CATHÉDRALE SAINT PAUL

Le Curé P. OGOU N' Kayo André
Vicaire(s) PP. TOURE Peninly Hyacinthe -DENAN Serge Aristide
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CATHEDRALE SAINT-PAUL

 

INTRODUCTION

‘’ Comme mon père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ‘’

‘’ Allez, enseigner toutes les nations. Prêcher l’évangile à toute créature’’.

Ces paroles du Christ ne prennent véritablement chair sur un notre territoire que vers la fin du XIXe siècle. Certes, plusieurs tentatives de pré-évangélisation avaient eu lieu deux cents ans plus tôt. En 1937, un prêtre diocésain, le RP Colombin de Nantes, arrive sur la Côte ivoirienne, mais il sera relayé dans son expédition infructueuse en 1687 par un prête dominicain, le RP Gonzalves qui sera lui-même suivi par deux prélats venus de l’Amérique du nord, les RRPP Kelly et Baron. Au total, rien ne se dessine véritablement avant 1894 lorsque le capitaine Binger, alors gouverneur de la Côte d’Ivoire, sollicitera la présence de missionnaires dans la colonie crée un an auparavant. Ils voulaient que ses derniers prennent en main l’enseignement scolaire dont l’absence totale constituait une entrave à la bonne marche d’une administration soucieuse de faire de ce territoire une colonie riche et prospère.

C’est le 28 Octobre 1895 que les RRPP Harmard et Bonhomme des Missions Africaines de Lyon débarquent à Grand-Bassam, Chef-Lieu d’une Côte d’Ivoire désormais érigée en préfecture apostolique. Leur arrivée marque la naissance se la mission de Grand-Bassam, ainée de celle de Memni, Dabou et Moosou, toutes les trois créées en 1896, de Bonoua fondée en 1897, de Jacqueville en 1898, d’Aboisso en 1905.

L’autorité administrative ayant décidé de créer de nouvelle villes à Bingerville et Abidjan, Mgr Hamard alors préfet apostolique envisage l’ouverture de la nouvelle mission St Paul d’Abidjan qui sera érigée canoniquement le 31 Janvier 1905. L’emplacement retenu est sur le plateau. Totalement occupé par la brousse, cet espace s’étend sur une surface d’un hectare dont l’accès n’est possible qu’au moyen ’’ d’une cerpe à la main’’. Les premiers hôtes de cette mission sont les RRPP Moury et Dubreuil. Ils s’installent d’abord dans une ‘’Case indigène de Cocody en attendant que le terrain concédé fut prêt à les recevoir au mois de Mars’’.

L’action qu’il mène se déploie en deux directions : d’abord, ils se préoccupent de la population en place sur le Plateau. Ensuite à la faveur des tournées fréquentes à partir de 1925, ils vont à la rencontre des autochtones Ebrié vivant dans les villages proches de la Mission. Avec courage, détermination et patience les pères missionnaires affrontent les difficultés qui surgissent sur la voie

 

de l’évangélisation. Aussi, en 1926 par le nombre de ses fidèles, la mission de St Paul du Plateau est en tête de peloton de l’œuvre missionnaire en Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, on est tenté de savoir ce qu’il en est de l’héritage reçu de ces pionniers. En d’autres termes, l’ère des diocèses offre-t-elle de réels motifs d’enracinement de la parole de Dieu ? Les structures actuelles de la paroisse St Paul invitent-elles davantage à une véritable conversion des fidèles ?

 

I-                   L’ERE DES MISSIONNAIRES

1/ L’ACTION APOSTOLIQUE SUR LE PLATEAU

Le développement d’Abidjan commence véritablement lorsque l’autorité administrative juge le site de cette ville favorable à la construction d’un port en eau profonde, où pourront s’amarrer des navires de tout tonnage. On voit surgir bientôt une agglomération en plein essor, grouillante d’hommes et d’activités. C’est là que vont prendre fonction en 1905 les RRPP Moury et Dubreuil.

Cette ville cosmopolite tire une originalité de la grande christianisation de sa population, laquelle en effet de pays où les missionnaires se sont déjà établis, la France, le Sénégal, le Dahomey (Bénin), la Sierra Léone, le Gabon, la Côte de l’or (Ghana). On note également la présence de ressortissants de la guinée et du Soudan (Mali). S’il s’agit des seules couches professionnelles de la nouvelle cité, c’est dans une population ouverte, disposée à recevoir la parole de Dieu, pour ainsi dire chrétienne avant la lettre, que les pères fraîchement arrivés vont se retrouver.

