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HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DES ORDINATIONS SACERDOTALES Samedi 8 juillet 2023

Cathédrale Saint Paul du Plateau Abidjan

Chant : La moisson du Seigneur abonde, mais les ouvriers sont peu nombreux ; priez, le Maître, d’envoyer des ouvriers, à sa moisson

Monseigneur Jean Baptiste AKWADAN, Chapelain de Sa Sainteté,
Monseigneur Richard ANOU YAPO, Chapelain de Sa Sainteté
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Chers frères et sœurs,
Chers fils élus de ce jour,

Les paroles de ce chant que nous venons d’exécuter ensemble s’inspirent en grande partie de l’Evangile de Saint Luc au chapitre 10, les versets 1à 16 où il est question d’accueillir ou de refuser le Royaume de Dieu. Mais nous nous rappelons aussi que déjà au chapitre 9 de ce même Evangile, Jésus avait envoyé les douze disciples en mission. Avec ce chant, c’est le regard qui s’élargit à l’image de l’abondance présumée de la future moisson.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que le nombre des soixante douze envoyés en mission n’est pas sans nous rappeler les descendants de Jacob en Egypte (Ex. 1, 5) ou encore les collaborateurs de Moïse appelés à annoncer au peuple, la proximité du Royaume de Dieu (Nb. 11, 16), même si beaucoup de leurs compatriotes n’ont pas voulu croire en eux, puisqu’en apparence, rien n’a changé chez eux, tout comme rien ne changera en apparence pour ces ordinands, au sortir de cette célébration eucharistique.

Chers fils,

Appelés à annoncer la proximité du Royaume de Dieu, bien plus, à rendre présent ce Royaume dès à présent, c’est bien la grâce qui vous est faite avec la célébration eucharistique de ce jour qui vous consacrera prêtres de Jésus-Christ. Ainsi, une étape importante, celle de la formation académique s’achève.

Mais à cette étape qui s’achève, succède aussitôt une nouvelle, celle de l’exercice de votre ministère pastoral, que je souhaite par anticipation, belle et fructueuse, pour la gloire de Dieu mais surtout pour le salut de vos frères et sœurs vers qui vous serez envoyés vous aussi en mission, à l’instar de la longue et ininterrompue liste de ceux que le Seigneur ne cesse d’appeler !

Tout en rendant grâce à Dieu qui vous a appelés et choisis à ce ministère particulier dans son Eglise, je prie afin que votre jeunesse apporte du sang neuf dans les veines de notre presbyterium, comme je l’ai lu dans l’un de vos rapports. A présent, qu’il me soit permis de revenir au chant qui a servi d’introduction à mes propos et qui nous invite à prier le Maître de la moisson, pour qu’Il envoie Lui-même des ouvriers pour sa moisson.

Ici, la mention de la prière est importante quand on sait justement que déjà à cette époque, beaucoup n’ont voulu croire au message dont les soixante-douze étaient les porteurs. C’est à vous de prendre conscience que, si la grâce ne détruit pas la nature, néanmoins, elle est capable de la féconder profondément. Mais pour cela, il y a un effort à réaliser sur soi-même, au risque d’être disqualifié alors même que débute la belle aventure de vie de prêtre !

Chers fils,

Dans la première lecture de ce jour, il ne vous a pas échappé que Jacob pour bénéficier de la bénédiction de son père Isaac, a fait preuve tout à la fois, et en complicité avec sa mère Rébecca, de ruse, d’habileté et de comédie. Ces trois artifices utilisés par Jacob et sa mère pour parvenir à leurs fins, ne sont pas dignes de ceux qui en usent et encore moins pour ceux qui veulent vouer leurs vies à la suite de Jésus !

