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MESSAGE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA QUATRIEME EDITION DES JOURNEES MONDIALES DE LA JEUNESSE D’ABOBO 2023

ABOBO, ICMA, vendredi 4 août 2023

Révérend Mgr Donatien Low NGUESSALI, Vicaire Général du diocèse de Yopougon,
Révérends Pères,
Révérendes sœurs,
Chers amis jeunes,

A l’instar de nombreux jeunes venus du monde entier et réunis autour de notre Saint Père le Pape François à Lisbonne au Portugal, nous nous retrouvons ici, en communion de cœur et d’esprit avec eux, à l’occasion de la quatrième édition des Journées Mondiales de la Jeunesse d’Abobo.

Je voudrais, avant tout, saluer l’heureuse initiative prise par les Xavières et qui permet que des jeunes se sentent concernés et participent à leur manière, à cet événement de portée mondiale.

Amis jeunes, je voudrais vous féliciter d’avoir répondu à l’appel qui vous a été adressé de la part du Seigneur, car en vérité, c’est Dieu Lui-même qui appelle et suscite tout mouvement vers Lui, comme le laisse suggérer dans une certaine mesure, le thème de la 37ème Journée Mondiale de la jeunesse : ‘‘ Marie se leva et partit en hâte’’ (Lc1, 39).

Saint Luc écrit au début de son Evangile que Marie se leva et partit en hâte pour rendre visite à sa cousine Elisabeth. Le voyage était long car, alors que Marie habitait dans la province nord du pays, Elisabeth, sa cousine elle habitait dans le Sud, non loin de Jérusalem, où son mari remplissait, à certaines périodes, les fonctions sacerdotales dans le Temple.

Cette visite de Marie à Elisabeth n’est pas sans susciter des interrogations : pourquoi cette visite, ou mieux, pourquoi Marie souhaitait-elle, après l’annonce de l’Ange, rendre visite à Elisabeth et pourquoi ne reste-telle pas chez elle pour méditer sur ce que vient de lui dire l’Ange. Quelle était l’urgence pour qu’elle s’élance sur les routes, en hâte, portant ce beau secret de la présence de Jésus en elle ?

Une première esquisse de réponse nous est proposée par notre Saint Père le Pape François dans l’adresse qu’il a faite à l’occasion de la 3ème Journée Mondiale des Grands-parents et des personnes âgées. Le Pape inscrit bien volontiers cette visite de Marie à sa cousine Elisabeth dans le cadre d’une rencontre. Je le cite : ‘‘c’est un thème qui nous renvoie à une rencontre bénie : la rencontre entre la jeune Marie et sa parente âgée Élisabeth... Cette dernière, remplie de l’Esprit Saint, adresse à la Mère de Dieu des paroles qui, des milliers d’années plus tard, rythment notre prière quotidienne : ‘‘Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni’’. Et l’Esprit Saint, déjà descendu sur Marie, l’inspire à répondre par le Magnificat, où elle proclame que la miséricorde du Seigneur s’étend d’âge en âge. L’Esprit Saint bénit et accompagne toute rencontre fructueuse...’’ Fin de citation.

Chers amis jeunes,

Au-delà de cette réponse, l’on peut comprendre aussi que Marie se rend en hâte chez sa cousine pour se mettre à son service. En agissant ainsi, elle fait preuve de charité, une charité qu’elle ne garde pas dans le vase de son cœur ! Elle a appris que sa cousine attendait un enfant et va se mettre à son service. Elle passe à l’acte. Un acte d’amour et de charité. Une charité prompte !

