HOMELIE DE LA MESSE DE CLÔTURE DE L’ANNÉE PASTORALE 2022-2023

‘‘Je voudrais d’ores et déjà nous féliciter tous, des efforts que nous mettrons en œuvre pour que cette année soit empreinte d’Amour joyeux, de Vérité libératrice, de Justice réalisée, de Paix partagée et ressentie par tous. Je souhaite vivement pour notre pays, pour notre sous-région et pour le monde entier, la paix, cette paix qui se fonde sur la justice. Cette paix dans laquelle, chacun s’efforce de jouer sa partition en sachant que les autres ont d'autres partitions et que Dieu seul apporte l'unité à la symphonie du monde. En confiant notre pays, chacune de nos personnes au maternel et bienveillant regard de la Vierge Notre Dame de la Paix, je souhaite bonne rentrée pastorale et bonne mission à tous dans la Vigne du Seigneur !’’ 

Monseigneur Jean Baptiste AKWADAN, Chapelain de Sa Sainteté,
Monseigneur Richard Anou YAPO, Chapelain de Sa Sainteté,
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Chers frères et sœurs,

C’est par ces mots que le 15 octobre dernier, j’avais conclu mon adresse pour la rentrée pastorale 2022-2023. Pour mémoire, j’avais indiqué que notre intention et nos actions qui sont de tous les temps les mêmes, doivent être claires et précises : continuer de proposer dans une litanie incessante d’amour et de service, Jésus Christ et son style de vie, comme antidote à la gangrène de déshumanisation qui gagne du terrain dans nos sociétés. C’était le défi de cette année pastorale qui s’achève. Pour le relever, il nous fallait insister sur la dimension sociale du thème dont les concepts clés d’amour et de vérité, de Justice et de paix devraient être déclinés dans leurs aspects sociaux concrets, de façon à ce qu’ils se traduisent et se ressentent dans nos choix de vie du quotidien.

Plus simplement, il s’agissait pour nous, tout au long de cette année pastorale qui ferme ses portes, de porter un regard à la fois critique et compatissant sur notre contexte social, en travaillant à nous améliorer nous-mêmes, avant de l’espérer des autres. J’avais précisé aussi que c’est de cette façon que nous pourrions entrer dans le projet heureux de la vraie connaissance de Dieu et de son amour, qui est le projet initial de toute vocation chrétienne.

Les objectifs que nous voulions atteindre au bout de ces deux années, nourris par le même thème, s’ils ne sont pas totalement atteints, je dois avouer après le bilan que nous fait hier, que nous nous en rapprochons et je ne désespère pas que nous y parviendrons. Cette conviction, je la fonde sur le fait que le travail accompli durant ces années, doit être considéré comme une graine que nous avons mise en terre et dont il plaira à Dieu d’assumer la germination, pour sa gloire et pour notre bonheur.

C’est ici que je voudrais rendre hommage à vous tous, prêtres, religieux, religieuses et fidèles laïcs qui avez chacun à son niveau, contribué à l’excellent travail accompli et qui, à n’en point douter, aura un impact certain non seulement sur notre Eglise, mais également sur la société dans laquelle nous vivons. Je sais bien que la perfection n’étant pas de ce monde, il y a eu tout à la fois des zones d’ombre mais aussi des zones de lumière. Plaise à Dieu de continuer de nous tenir davantage par la main, pour jouer pleinement le rôle qui est nôtre, alors que notre pays s’achemine vers les élections municipales et régionales, joutes que nous souhaitons empreintes d’amour et de vérité, de justice et de paix.

A présent, c’est le temps des vacances, du repos bien mérité. Gardez à l’esprit que les éternels permanents finissent toujours par agacer et qu’il faut savoir se retirer à un moment donné. C’est bien l’invitation que Jésus a adressé un jour à ses disciples en leur indiquant d’aller à l’écart pour se reposer un peu ! Je souhaite que ces vacances soient véritablement un moment pour recharger les accus parce que la tâche qui nous attend est immense.

Chers confrères dans le sacerdoce,

Décider de faire coïncider la fin de l’année pastorale avec la Solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul est tout, sauf anodin. Pour ce qu’ils incarnent dans l’histoire de l’Eglise, je veux que nous gardions à l’esprit ce que nous sommes devenus par pure grâce de Dieu. A ce titre, nous avons une responsabilité pour laquelle nous ne pouvons plus, mieux, nous ne devons plus nous dérober.

Hier dans le bilan de fin d’année, vous avez souligné un regain de religiosité dans notre Archidiocèse et cela est de bon augure. Dans la première lecture de ce jour tirée du livre des Actes des Apôtres, Pierre affirme qu’il se rend compte maintenant que le Seigneur a envoyé son ange pour l’arracher aux mains d’Hérode et à tout ce qu’attendait le peuple juif ! C’est un véritable soulagement que de savoir que le Seigneur agit en faveur de ceux qui comptent sur Lui dans leurs moments d’épreuves.

