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DIXIEME ANNIVERSAIRE DE LA RECONNAISSANCE DEFINITIVE DE LA COMMUNAUTE MERE DU DIVIN AMOUR

HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN 
Chapelle Saint François de la Maison Mère
Dimanche 29 mai 2022

Chant : Seigneur, Tu as satisfait le désir de mon cœur, Tu n’as pas déçu la prière de mes lèvres…

Excellences,
Révérends pères,
Chers frères et sœurs en Christ,
Chers invités,

Il y a de cela exactement dix ans et dix jours, le samedi 19 mai 2012, en la cathédrale Saint Paul du Plateau, qu’a eu lieu la double cérémonie de la reconnaissance définitive de la Communauté Mère du Divin Amour ainsi que les vœux perpétuels des sœurs de l’Institut Religieux Féminin Mère du Divin Amour. Pour ainsi dire et comme je le faisais remarquer ce jour-là, prenait fin le temps de la reconnaissance partielle en même temps que s’ouvrait un nouveau départ après de longues années d’observation et d’attente.

 

Aujourd’hui nous sommes là, et c’est à juste titre que nous avons chanté que le Seigneur a satisfait le désir de nos cœurs, qu’Il n’a pas déçu la prière de nos lèvres. Oui, il est et il en sera toujours ainsi pour qui sait puiser profond dans la confiance en Dieu qui ne déçoit jamais et qui réalise tout à son heure, pour celui qui sait attendre et discerner les signes des temps ! Vraiment, les temps étaient mûrs pour que la Communauté passe à une autre étape de son histoire et de son existence.

J’avais noté également ce même jour du 19 mai 2012 que l’enfant qui naissait, est le fruit de tous, c’est notre bien à tous et qu’à ce titre, il convient qu’ensemble, nous fassions ce qu’il faut pour qu’il grandisse et porte beaucoup de fruits, des fruits ‘‘d’amour au cœur de l’Eglise et du monde’’, pour reprendre les termes de sa vocation spécifique.

Dix années après cette reconnaissance définitive, vous avez décidé de vous arrêter pour dire votre reconnaissance et votre gratitude à Dieu qui a rendu l’aventure possible comme pour affirmer que la reconnaissance à Dieu est source de bénédiction. Je prie donc pour qu’au sortir de cette célébration, Dieu vous accorde à tous d’être ce feu que son Divin veut mettre dans notre monde si tiède, quand il s’agit de revenir de tout notre cœur vers Lui. Qu’Il accorde à la Communautés à travers ses différents instituts et apostolats, d’être le levain de la nouvelle évangélisation dans notre Archidiocèse, et selon les recommandations même de Jésus, jusqu’aux extrémités du monde !  

Dix années après cette reconnaissance définitive, pouvons-nous raisonnablement oser un bilan et sur quelle base, quand on sait que votre mission est avant tout œuvre de Dieu et non celle des hommes ? Mais puisqu’il nous faut avancer toujours un peu plus en eaux profondes comme je vous le souhaite, rappelons-nous quelques engagements auxquels je vous avais soumis il y a de cela dix années en arrière et qui avaient  porté sur trois éléments. Je cite :

‘‘Faut-il le rappeler : votre nombre est impressionnant et vos nombreuses campagnes d’évangélisation et autres retraites et formations, confirment que vous comptez désormais. Cependant, cela ne constituera une chance pour vous et pour notre Eglise que si vous savez résister aux chants des sirènes de la division qui ont pour nom : l’argent, le pouvoir et le refus de se réconcilier.

L’argent : vous le savez bien, si l’argent est utile dans notre monde d’aujourd’hui, je vous invite à avoir avec lui, la distance nécessaire qui caractérise les vrais disciples du Christ. En effet, la tentation est grande aujourd’hui de vouloir faire du Christ, un fonds de commerce juteux et rentable à tous égards. Votre vocation au sein de l’Eglise et du monde vous interdit de chercher à tirer profit financièrement parlant, de la souffrance de vos frères et sœurs, et du regain de spiritualité qui gagne nos états africains. L’argent n’est pas et ne sera jamais votre raison d’être et ce qui vous motive le plus. Je le dis en pensant à tous ceux qui verraient dans leur présence à la Communauté, un moyen infaillible pour se faire de l’argent rapide et facile.

