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MESSE DE RENTREE ACADEMIQUE UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST

UNITE UNIVERSITAIRE D'ABIDJAN

Abidjan,Lundi 9 octobre 2023

Révérend Père AMADOU dit Kizito TOGO, Président de l’UCAO/UUA,
Révérend Père Jean Levergol LOES, Secrétaire Général, de l’UCAO/UUA Révérend Père, Barnabé KORGHO, Directeur des Affaires Académiques, Pédagogiques et de la Scolarité de l’UCAO/UUA
Révérend Père Adrien Essoh GNAMBA, Directeur de la Recherche et de la Coopération, de l’UCAO/UUA
Messieurs les Doyens des facultés et Directeurs des Instituts,
Cher Aumônier,
Chers Formateurs,
Chers parents, amis et invités,
Chers amis étudiants,

 

Il arrive que dans la vie des hommes tout comme dans celle des Institutions, des moments, des faits, des lieux, se déploient comme un merveilleux clin d’œil que Dieu vous fait et qui augurent des lendemains meilleurs. Ce clin d’œil de Dieu est à comprendre tout à la fois, comme sa proximité jamais prise à défaut à l’endroit de ses créatures que nous sommes, mais aussi, comme un merveilleux encouragement à persévérer toujours un peu plus, dans les efforts que nous consentons.

L’année académique 2022-2023 s’est achevée pour nous avec de merveilleuses nouvelles pour notre maison commune.  J’ai plaisir à rappeler aux anciens, et porter à la connaissance des nouveaux venus dans notre unité universitaire d’Abidjan, la nomination du père Honoré Beugré DAKPA, anciennement secrétaire général de l’UCAO/UUA, comme nouvel évêque du diocèse de Katiola. Je pense aussi à la nomination du père ……………… en qualité de président de l’UCAO/UUB à Bamako. Quant au père ALLOU André, il est maintenant le Vicaire Général du diocèse de Yamoussoukro, après avoir servi ici comme professeur de Bible. Enfin, le père Sixte YETEHOU est retourné dans son diocèse, pour mériter d’un bon repos. La moisson somme toute a été abondante.

L’année académique 2023-2024 s’ouvre quant à elle comme un vaste champ d’espérance, parce que je crois que les bontés de Dieu pour nous ne s’épuisent jamais. Elle enregistre l’arrivée de nouveaux professeurs qui viendront apporter leur pierre à l’édification, mais surtout à maintenir le niveau d’excellence auquel nous sommes parvenus. En ce début d’année, je voudrais recommander à la prière de Saint Augustin, les chemins des partants et des arrivants et souhaiter du fond du cœur, que le Seigneur continue de nous gratifier de merveilleux clins d’yeux à tous égards.

Révérends pères,
Chers amis étudiants,

L’an dernier, à l’occasion de la rentrée académique, j’avais fait remarquer que notre Eglise est convoquée en Synode et que le calme apparent de ces moments après l’effervescence des phases diocésaines et nationales, ne doit pas nous faire oublier que nous sommes toujours en Synode, pour adosser mes propos à l’homélie de notre Saint Père le Pape François, homélie prononcée le 10 octobre 2021, à la Basilique Saint Pierre de Rome. J’avais insisté sur ce qui m’étais apparu comme les éléments clés de ce Synode à savoir : ‘‘rencontrer, écouter, discerner’’, toutes attitudes que je voudrais recommander encore pour cette année encore.

En effet, c’est dans l’écoute attentive que l’on peut percevoir les aspirations profondes de notre interlocuteur. Cette écoute est subordonnée dans une certaine mesure à la rencontre qui marque un certain intérêt pour le dialogue et les échanges nécessaires sans lesquels, l’aventure devient difficilement déchiffrable. Enfin, discerner pour comprendre où sont les vrais défis qui nous attendent et ainsi éviter de disperser ses forces et ses énergies dans des causes qui ne valent pas d’engager le combat.