Si dans cette lecture Hérode constitue un danger pour les disciples du Christ et pour le peuple juif, il nous faudra être lucides pour discerner les dangers auxquels nos frères et sœurs sont confrontés pour ainsi chercher à revenir au Seigneur dans ce que nous avons qualifié de regain de religiosité. La multiplication des nouveaux mouvements religieux, l’existence de plus en plus nombreuses de communautés nouvelles, l’annonce d’un évangile extirpé de toute souffrance, la recherche d’un mieux être à tous les prix, peuvent se transformer en autant de périls qui sollicitent la foi de nos fidèles ! C’est à nous prêtres, à l’image de l’Ange du Seigneur, de conduire nos frères et sœurs sur les véritables chemins de ce que j’ai qualifié de Vérité libératrice, de Justice réalisée, de Paix partagée et ressentie par tous.

Des Saints Apôtres Pierre et Paul, nous retiendrons toujours la profondeur de leur foi ainsi que la ferveur de leur amour pour le Christ. Encore une fois, c’est à nous, prêtres, de conduire nos fidèles sur ces mêmes chemins d’une foi profonde et d’un amour sans limite pour Jésus ! Et comme vous le savez certainement, il n’y a pas meilleur exemple de vie que le témoignage du vécu de celui qui vous parle, qui vous indique le chemin à suivre ! A ce titre, je souhaite que cette période de vacances soit un moment de ressourcement pour chacun de vous. J’insiste pour que chacune de vos équipes s’organise au mieux, afin de vous reposer vraiment. En effet, aucun de nous n’est capable de sortir de son corps pour répondre aux sollicitations auxquelles il doit faire face. Il est donc important de vous reposer. Vous-mêmes en tirerez un grand profit et vos fidèles en seront heureux dans leur marche avec vous.

Chers frères et sœurs,

La deuxième lecture de ce jour nous présente Saint Paul parvenu au terme de sa course et qui regarde le chemin qu’il a parcouru. De tout ce ministère qui était le sien, il reconnaît avoir accompli son service et maintenant, il se sait inutile, bien plus, il se sent abandonné des hommes. Mais loin de désespérer, il est entièrement tourné vers Dieu dont il attend le salut !

Avec le départ en vacances de vos prêtres, beaucoup d’activités seront désormais au ralenti et peut-être même réduites si ce n’est supprimées. Les visites et autres rencontres que vous aviez l’habitude d’avoir avec vos prêtres seront certainement marquées par une sorte d’indisponibilité. Il vous arrivera certainement d’éprouver comme un sentiment d’abandon. Mais à l’image de Paul, je voudrais vous inviter à ne pas désespérer ! Dieu mettra toujours sur vos chemins, comme dans la première lecture, des frères et des sœurs pour poursuivre le chemin. En le disant, je vous invite à regarder le Seigneur qui saura féconder vos cœurs. Tout n’est donc pas fini parce que Dieu ne saurait jamais être en vacances ! J’en appelle donc à votre sens de la communion et de la responsabilité pour maintenir le cap !

Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Chers frères et sœurs,

Une année pastorale s’achève mais la vie continue, qui nous invite à répondre à notre vocation profonde dans le monde ce temps. Dans l’évangile, les clés qui sont remises à Pierre traduisent la responsabilité qui sera désormais la sienne. Cette clé est un pouvoir mais aussi et certainement plus, un service confié ! C’est à nous tous de comprendre, prêtres, responsables de mouvements, groupes et associations, que le pouvoir ne doit pas servir à mettre les autres sous notre coupe, pour nous ériger en absolu ! En agissant ainsi, le conflit ne sera jamais loin !

En tant que service, nous avons désormais la possibilité de défaire tant de nœuds, d’ouvrir autant de portes que nous voulons : porte de la paix et de la réconciliation, porte du pardon et d’un mieux vivre ensemble, portes qui se ferment et qui nous éloignent les uns des autres ! Ce service, c’est à nous tous qu’il revient de le rendre à nos communautés ! Les clés confiées hier à Paul sont celles que je voudrais confier à vous tous aujourd’hui ! Je vous les confie non pas comme un pouvoir mais un service à rendre à vos frères, car c’est ensemble que nous parviendrons à relever les défis qui se présentent à nous. Aussi, ai-je décidé que pour la rentrée pastorale prochaine, le thème qui impulsera notre marche commune sera le suivant : ‘‘Pour une église synodale, soyons tous responsables.’’  

En attendant de nous retrouver pour la rentrée pastorale en octobre prochain, je souhaite une bonne fête à tous ceux qui se prénomment Pierre ou Paul. Bonne fête également aux équipes presbytérales et aux laïcs des paroisses Saints Pierre et Paul d’Oghlwapo et de Dainguira mais aussi de la Cathédrale Saint Paul du Plateau, de Saint Pierre de Blockhauss, de Saint Pierre d’Anoumabo et enfin de Saint Paul de la Riviera Faya les Lauriers.

Bonne fête à tous et très bonnes vacances à vous chers confrères dans le sacerdoce !

Ma bénédiction paternelle vous accompagne.

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,

Archevêque d’Abidjan