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A CONSECRATION DE L’AUTEL DU CONGRES EUCHARISTIQUE

HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWà ARCHEVEQUE D’ABIDJAN 

Cathédrale Saint Paul
Samedi 1er juillet 2023

Chant : Ô quelle joie, quelle grande joie. Car Dieu accomplit tous nos vœux…

Révérends
Pères,
Révérendes sœurs,
Chers frères et sœurs en Christ,

 

Dieu qui accomplit tous nos vœux, telle est la prière que je voudrais faire monter vers Lui à l’occasion de la consécration de cet autel dédié au premier congrès eucharistique de notre pays. Je prie pour que toutes les prières qui seront élevées à partir de cet autel soient source de joie profonde pour vous tous ici présents ainsi que pour les nombreux fidèles qui viennent en pèlerinage ici chaque dernier samedi du mois.

L’événement que nous allons vivre dans quelques instants par la bénédiction de cet autel rénové est important. En effet, haut lieu spirituel d’une église destiné à la célébration de l’Eucharistie, l’autel symbolise le Christ qui, selon la Lettre aux Hébreux (He 13, 10), est Lui-même le véritable autel du nouveau Temple. Pour en souligner son caractère sacré, l’Eglise notre mère dispose qu’il soit édifié en surélévation au milieu d’un espace plus ou moins vaste réservé aux célébrants, appelé le chœur, pour favoriser la célébration de l’assemblée.

Finalement, ce que nous sommes venus célébrer, c’est d’une certaine manière l’intronisation de Jésus Lui-même au milieu de nous, comme pour affirmer que sans Lui nous ne pouvons rien faire mais avec Lui, tout est encore possible, Lui dont la présence est source d’où jaillissent sans cesse toutes les bénédictions. Et nous avons raison d’être ici, autour de Jésus notre Maître et Seigneur ! Et cela est vraiment une joie, une grande joie !

En ce jour de la consécration de cet autel rénové, les textes que la liturgie propose à notre méditation sont intéressants, en ce sens qu’ils véhiculent un très beau message pour les chrétiens que nous sommes. Comprendre le sens profond de ces lectures, nous permettra de mieux vivre notre relation à Dieu à travers nos frères.

Frères et sœurs,

Dans la première lecture de ce jour tirée du livre de la Genèse l’empressement du Patriarche Abraham à accueillir les trois hommes, s’il répond d’abord à l’un des devoirs les plus essentiels de l’Orient ancien, celui de l’accueil du visiteur, même inconnu, nous enseigne aussi l’attitude que nous devons avoir les uns avec les autres. Si l’identité de ces trois hommes ne nous est pas révélée, n’est-ce pas là une invitation à comprendre que Dieu peut se présenter à nous sous des apparences et même avec des habits que nous ne pouvons deviner ? En effet, c’est le Seigneur Lui-même qui se rend présent dans cette visite, dont le but est de rappeler la promesse de la naissance d’Isaac !

Une autre leçon que nous pouvons tirer, c’est que chrétiens, nous devons faire de chacune de nos rencontres, des chemins vers Dieu, mieux, des chemins qui apportent Dieu à ceux qu’Il met sur les chemins de nos vies ! En apportant Dieu avec nous, c’est son plan de salut que nous portons ainsi à nos frères et sœurs, un plan qui sera merveilleux pour eux ! Mais entendons-nous bien ! La merveille est à comprendre ici non pas comme l’intervention surnaturelle de la puissance de Dieu, mais bien comme une présence qui ouvre des possibilités nouvelles !

Ces possibilités nouvelles, c’est bien ce qui est arrivé à Abraham et à sa femme Sara : ‘‘Y a-t-il merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? Au moment où je reviendrai chez toi, au temps fixé pour la naissance, Sara aura un fils’’, avons-nous lu et entendu. C’est à nous chrétiens d’aujourd’hui, d’être attentifs afin de porter Dieu à notre monde qui tend à vouloir se réaliser sans Lui, son Créateur !

Encore une fois, je prie pour que chaque fois que l’Eucharistie sera célébrée sur cet autel, tous les participants, en retournant chez eux, porte au monde la joie de leur rencontre avec Jésus qui se tenait au milieu d’eux et que rien, ni personne nous les éloigne de cette présence qui est vie et qui donne la vie.

