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HOMÉLIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVÊQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE Sanctuaire Marial Notre Dame d’Afrique Abidjan,2023

Mardi 15 août 2023

Chant : Chercher avec toi dans nos vies, les pas de Dieu, Vierge Marie, par toi, accueillir aujourd’hui, le don de Dieu, Vierge Marie…

Révérends Pères,
Révérendes sœurs, 
Frères et sœurs en Christ,
Chers amis pèlerins,

         Le chant que nous venons d’exécuter tous ensemble traduit bien à mon sens, l’histoire de celle que nous sommes venus célébrer en ce jour. En effet, il nous révèle deux attitudes qui furent celles de la Vierge Marie tout au long de sa vie sur terre, attitudes qui doivent nous servir d’exemple dans notre marche à la suite du Christ Jésus, notre Maître et Signeur. D’une part, il s’agit de la recherche des pas de Dieu,

à comprendre ici comme sa présence dans le quotidien de nos vies, nonobstant les épreuves que nous pouvons traverser, pour nous attacher solidement à Lui. D’autre part, il s’agit d’accueillir le don merveilleux qu’Il fait à notre humanité de son Fils Jésus, Lumière du monde, Prince de la paix et Souverain de nos vies. De ces deux attitudes, nous pouvons tirer une conséquence pour nous aujourd’hui : ayant cherché et trouvé Dieu dans nos vies, ayant accueilli son Divin Fils, nous devons désormais œuvrer pour être à notre tour, ceux et celles qui portent désormais son projet d’amour pour nos frères et sœurs.

         Aux lendemains de la célébration des Journées mondiales des grands parents et des personnes âgées ainsi que celles de la jeunesse, il me plaît, à la suite du Pape François, d’inscrire la fête de l’Assomption de la Vierge Marie, dans le même thème de la rencontre, rencontre entre une mère et son Fils que la méchanceté des hommes avait séparé, rencontre qui augure pour ceux qui savent en tirer les leçons, des lendemains meilleurs, si l’on garde encore en mémoire, la scène des noces de Cana en Galilée, où Jésus réalisa son premier miracle.

Chers pèlerins,

Toute rencontre même fortuite, peut constituer un levier important dans la vie de ceux qui sont à la recherche d’une nouvelle dynamique pour leur vie, comme ce fut le cas pour la Vierge Marie hier, et comme je le souhaite non seulement pour notre pays, mais également pour vous tous ici présents et pour ceux qui sont à bout de souffle, au propre comme au figuré, espérant des chemins nouveaux, pour continuer de croire que Dieu est encore avec eux !

En effet, à propos de la Vierge Marie, l’histoire nous enseigne que quand Dieu jugea enfin arrivé le moment de déclencher l’entreprise la plus fabuleuse qu’il n’ait jamais imaginée, celle de l’Incarnation de son Fils, Il envoya sur terre une sommité du monde angélique : l’ange Gabriel, dont le nom signifie ‘‘Héros de Dieu’’. L’ange ne prit pas la direction de Rome où siégeait pourtant l’empereur Tibère. Il se dirigea vers la Palestine. Ce choix est compréhensible : les Hébreux n’étaient-ils pas le peuple choisi par Dieu ? En revanche, il est plus étonnant qu’il ne se soit pas rendu à Jérusalem, la ville sainte, où à Bethléem, la ville du roi David. Il va sans hésitation dans un village perdu, Nazareth, dont on se demandait ‘‘ce qu’il pouvait bien en sortir de bon’’ (Jn.1, 46).

Dans ce village, l’envoyé de Dieu entre dans une humble demeure où se trouve une jeune fille, une vierge ! Mais, si ce choix est déconcertant, il n’en n’est pas moins surprenant. L’ange la prépare à la grande révélation : ‘‘Le Seigneur est avec toi, comme il le fut toujours avec son peuple dans les grandes occasions. Ne crains pas, Marie. Comme Moïse, tu as trouvé grâce auprès de Dieu !’’. Rassurée, elle peut alors entendre le message divin : ‘‘Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus’’, c’est-à-dire, Dieu sauve !

Marie n’est pas épouvantée, elle est bouleversée. Elle est tiraillée entre la joie et la crainte, l’espérance et le sentiment d’indignité. Partageant les espérances de son peuple, elle ne peut que se réjouir à la pensée que le Messie tant attendu vient enfin. Marie, après avoir perçu nettement le plan de Dieu, y adhère aussitôt sans plus d’hésitation et sans réserve : ‘‘Fiat’’, dira-t-elle. Et ce faisant, elle révèle qui elle est : une jeune fille toute simple, spontanée, émerveillée par le message divin, ravie de voir se réaliser l’extraordinaire promesse.

Ainsi, Marie, la fille de Sion, incarne tout le peuple juif attendant le Messie depuis plusieurs siècles. Elle était la fleur la plus merveilleuse de ce peuple choisi. Si elle a perçu si rapidement la réalité du message transmis, c’est qu’elle était pétrie de l’Ecriture Sainte. Chaque mot de l’ange lui rappelait un passage des prophètes : depuis le ‘‘réjouis-toi’’ qui reprend le ‘‘réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem’’ de Sophonie (3, 14), ou de Zacharie (2, 14), jusqu’aux prophéties si explicites d’Isaïe. N’était-elle pas, comme le peuple juif lui-même, la fiancée de Dieu ?

