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CELEBRATION DU 45 ANNIVERSAIRE DE LA PAROISSE SAINT FRANCOIS XAVIER D’ABOBO

HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN 

Paroisse Saint François Xavier d’ABOBO
Abidjan le 14 janvier 2024

Chant : Comment ne pas te louer…

Révérend Père ABENAN Serge Rémy, Curé de la Paroisse, ses vicaires et son Conseil Pastoral paroissial,
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
invités,
Chers frères et sœurs en Christ,

Louer Dieu, élever son nom très haut, chanter ses merveilles et proclamer partout ses hauts faits,

c’est affirmer d’une part que la reconnaissance à Dieu est source de joie et de bénédiction et reconnaître d’autre part que l’ingratitude ne sied pas à celui qui se sent redevable d’une grâce dont il est l’objet sans mérite aucun de sa part. C’est là tout le sens de ce chant que nous venons d’exécuter ensemble avec ferveur ! Oui, le Seigneur a fait pour nous tant de merveilles que nous pouvons reprendre à notre compte les mots du psalmiste : ‘‘si je t’oublie [mon Dieu], que ma main droite se paralyse ! Si je cesse de penser à toi, si je ne fais pas de toi ma suprême joie, que ma langue s’attache à mon palais !’’ (Ps 137, 6).

En effet, depuis le début de l’année nouvelle, il souffle comme un air de fête sur vous et sur votre paroisse Saint François Xavier d’Abobo. Jugez-en vous-mêmes : célébration du jubilé d’argent de votre ancien curé, le père Patrice SAVADOGO, célébration, à l’instar de l’Eglise universelle, de la fête de l’Epiphanie et tout ceci, précédé de la grâce que Dieu nous fait d’entrer dans une nouvelle année et aujourd’hui, la messe de clôture des festivités marquant le quarante cinquième anniversaire d’existence de votre paroisse !

Je prie pour que cet air de fête jalonne les chemins de vos vies tout au long de cette année 2024. Que Dieu vous prenne en grâce et vous bénisse ! Qu’Il fasse luire pour vous ses chemins et que sa main puissante vous délivre de tout mal et de tout malheur, Lui qui nous fait la grâce d’être encore et toujours à nos côtés, Lui qui mène notre histoire et nos vies pour sa gloire et pour notre bonheur ! Oui, nous ne pouvons pas rester sans réaction quand on sait tout ce qu’Il fait pour nous, depuis le souffle de vie qu’Il nous renouvelle chaque jour, en passant par sa main qui nous garde et nous protège de biens des maux ?

Distingués invités,
Chers frères et sœurs en Christ,

Si nous sommes l’objet de tant d’attentions de la part de notre Dieu, c’est à nous de comprendre en retour qu’il se peut qu’Il attende en retour de nous, que nous puissions manifester sa présence à nos frères et sœurs. Mais encore faut-il que nous comprenions ses clins d’yeux, dans ce monde de bruits, à une époque où tous les repères semblent s’effondrer, et où l’on a bien souvent du mal à entendre les appels de Dieu ! La véritable question qui s’impose à nous est finalement celle-ci : quel est le sens de nos vies ? Sens entendu comme signation mais aussi comme direction ?

S’il est vrai que dans la vie de tous les hommes il y a des choix fondamentaux, paroissiennes et paroissiens de Saint François Xavier d’Abobo, quelles seront nos priorités dans l’optique de la célébration de votre jubilé d’or ? Au lendemain de la célébration de vos 45 années d’existence, qui aura la première place dans vos cœurs ? En vous posant ces questions, je voudrais vous inviter à ne jamais oublier, face aux épreuves que vous rencontrerez, qu’il vous faudra considérer la vie, vos vies pour ce qu’elles sont vraiment, c’est-à-dire, essentiellement un lieu de passage, un chantier immense où les fils de Dieu se préparent pour rencontrer leur Maître et Seigneur ! Dès lors, il vous faut prendre de la hauteur dans votre agir et dans votre vision du monde, pour comprendre que la terre ne sera jamais le paradis.

