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MESSE DES 40 ANS DE LA PAROISSE SAINT JOSEPH EPOUX D’ABOBO ET LA CONSECRATION DU NOUVEL AUTEL

HOMÉLIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ
ARCHEVÊQUE D’ABIDJAN 

Dimanche 12 novembre 2023

Révérend Pères Emmanuel ZABSONRE, ses vicaires et son conseil
distingués invités,
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Distingués invités,
Chers frères et sœurs en Christ,

Louer Dieu, laisser monter à Lui notre action de grâce, traduit bien le sentiment qui habite le cœur reconnaissant qui veut en retour dire haut et fort, ce que ce même Dieu a fait pour lui. Louer Dieu, laisser monter à Lui notre action de grâce, voici, comme vous le savez, la raison de notre présence sur cette paroisse !

40 années plus tard, vous avez raison de dire votre reconnaissance au Seigneur en affirmant qu’il est toujours possible pour celui qui le désire de tout son cœur, d’entendre la voix de Dieu, au milieu des bruits de klaxons des voitures, nonobstant les passants toujours nombreux, les vendeuses de rue et autres commerces de proximité !

Oui, aujourd’hui comme hier, Jésus ne cesse de se frayer un chemin vers nos cœurs et nos vies, pour sa gloire et pour notre bonheur ! C’est à nous d’être attentifs à ses appels, d’ouvrir large les portes de nos cœurs et de nos vies pour le laisser entrer et prendre toute la place qui lui revient et cela est encore possible aujourd’hui ! Le laisser entrer, c’est finalement laisser entrer la sagesse de Dieu qui sait conduire ceux qui Lui font confiance et jamais cette confiance ne sera déçue !

Par ailleurs, en décidant de coupler le quarantième anniversaire de l’existence de votre paroisse avec la consécration de l’autel, vous nous indiquer d’une certaine manière, l’option préférentielle qui sera désormais la vôtre : mettre Dieu au centre de toute votre vie, de toutes vos activités ! Une telle option ne peut que réjouir le cœur de Dieu et votre premier pasteur que je suis s’en réjouit au plus haut point ! Paroissiennes et paroissiens de Saint Joseph, vous pouvez être fiers de vous ! En retour, je prie pour que de cet autel consacré, les bontés du Seigneur inondent vos vies ainsi que celles des habitants de ce quartier !

Frères et sœurs,

Les textes que nous entendons en ce jour sont intéressants à plusieurs égards et pourraient nous être d’une grande utilité, si nous considérons la célébration du quarantième anniversaire de votre paroisse ainsi que la consécration du nouvel autel, comme les portes d’entrées, la préparation lointaine de votre jubilé d’or, d’ici quelques années. Que Dieu qui vous connaît mieux que vous-mêmes et qui connaît les désirs profonds de vos cœurs, les mène à leur achèvement et que cette célébration de ce jour vous procure à tous, présents et absents, les grâces dont vous avez besoin.

Dans la première lecture de ce jour, l’auteur du livre de la sagesse nous invite à rencontrer la Sagesse comme une personne, elle qui se tient à la porte de ceux qui la cherchent. La raison en est que la communication avec elle procure la liberté qui permet de dominer tous les soucis. Et si les premiers chrétiens avaient recouru volontiers à ces textes, c’est bien parce qu’ils y verront une description anticipée de Jésus, véritable sagesse venue éclairer le monde !

Si cette première lecture nous invite à rencontrer la Sagesse comme une personne, il nous faut comprendre qu’il n’y a que l’intimité avec Dieu qui nous ouvre son cœur et son trésor de grâce ! Cette intimité est à rechercher non pour elle-même, mais bien pour s’imprégner de Dieu, mais surtout, pour le communiquer à nos frères et sœurs. 40 années après l’implantation de votre paroisse dans ce quartier, quel impact les chrétiens que vous êtes avez eu sur vos frères et sœurs qui vous voient vous réunir ici ? C’est ici, que je voudrais vous rappeler le chemin qui doit être désormais le vôtre, chemin indiqué lors de la messe de rentrée pastorale !

Je cite : ‘‘l’Église synodale que nous entendons vivre et célébrer de façon singulière dans notre diocèse, suppose que nous tous baptisés, nous prenions au sérieux notre baptême. Il nous faut nous émanciper de la foi folklorique et superficielle, pour être protagonistes des orientations à prendre. Il nous faut accepter d’être de véritables acteurs de la mission de l’Église, qui est essentiellement la nôtre. De par notre baptême, l’Église devient l’affaire de tous. Nous devons tous sentir la responsabilité de la porter comme une expression de nous-mêmes.’’ Fin de citation.

Cette expression de nous-mêmes, c’est celle qui nous fait nous décentrer de nous-mêmes, pour fixer notre regard et nos attentions sur Celui qui est la source et la finalité de notre vocation chrétienne : Jésus-Christ sans qui, celui qui bâtit, bâtit en vain ! Dans l’évangile, ce dont il est question, c’est bien avant tout du désir de Dieu dont il est question, par-delà la parole qui nous est rapportée et dont la finale, loin de nous effrayer, devrait être pour nous, un leitmotiv, un encouragement à persévérer dans nos efforts de conversion, pour justement être admis aux noces que le Seigneur prépare pour son peuple !

