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MESSAGE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVÊQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA FÊTE DE NOËL 2023

LE CARDINAL JEAN PIERRE KUTWA A CELEBRE NOEL 2023 DANS SA CATHEDRALE

 Son Éminence Jean-Pierre Cardinal KUTWA, Archevêque métropolitain d’Abidjan a, comme d’habitude célébré la fête de Noel dans sa cathédrale.

C’était le lundi 25 décembre 2023, à la messe de 11h. Entouré des membres de l’équipe presbytérale de la paroisse cathédrale, l’ordinaire du lieu a dit pour les fidèles une belle homélie pour l’occasion.

 

À la fin de la messe, le curé, le père André Ogou N’KAYO a, au nom des paroissiens, souhaité à son éminence, la Joyeuse Fête de Noel.

Le vendredi 22 décembre 2023 le cardinal a fêté ses 78 ans. Le curé a saisi l’occasion pour également un Joyeux Anniversaire à notre Archevêque.

Père Jean-Baptiste DIAHOU


Paroisse Cathédrale Saint Paul Plateau 
Lundi 25 décembre 2023

Chant : Minuit ! Chrétiens c’est l’heure solennelle ! Où l’homme Dieu descendit jusqu’à nous. Pour effacer la tâche originelle, et de son Père arrêter le courroux : le monde entier tressaille d’espérance en cette nuit qui lui donne un Sauveur ! Peuple à genoux, attends ta délivrance : Noël ! Noël ! Voici le Rédempteur (Bis)

Révérend Père André N’KAYO, Curé de la cathédrale, ses vicaires et son Conseil pastoral paroissial,
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Frères et sœurs en Christ,

 L’heure solennelle dont parle ce cantique, c’est celle où Dieu Lui-même descend jusqu’à nous, inaugurant ainsi une nouvelle ère d’espérance, comme pour rappeler à notre humanité, l’étroite solidarité qu’Il souhaite avoir avec le monde qu’Il a créé ! C’est cette solidarité qui fait que l’enfant qui nous est né, le fils qui nous a été donné, ne peut rester indifférent face à notre monde, au point que les joies et les espoirs, de même que les tristesses et les angoisses des hommes et des femmes de tous temps, trouveront toujours un écho dans son cœur.

Oui, à Noël, c’est Dieu Lui-même qui s’engage avec chacun de nous pour illuminer nos chemins, pour orienter et guider nos vies, et cela, toujours dans le respect de notre liberté. L’objectif bien compris de cet engagement avec nous, c’est bien pour nous faire entrer dans son intimité, en se révélant et en nous donnant la grâce de pouvoir l’accueillir, sous les traits d’un innocent et inoffensif enfant ! Mais Noël, c’est bien plus qu’un petit enfant que nous célébrons ! C’est Dieu qui vient faire route avec nous, marchant sur nos chemins, vivant au milieu de nous, pour nous témoigner son amour infini de son Père, notre Père à tous !

Noël, c’est aussi Dieu qui nous parle encore et toujours ! Une parole qui veut pouvoir rejoindre le quotidien de chacun de nous, dans notre intimité profonde ! Une parole qui veut redire à chacun que le Tout Autre, peut être aussi le Tout Proche, qui se fait petit, pour que tous nous puissions l’accueillir, pour sa gloire, et pour le bonheur de ceux et celles qui s’attachent à elle ! Parole qui se donne, parole qui communique la vie même de Dieu !

Dans la deuxième lecture de ce jour, l’auteur de la Lettre aux Hébreux nous enseigne que communiquer, est dans la nature même de Dieu. Je cite : ‘‘ A bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes.’’ He.1, 1-2

Si donc par le passé, les prophètes étaient ses intermédiaires, la naissance de son Fils en notre monde nous montre que Dieu se révèle pleinement à nous, par ce Fils, en qui parole et action de Dieu sont inséparables ! Mais l’entendons-nous encore aujourd’hui dans ce monde de bruit et d’éparpillement dans lequel nous vivons ? Son action est-elle encore visible quand, sous nos yeux, des innocents, enfants, jeunes et adultes, hommes et femmes, meurent sous les balles assassines de clans rivaux ? Son action, n’est-elle pas noircie, quand la division et la suspicion, le refus de se parler et de se pardonner nous sont servis à longueur de journée dans nos relations interpersonnelles, amenant certains à se demander si finalement, le message de Noël, ne serait-il pas finalement un leurre ?