Renouveler ? Oui ! En effet, il nous faut aller toujours un peu plus en profondeur, pour prendre l’élan nécessaire afin de connaître les lendemains meilleurs, dont je faisais allusion au début de mes propos. En effet, si les années académiques peuvent paraître se ressembler, il nous appartient, formateurs et étudiants, personnel administratif et parents, années après années, d’apporter la touche spéciale qui fait la différence, celle qui fait que votre voix compte dans le concert des sachants ! Cette touche spéciale, c’est celle que nous révèlent les textes que nous avons entendu en ce jour.

Dans le texte de l’évangile de ce jour, le véritable enjeu se situe dans la réponse à donner à cette unique question : ‘‘ comment avoir la vie’’ ou encore ‘‘comment être sauvé’’ ou plus simplement ‘‘comment entrer dans le Royaume ?’’ Vous aurez remarqué là que ce sont trois manières de demander la même chose. Jésus répond en citant l’enseignement de la Bible sur le prochain (Deut.6, 5 ; Lev.19, 18).

Mais il est bon de souligner que si le mot ‘‘ prochain’’ peut s’appliquer au frère, à l’ami, au concitoyen, il ne s’applique guerre à l’ennemi et même l’étranger ! La bonne question serait alors celle-ci : qui doit-on aimer et jusqu’où aller dans cet élan d’amour ? Jésus, dans une pédagogie qui Lui est propre, renverse la question et invite à changer d’attitude. Désormais, il ne faut plus classer les hommes, mais se faire soi-même le prochain de l’autre. C’est ainsi que dans l’anecdote qu’Il raconte, l’homme donné en exemple est, ironie de l’histoire, un de ces Samaritains détestés, car finalement, lui seul s’est comporté en enfant de Dieu.

Dans la première lecture, alors que le prophète Jonas est envoyé par Dieu pour prononcer des menaces contre Ninive, la capitale de l’empire Assyrien, ce peuple particulièrement menaçant et cruel, contre toute attente, le prophète choisit la direction opposée, celle de Tarsis. C’est alors que Dieu Lui-même va susciter une tempête pour faire réfléchir Jonas. Le texte nous raconte qu’alors que les marins prient leurs dieux, Jonas lui se réfugie dans la cale où une torpeur s’empare de lui.

Sommé par la suite de donner son identité, Jonas déclare sa foi au Dieu qui est au ciel, tout en reconnaissant que c’est bien sa désobéissance qui met en péril la vie des marins. Ceux-ci en retour laissent à Dieu le jugement final sur la mort qu’ils lui imposent. En désespoir de cause, les marins font appel au Dieu de celui qui, pourtant cause leur malheur ! Il est beau de constater que malgré leurs différences religieuses, ils s’unissent ensuite autour d’un sacrifice offert au Dieu de Jonas.

La suite, nous la connaissons : malgré l’obstination du prophète, Dieu ne l’abandonne pas et lui envoie du secours sous la forme d’un grand poisson. Ce geste de bonté pousse Jonas à prier : il exprime sa reconnaissance envers le Seigneur et sa volonté de le servir. Finalement, c’est un Jonas transformé que le poisson ramène sur la terre ferme !

Que pouvons-nous retenir de ces deux lectures pour notre nouvelle année académique ? D’abord et relativement au message de l’évangile, que nous devons adopter tous ensemble, dans notre unité universitaire d’Abidjan, un nouveau style de vie où chacun se fait le prochain de l’autre. Il s’agit de créer les conditions d’un vivre ensemble harmonieux qui permette de pouvoir donner, chacun à son niveau, le meilleur de ce que Dieu a enfouit en lui. Mais il me faut préciser que cette proximité ne doit pas être le lieu d’un certain manque de respect, de copinage douteux, de laxisme, toutes choses qui mettent à mal le vivre ensemble.

En effet, tant que les contours des relations entre nous ne sont pas bien dessinés, l’on ouvrira grande la porte à toute sorte de mauvaise interprétation. Un formateur est et restera pour toujours celui qui inculque des valeurs à ses étudiants ! Ici donc, il ne s’agit pas uniquement d’instruction à apporter mais bien d’éducation humaine intégrale ! En ce sens, les étudiants devront reconnaître qu’ils sont en situation d’apprentissage et devront agir comme tel ! Il m’est arrivé d’entendre malheureusement de la bouche des étudiants qu’ils ne sont pas aimés de tel professeur ou de tel autre ! Il nous faut comprendre le mal être qui se dégage de telles affirmations, sans pour autant donner un satisfecit à ces étudiants !