La ruse par définition est l’art de dissimuler, de tromper ou encore un procédé habile, mais déloyal, dont quelqu’un se sert pour obtenir ou réaliser ce qu’il désire. Quant à l’habileté, si elle définit la qualité d’une personne qui exécute ce qu’elle entreprend avec intelligence, compétence et adresse, elle peut être détournée de sa nature et à ce titre, comme pour Esaü, avoir de fâcheuses conséquences. Enfin, la comédie a pour objectif principal de faire rire, de distraire au propre comme au figuré.

Chers ordinands,

Que pensez-vous d’un homme qui utilise la ruse comme mode de vie ? Est-il imaginable qu’un prêtre ruse avec ce qu’il est devenu par le canal du sacrement de l’ordre ? Si la réponse à cette question est aisée, je voudrais attirer votre attention sur les ruses dans lesquelles il est facile de tomber, une fois ordonné prêtre ! Gardez à l’esprit qu’accepter de percevoir des honoraires pour des messes que l’on n’a pas célébrées, ce n’est pas ruser avec son évêque ou avec l’économe diocésain, mais bien avec Jésus à qui nous avons décidé de consacrer toute notre vie ! Pour ma part, je trouve que c’est se mentir à soi-même et cela est trop grave pour ne pas être souligné !

Par ailleurs, jouer de ruse, de toute manière et de toute sorte, être habile uniquement quand cela sert notre propre cause au détriment des engagements auxquels nous avons librement adhérés et célébrer l’Eucharistie comme si nous jouons de la comédie, c’est louvoyer avec notre identité de prêtre, et oublier ainsi, comme il est dit dans le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, que ‘‘dans l’Église et pour l’Église, les prêtres représentent sacramentellement Jésus Christ Tête et Pasteur, … ils exercent sa sollicitude pleine d’amour, jusqu’au don total d’eux-mêmes, pour le troupeau qu’ils rassemblent dans l’unité et conduisent au Père par le Christ dans l’Esprit’’.

Frères et sœurs,
Parents et amis des élus du jour,

Votre fils, votre frère, votre ami, va recevoir par l’imposition de mes mains ainsi que l’accueil qui lui sera fait par les prêtres ici présents aujourd’hui, une nouvelle charge, non pas de la part des hommes, mais de Dieu qui s’est frayé un chemin vers son cœur, depuis l’appel qu’il a dû discerner, en passant par le temps de formation, pour arriver à ce jour de sa consécration. Je voudrais vous remercier et vous féliciter pour l’accompagnement généreux qui a été le vôtre jusqu’à ce jour. Que Dieu Lui-même vous comble bien au-delà de vos attentes et de vos espérances.

Cependant, je voudrais attirer votre attention sur l’attitude de Rébecca dans la première lecture de ce jour. Comme vous avez pu le remarquer, elle a joué d’intrigues pour que Jacob parvienne à ses fins et s’inscrive dans ce que j’ai qualifié plus haut d’artifices ; oui, cette attitude est à comprendre comme un moyen habile qui vise à cacher la vérité, à tromper sur la réalité ! Des ‘‘Rébecca’’, je souhaite et je prie qu’il n’y en ait pas dans vos rangs ! En effet, agir de la sorte, équivaut à donner d’une main et à reprendre de l’autre ! On ne peut pas, mieux, on ne doit pas jouer avec Dieu !

Désormais, ce que le monde attend de vos prêtres, c’est l’image de Jésus attentif aux personnes, les libérant de leurs maladies, de leurs peurs et de leurs difficultés. Ce Jésus, c’est celui que l’évangile de ce jour nous présente, osant toucher un lépreux que personne n’approchait, comme pour dire que pour Lui Jésus, personne n’est exclu, personne n’est ‘‘impur’’ que l’on ne doit pas toucher ! C’est un défi à relever et c’est à vous, à votre fraternité vraie et sans ambigüité, que je voudrais confier l’aventure qui sera la leur.