Chers frères et sœurs,

A propos de Dieu qui nous parle encore et toujours, le prologue de Saint Jean que nous avons entendu dans l’évangile de ce jour, en parcourant l’histoire, des origines à ce que l’auteur considère comme son achèvement, propose un nouveau regard sur le monde : c’est le lieu où Dieu parle. A l’écoute de cette parole de Dieu, deux groupes se forment parmi les humains qui soit dit en passant, restent libres face à cette parole. Si certains préfèrent leur autonomie et n’acceptent pas de se lier à la parole qui les interpelle, d’autres par contre l’accueillent et reçoivent grâce à elle, une vie nouvelle qui les transforme.

Celle vie nouvelle qui transforme, provient de l’initiative de Dieu qui précède et précèdera toujours celle des hommes. Mais encore, faut-il que les hommes en prennent conscience et désirent vivre sous l’empire de Dieu qui sait tout et qui est capable aujourd’hui encore, de transformer nos pleurs en cris d’allégresse comme nous le raconte le prophète Isaïe, dans la première lecture de ce jour, qui nous laisse découvrir que le temps des lamentations a pris fin et que la libération est proche !

Ainsi, l’immense allégresse qui monte du peuple, répond à cette merveilleuse annonce, dont Dieu est la source, Lui que l’on célèbre comme roi vainqueur qui entre en triomphe dans sa ville et monte sur le trône. Il est bon de souligner que la majesté de Dieu ne peut être séparée de sa bonté : Il a pitié de son peuple et le réconforte. Finalement, le retour des exilés et le rétablissement de Jérusalem sont identifiés au retour de Dieu Lui-même ! Quelle joie, quelle grande joie pour son peuple hier et pour notre humanité aujourd’hui !

Frères et sœurs,

Jésus qui vient à nous à Noël sous les traits d’un petit enfant, veut révéler à chacun, ce qu’il y a dans le cœur de Dieu son Père et témoigner de son amour infini pour nous ! Il nous invite à avancer désormais avec confiance car, il n’y a que la confiance qui nous ouvre les portes du Royaume de Dieu son Père, Royaume de Justice et de Paix, Royaume de bonheur vrai, nonobstant les difficultés inhérentes à toute vie.

Mais l’invitation qui nous est faite attend de nous une réponse joyeuse ! Par ailleurs, dire oui à Dieu qui vient cheminer avec nous sur nos routes humaines, c’est courir l’aventure la plus merveilleuse qui puisse nous arriver ! Dès lors, ouvrons larges les portes de nos cœurs et de nos vies, pour faire toute la place et comme dit Saint Augustin : ‘‘ne va pas hors de toi-même, mais rentre en toi-même : la vérité habite en l’homme intérieur’’ (Cf. Confessions III, 6, 11).

Révérends pères,
Chers frères et sœurs,

A la lecture des textes que nous avons entendus ce jour, quels enseignements pouvons-nous tirer pour notre Eglise et pour nos nations ? Dans la deuxième lecture de ce jour, l’auteur de la Lettre aux Hébreux nous enseigne que communiquer, est dans la nature même de Dieu. Alors, osons-nous, nous interroger : quelle est la nature profonde de nos communications ? Ne cherchons-nous pas bien des fois, à imposer nos pensées, nos points de vue même les plus discutables ? Avons-nous oublié que nous sommes toujours en Synode et que le Synode sur la synodalité est un temps d’écoute !

Avec vous, je voudrais rappeler les propos que je tenais à la messe d’ouverture de la phase diocésaine le 17 octobre 2021. Je cite : ‘‘… l’écoute est le premier pas, mais demande d’avoir l’esprit et le cœur ouverts, sans préjugés. Vers qui notre Église particulière a-t-elle ‘‘un manque d’écoute’’ ? Comment les laïcs sont-ils écoutés, en particulier les jeunes et les femmes ? Comment intégrons-nous la contribution des personnes consacrées, hommes et femmes ? Quelle place occupe la voix des minorités, des marginaux et des exclus ? Parvenons-nous à identifier les préjugés et les stéréotypes qui font obstacle à notre écoute ? Comment écoutons-nous le contexte social et culturel dans lequel nous vivons ?’’ Fin de citation.