Le pouvoir : désormais, la Communauté Mère du Divin Amour, c’est une grande famille ayant en son sein, des laïcs mariés, des laïcs célibataires, des laïcs consacrés dans le célibat, un Institut de religieux comprenant des clercs et des frères, et un Institut de religieuses. Je voudrais inviter tous ses membres et particulièrement les responsables à garder toujours à l’esprit, les paroles du Christ : ‘‘ celui qui veut être le premier, qu’il se fasse le serviteur de tous’’.

Sachez que les éternels permanents finissent toujours par agacer. Les disciples du Christ doivent acquérir la sagesse de prendre sereinement leur retraite lorsque le temps est venu, car la passion de dominer est encore plus grande que celle de l’argent. Il vous faut donc savoir partir, passer la main aux autres, passer le flambeau. Sachez que la joyeuse acceptation de votre inutilité est un service grandiose. En agissant ainsi, vous manifesterez la sagesse divine aux gens qui vous regardent et qui vivent avec vous.

Le refus de se réconcilier : la vie en communauté comme dans toute société est faite de heurts, d’incompréhensions et de malentendus à côté de grands moments de joie. Vous veillerez à faire en sorte que ces moments difficiles ne soient pas transformés en tragédies et viennent remettre en cause votre vocation mais plutôt, qu’ils soient des moments de correction fraternelle. Vous le savez certainement, la réconciliation est une des exigences de notre baptême et le Pape Benoît XVI en fait même une des conditions de la nouvelle évangélisation de l’Afrique.

Soyez donc ambassadeurs de paix et de réconciliation dans vos actes et dans vos paroles au risque d’être disqualifiés dans l’annonce de l’évangile. Que le pardon soit au cœur de votre vie et qu’ainsi, ce témoignage propulse tous nos concitoyens sur les chemins de la justice, du pardon, de la réconciliation et de la paix. Merci de nous y inviter mais surtout de nous l’offrir. Je vous confie donc la mission de la réconciliation. Je vous en sais capables.’’

Où en êtes-vous de ces engagements ? Ont-ils été au cœur de vos préoccupations ces dernières années ou bien ont-ils cédés face à la réalité du terrain après que soient tombé le doux et exaltant parfum de la fête qui fut belle et grandiose ? Avez-vous su garder le cap de votre vocation profonde, celle d’être amour au cœur de l’Eglise et du monde durant ces années et comment ?

Je me répète : en parlant d’argent, de pouvoir et de refus de se réconcilier, avez-vous compris durant toutes ces années, que vous-mêmes étiez les premiers concernés, à l’intérieur de vos instituts et apostolats par cette mission, étant entendu que le meilleur témoignage à donner, c’est celui de notre vécu au quotidien au risque de s’entendre dire, médecin, guéris-toi toi-même ?

       Ceci dit, rendons grâce à Dieu pour tout ce qui a été fait de grand, de beau et de merveilleux pour sa gloire et pour le bonheur de nos frères et sœurs. Et pour ce qui n’a pas été réalisé selon son cœur, décidons ensemble des nouveaux engagements à prendre en nous plongeant davantage dans le cœur de Dieu.

Se plonger davantage dans le cœur de Dieu, c’est comprendre que ce n’est pas ce que nous voulons ou pouvons faire de nous-mêmes, mais bien ce que nous laissons le Seigneur faire en nous, faire pour nous et faire avec nous qui compte le plus. Finalement, il s’agit pour nous d’apprendre à ne plus Lui résister, mais plutôt s’inviter à résider en Lui, et vivre sa vocation tout en restant ouverts aux surprises constantes de l’Esprit Saint, comme je le disais hier à l’occasion des 25 ans du Séminaire Universitaire Saint Paul VI.

1-         Ce que nous laissons le Seigneur faire en nous.