Aujourd’hui encore, si nous étions plus attentifs aux motions du Saint-Esprit en notre cœur, notre charité serait jaillissante, et notre monde s’en trouverait meilleur. Reconnaissons que le manque de courage, mais peut-être aussi une certaine forme d’individualisme, la peur de déranger, de ne pas être ajustés, nous font laisser s’éteindre en nous, la mèche de la charité au moindre courant d’air. Ainsi, la Vierge Marie se présente à nous comme celle dont la lampe de la charité brûle comme une torche que rien, pas même son jeune âge ou la distance à parcourir, ne peut éteindre. Elle est brûlante de charité et si nous allons à son école, elle saura nous dire dans le creux de l’oreille : va et aime plus, n’aie pas peur d’aimer, de rendre service, d’être charitable. Il y a ici comme une mission que Dieu confie à ceux qu’Il appelle, comme vous aujourd’hui, réunis pour ces JMJ d’abobo !

Dire oui à Dieu implique toujours aussi de dire oui aux hommes. En vérité, recevoir de Dieu une mission fait entrer, par la même occasion, en plus profonde relation avec la communauté humaine. On ne reçoit jamais rien pour soi-même, tout doit être partagé. Marie se leva et partit en hâte pour se montrer sensible à la situation d’Elisabeth et de Zacharie, sans se soucier de la fatigue, ni de la longueur du voyage. Le service marial doit s’offrir avec promptitude, cette promptitude qui permet de parcourir les chemins de la rencontre en assumant fatigues et risques.

Chers amis,

Il est bon de remarquer aussi que la visite de Marie à sa cousine Elisabeth remplit et comble de la joie de sa présence et du réconfort de sa compagnie, cette dernière comme pour dire que désormais, tout service marial, toute rencontre doit être sensible aux situations de solitude, de douleur et de crise en offrant présence, sérénité, consolation et paix.

En effet, en se levant pour partir en hâte, on peut dire que Marie se sent comme appelée à prendre soin d’une vie fragile, qui grandit dans un corps déjà vieux, prouvant ainsi que toute rencontre doit toujours être au service de la vie, spécialement des vies menacées, sans défense et faibles. Marie se leva et partit en hâte pour apporter avec elle la présence et la nouveauté de Jésus qui a transformé sa propre vie. Marie sait au plus intime de son cœur que le meilleur service qu’elle puisse rendre sera toujours d’offrir aux autres la vie et la nouveauté de Jésus, pour qu’il transforme celle du monde ainsi que celle des personnes qu’il plaît au Seigneur notre Dieu, de mettre sur les chemins de nos vies.

Une autre caractéristique de la visite de Marie, c’est que cette visite se déroule dans l’humilité, la simplicité et la discrétion : Marie oriente tout, sa parole et sa louange vers Dieu, nous enseignant ainsi que toute rencontre qui devient fruit de l’amour, ne prend pas des airs d’importance, ne s’enorgueillit pas, ne cherche pas l’ovation et essaie de passer inaperçu (Cf. 1Co 13, 1-8). Marie se leva et partit en hâte pour suppléer à l’incapacité et à l’inhabilité d’Elisabeth dans les tâches domestiques, en travaillant et en s’occupant de tout avec joie comme pour dire que le service marial tout comme chacune de nos rencontres ne doit répugner à aucun travail, en faisant face avec courage aux tâches les plus simples, pour apporter de la joie dans la monotonie et la routine.

Il est bon de souligner aussi que Marie demeurera trois mois auprès d’Elisabeth, jusqu’à la naissance de Jean le Baptiste, pour se retirer seulement, lorsque la nouvelle famille s’est organisée et adaptée à la nouveauté de la situation. Le service marial est persévérant, il maintient sa présence, son aide et sa charité tant que durent les besoins et se retire seulement au moment opportun. Désormais, c’est ainsi que doivent être nos rencontres !

Chers amis jeunes,

Vous aurez remarqué que j’ai employé très souvent l’expression de service marial. En effet, c’est ainsi que je voudrais comprendre avec vous, la visite de Marie à sa cousine Elisabeth. Visite, rencontre mais qui finissent par se transformer en service ! Je vous exhorte à imiter ce service marial, et à transformer vos rencontres en acte d’amour et de charité ! Désormais, soyez sensibles aux situations de solitude et d’incertitude ! Prenez l’engagement d’être au service de la vie des pauvres et des faibles pour leur offrir la nouveauté de Jésus, son amour et sa tendresse ! N’hésitez pas à apporter votre aide aux nécessiteux. Dieu qui voit dans le secret les actes que vous poserez, saura vous le rendre à la mesure sans mesure de son amour et de sa générosité !