Frères et sœurs,

Toutes les interrogations que j’ai mentionnées plus haut sur le sens de la vie, trouvent un écho dans les textes que la liturgie propose à notre méditation en ce jour, car en fin de compte, nous devons tous répondre à un appel comme le jeune Samuel dans la première lecture, tout comme les premiers disciples de Jésus dans l’évangile, et enfin, à l’appel à donner au corps son vrai sens, comme nous l’indique la deuxième lecture.

Il est important de ne pas oublier, en lien avec le thème de notre année pastorale qui nous invite à la responsabilité de tous dans notre marche synodale, que le Christ nous appelle pour nous confier une mission qui ne sera pas des plus aisée. Déjà, dans l’Ancien Testament, quand Moïse entend l’appel de Dieu au cœur du buisson ardent, ce n’est pas pour lui faire un petit signe amical et gentil, mais pour bien l’envoyer chez Pharaon afin de libérer son peuple. Au départ, Moïse n’est pas trop d’accord : ‘‘Seigneur, je ne pourrai pas. Je ne sais pas parler. Et puis, n’oublions pas que j’ai un contentieux avec Pharaon : je te rappelle que j’ai tué un Egyptien. Tu m’envoies à une mort certaine. Je ne suis pas trop d’accord !’’

Dans l’évangile, le scénario avec Saint Pierre est identique. Ce dernier a été fasciné par Jésus, qui l’a soudain regardé, et ce regard l’a transpercé : ‘‘Tu ne t’appelleras plus Simon. Désormais tu te nommeras Pierre, c’est-à-dire Roc, car c’est sur toi que je construirai mon Eglise !’’.

Si tu m’aimes Simon Pierre, c’est ainsi que débute une nouvelle belle aventure ! Pierre-le-roc a du certainement chanceler sous le poids de cet appel et se cramponner à une table, d’étonnement et de peur. En répondant à l’appel de Jésus, André, Jean, Philippe et Nathanaël ont embarqué eux aussi pour une aventure exceptionnelle qui les conduira tous jusqu’au témoignage suprême du martyr. Ils seront les disciples de l’Agneau de Dieu dont le sang, appliqué sur le linteau des portes, protégeait les Hébreux de la mort.

Frères et sœurs,

Il est heureux de constater que tout comme pour les premiers disciples, aujourd’hui encore, Jésus passe par nos chemins, Il se mêle toujours à notre vie. Mais, si nous n’avons pas soif de Lui ni de vérité, nous ne le remarquerons même pas. S’il n’y a pas en nous le désir de donner sens à nos vies, et de chercher vraiment une réponse aux grandes questions qui nous habitent, nous n’entendrons jamais les appels de Dieu. Nous devons comprendre que ce que nous vivons dès fois comme des répétitions, sont en fait des occasions à voir du neuf ! Il nous faut alors apprendre à grandir à son écoute.

C’est à nous de faire un discernement sur ce que le monde dit moderne nous propose et d’y apporter une réponse de foi ! Cette réponse de foi, c’est celle que nous sommes appelés à donner nous aussi aujourd’hui, si Jésus nous posait la même question qu’aux disciples hier : ‘‘que cherchez-vous ?’’. Je veux parier que dans le contexte économique qui est le nôtre, beaucoup seraient bien confus en répondant : le succès, l’amour, l’argent, le pouvoir, les voyages, une promotion, le mariage et que sais-je encore ? De même, si Jean Baptiste nous invitait à suivre Jésus, tout comme pour ses deux disciples, peut-être y réfléchirions-nous par deux fois, ne serait-ce que pour savoir où nous ‘‘mettons les pieds’’, avant de nous décider !

