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HOMELIE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DU JUBILE D’ARGENT DE LA SŒUR MARIE FLORE N’CHO

 Jos.24, 14-29/ Mt.19, 13-15

 Paroisse Saint Anne et Saint Joachim Gomon, le 19 août 2023

Chant : Seigneur, Tu as satisfait le désir de mon cœur, Tu n’as pas déçu la prière de mes lèvres …

Révérend Père Curé de la Paroisse Sainte et Saint Joachim de Gomon, son vicaire et son Conseil Pastoral Paroissial,
Révérends pères,
Révérendes sœurs,
Frères et sœurs en Christ,

         Affirmer et proclamer que le Seigneur a satisfait le désir de son cœur mais également, qu’Il est allé bien au-delà, en ne décevant pas la prière de nos lèvres, conduit inexorablement à l’action de grâce, cette forte sensation intérieure que l’on ne peut garder pour soi-même, et qui se révèle plus grande quand elle est partagée ! Dès lors, il ne vous reste plus qu’à la laisser éclater joyeusement pour dire votre reconnaissance à Celui qui est à l’origine d’un tel bonheur !

 Si dans la vie, il y a des dates, des lieux et des moments que l’on s’efforce d’oublier le plus rapidement possible, il y en a d’autres que l’on veut garder précieusement comme un trésor de très grande valeur ! Jugez-en vous-mêmes : 1er Août 1998- 19 Août 2007- 19 Août 2023 ! Trois dates ! Trois lieux ! Trois événements ! Un seul sujet, sœur Marie Flore N’CHO ! Une histoire qui devient sacrée, celle où Dieu Lui-même s’est frayé un chemin vers le cœur d’une jeune fille abidji de ce village de Gomon, pour en faire l’épouse bien-aimée de son Divin Fils !

L’histoire ne pouvait qu’être belle, elle qui a débutée quelque part loin de sa terre natale, un 1er août de l’année 1998, à l’occasion des premiers vœux de notre amie, sœur et fille, en Europe, plus précisément à Saint Malo en Bretagne, en plein été, laissant deviner pour l’avenir, une belle histoire qui sera ensoleillée, par la clarté de Celui qui appelle à aller à sa suite, vers d’autres cieux, plus vastes, pour sa gloire et pour le bonheur de celui qui est ainsi appelé !

Parlant de soleil, sœur Marie Flore N’CHO a dû revenir au pays pour se retrouver à professer ses vœux perpétuels solennels, le 19 août 2007, non pas à Gomon, son village bien-aimé, mais à quelques encablures, dans le village d’Aboboté ! Mais Dieu sait écrire droit même avec des lignes courbes, et, comme le soleil qui réchauffe les cœurs et éclaire les chemins, voici que nous nous retrouvons ici, en ce jour du 19 août 2023, cette fois-ci à Gomon, son village, qui avait semblé jusque là oublié, pour boucler la boucle de ce premier cycle jubilaire !

Filles et fils de ce village et vous tous venus rendre grâce à Dieu, disons Lui merci pour l’alliance conclue avec notre fille et sœur Marie Flore N’CHO, avec ce village de Gomon mais également avec chacun de nous tous ici présents ! Et comme nous l’avons si merveilleusement exprimé en chantant, continuons de rendre grâce à Dieu qui as vraiment satisfait le désir de nos cœurs, Lui qui n’a pas déçu la prière de nos lèvres ! Face à toute cette sollicitude de Dieu, comment alors ne pas le louer ?

Révérends pères,
Chers frères et sœurs,

En parlant d’alliance avec notre fille Marie Flore N’CHO, avec ce village de Gomon et avec chacun de nous, dans la première lecture que nous avons entendue, la proposition d’alliance qui est faite au peuple de Dieu peut se résumer en ces mots : servir le Seigneur ou les autres dieux ; demeurer esclaves avec les dieux restés de ‘‘l’autre côté’’ ou servir le Seigneur ? Telle est l’alternative proposée par Josué dans un dialogue mouvementé avec le peuple de Dieu.

L’insistance de Josué à répéter dans une certaine mesure la même question au peuple, tient de ce que, en hébreux, les mots ‘‘service’’ et ‘‘esclave’’ sont exprimés par un même mot et il ne faut donc pas se tromper quant à la réponse que l’on donne. C’est pourquoi on peut avoir l’impression que Josué pousse le peuple dans ses derniers retranchements, pour que chacun puisse dire finalement, comme lui, ‘‘ma famille et moi, nous servirons le Seigneur’’ !