En vérité, en acceptant l’invitation qui vous a été adressée, c’est notre bien-aimé saint Père le Pape François, qui à la suite de la Vierge Marie, vous invite à être désormais charitables et solidaires envers votre prochain. Et moi, à leur suite, je vous invite à partager, à consoler, à être compatissant et à donner l’espérance à tant de frères et sœurs qui en ont vraiment besoin. Plus simplement, je vous invite désormais à imiter Marie votre Mère qui est allée au-devant de toute la gamme des besoins de sa cousine Elisabeth et de son mari, et de leurs nécessités avec son amour de Mère. Unis à elle vous pouvez et devez ouvrir courageusement de nouveaux chemins d’espoir, de joie et de promotion humaine.

Comme vous le savez certainement, l’amour n’admet pas d’alibi : celui ou celle qui veut aimer comme Marie a aimé, doit faire sien son exemple ; il s’agira pour vous de poser des actes d’amour et de charité, de servir les autres, de les rendre paisibles et heureux, de partager avec eux votre temps et vos capacités, bref, de soutenir les faibles et les nécessiteux.

Révérends Pères,
Révérendes sœurs,

En m’adressant aux jeunes, c’est à nous tous en fait que ce message est adressé ! N’oublions pas que Marie qui s’élance en hâte vers la région montagneuse de Judée pour rendre service à sa cousine, porte un grand secret, mieux, elle porte Jésus. On peut même dire qu’elle porte Celui qui la porte, elle porte son créateur. Elle porte Celui qui est plus grand qu’elle-même. Elle est avec le Sauveur du monde. A notre mesure, mais finalement comme la Vierge, nous sommes appelés à porter le Christ en tout lieu, là où nous vivons, là où nous travaillons. Le baptisé est un porte-Christ. Et parce que nous sommes des baptisés, nous sommes des missionnaires !

Aujourd’hui, Jésus nous envoie tous en mission : celle de le porter, de porter son plan d’amour avec confiance comme Marie qui se leva et partit en hâte. Aller vers les autres est une démarche délicate dans une société qui veut se réaliser sans Dieu, une société qui l’a délaissé. Nous ne pouvons y aller seuls. C’est pourquoi, Jésus nous appelle à le porter et Marie nous indique la voie à suivre, elle qui a porté Jésus lorsqu’elle est partie en Visitation. Elle le portait en elle, dans le secret, dans le silence. Elle est partie en hâte, parce que l’heure était venue de remplir une mission.

Porter Jésus aujourd’hui, c’est s’en aller vers les autres pour une mission. Le Seigneur a besoin de vous, de nous tous ! Il continue à avoir besoin de chacun de nous pour transmettre son projet d’amour à toute l’humanité. Ainsi, porter Jésus, c’est accepter tout ce qu’il nous confie de son amour pour ensuite aller le porter aux autres. Le porter sur les routes du monde, à la recherche des brebis perdues. Désormais, nous sommes dans le monde, comme des pèlerins auxquels Jésus s’est confié ! Ce qu’il faut, c’est sortir de soi-même pour être libre et disponible afin de porter Jésus où Il désire aller.

Chers jeunes, soyez missionnaires, comme Marie la première missionnaire qui a porté Jésus à sa cousine Élisabeth. Le missionnaire porte le Christ. Il ne s’agit pas d’abord et uniquement de quitter son pays pour une terre lointaine afin d’annoncer l’Évangile. Tout baptisé est appelé à vivre en état de mission portant le Christ Jésus dans son cœur et en témoignant par son exemple et par son acte de service et de charité. Que la vierge Marie vous accompagne dans votre pèlerinage, qu’elle vous comble de sa présence maternelle, qu’elle vous protège et vous soutienne dans votre mission de charité et de service.

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ,
Archevêque Métropolitain d’Abidjan