70 ANS D’EXISTENCE DE LA PAROISSE SAINT MICHEL ARCHANGE D’ADJAME

Chant : le Seigneur a fait pour moi des merveilles, je ne sais comment le remercier…

Révérend Père Hyacinthe GOULIHI, Curé de Saint Michel, ses vicaires et son Conseil pastoral paroissial,
Distingués invités,
Révérends pères,
Révérendes
sœurs,
Chers frères et sœurs,

 

A l’occasion de la célébration du soixante dixième anniversaire de votre paroisse, les paroles de ce chant me paraissent bien à propos pour traduire à la fois le sentiment qui doit vous habiter mais également la responsabilité nouvelle qui sera désormais la vôtre, parvenu à cet âge respectable, parmi les paroisses de notre archidiocèse d’Abidjan. En effet, si l’on considère le chemin parcouru jusqu’à ce jour, il est indéniable, pour qui sait lire entre les lignes de votre histoire, que le Seigneur a vraiment fait pour vous des merveilles et cela mérite que vous vous arrêtiez pour lui rendre l’honneur et la gloire qui Lui reviennent. Et c’est bien ce que nous faisons avec vous aujourd’hui !

            Cependant, le même chant affirme aussi que le Seigneur nous confie une mission dans le monde ce temps : il nous choisit pour faire de nous ses envoyés, pour annoncer partout, non seulement qu’Il est le Christ ressuscité mais également, que sa parole est encore et toujours d’actualité dans notre monde, sa parole qui nous invite sans cesse à nous convertir, à extirper de nos cœurs et de nos vies tout germe de rancœur, de haine et de vengeance pour être des plants de qualité qui portent de beaux fruits, des fruits de paix et de réconciliation, pour sa gloire et pour notre bonheur à nous !

         Cette gloire de Dieu et ce bonheur pour chacun de nous est encore possible aujourd’hui, malgré les difficultés et autres épreuves que nous pouvons rencontrer ! En effet, Dieu met et mettra toujours à la disposition de ceux qui savent puiser profond dans la confiance en son Fils Jésus, ce qu’il faut pour qu’ils aillent toujours de l’avant !

         Soixante dix ans d’existence de votre paroisse ! Si vous n’êtes pas jeunes, je puis vous affirmer que vous n’êtes pas vieux non plus ! C’est à vous, à l’occasion de la célébration de cet anniversaire, de discerner quelle est la volonté de Dieu pour mieux appréhender les défis majeurs auxquels nos sociétés sont confrontées et d’y répondre selon le plan et la vision de Dieu ! Tel est le véritable enjeu de la nouvelle dynamique qui doit impulser désormais votre marche à la suite du Seigneur !

1-   Saint Michel d’Adjamé : 70 ans après, enjeux et perspectives !

Chers frères et sœurs,

En parcourant l’histoire de votre paroisse, on ne peut que rendre grâce à Dieu pour l’immense travail accompli par tant de prêtres, aidés de religieux et religieuses, de catéchistes et autres fidèles laïcs, depuis toutes ces années. Quand on sait que le territoire paroissial de Saint Michel d’Adjamé s’étendait jusqu’à Dabou, on imagine aisément l’immense travail réalisé, ainsi que le rôle prépondérant qui a été le vôtre, dans l’histoire d’évangélisation de notre pays. Cependant, si les acquis sont nombreux et indéniables, Dieu attend toujours de nous, que nous allions de l’avant !

Aller de l’avant, c’est prendre en compte les avertissements que le Seigneur nous adresse, avertissements à comprendre comme une invitation à faire mieux et les textes que nous avons entendu ce jour pourraient nous aider en ce sens, eux qui parlent, singulièrement la première lecture tout comme l’évangile, de vigne. A propos de vigne, il est bon de savoir qu’elle est signe de prospérité et de joie de vivre et la bible compare souvent le peuple de Dieu à une vigne.

     Frères et sœurs,

Dans la première lecture, le prophète Isaïe dénonce la trahison de la nation élue, incapable de porter les fruits que Dieu attend d’elle : ‘‘j’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ?’’. Et pourtant, que n’a-t-il pas fait, lui Dieu, pour que sa vigne produise de bons fruits : ‘‘Il en retourna la terre et en retira les pierres pour y mettre un plant de qualité ; au milieu, il avait même une tour de garde’’, comme pour la préserver de tout danger.

     Après tant d’efforts consentis, Dieu était en droit d’attendre de sa vigne qu’elle produise de bons fruits ! D’une certaine manière, il avait trop souffert et consentit trop de sacrifices pour elle. Pouvait-il en être autrement quand on sait que cette vigne, ‘‘il l’avait prise en Egypte, qu’il l’a replantée en chassant des nations, qu’il avait déblayé le sol devant elle et l’a enraciné pour qu’elle emplisse le pays ’’, comme le dit le psaume 79 proposé à notre méditation de ce jour.