Ensuite, une seconde leçon à tirer toujours en lien avec l’évangile, c’est la conversion du regard sur les autres. Dans l’évangile, c’est bien un Samaritain qui est donné en exemple, nous invitant à ne pas avoir de préjugés les uns sur les autres ! Avoir des préjugés, c’est présenter les autres sous leurs mauvais jours, les enfermer dans des catégories que ne sont certainement pas les leurs, et l’exemple du Samaritain le prouve bien !

En le disant, je vous exhorte à vous accueillir mutuellement, comme des enfants différents du même Dieu, rassemblés par la volonté de Dieu pour une même cause, poursuivant les mêmes objectifs, celui de leur épanouissement intellectuel et spirituel ! Cela ne peut se faire que dans le respect strict du règlement interne de notre Institution et je crois savoir que ce qu’il stipule ne vise que le bien de tous. Il n’est donc pas loisible que l’on veuille louvoyer avec cette règle qui doit être notre boussole à tous ! Ici, personne, formateur, étudiants, personnel administratif et parents, n’a le droit de faire ce qu’il veut quand cela lui chante : il y a une discipline à observer, sans préjugé aucun, dans le respect des particularités de chacun.

La troisième leçon, je l’adosse bien volontiers à la première lecture. Lors de la tempête, alors que les marins prient leurs dieux, Jonas lui se réfugie dans la cale. Tout se déroule pour lui comme s’il était indifférent à ce qui arrivait. Notre université à une image à défendre dans le concert des établissements supérieurs en Côte d’Ivoire ! Cette image et je dirait la notoriété qui s’en dégage est l’affaire de tous ! Chacun de vous, chacun de nous porte avec lui une partie de notre Institution et doit en prendre conscience ! C’est ensemble, main dans la main, que nous devons conduire sa destinée, le temps de notre présence ici bien plus encore !

Les fléaux qui minent le système éducatif ivoirien sont bien connu de tous où le phénomène de consommation de la drogue semble damer le pion à toute autre considération ! Je vous exhorte à extirper de nos rangs les dealers des temps nouveaux, pour leur proposer l’accompagnement adéquat. J’insiste pour dire que notre université n’est pas et ne sera jamais une foire aux dérives et j’attache du prix à ce qu’il n’en soit pas ainsi.

Enfin, une dernière leçon, celle qui me paraît la plus fondamentale : la place que nous accorderons à Dieu dans cette maison de formation. Dans la vie, tout n’est pas que richesse matérielle, réussite sociale et promotion ! J’aime à me poser la question de savoir, à quoi cela sert la réussite sociale dans un monde où nous sommes de passage, sans pour autant dédaigner cette réussite sociale ! Nous sommes une Institution d’Eglise ! Cette université est catholique et si nous ne faisons pas la part belle à Dieu, nous aurons manqué notre vocation profonde.

Toujours dans la deuxième, nous avons pu remarquer comment Dieu Lui-même a finalement apporté son secours à Jonas ! Cela est encore possible aujourd’hui, si nous décidons de Lui donner toute la place qui Lui revient ! Je vous exhorte à ne pas l’oublier car comme dit l’adage, Dieu sait écrire droit même sur des lignes courbes !

Révérends Pères,
Chers membres du personnel,
Chers amis étudiants,
Chers parents,

Je termine comme je le fais pour chaque année académique, en souhaitant la bienvenue à tous ceux qui intègrent notre unité universitaire d’Abidjan et en saluant encore une fois, tous ceux qui, les années passées, ont gardé la maison pour qu’elle rayonne de plus belle. Enfin, je prie pour que Dieu nous fasse la grâce d’une claire vision de ce que nous devons faire et les forces nécessaires pour l’accomplir, Lui à qui appartiennent l’honneur et la gloire, pour les siècles sans fin ! Amen

Sur ces paroles, je souhaite à tous une bonne, heureuse et fructueuse année académique 2023 -2024 !

 

+ Jean Pierre Cardinal KUTW                                                                                       Archevêque d'Abidjan
Vice Grand Chancelier de l'UCAO/UUA