Toujours à propos de communication, il me plaît encore une fois de rappeler l’adresse que j’avais faite aux gouvernants et à tous les acteurs de la vie politique de notre pays à l’occasion de la rentrée pastorale en octobre dernier. Je cite : ‘‘les responsabilités qui sont les vôtres, ne sont pas des plus aisées, en ces temps de grands bouleversements socio-politiques. Les nouvelles qui nous parviennent de loin et des pays voisins ne sont pas rassurantes, puisque nous assistons tous impuissants aux décomptes macabres des victimes de guerre.

Ces situations n’honorent pas notre civilisation, dite post-moderne. Elle semble en tout cas, revenir à l’époque des conquêtes guerrières, où l’on réglait tous les antagonismes par la force des armes. En jetant le regard si loin, nous ne manquerons pas au devoir crucial de braquer notre regard sur nous-mêmes, sur notre beau pays. Il y a ici en Côte d’Ivoire beaucoup de personnes vulnérables, victimes silencieuses de la faim, du chômage, de l’injustice social…

Ayons le courage d’aller en profondeur, pour guérir toutes les blessures qui restent encore vives, à travers repentance, pardon et réconciliation, pour éviter qu’elles nous rattrapent demain. La synodalité, c’est aussi avoir le courage de regarder ses propres péchés, ses propres faiblesses et ses propres limites pour s’engager dans une thérapie collective, qui tient compte de tous. Tant que les injustices sociales perdureront, tant que l’avenir semblera ombrageux pour bon nombre de nos concitoyens, la paix sociale sera toujours fragile… Vous avez été choisis, parce que le peuple vous a fait confiance. Rendez-lui sa confiance en le servant avec dévouement.’’ Fin de citation.

        Je crois fermement que le dialogue est et sera toujours l’arme des forts ! La fin de l’année approchant, faisons en sorte que la communication entre les fils et filles de notre pays, engendre en retour le bel enfant de la fraternité vraie ! Oui Noël, c’est l’amour !  

        Chers frères et sœurs,

        Relativement à la première lecture, nous avons découvert finalement que, c’est Dieu Lui-même qui est la source de la joie de son peuple ! Interrogeons-nous encore une fois : qu’est-ce qui fonde notre joie de chrétiens ? Les lumières et artifices de magasins de Noël n’ont-ils pas fait place à la véritable joie ? Ne sommes-nous pas abonnés aux joies éphémères que nous procurent argent facile, pouvoir, drogue, sexe, alcool… ? Que nous reste-t-il de tout cela le matin à notre réveil ?

        J’insiste pour dire qu’il y a des joies qui sont éternelles ! Si la présence de l’enfant-Dieu ne nous immunise pas des coups durs de la vie, elle nous fait les supporter et les appréhender différemment ! Prions le Seigneur en ce jour béni de faire en sorte que chacune de nos vies deviennent creuset de confiance et d’obéissance à la Parole de Dieu ! Que l’Enfant-Dieu qui nous est offert, nous rappelle encore et toujours que nos cœurs et nos vies peuvent être des crèches mais également des mangeoires pour accueillir et nourrir les aspirations profondes de nos frères et sœurs !

Aujourd’hui c’est Noël et un enfant nous est né. Il est venu nous sauver ! Il porte sur ses frêles épaules, le merveilleux cadeau de l’espérance qui ne déçoit jamais ! Que cette espérance habite le cœur de chaque habitant de notre pays, la Côte d’Ivoire ! Dieu est meilleur, qu’il vous affermisse et vous le fasse sentir ! Avec tous les anges, chantons, glorifions Dieu pour la naissance du Sauveur du monde !

Joyeux Noël à tous !

Bonne fête à tous ceux qui se prénomment Noël et Emmanuel !

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,
Archevêque Métropolitain d’Abidjan