     Chers frères et sœurs,

Se donner tant de peine pour une vigne, n’est-ce pas là une grande preuve d’amour ? S’il est vrai que l’amour n’est véritablement beau que lorsqu’il se conjugue à deux, posons-nous la question de savoir, dans le contexte de la célébration des soixante-dix ans de votre paroisse, ce que vous, nouvelle vigne du Seigneur ici dans ce quartier, avez donné, ou donnerez en retour après tant d’attention à votre endroit. Je vous exhorte à ne pas être comme la vigne qui a déçu !

En effet, c’est bien souvent que, quand tout va bien pour nous, nous rendons grâce à Dieu avec un zèle et une ardeur à nul autre pareil. Les chants d’action de grâce se bousculent dans nos cœurs et sur nos lèvres comme des personnes ivres, et le désir de partager cette joie est d’autant plus légitime que le bonheur n’est bien vécu que, lorsqu’il est partagé. Cependant, qu’arrive-t-il quand les difficultés s’annoncent ? Sauriez-vous vous rappeler les bienfaits passés de Dieu à votre égard ?

Reconnaissons que dès que les difficultés frappent à notre porte, notre foi, notre confiance en Dieu, notre sérénité fuient par les fenêtres. Alors notre destin se joue entre les mains de diseurs de bonnes aventures, si ce ne sont des charlatans et autres faiseurs de miracles. Dès lors, on comprend mieux la colère du maître de la vigne : ‘‘je vais enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche pour qu’elle soit piétinée. J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée, ni sarclée ; il y poussera des épines et des ronces : j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie.’’ Voici comment se terminent toujours les histoires d’amour déçu.

Frères et sœurs,

Si nous voulons aller plus loin avec le Seigneur, il nous faut avoir le courage de refuser d’inscrire notre conduite dans la même ligne que celle des vignerons de l’évangile qui se saisissent de l’héritier pour le tuer. C’est à nous, c’est à vous de faire en sorte que votre volonté corresponde de plus en plus à celle de notre Dieu ! A la vérité, Dieu nous respecte à tel point qu’il ne peut rien faire face à la volonté, à la liberté de l’homme. En effet, il ne peut forcer personne, ni à lui rendre les hommages, l’honneur et la gloire qui lui sont dus, ni même à respecter ses envoyés même si, pour sauver l’humanité, il a accepté que son Fils, son unique Fils, paye pour nous, au prix de sa vie.

Mais Dieu est patient, lent à la colère, plein de générosité et d’amour, un amour sans cesse inventif. Question : vivrons-nous assez longtemps pour changer ? Retenons que si Dieu nous a créés sans nous, il ne nous sauvera pas sans nous. Par ailleurs, et cela est une vérité, si les hommes ont su se perdre, ils n’ont jamais su se racheter eux-mêmes. Enfin, de même que le royaume des cieux sera enlevé pour être donné à un autre peuple, de même, ce que nous refusons comme réponse à l’amour de Dieu, nous sera enlevé et proposé à quelqu’un d’autre. Est-ce bien là notre souhait pour les prochaines années ?

Si l’histoire de la vigne qui est l’objet de beaucoup d’attention de la part du vigneron et qui ne produit pas les fruits qu’on attend d’elle n’est pas notre histoire à nous aujourd’hui, reconnaissons quand même qu’elle peut lui ressembler ! En effet, c’est chaque jour que vous et moi sommes l’objet d’attentions particulières de la part de Dieu notre Père : le souffle de vie qui nous est donné gratuitement, la santé, la prospérité dans nos affaires, la réussite sociale et bien d’autres signes, le prouvent assez bien. En retour, que faisons-nous de notre vie ?

2-   Saint Michel d’Adjamé 70 ans après, épouser le style de Dieu !

Frères et sœurs,

     S’il nous arrive de ressembler et d’avoir les sentiments des vignerons homicides de l’évangile, cela ne doit pas nous donner à désespérer car Dieu continue de nous faire confiance, Lui qui nous invite, à la suite de Saint Paul, à épouser un nouveau style de vie : ‘‘ tout cequi est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte’’. C’est au prix de ce nouveau style de vie, que nous pourrons porter les fruits que Dieu attend de nous. Et l’un des fruits que nous nous devons de porter, c’est celui de la paix pour notre pays la Côte d’Ivoire, cette paix qui passe par les chemins de nos maisons, de nos quartiers, de nos villes et villages. Que notre Saint Patron nous y aide. 

C’est ici que je voudrais remercier et féliciter tous les artisans de l’œuvre d’évangélisation entreprise par votre paroisse ! Certains ont rejoins la maison du Père éternel : que par les suffrages de cette célébration, ils reçoivent la bénédiction promise aux serviteurs bons et fidèles ! D’autres continuent l’œuvre : que le Seigneur les affermisse et les guide toujours ! Enfin, qu’à vous tous ici présents, que Saint Michel vous défende dans tous vos combats, aujourd’hui, demain et dans les siècles sans fin ! Amen !

 

 

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,
Archevêque Métropolitain d’Abidjan