Frères et sœurs,

L’évangile de ce jour se termine sur une belle note : ‘‘veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.’’ S’il est vrai que l’attente est parfois longue, il faut comprendre que ‘‘veiller’’, c’est vivre au jour le jour cette ressemblance avec le Père pour laquelle nous sommes faits ! Plus simplement, il s’agit d’aimer comme Lui nous aime ! ‘‘Veiller, c’est aussi être toujours prêts à le recevoir chaque jour ! Et si ‘‘veiller’’ n’interdit pas de dormir, on peut légitimement se poser la question de la force de notre attente de Jésus-Christ ! C’est à nous, de le rendre présent dans le quotidien de nos actes ! C’est à nous de faire en sorte que nos voisins de quartiers, au travail et là où l’appel de Dieu nous a placée, sachent qu’il n’y a pas à désespérer de la vie.

Ici encore, je voudrais rappeler un extrait de mon message de la rentrée pastorale : ‘‘le Christ n’a pas vécu en survolant son temps et son époque. Il a porté et assumé son temps, à travers un service qui s’est avéré don de sa vie aux hommes, cette Église synodale qui est de tous et pour tous, et au service de tous. Comme Église de service, elle ne met pas d’abord en avant la distinction, la diversité et la spécificité des ministères et des charismes. Ce qui est premier, c’est la charité et la mission commune qui les fonde et les unit : l’amour rédempteur du Christ qui les vivifie et les porte à révéler au monde son visage, lui qui est venu faire de tous un seul peuple.

L’Église, en effet, a une double mission : servir Dieu en servant les hommes, et servir les hommes en servant Dieu. Il n’y a aucun service de Dieu qui s’épuise en lui-même, sans qu’il se décline dans le service de l’homme ; tout comme il ne peut y avoir un service pour l’homme qui ne conduise à une louange à Dieu. La crédibilité de l’Église, découlera donc de sa capacité à servir, à se mettre au service du monde, considéré comme le grand temple ouvert que Jésus lui a laissé depuis son ascension, pour continuer la diaconie de l’amour, la diaconie de l’homme.’’ Fin de citation.

La mission qui est la nôtre nous commande d’être vigilants dans le service de nos frères et sœurs. Cela passe par une analyse sereine de ce dont ils ont véritablement besoin. En le disant, je pense aux mirages qui sont proposés à notre jeunesse et qui ont pour noms, l’argent facile et en vitesse, l’immigration clandestine, le phénomène dit ‘‘khadaffi’’ et autres substances qui détruisent notre jeunesse ! Nous avons l’obligation, au nom de notre mission, de leur proposer d’autres alternatives que celles qui sont les leurs aujourd’hui !

Si la célébration du quarantième anniversaire d’existence intervient pendant le synode, il faut y voir un clin d’œil de notre Seigneur ! A l’âge où vous êtes parvenus, j’ai envie de m’interroger avec vous : le Synode est un temps d’écoute ! Comment serez-vous à l’écoute de vos frères et sœurs : ceux de votre communauté paroissiale mais également ceux de vos différents milieux de vie ? Le synode est également un temps de rencontre : quelles sera la qualité de vos rencontres désormais ? Rencontres avec Dieu et avec vos frères et sœurs. Le Synode c’est enfin le temps de marcher ensemble ! Quarante années après, je vous exhorte à comprendre qu’il s’agit d’expérimenter des modes d’exercice de la responsabilité partagée au service de l’annonce de l’Évangile et de l’engagement à construire un monde plus beau et plus habitable !

Oui, votre église a fière allure aujourd’hui et la consécration de l’autel est l’excuse que je me donne pour vous inviter à consacrer vos personnes à Jésus-Christ ! Cela suppose que comme pour la seconde lecture de ce jour, vous soyez attentifs aux choses essentielles ! En effet, dans cette lecture, Saint Paul nous enseigne que les premiers chrétiens vivaient dans l’attente d’un retour prochain du Seigneur. En répondant aux questions que l’on lui pose, Paul affirme la certitude essentielle sur laquelle il reviendra toujours : nous sommes tous appelés à vivre en plénitude auprès de Dieu ! Cette conviction, il l’affirme avec foi en utilisant l’imagerie classique de la fin des temps, non pas comme un moment catastrophique, mais bien comme un événement grandiose venant bouleverser tout l’univers.

         Dans cette mission, je me dois de vous avertir que vous aurez à rencontrer aussi l’incrédulité de vos proches comme pour Jésus dont les concitoyens ont été incapables de reconnaître sa véritable identité. Cela importe peu finalement, à condition que vous ayez les yeux fixés sur Lui qui nous appelle tous à sa suite. Je prie, pour que Saint Joseph, l’époux et le protecteur intercède toujours pour vous. Rendons grâce au Seigneur pour cette joie qu’Il nous donne de célébrer ces quarante années d’existence !

         Pour terminer, je voudrais reprendre pour vous tous, la prophétie d’Isaïe : ‘‘Élargis l’espace de ta tente, déploie sans hésiter la toile de ta demeure, allonge tes cordages, renforce tes piquets ! Car tu vas te répandre au nord et au midi. Ta descendance dépossédera les nations, elle peuplera des villes désertées. Ne crains pas, tu ne connaîtras plus la honte ; ne tiens pas compte des outrages, tu n’auras plus à rougir, tu oublieras la honte de ta jeunesse, tu ne te rappelleras plus le déshonneur de ton veuvage. Car ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est ‘‘Le Seigneur de l’univers’’. Ton rédempteur, c’est le Saint d’Israël, il s’appelle ‘‘Dieu de toute la terre’’. Isaïe 55, 2-6

         Telle est la prière que je forme pour vous ! Qu’à l’intercession de Saint Joseph votre Saint patron, Dieu vous manifeste sa sollicitude paternelle et vous fasse la grâce d’un foi ferme, d’une charité toujours plus inventive pour sa gloire et pour votre bonheur !

Bonne fête à tous !

Je vous bénis !

 + Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque d’Abidjan