charismes que l’Esprit dispense librement, pour le bien de la communauté et au bénéfice de la famille humaine tout entière.

Ce vaste chantier qu’ouvre le synode couple assez bien avec le thème de notre année pastorale, si nous convenons qu’en toute circonstance, et pour atteindre nos objectifs de manière efficiente, il faut nécessairement qu’amour et vérité se rencontrent et que justice et paix s’embrassent ! Je dois avouer, en tant que premier pasteur de notre église locale d’Abidjan, une certaine satisfaction pour le travail accompli, puisque cet aspect des choses a été bien perçu par les pasteurs que vous êtes, comme l’a révélé le bilan de fin d’année que nous avons eu hier.

A ce stade de mon propos, je voudrais bien sincèrement vous féliciter pour le travail abattu avec courage et abnégation malgré les difficultés rencontrées. Les acquis sont nombreux et ce n’est qu’à ces acquis que je voudrais m’arrêter parce que je reste convaincu que tout homme est perfectible et capable de redresser la barre à tout moment. Si nous décidons de vraiment vivre ensemble, de porter les mêmes projets pour nos fidèles, en collaboration avec eux, il n’y a pas de raison que Dieu ne nous donne pas les moyens pour atteindre nos objectifs. Et comme j’aime à le dire, c’est uni dans l’amour que nous réussirons à surmonter les défis qui se présentent à nous.

Révérends Pères,
Frères et sœurs,

        Je voudrais en cette fin d’année pastorale vous inviter à ne désespérer ni de votre Eglise, ni de Dieu qui sait où il va avec elle et nous avec ! Dans la première lecture de ce jour, l’on constate que la graine de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ jetée en terre germe. Malgré l’opposition des hommes, l’Eglise grandit et il en sera toujours ainsi ! Les Apôtres vont maintenant hardiment de l’avant sans plus craindre la mort et si Pierre est délivré miraculeusement de la mort, cela doit nous faire comprendre qu’il nous faudra toujours lutter contre les forces de mort qui pèsent sur nos sociétés en leur opposant notre foi, une foi ferme, active et audacieuse.

        C’est au prix de cette foi ferme, active et audacieuse que nous pourrons un jour nous présenter face au Seigneur notre Maître en ayant les mêmes sentiments que Saint Paul dans la deuxième lecture de ce jour : ‘‘ J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse.’’

       Mais le chemin qu’il nous reste à parcourir est encore long et cela suppose que nous soyons toujours prêts à relever les défis qui nous attendent. L’un d’eux est incontestablement, la question de notre relation d’intimité avec Jésus à partir de ce que nous savons de Lui, mais aussi de son identité profonde. Dans l’évangile, la question que Jésus pose à ses disciples : ‘‘aux dires des gens, qui est le Fils de l’homme ?’’ s’adresse à chacun de nous parce que toute délicate qu’elle soit, elle devient personnelle et déterminante quand elle change de cible : ‘‘et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?’’

       Au nom des autres disciples, Pierre reconnaît, en contraste avec les opinions du peuple, que Jésus est le Messie espéré, le Fils de Dieu. En retour, Jésus déclare le bonheur de Pierre à qui le Père a révélé cette vérité. L’on remarquera qu’en conséquence de la foi proclamée par Pierre, Jésus lui annonce la mission qui sera désormais la sienne : ‘‘ tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre, sera délié dans les cieux.’’

       Il est bon de remarquer que ce dernier bout de phrase : ‘‘ tout ce que tu auras lié sur la sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre, sera délié dans les cieux ’’ ne fait pas de Pierre et de ses successeurs, des hommes désormais tout-puissants ! Cela signifie que Dieu s’engage auprès d’eux et que dorénavant, il nous suffit d’être en communion avec notre Eglise, l’Eglise de Jésus-Christ, pour être en communion avec Dieu.

       Par ailleurs, il ne vous a pas échappé que Jésus précise que c’est Lui-même qui bâtira son Eglise ! Ce qu’il nous reste à faire, et c’est là la mission de Pierre et des disciples de tout temps, c’est d’être ceux qui révèlent l’agir de leur Maître et Seigneur dans le quotidien de leurs vies. Telle est notre vocation à tous, vocation entendue comme appel et dans notre cas présent, appel à servir Dieu et nos frères, tout en veillant toujours à faire en sorte qu’amour et vérité se rencontrent et que justice et paix s’embrassent.

Révérends Pères,
Révérendes sœurs,

Chers frères et sœurs,

 Qu’il me soit permis de reprendre l’invitation de notre Saint Père le Pape François aux catholiques à entrer en synode en ‘‘pèlerins amoureux de l’Evangile’’, de la Parole de Dieu, seule capable d’éclairer nos vies et de donner consistance à notre vie de foi en Jésus-Christ et en Eglise car  en cheminant ensemble et en réfléchissant ensemble sur le parcours accompli, l’Église pourra apprendre, et nous avec elle, de ce dont elle fera l’expérience, quels processus peuvent l’aider à vivre la communion, à réaliser la participation et à s’ouvrir à la mission. Notre “marche ensemble” est, de fait, ce qui réalise et manifeste le plus la nature de l’Église comme Peuple de Dieu pèlerin et missionnaire.’’

Pour terminer, je voudrais réaffirmer une fois encore que ‘‘l’heure n’est donc plus à l’exercice d’un individualisme exacerbant, aux antipodes de la Bonne Nouvelle de salut que Jésus-Christ est venu nous révéler. L’heure n’est pas à la fermeture sur soi, en soi. Nous sommes bien invités à être des missionnaires, à sortir de notre culture, de notre petit monde façonné à notre guise, pour emprunter, de façon résolue et décisive, le chemin de la foi, de la solidarité et de l’amour.’’ Cf Messe d’ouverture du synode sur la synodalité du 17 octobre 2021.

En attendant de nous retrouver, je vous souhaite à tous de bonnes et saines vacances. Je vous prie de les prendre entièrement, d’en profiter vraiment pour refaire vos forces. J’insiste pour dire que les éternels permanents finissent toujours par agacer ! Sachez vous reposer pour que nous puissions reprendre, tout plein de force et de vigueur, notre marche commune à la suite du Christ.

Bonne fête à tous !

Bonne fête à ceux qui se prénomment Pierre ou Paul.

Joyeux anniversaire de naissance aux pères DOGOUA Dapéa Gilles César et MBENG Loïc Joseph. Enfin, joyeux anniversaire d’ordination aux pères ZONGO Mathieu, N’DJOMAN Abel et AKA Amon Emmanuel

 A tous, bonnes vacances et bon retour ! Ma bénédiction paternelle vous accompagne.

 

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,
Archevêque d’Abidjan