Révérends pères,
Chers frères et sœurs en Christ,  

S’il y a une lutte constante à laquelle tout chrétien doit faire face, c’est à mon avis, celle de la place qu’il fait à Dieu dans sa vie à travers la prière, les célébrations eucharistiques, la fréquentation des sacrements et les formations auxquelles il doit souscrire pour que Dieu soit toujours premier aimé et premier servi. C’est un combat de tous les jours et la victoire d’aujourd’hui, est celle qui trace les sillons futurs pour notre épanouissement et l’efficacité de nos différents ministères.

La première lecture de ce jour qui nous raconte l’histoire d’Etienne est éclairante sur ce qui peut nous arriver quand nous laissons le Seigneur agir en nous et surtout l’attitude à avoir dans l’adversité qui ne manquera certainement jamais. En effet, cette lecture nous présente Etienne confronté aux membres d’une synagogue violemment opposés à la nouvelle communauté chrétienne. Mais saisi par l’Esprit, il exprime la façon dont, à la lumière de Pâques, il comprend l’histoire du peuple de Dieu. Plus simplement, il affirme sa foi en Jésus-Christ, vraie manifestation de la gloire divine. Cela lui vaut d’être considéré comme blasphémateur puis d’être lapidé.

Telle est l’histoire de ceux qui laissent Dieu agir en eux car l’annonce vraie de l’Evangile conduit presqu’inéluctablement à la croix ! Êtes-vous disposés pour cette nouvelle mission que l’Eglise voudrait vous confier au lendemain de la fête de l’Ascension de notre Seigneur au Ciel ?

Sachez que le chemin tracé par Etienne est celui du rejet et de la persécution, toute chose qui demande une certaine force intérieure que l’on ne peut avoir que dans une proximité plus grande avec Celui qui nous fait ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre ! Quel honneur et en même temps quel défi et quelle charge par la même occasion ! Mais cet honneur, ce défi et cette charge ne peuvent être relevés que si nous faisons preuve d’unité et si nous nous aimons vraiment comme des frères de Jésus !

2- Que tous soient un, comme toi, Père Tu es en moi, et moi en Toi !

Révérends pères,
Chers frères et sœurs en Christ,  

Le défi de l’unité est le deuxième engagement auquel je voudrais vous inviter alors que célébrons les dix ans de la reconnaissance définitive de votre Communauté. Ce défi est important, en ce sens que dans les derniers moments de sa vie terrestre, Jésus Lui-même a cru bon de prier à cette intention, comme nous révèle l’évangile de ce jour. En effet, tout se déroule comme si la vie de Dieu communiquée par Jésus est un courant d’amour qui doit passer de personne à personne ; pour ses disciples de tout temps, qui viendront de tous continents, de toutes races, de toutes cultures, Jésus demande cet amour mutuel, vraie participation à la vie divine.

Prenons davantage conscience que s’attacher à la personne de Jésus ouvre nécessairement l’homme au Père car, Jésus est le seul chemin qui conduit au Père. C’est à notre manière de nous aimer comme Lui nous a aimés, à notre façon de vivre et de briller que le monde croira que nous sommes disciples d’un même Dieu et Père de tous ! Comprenons-nous bien, il s’agit d’être attachés à Jésus comme avec une corde !

L’une des particularités de votre communauté et qui est une richesse, c’est indéniablement la variété de ses composantes : clercs, religieux et religieuses, consacrés et hommes et femmes mariés, œuvrant dans divers ministères, apostolats et milieux pastoraux. Dix années après la reconnaissance définitive, pouvez-vous affirmer que votre unité n’est pas que de façade ?

 Dans l’évangile, l’auteur nous montre que l’union entre les croyants donne à comprendre le mystère d’amour et de communion mutuelle entre le Père et le Fils ; elle est aussi la voie pour amener le monde à croire que Dieu est présent dans son Fils. Par ailleurs, il est bon de constater aussi que la longue prière de Jésus se termine sur une promesse : grâce à son Fils, Dieu se fait connaître à celui qui le cherche et Il lui montre parfaitement son amour.