Vous aussi, il vous faut comprendre que ce n'est que lorsque nous cherchons à aimer comme Jésus a aimé que, nous rendons Dieu visible et que nous réalisons notre vocation commune à la sainteté. Désormais, je vous exhorte à tout mettre en œuvre pour accompagner vos prêtres, comme Jésus l’a fait, et s’ils connaissent quelques problèmes, d’être pour aux le centurion qui présente son serviteur à Jésus !  

Chers fils,
Et vous tous chers confrères dans le sacerdoce,

Je voudrais partager avec vous, quelques réflexions de notre Saint Père le Pape François, dans son discours du 17 février 2022, lors du Symposium qui avait pour thème, ‘‘pour une théologie fondamentale du sacerdoce’’. Je cite bien volontiers quelques extraits de ce discours que je soumets à votre méditation :

-      La vie d'un prêtre est avant tout l'histoire de salut d'un baptisé… Nous oublions parfois le Baptême, et le sacerdoce devient une fonction : le fonctionnalisme, et c'est dangereux. Nous ne devons jamais oublier que toute vocation spécifique, y compris celle de l’Ordre, est accomplissement du Baptême. La tentation est toujours grande de vivre un sacerdoce sans Baptême, - et il n’y a pas de prêtres « sans baptême » - c'est-à-dire sans se rappeler que le premier appel est celui à la sainteté. Être saint, c'est se conformer à Jésus et permettre que les sentiments qui sont les siens battent dans notre vie (cf. Ph 2, 15).

-      Avant tout, [je vous conseille] la proximité avec Dieu… Le prêtre est invité avant tout à cultiver cette proximité, cette intimité avec Dieu. Il pourra puiser de cette relation, toute la force nécessaire à son ministère. La relation avec Dieu est, pour ainsi dire, la greffe qui nous maintient dans un lien de fécondité. Sans une relation sérieuse avec le Seigneur, notre ministère devient stérile.

-      La proximité avec Jésus, le contact avec sa Parole, nous permet de placer notre vie devant la sienne, d’apprendre à ne pas nous scandaliser de tout ce qui nous arrive, à nous défendre des “scandales”. … Il y aura des moments où vous pourrez être loués, mais il y aura aussi des moments d'ingratitude, de rejet, de doute et de solitude…

-      De nombreuses crises sacerdotales ont pour origine une vie de prière pauvre, un manque d'intimité avec le Seigneur, une réduction de la vie spirituelle à une simple pratique religieuse. Je veux aussi distinguer cela dans la formation : la vie spirituelle est une chose, la pratique religieuse en est une autre… Trop souvent, par exemple, la prière est pratiquée dans la vie sacerdotale uniquement comme un devoir, en oubliant que l'amitié et l'amour ne peuvent être imposés comme une règle extérieure mais sont un choix fondamental du cœur.

-      Un prêtre qui prie reste, radicalement, un chrétien qui a pleinement compris le don reçu au baptême. Un prêtre qui prie est un fils qui se souvient continuellement qu'il est un fils et qu'il a un Père qui l'aime. Un prêtre qui prie est un fils qui se fait proche du Seigneur…

-      Le prêtre doit avoir un cœur suffisamment “large” pour faire place à la souffrance du peuple qui lui est confié et, en même temps, annoncer comme une sentinelle l'aurore de la Grâce de Dieu qui se manifeste précisément dans cette souffrance…

C’est sur ces mots que je voudrais m’arrêter, non sans une fois encore et comme il est de coutume, traduire ma reconnaissance à vos différents formateurs. Je dis un grand merci au père YEDOH Akpa Fabien, qui a instruit les ordinands lors de leur retraite et leur a certainement partagé sa riche expérience de formateur. Je confie au Seigneur le comité diocésain des vocations et tous ceux qui travaillent dans l’ombre de ce comité, afin de nous donner années après années, des collaborateurs toujours plus nombreux, toujours plus dynamiques.

Bonne fête à tous.

+ Jean Pierre Cardinal KUTWà
Archevêque Métropolitain d’Abidjan