Frères et sœurs,

A propos de présence qui est vie et qui donne la vie, la page de l’évangile que nous avons entendue nous enseigne elle aussi que Jésus est venu dans notre monde pour le guérir. En effet, les chapitres 8 et 9 de l’évangile selon Saint Matthieu nous montrent Jésus attentif aux personnes, les libérant de leurs maladies, de leurs peurs et de leurs difficultés. Il est celui qui ose toucher le lépreux que personne n’approchait car pour Lui, personne n’est exclu, personne n’est ‘‘impur’’ que l’on ne doit pas toucher !

Dans la situation particulière du chapitre 8, les versets 5 à 17, un centurion, donc un officier de l’armée d’occupation, profondément peiné par la souffrance d’un de ses serviteurs, s’approche de Jésus et lui présente ce qui le préoccupe : ‘‘Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé, et il souffre terriblement’’. A la réponse de Jésus de se déplacer Lui-même pour le guérir, le centurion a cette belle réponse qui traduit toute sa foi : ‘‘Seigneur, je ne suis pas digne que tu rentres sous moi toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri’’.

Cet acte de foi en face de Jésus est plus explicite quand ce même centurion poursuit pour dire : ‘‘moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : ‘‘va’’, et il va ; à un autre : ‘‘viens’’, et il vient, et à mon esclave : ‘‘fais ceci’’, et il le fait !’’ Et l’évangile d’ajouter que Jésus fut dans l’admiration ! Par ailleurs, il est bon de souligner que la présence de Jésus au milieu de nous ne nous apportera ce que nous désirons de plus cher que si nous aussi, nous savons faire acte de foi, c’est-à-dire, si nous savons puiser profond dans la confiance en Dieu, en suppliant sans jamais forcer les choses !

La situation du centurion doit nous servir d’exemple à plusieurs égards ! Comme je l’ai fait remarquer plus haut, il est officier de l’armée d’occupation et a sous ses ordres, plusieurs soldats. Si l’on peut se demander ce que lui importe le sort d’un seul qui est malade, il faut lui reconnaître son attention justement pour celui qui est en situation de fragilité. Cela doit nous servir d’exemple dans un monde où ce qui importe de plus en plus, c’est le bien-être de son clan, de ses amis uniquement ! Cela n’est pas digne d’un chrétien qui doit être tout à tous !

C’est bien ce qu’exprimait notre Saint Père le Pape François dans sa Lettre Encyclique Fratelli Tutti quand il dit et je cite : ‘‘Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. … Voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure. Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de rêver ensemble ! […] Seul, on risque d’avoir des mirages par lesquels tu vois ce qu’il n’y a pas ; les rêves se construisent ensemble ». Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères.’’ Fratelli Tutti n°8

Frères et sœurs,

Un autre aspect de la rencontre entre Jésus est le centurion, c’est que ce dernier reconnaît ce qu’il est profondément : ‘‘Seigneur, je ne suis pas digne que tu rentres sous mon toit’’, montrant ainsi que ce qui compte, ce n’est pas son titre de centurion et son rôle dans l’armée romaine ! Il s’est présenté à Jésus dans sa plus simple expression et avec ses fragilités, sans éprouver ni aucune honte ni aucune crainte de jugement sur sa personne !

Cela devrait nous interpeller ! La rénovation de cet autel, le nouveau visage que nous lui donnons, doit être pour nous également l’occasion de chercher avant toute chose, à reconnaître nos propres fragilités qui sont celles que peuvent éprouver toute personne. Ensuite, nous devons avoir le courage de les confesser en toute humilité ! C’est alors que comme pour le centurion, nous pourrons nous entendre dire à notre tour, devant les épreuves de la vie : ‘‘ rentre chez toi, que tout se passe pour toi selon ta foi.’’

Si la foi du centurion a forcé hier l’admiration de Jésus, au point de le montrer en exemple pour le peuple d’Israël, je vous exhorte vous aussi à faire non seulement preuve de résilience mais surtout acte de foi en toute occasion ! Si nous voulons que le monde dans lequel nous vivons s’attache à Jésus ainsi qu’aux valeurs de l’évangile, cela ne dépend que de nous et cela est possible !

Pour terminer, je voudrais dire un grand et sincère merci à tous ceux grâce à qui cet autel a été rénové pour retrouver sa splendeur d’antan et ainsi nous offrir l’occasion de pouvoir nous retrouver encore autour de Jésus ! Je prie pour que la volonté de Dieu se réalise toujours davantage dans vos vies et que Jésus vous obtienne des grâces bien au-delà de vos attentes et de vos espérances, Lui le Vivant, pour les siècles sans fin ! AMEN !  

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque d’Abidjan