Révérends pères,
Frères et sœurs,

Sans une certaine liberté de cœur et d’esprit, liberté couplée à de la disponibilité généreuse, il nous serait difficile de répondre à notre vocation dans le monde de ce temps ! Dans l’évangile, l’attitude des disciples est particulièrement remarquable par leur disponibilité à l’appel divin. André et Jean ne suivaient-ils pas déjà Jean Baptiste, fascinés par ce personnage hors du commun ? Le disciple, c’est celui qui vient pour appendre. André et Jean, c’est certain, ont une grande faim spirituelle. C’est pourquoi, ils obéissent au baptiste qui les envoie à Jésus. Ils n’hésitent pas, ils le suivent, sans trop savoir comment l’aborder. Jésus se retourne et devine leur quête. ‘‘Que cherchez-vous ? – Te connaître ! – Alors, vivez une journée avec moi. Venez, vous rendre compte par vous-mêmes.’’

Simon a la même réaction, la même curiosité spirituelle. La joie de son frère l’a intrigué. Il se rend sur place lui aussi, pour vérifier qui est cet homme qui a ainsi bouleversé son frère. Il veut voir ce Jésus, savoir s’il est vraiment ce Messie, qu’en bon juif, il attend et espère de tous ses vœux. En vous voyant vivre dans ce quartier d’Abobo, vos voisins de quartier, vos collègues de travail, seront-ils eux aussi attirés par cette curiosité qui finalement conduit à Jésus ? Quarante cinq années après l’érection de votre église en paroisse, quel est l’impact que vous avez sur les autres ? Sont-ils plus attirés par votre manière de vivre ?

Paroissiennes et paroissiens de Saint François Xavier,

Comme vous l’aurez remarqué dans l’évangile de ce jour, l’appel des premiers disciples exige en retour une certaine intimité de vie avec le Christ. En effet, considérer la personne de Jésus sous son seul aspect humain ne permet pas encore de le reconnaître : il faut la foi qui ouvre à une autre connaissance à propos de Jésus. Je vous exhorte à un discernement pour trouver en Jésus, les signes par lesquels Dieu se révèle dans l’histoire humaine, dans vos histoires personnelles et individuelles. Ainsi, vous pourrez le rendre présent à notre monde.

C’est à vous qu’il appartient désormais d’offrir le sourire de Dieu à un frère handicapé par la vie, de devenir service pour le bien de vos frères et sœurs, pour le rayonnement de notre pays. Vous pouvez aussi devenir miséricorde, pour vous pencher sur les misères et les souffrances de vos frères et sœurs, non pas dans une compassion stérile et affligeante, mais bien pour les remettre debout, pour la gloire de Dieu et pour leur bonheur ! Vous pouvez aussi devenir justice en prenant la défense des exploités. C’est à chacun de vous de trouver sa place dans la grande entreprise qu’est la Rédemption du genre humain et partant, du renouveau que nous sommes en droit d’attendre de vous !

Frères et sœurs,

Pour terminer, je voudrais partager avec vous ma conviction profonde qui est, que Jésus veut naître aujourd’hui en chacun de nous. Il veut entrer aujourd’hui dans nos vies afin de les changer pour toujours, et cela est possible, pourvue que nous acceptions de lui ouvrir les portes de nos cœurs. Pour ce faire, tournons le dos à ce qui ne participe pas de la gloire de Dieu et repartons d’un pas ferme, en ce début d’année 2024, remplis d’assurance et de détermination, sur la route du bonheur que Dieu Lui-même nous propose et nous offre, avec l’air de fête qui souffle sur votre paroisse. Dès lors, n’ayons pas peur de lui ouvrir la porte de nos cœurs !

Aujourd’hui, si nous répondons à cet appel de Jésus, si nous laissons Jésus entrer dans nos vies, nous pouvons aujourd’hui même, commencer une vie plus honnête, plus solidaire des autres et plus fraternelle. Oui, nous le pouvons avec la grâce de Dieu !

Bonne fête à tous ! Bonne heureuse et Sainte année 2024 à chacune de vos familles, par l’intercession de Saint François Xavier et de la Vierge Marie ! Que le Seigneur vous bénisse tous !

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque Métropolitain d’Abidjan