Nous avons un impératif, et notre unité commande cet impératif : il faut que le monde croie ! Remarquez que le monde ne le pourrait que si les chrétiens, disciples du Christ, expriment, par leur unité, la révélation du Christ, c'est-à-dire, qu’ils demeurent toujours unis dans la profession de la même foi dont le Saint Père nous propose le contenu dans le Catéchisme de l’Eglise Universelle. C’est dire que la connaissance des contenus de foi est essentielle pour donner son propre assentiment, c'est-à-dire pour adhérer pleinement avec l’intelligence et la volonté à tout ce qui est proposé par l’Eglise.

Voici les défis nouveaux auxquels vous serez confrontés. Ils sont trop importants pour que vous offriez à la face du monde vos divisions qui bien souvent reposent sur des questions de leadership mal compris et mal assumés. Je vous exhorte donc à prendre toute la place qui est la vôtre dans l’annonce de l’Evangile de Jésus-Christ, en nous faisant l’économie des conflits inutiles et qui ne servent finalement que la cause du Malin, celui qui divise ! Finalement, c’est à chacun de savoir s’il dit oui ou non à cette unité voulue par le Christ mais également à son amour, un amour total et absolu, aimant et respectueux gage d’un avenir certain pour le futur !

3- Communauté Mère du Divin Amour : quel avenir ?  

Révérends pères,
Chers frères et sœurs en Christ,  

Dans la Lettre Apostolique adressée à tous les consacrés à l’occasion de l’année de la vie consacrée, notre Saint Père le Pape François affirmais ceci : ‘‘ l’année de la Vie Consacrée nous interroge sur la fidélité à la mission qui nous a été confiée. Nos ministères, nos œuvres, nos présences, répondent-ils à ce que l’Esprit a demandé à nos Fondateurs, sont-ils adaptés à en poursuivre les finalités dans la société et dans l’Église d’aujourd’hui ? Y-a-t-il quelque chose que nous devons changer ?

Avons-nous la même passion pour nos gens, sommes-nous proches d’eux au point d’en partager les joies et les souffrances, afin d’en comprendre vraiment les besoins et de pouvoir offrir notre contribution pour y répondre ? ‘‘Les mêmes générosité et abnégation qui animaient les Fondateurs’’ – demandait déjà saint Jean-Paul II – doivent vous conduire, vous, leurs enfants spirituels, à maintenir vivants leurs charismes qui, avec la même force de l’Esprit qui les a suscités, continuent à s’enrichir et à s’adapter, sans perdre leur caractère authentique, pour se mettre au service de l’Église et conduire à sa plénitude l’implantation de son Royaume.’’ Fin de citation.

Il se dégage de cet extrait de la Lettre Apostolique, l’idée de fidélité que je voudrais expliciter en ces quelques mots : fidélité à l’Eglise ; fidélité à nos engagements ; fidélité à notre vocation profonde ; fidélité à Jésus qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper ! Je prie que Dieu éloigne de vous tous le mal et le malheur ! Qu’Il vous bénisse bien au-delà de vos attentes et de vos aspirations ! Qu’à l’intercession de Saint François, il fasse de chacun de vous des instruments de sa paix !

Désormais, je vous engage pour toujours dans la vigne du Seigneur : là où est la haine, apportez-y l’amour ; là où est l’offense, apportez le pardon ; là où est la discorde, apportez l’union ; là où est le doute, apportez la foi ; là où est l’erreur, apportez la vérité ; là où est le désespoir, apportez l’espérance ; là où est la tristesse, apportez la joie ; là où sont les ténèbres, apportez la lumière qu’est Jésus pour notre humanité, Lui qui vit et règne pour les siècles des siècles ! AMEN

                              Bonne fête à tous !

Bonne fête à toutes les mamans ! Que Jésus vous fasse la grâce de voir vos enfants grandir en âge, en intelligence et en sagesse, pour sa gloire, Lui qui vit et règne, pour les siècles des siècles ! AMEN.

 

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque Métropolitain d’Abidjan