L’école est le secteur par lequel ils amorceront l’œuvre d’évangélisation en Mai 1905. Voulaient-ils par là demeurer fidèles à l’esprit dans lequel Binger avait conçu leur mission? Ils furent également encouragés par le remarquable engouement pour l’instruction qu’il leur fut très tôt donné de constater à Abidjan. En fin de compte, l’école leur apparaît comme un moyen sûr pour amener les élèves à la foi, le catéchisme y tenant une place de choix. Le père Dubreuil écrit à ce propos : ‘’ les élèves, grands et petits, en se familiarisant avec les éléments de notre langue, apprendront les premières notions de la Réligion, aimeront à la connaitre davantage, voudront devenir enfants de Dieu et fervents chrétiens ’’. Mieux les pères pionniers attendent de nouveaux convertis qu’ils aident à faire pénétrer l’évangiles dans les foyers, les quartiers et les villages où les parents ‘’ vivent dans l’ignorance la plus complète de toutes les vérités révélées ‘’.

 

Catholique peut s’établir. Un vieillard interrogé à Adjamé avoue que la sorcellerie première science de ces aïeux, leur servait à la fois d’arme et de bouclier lorsque les moyens naturels de défense venaient à leur manquer. Les œuvres du père Gorju n’en indiquent pas moins à quel point ces populations sont ouvertes à l’influence étrangère. Un de ses témoignages précise que ‘’le gros village d’Adjamé situé à trois kilomètres d’Abidjan insistait auprès des missionnaires qu’ils viennent s’y établir. Toute la population,  païens comme catéchumènes, tient à coopérer à la construction d’une spacieuse case indigène destinée à servir de pied à terre à leurs blancs, comme ils les appelaient’’. Dans cette case alors implantée à l’emplacement actuel du CEG d’Adjamé, se succèderont les pères Kirman, Lebert et Diss. Aimablement reçu par une population en attente de la bonne nouvelle, souvent ils sont aussi invités à partager leurs repas. Les premiers contacts sont donc encourageants malgré les difficultés de communication qui sont les pus astreignantes en ce début d’évangélisation.

Mais à l’inverse du Plateau, L’école n’est pas ici à l’honneur car l’activité pastorale ne peut attendre plus longtemps un ‘’hypothétique’’ renfort des élèves. Vers 1925 les missionnaires multiplient les visites et les tournées dans les villages, soucieux de voire s’étendre l’aire d’implantation du catholicisme. Quand, ils arrivent dans un village, la messe est évidemment l’activité pastorale principale, mais ils mettent également leur présence à profit  pour développer  des questions défrichées auparavant par le catéchiste. Si les évènements l’exigent, ils administrent des sacrements. Ils règlent aussi les litiges nés au sein de la communauté. Au travail proprement pastoral s’ajoute donc celui du temporel, qui va souvent  jusqu’à l’administration de soins médicaux à des malades en proie à un dénuement total. Ce n’est pas sans raison que les missionnaires emportent souvent avec eux une trousse remplie de médicaments courants et de produits antiseptiques. Il faut, disent-ils ‘’permettre aux gens de survivre avant d’être évangélisés’’.

L’arrivée des sœurs de Notre Dame des Apôtre donne un souffle nouveau  à l’action sociale et humaine des missionnaires dans les villages. Elles constitueront le relais nécessaire lorsque les pères seront mobilisés pendant la grande guerre. Alors elles se retrouveront seules sur le chemin des visites. Heureusement, elles pouvaient puiser dans les sources de leur formation  qui les orientait vers de tels services.

Malgré tout, la détermination des missionnaires à propager la foi est mise à l’épreuve par le solide attachement des populations à leurs fétiches. C’est une situation qui ne prendra pas fin avant 1914, année d’apparition de Williams Wadé Harris sur la Côte Ivoirienne.

 

 Converti au protestantisme, ce féticheur originaire du Libéria entreprend une croisade contre les fétiches. Son langage inspiré de la Bible s’efforce de rendre les enseignements du livre saint  accessibles aux Africains. Il les séduit donc, il les convainc aussi. Détruisant aux passages tous les objets de culte, il ne subit pourtant aucune des foudres que sa témérité aurait pu provoquer. Il fait beaucoup d’adepte,  en particulier parmi les personnes enclines à croire à la puissance des fétiches. En ce redoutable prédicateur noir, les populations reconnaissent une puissance certaine. Il n’a donc pas de mal à les libérer des objets d’adorations jalousement conservés dans les villages et  dans les cases.

Là où, les prêtres blancs ont échoué, le succès d’Harris est éclatant. Secondant les missionnaires avec toute son autorité, il invite ses adeptes à s’en remettre à la religion de la Bible. A Jacqueville il prêche d’exemple en assistant lui-même à la messe du dimanche. Les missionnaires tirent le meilleur parti de sa collaboration en multipliant baptêmes et mariages. Plus rien ne s’opposant désormais à leur action, ils peuvent s’investir dans l’apprentissage des langues locales, outils de travaux précieux. En retour, ils associent la communauté chrétienne aux activités de la mission : en somme le vaste mouvement d’évangélisation est sur les rails.

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