Mais si Dieu l’a choisie, c’est bien parce qu’Il la savait attentive à son appel. Elle était aux aguets, en état de disponibilité totale, en état de veille permanente. Elle avait le cœur vide d’elle-même, à la manière d’une flûte qui attend qu’on lui fasse donner une mélodie. Et c’est ainsi, dans ces dispositions de cœur et d’esprit, que se réalise pour nous la promesse de Dieu. Voici comment s’est soldée la recherche des pas de Dieu, dans la vie de Marie !

Nous aussi, si nous recherchons cette présence, si nous savons être attentifs aux clins d’yeux que Dieu nous adresse, il n’y a pas de raison qu’Il ne vienne pas élire domicile dans nos cœurs, dans nos vies, dans notre pays ! C’est notre intérêt que de faire en sorte que notre recherche de Dieu aboutisse à une rencontre bénie et heureuse non seulement pour nous-mêmes, mais également pour ceux vers qui nous sommes comme envoyés, dans le quotidien de nos vies.

Chers amis, chers pèlerins,

Tout à l’heure, j’avais fait remarquer que Marie ‘‘avait le cœur vide d’elle-même, à la manière d’une flûte qui attend qu’on lui fasse donner une mélodie’’. C’est cette disposition du cœur, qui permet d’accueillir le don de Dieu, Jésus-Christ ! Dans l’attente de la naissance de son Divin Fils, Marie aura vécu neuf mois de relations privilégiées avec son enfant tant attendu, devenant ainsi l’Arche d’alliance, car elle portait en son sein ce qu’il y a de plus précieux au monde ! Ainsi, le sein de Marie est devenu le lit nuptial, où l’humanité et la divinité se sont épousées dans l’unique personne du Christ !

Nous aussi, nous devons faire en sorte d’avoir le cœur vide de nous-mêmes, et c’est ainsi que le Christ trouvera place dans nos vies. En effet, est-il possible de remplir un récipient déjà plein ? De quoi nos cœurs et nos vies sont-ils remplis ? Dans la deuxième lecture de ce jour, Saint Paul présente le Christ comme le nouvel Adam qui entraine à sa suite, l’humanité dans la vie. Si ses propos ne consistent pas tant à décrire les événements à venir, il s’agit pour lui d’exprimer une conviction de foi : Dieu réalisera des merveilles pour ceux qui mourront en communion avec le Christ !

Mourir en communion avec le Christ, c’est accepter comme Marie, de faire chaque jour un peu plus de place à Dieu dans nos projets, pour finalement accueillir son Divin Fils ! La question que j’ai envie de nous poser est celle-ci : dans notre monde où les nouvelles vont si vite, sommes-nous, comme Marie, aux aguets, à l’affût de Dieu ? Savons-nous faire silence pour entendre les pas de l’être aimé qui approche ? Sommes-nous prêts à nous laisser sauver par lui ? Sommes-nous impatients de le rencontrer ? Permettons-nous à Marie de faire grandir en nous son Fils chéri ?

Célébrer l’Assomption, c’est la fidélité que Dieu récompense ; c’est  dire haut et fort ses prévenances jamais prises à défaut, et renouveler aujourd’hui encore le ‘‘oui’’ de Marie qui a valu à notre humanité le Sauveur du monde ! Ainsi, et comme Marie qui visite sa cousine Elisabeth, nous devons nous engager à faire de chacune de nos rencontres, des lieux de bénédictions !

Parlant de rencontres qui deviennent des lieux de bénédictions, notre Saint Père le Pape François affirmait ceci : ‘‘ Marie aujourd’hui chante l’espérance et ravive en nous l’espérance, en elle nous voyons le but du chemin : elle est la première créature qui, de tout son être, corps et âme, franchit le but du Ciel en vainqueur. Cela nous montre que le Ciel est à portée de main. Comment cela ? Oui, le Ciel est à portée de main si nous aussi nous ne cédons pas au péché, nous louons Dieu avec humilité et servons généreusement les autres. … N’oubliez pas quel est le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse ; Il est toujours proche de nous avec son style. Notre Mère nous prend par la main, nous accompagne vers la gloire, nous invite à nous réjouir en pensant au paradis. Bénissons Marie par notre prière et demandons-lui un regard capable d’entrevoir le Ciel sur la terre.’’ Fin de citation.

Célébrer l’Assomption de Marie, c’est comprendre que le grand signe qui est apparu dans le Ciel symbolise, au-delà de la victoire sur le dragon, toute victoire sur la mort, sur toutes formes de mort ! A la suite de Marie, je vous exhorte à extirper de vos cœurs tous les germes de mort, en pensée, en parole, par action et même par omission ! C’est en agissant ainsi que nous pourrons épouser le style de Dieu et faire en sorte que notre monde devienne meilleur !

Marie qui rejoint son Divin Fils, c’est l’assurance qu’un monde nouveau est possible comme hier aux noces de Cana en Galilée ! Que ce renouveau gagne chacune de nos familles et particulièrement nos pays en proie à la guerre et à la division. Que par son intercession, son Divin Fils obtienne pour notre pays et particulièrement pour le Niger, la paix, Lui à qui appartiennent, l’honneur, la gloire et la louange, aux siècles des siècles ! AMEN

Bonne fête à tous !

+ Jean Pierre Cardinal KUTWà
Archevêque Métropolitain d’Abidjan