Par ailleurs, le dernier geste de Josué qui consiste à ériger une pierre comme témoin durable des engagements pris, doit être compris comme le sceau, le cachet qui vient sceller et matérialiser l’acte qui est ainsi posé. Cette lecture s’achève sur une nouvelle période qui va commencer avec les Juges : chacun rentre chez soi, sans que Josué n’ait désigné son successeur ! Que retenir de cette lecture pour nous aujourd’hui ?

Bien chère fille Marie Flore,

Si toute alliance unit, elle implique des droits et des devoirs à respecter. L’insistance de Josué dans cette lecture est la preuve qu’aucun engagement ne doit être pris à la légère, surtout s’il s’agit d’un engagement avec Dieu ! Vingt cinq années après ton premier engagement, je voudrais rendre grâce à Dieu avec toi pour le chemin parcouru jusqu’à ce jour ! Il n’a certes pas été facile par moment, mais Dieu a su te montrer sa fidélité pour que tu puisses continuer ta marche !

Au-delà des festivités de ce jour, une grande responsabilité t’incombe désormais : celle de montrer à tous, qu’un engagement contracté librement et sans contrainte aucune, se respecte en prenant les moyens d’y rester fidèle ! La société de consommation dans laquelle nous vivons, de même qu’une certaine liberté mal comprise, font que de plus en plus de sociétés sont fragilisées ! La nouvelle tendance consiste, plutôt qu’à chercher à recoller durablement les morceaux à défaut d’éviter toute cassure, cette nouvelle tendance dis-je, consiste à se séparer, à remplacer, à chercher à aller voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs ! Ainsi, les mariages se font et se défont, les couples se divisent, les alliés hier deviennent ennemis aujourd’hui, l’amitié vraie et sincère a fini par céder la place aux calculs les plus imaginables avec leurs lots de regrets si ce n’est de vengeance larvée !

Par ton style de vie fait de persévérance, deviens pour tes frères et sœurs, le modèle de ce qu’un engagement pris avec sérieux peut aller au-delà même de ce jubilé que nous célébrons, et c’est tout le bonheur que je te souhaite ! Annonce par la parole et par les actes, qu’il est plus méritoire de se donner les moyens de respecter son engagement que de chercher à justifier nos manques de persévérance !

Bien chère fille,

Tu auras par ailleurs remarqué que Josué indique bien le choix que lui et sa famille font : ‘‘ma famille et moi, nous servirons le Seigneur’’ ! Ce choix est fait, en connaissance de cause et en dépit de la présence des ‘‘autres dieux’’ qui mènent aux chemins de l’esclavage ! Oui, il te faudrait avoir le courage d’annoncer, mais aussi d’indiquer par ton choix, qu’il y a d’autres choix, et ils sont nombreux, qui conduisent à de nouvelles formes d’esclavages !

La vraie liberté, celle que Jésus nous a acquise par sa mort sur la croix, est celle qui est fondée sur les valeurs évangéliques ! En effet, le monde dans lequel nous vivons et qui se dit moderne ne l’est que par les nombreux artifices éblouissants qu’il fait briller à nos yeux ! Comme tu le sais, tout ce qui brille n’est pas or et en ces temps qui sont les nôtres, il y a beaucoup de lumières qui éblouissent sans vraiment éclairer !

Ne l’oublie jamais : vouloir construire sa vie en dehors de Jésus est un leurre ! Ce genre de chemin conduit inexorablement aux nouvelles formes d’esclavages dont je faisais allusion plus haut ! L’homme, tout homme, n’est pas et ne sera jamais la mesure de lui-même, même s’il peut avoir l’impression de se suffire à lui tout seul ! Agir ainsi, c’est emprunter le chemin d’un esclavage certain !

Enfin, le départ de Josué à la fin de cette première lecture s’achève sur une nouvelle période qui va commencer ! Pour toi également, c’est une nouvelle aventure qui va commencer, que je prophétise par anticipation belle et fructueuse à tous égards ! Ce nouveau départ, s’il continue de prendre sa source en Dieu, recevra nécessairement en Lui son achèvement ! C’est à toi de nous indiquer mais surtout de nous faire voir et comprendre que vingt-cinq années plus tard, tu as eu raison de faire le choix de Jésus et de ne rien préférer que son amour car cet amour, est source d’une grande de joie et d’un grand bonheur !

Aussi, le nouveau départ que je souhaite pour toi, c’est le même que je souhaite pour chacun de vous tous ici présents ! Oui cela est possible à condition que nous sachions épouser les sentiments même de Jésus qui nous invite à nous faire tout petits, pour avoir en héritage le Royaume des Cieux ! Cela passe par l’amour que nous éprouverons et manifesterons pour les autres, nos frères et sœurs, à ne pas être jaloux et à se faire tout-petits !

Chant : aime ton prochain, aime ton ennemi 

Chers frères et sœurs,  

Dans le texte de l’évangile de ce jour, mis en présence d’un groupe d’enfants, Jésus en profite pour faire réfléchir son entourage. L’humilité, l’ouverture et la confiance dont les enfants font preuve, sont les qualités indispensables pour accueillir le Royaume de Dieu. C’est dire donc que les enfants ont beaucoup à apprendre aux adultes que nous sommes, dans la vie de tous les jours, tout comme dans notre marche à la suite du Seigneur.

Se faire tout-petit, c’est reconnaître que nous ne sommes pas la mesure de toute chose et que nous recevons notre vie de quelqu’un de plus grand que nous ! A ce titre, les profils de carrière que nous pouvons arborer fièrement, la richesse et toute chose qui peuvent gonfler notre orgueil, sont de mauvais conseillers. Le psalmiste à raison d’affirmer ceci :  ‘‘… nul ne peut racheter son frère ni payer à Dieu sa rançon : aussi cher qu’il puisse payer, toute vie doit finir… Vous voyez les sages mourir : comme le fou et l’insensé, ils périssent, laissant à d’autres leur fortune. Ils croyaient leur maison éternelle, leur demeure établit pour les siècles ; sur des terres ils avaient mis leur nom. L’homme comblé ne dure pas’’. (Cf. Psaume 48, 8-9.11).

C’est justement l’horizon de la fin de l’homme, de tout homme qui doit nous pousser à l’humilité. Toujours dans l’évangile, si on peut être choqué par l’attitude franchement hostile des disciples, c’est dans les mœurs de la société de l’époque, qu’il faut chercher et trouver la raison de cette attitude. En effet, au temps de Jésus, les enfants étaient l’objet de mépris de la part des adultes et n’étaient pas en grande considération dans un monde où règne la pauvreté. De plus, ils étaient ignorants de la Loi de Moïse. Ainsi, étaient-ils donc traités comme des exclus.

Ce mépris heurte le Christ.  Sa réaction nous dit dans une certaine mesure, son option préférentielle pour les enfants qui deviennent pour nous des modèles à imiter : ‘‘Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux. En vérité je vous le déclare, qui n’accueille pas le royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera pas’’ Mc.10, 14-15.

L’humilité, c’est la vertu qui pousse à réprimer tout sentiment d’orgueil, c’est l’état d’esprit de quelqu’un qui a conscience de ses insuffisances, de ses faiblesses et qui finalement se dispose à s’abaisser volontairement, comme un enfant ! C’est ainsi que Dieu nous ouvre les portes de son Royaume ! Si la consécration de votre fille, de votre village et de chacun de nous n’est pas une fin en soi, nous devons emprunter ensemble ce chemin d’abaissement et d’humilité !

Chant : Comme un enfant, qui marche sur la route…

Révérends Pères,
Frères et sœurs, 
Bien chère fille Marie Flore

         C’est avec les paroles de ce chant que je voudrais terminer mon intervention de ce jour, non sans vous confier tous ici présents, mais également les habitants de ce village de Gomon, aux Saints cœurs unis de Jésus et de Marie et à l’intercession bienveillante de Sainte Anne et de Saint Joachim, patrons de cette église qui nous accueille ! Bonne fête à tous et que la grâce de ce jour en appelle d’autres sur ce village et tous ceux qui l’habitent ! Quant à toi ma bien chère fille Marie Flore, heureuse jubilaire qui nous rassemble, je te dis bien humblement et de tout cœur, bon vent !

+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ
Archevêque Métropolitain d’Abidjan